Jim Curious, tome 1 : Voyage au coeur de l'océan

Je mets ces petites lunettes en carton, avec un oeil bleu et un oeil rouge, et me voilà parti pour un magnifique voyage sous l'océan, parmi les poissons, les méduses, les ruines englouties, les monstres marins. L'originalité du graphisme, le soin du détail, la force des contrastes, le jeu des formes, l'inventivité, le foisonnement des pages, tout cela nous immerge dans le merveilleux, le fantastique, totalement jubilatoire et Il y a un même effet euphorisant, lorsqu'on découvre la 3D se mettre en place devant nous, les méduses bougent, le poisson passe devant nos yeux, Jim est en suspension. Un peu d'humour, de poésie, pas de texte, juste des images pour savourer un pur moment de bonheur visuel.

Chaussez la paire de lunettes anaglyphes, sortez de la maison en scaphandrier et plongez dans les fonds sous-marins pour un fabuleux voyage au coeur de l'océan. le mieux est d'y aller en famille, même si on ne sait pas lire, puisqu'il n'y a aucun texte. Magnifique !

Voilà un livre que je qualifierais "de collection" car sa présentation est très travaillée. le format est un peu grand à mon goût mais se justifie par la belle taille des illustrations et la nécessité d'immerger le lecteur dans l'univers.
Si ce livre n'obtient pas ses 5 étoiles malgré son originalité et la beauté graphique des illustrations, c'est d'abord pour une question pratique : les lunettes anaglyphes ne sont pas adaptées à une tête d'enfant. Ensuite parce que ça manque de bruitage une fois la première page tournée et enfin parce que quelques explications sur la faune et la flore marines représentées auraient été un plus selon moi qui suis une habituée des textes et néophyte en graphique.
Mais c'est une belle découverte. L'aventure est facile à suivre. C'est intriguant pour les petits comme pour les grands de voir les images sortir du livre. Et la qualité de l'oeuvre est impressionnante.

2024 est une maison d'édition toute jeune, née en 2010 (et non en 2024 comme vous l'aviez deviné). Et c'était peut-être la seule maison d'édition suffisamment audacieuse pour se lancer dans un projet pour le moins audacieux : une bande dessinée en 3D !

Concept innovant pas si innovant que ça, puisque la 3D existe depuis l'antiquité, si l'on croit ce bon vieux Euclide, déclamant aux environs de 300 av. J.C. que « voir le relief, c'est recevoir, au moyen de chaque oeil, l'impression simultanée de deux images dissemblables du même objet ». Bon évidemment, en Grec ce doit être autre chose, mais l'essentiel est là !

La représentation 3D n'apparaît pourtant qu'en 1838 (bien après l'Antiquité n'est-ce pas), grâce à l'anglais Charles Wheatstone. Et c'est en 1850 seulement que naît le principe des lunettes à filtres rouges et bleus tel que nous le connaissons.

Si le cinéma s'est approprié la 3D dès 1910 quand Pathé s'est fait livrer sa première caméra stéréoscopique, ce n'est que dans les années 50 que le 7ème Art connaît son âge d'or dans la matière (de la 3D, j'entends bien)... avant qu'elle ne sombre dans l'oubli... jusqu'à l'Avatar de James Cameron.

Pour la bande dessinée, il aura fallu attendre Matthias Picard et son Jim Curious : Voyage au coeur de l'océan.
Enfin, il y a eu d'autres expériences avant Jim Curious tout de même. Des expériences différentes et convaincantes à la fois. Souvenez-vous, c'était il n'y a pas si longtemps, François Schuiten sortait son album La douce, et il était possible par le biais d'un ordinateur muni d'une webcam de faire sortir une locomotive à vapeur de son livre et de la faire évoluer devant l'écran sur un paysage qui défil ait. Une expérience qui a été appelée « à réalité augmentée », mais Matthias Picard est bien le premier à oser dessiner pour un public à lunettes bicolores (enfin, dites-moi si je me trompe, mais je n'en ai pas mémoire en tout cas).

Pour ce faire, il a utilisé du rhodoïd, un papier que tous les utilisateurs de rétroprojecteurs connaissent, de matière plastique transparente. Il a peint l'un des côtés en blanc, l'autre en noir. Puis il a ensuite procédé par grattage sur la surface noire pour obtenir le rendu visuel qu'il souhaitait (le blanc apparaissant donc derrière).
Oui mais où est la 3D dans tout ça me direz-vous ? Eh bien ensuite, il y a sur l'image des traits rouges et des traits bleus, reproduisant à peu de choses près les mêmes dessins, mais avec un léger décalage. le filtre rouge des lunettes ne permettra de voir que les traits bleus. Et le filtre bleu seulement les traits rouges. le tour est joué, le cerveau humain faisant ensuite lui-même le montage final, recomposant l'image en relief.
La vie est bien faite !


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Attention lectrices et lecteurs, vous entrez dans une toute nouvelle erre.

A l'heure du livre numérique, des bibliothéques virtuelles et de l'achat sans connaitre le produit (achat par internet), Mathias PICCARD vous plonge dans un océan de beauté et d'originalité.

Vous aimez le Futuroscope ? Vous aimez la 3D au cinéma ? Oubliez tout et sautez sur Jim Curious.
Suivez, tel un reporter sous marin, le jeune Jim et son scaphandrier dans les eaux océanes. Vous croiserez les poissons, les requins, les plantes, les épaves, les villes... le tout avec des super lunettes qui vous rendront sans aucun doute super sexy. Vous n'aurez cependant pas le temps de vous foutre de la gueule l'un de l'autre tellement vous serez ravi et subjugué par cette expérience de 3D.

Vous essayerez, que vous ayez 3, 33 ou 333 ans d'attraper ces poissons qui sortent du papier, de serrer la main de Jim ou de fuir les dents du requin.
Vous ne me croyez pas ?

Tentez l'expérience. L'essayer, c'est le posséder !