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EAN : 9782070349340
240 pages
Gallimard (31/01/2008)
2.98/5   24 notes
Résumé :
« Justification, peut-être, de ce journal, cette réflexion de Julien Green : "Le secret, c'est d'écrire n'importe quoi, parce que lorsqu'on écrit n'importe quoi, on commence à dire les choses les plus importantes. »
Jean Clair.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Oui, et mille fois oui !
Une personne humaine qui nous fait la restitution des événements, des parades, des positions, des discours, des politiques qui le font râler, geindre et lui donne envie de mordre.
Évidement, ce livre est publié par ce que Jean Clair est déjà connu, pour un premier livre un jeune auteur n'aurait eu aucune chance.
Jean clair à une belle écriture, un français de gourmet.
Il râle à plein, mais finalement il s'agit surtout de l'abandon d'une partie de notre humanité pour nous plonger dans le salmigondis d'une langue qui se délite, de rencontres de personne humaine à personne humaine qui deviennent de plus en plus superficiel et difficile tant le bruit ambiant est fort (et là c'est 2004).
La culture ne peu remplacer le culte
Le portable ne peut remplacer la relation
Le globish ne peut remplacer la profondeur de notre langue
Le progrès technique ne peut se substituer au progrès humain

Et tout cela avec cette sorte d'ironie dramatique qui m'a bien réjoui.

Au moment ou je finis, j'écoute France culture, 19h00 un dimanche.
Titre de l'émission : food, foodies, fooding, foodosphère, slow food
Et une phrase entendue par une jeune personne de 30 ans.
Nous faisons du régional food par soucis d'authenticité !

JEAN ils sont devenu fou !
Nous avons créé des monstres Superficiel Narcisse et Orgueilleux !
Et Martel de ne rien dire !

Lire ce livre comme un catalyseur réveille notre âme (1) cénobitique !

(1) Âme : ce qui anime le corps, Psyché, émotions, perception et inconscient. Quand je veux aborder la spiritualité j'emploie le terme d'Esprit (depuis Fromaget).
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Ce Jean Clair est un bileux et au bout d'un moment c'est carrément agaçant. On pourrait ne pas partager son avis et le lire avec plaisir mais ce n'est pas le cas, l'homme vitupère contre toute forme de modernité sauf en ce qui concerne son dentiste, on se réjouit qu'il ait eu mal aux dents un jour !. s'il n'aime pas le genre humain, le genre humain va bien finir par le lui rendre.Livre pénible et décevant mais qu'est ce qui m'a pris de l'acheter ?
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
La classe ouvrière, j'en sortais. L'humiliation d'être un enfant de pauvres, éprouvée chaque soir. En société, je resterais muet, j'avais mal aux mots, je n'ai jamais su parler. Après les fascinations de l'adolescence, j'ai refermé Aragon d'un coup

À quinze ans je m'étais mis aussi à lire Céline, et je me souviens de la réflexion d'un professeur à qui j'en avais fait la confidence : "Comment, vous ? Vous lisez Céline ?" La remarque avait causé en moi une confusion énorme. Pourquoi pas moi ? Fils du peuple, que me fallait-il lire ? Maurice Thorez ? Eugène Dabit ? Henri Barbusse ? Louis Guilloux ? Jean Guéhenno peut-être ?

Aragon, dans un style admirable, avait décrit ces beaux quartiers, à l'ouest, qu'il n'avait jamais quittés. C'était une tribune confortable et capitonnée du haut de laquelle prêcher au peuple qui s'écrasait à l'est, une chaire pour, chanoine vermeil et brillant de santé, le bénir. Il la retrouverait partout, rebâtie à son intention, à Aubervilliers comme à Moscou.

Céline, à l'autre bord, du fond de ses banlieues déglinguées, confessait sa misère et hurlait sa peine. peine de classe inexpiable, insondable, inépuisable, en laquelle je me retrouvais mieux. Sans doute savait-il lui ce dont il parlait. Qui d'autre que lui avait su parler de "la haine qui vient du fond, qui vient de la jeunesse, perdue au boulot, sans défense ?" Et puis, en même temps, cette tendresse, cette pitié pudique, bravasse et juronnante du toubib de quartier, qui remplaçait la superbe bavarde du soi-disant "Paysan de Paris". La vie des champs, ici, c'était les banlieues, la zone, tout ce qui restait des fortifs, là où Rousseau allait herboriser, du côté des Lilas et de Romainville.

Chez Céline aussi, pourtant, je soupçonnais la complaisance. Courbevoie, Clichy-La-Garenne et Bezons, les grosses chaussures qui blessent les pieds, les humiliations quotidiennes, la violence, les mots orduriers et les terrains vagues, les dispensaires où poireautaient des pauvres, plus pauvres encore de ne pas savoir dire ce qui les afflige, je savais ça par cœur. Mais Céline savait trop, disait trop, criait trop fort. Ce n'était pas non plus la façon de parler de la misère que j'avais connue, et qui resterait sobre. Et puis, cette manie d'aller chercher un bouc émissaire, et de vitupérer comme un dément...

La vérité, c'est que la misère, on ne peut rien dire. Elle laisse sans voix. Il faut passer outre, se taire, faire comme si ça n'avait pas eu lieu. On revient de la misère comme on revient de la guerre, absent, mutique : ceux qui sont allés au front ou dans les camps ne parlent pas. Ou bien longtemps après, quand la douleur s'est dissipée, laisse-t-elle enfin passer, non ce qu'elle a été, mais le souvenir confus de ce qu'elle fut. C'est le moment où l'on ne se souvient même plus que l'on ne se souvient plus. Je n'ai jamais été tout à fait rassuré..
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Le calembour est une fausse monnaie. Il circule dans les fins de siècle, mêlé aux objets surchargés, ridicules, inutiles et laids qui encombrent les intérieurs. Il relève des curiosa, cette catégorie de la littérature pour esprits énervés qui caractérise ces époques. Mais il peut aussi, à tout moment, circuler dans les petits cercles des dandys, des oisifs, des parasites, où il faut surtout ne jamais rien prendre au sérieux. Le journalisme et la télévision sont aujourd’hui son terreau d’élection.

Et maintenant, mêlées au tutoiement d’usage, ce sont les informations à la radio, les interviews à la télévision dont on entend ricaner les auteurs, d’une oreille incrédule, quand tout entretien sur les affaires du monde n’est plus guère qu’assaut de plaisanteries, magasin de farces et attrapes, succession de sous-entendus graveleux. De proche en proche, c’est tout l’entendement qui s’en trouve gangrené. Si le calembour est la fiente de l’esprit qui vole, les journalistes sont devenus les nouveaux Adulateurs de l’instant, ceux que découvrait Dante, baignant dans leurs excréments, au fond de la seconde bolge de l’Enfer.
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Admirable Waltraud Meier dans le rôle d'Isolde. À la fin du dernier acte, on est au bord des larmes. Derrière elle, hélas, et vingt fois plus grands qu'elle, il y a les écrans où Bill Viola projette sa vision du Tristan.

J'entends encore les paroles extasiées de mes collègues à Venise, vantant le génie de cet artiste prétentieux et médiocre, quand je ne vois ici qu'une apothéose du kitsch....  Il y a une vulgarité dans cette succession de corps nus qui s'enlacent au ralenti, et dont, aucun pli du ventre ni aucun poil au menton ne nous est épargné. Cinquantenaires adipeux, ils ressemblent à des rescapés du San Francisco gay et lesbien que j'ai connu... À Montréal, on dirait "niaiseux" cet art qui semble avoir été inspiré par l'esthétique des clips publicitaires pour eaux minérales et pour crèmes de jouvence.



Je suis frappé chaque fois par la laideur absolue de l'Opéra-Bastille. Comparé à la Fenice ou au San Carlo, fruits d'un Pouvoir éclairé, le bâtiment démontre cruellement l'impossibilité des républiques et des personnages éphémères qui les dirigent à devenir des maîtres d'ouvrage. Médiocrité des matériaux, volumes staliniens, parcours vertigineux - ah ! les escaliers dont il a fallu masquer le vide par des filets ! Ah ! les marches ! étroites et mal taillées, sur lesquelles les dames trébuchent... -, acoustique désastreuse, ambiance lugubre, on sait tout cela. Deux traits suffisent à démontrer la sottise du projet. Les toilettes pour homme : dès la porte poussée, quand partout ailleurs on surprend des dos alignés, vous vous trouvez mis là face à ceux qui pissent et sans rien pouvoir ignorer. Et puis la façade noire, aveugle ! Elle tourne le dos, elle, à ce qu'elle devrait honorer : de sa hauteur devrait se découvrir l'un des plus beaux panoramas de Paris, jusqu'à Sainte-Geneviève, la Cité, Notre-Dame, le Marais. Mais l'on n'en peut rien voir. Frustré, le spectateur erre, pris dans des couloirs étroits et biscornus, sans rien pour se détendre, s'asseoir ou se restaurer. Commander un verre suppose une patience infinie, prendre son tour en silence. Comme si les Parisiens ne s'étaient jamais guéris des queues devant les boutiques pendant la Guerre. Les queues, il est vrai, sont devenues, selon la préciosité ridicule qui désormais pourrit la langue, des "files d'attente" dont il faut mériter la place. Mentalité punitive et contristée propre à la France. Partout ailleurs, aller au théâtre, au concert, à l'Opéra, est un acte social, convivial et heureux. On parle, on mange, on boit et on rit. À Paris, si l'on aime la musique, on doit être puni. Au coin, ou à la queue, comme tout le monde...
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Les souffrances, les peurs, les humiliations subies dans l'enfance, on les retrouve parfois comme une vieille blessure, avec un pouvoir intact de faire mal. Sur le coup, quand on les avait éprouvées, anesthésié par le choc, on n'avait rien senti, tout entier mobilisé pour survivre à ces années noires. Mais longtemps après, des décennies plus tard, parfois dans le bonheur et l'opulence et tout souci disparu, la douleur que l'on croyait éteinte se réveille, aussi vive que dans le passé, plus mordante encore d'insister, comme un membre fantôme qui vous dévore alors qu'il n'est plus là,comme si le mal ne vous avait jamais quitté et qu'il n'avait servi à rien de vieillir.
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Tirer un livre qui dormait sur l’étagère, l’ouvrir, commencer de le lire, c’est réveiller une parole assourdie en lui prêtant sa voix. C’est toujours un peu le « Ceci est mon corps… Faites ceci en mémoire de moi ». C’est ressusciter, dans l’élection du livre, et perpétuer une présence qui semblait morte ou oubliée : il y a toujours un miracle de la lecture, très proche du mystère de l’Eucharistie, qui nous redonne un corps chaud et familier là où l’instant d’avant il n’y avait que silence et poussière. Le papier imprimé, qui ressort de la poudre accumulée du temps, rejoint le pain enfariné dans communion du verbe.
On ne peut pas plus jeter un livre qu’on jette un morceau de baguette ou de miche. Tous deux sont précieux, symboles de paix, de contentement, signes que la vie est rentrée dans l’ordre et que les besoins seront satisfaits.
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Vidéo de Jean Clair
Intervention de l'écrivain Jean Clair lors du colloque "Que vaut le corps humain?" le 6 décembre 2019. #bernardins#colloque#corps
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