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EAN : 9782867467332
200 pages
Liana Lévi (20/05/2014)
3.6/5   21 notes
Résumé :
« J'habite à cinq cents mètres du Maïdan. Depuis mon balcon, on aperçoit les bulbes du clocher de la cathédrale Sainte-Sophie. Quand des amis viennent chez moi, je leur montre ces bulbes dorés - presque un emblème de l'antique cité de Kiev. Mais ces derniers mois, mes amis d'autres villes et d'autres pays ne viennent plus ici. Et du haut de mon balcon, je regarde souvent la fumée qui s'élève au-dessus du centre de la ville. Cette fumée noire, épaisse, celle des barr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'aime bien les journaux intimes, qu'ils tendent vers l'universalisme ou bien quand ils permettent une meilleure compréhension d'un phénomène social. Journal de Maïdan appartient à cette dernière catégorie. L'auteur Andreï Kourkov (qu'on connaît peut-être pour sa série le pingouin) y raconte événement de la révolution ukrainienne de 2014, aussi appelée révolution de Maïdan du nom de la fameuse place de Kiev où se massaient, jour après jour. Ce qui a commencé par un retournement de politique du gouvernement (ne pas donner suite au rapprochement avec l'Ouest mais plutôt se tourner à nouveau vers la Russie) a pris une ampleur inattendue. Personne n'avait vu venir le mécontentement, du moins pas à ce point. Quand la police a commencé à terroriser les manifestant, la gronde s'est décuplée, les assemblées populaires ont réagi puis le président a pris la fuite.

Petite parenthèse, tous ces noms ukrainiens et russes, pas si facile. Bon, c'est de l'histoire, pas de la fiction, Kourkov n'y peut rien. Mais ça ne m'a pas empêché de confondre régulièrement Viktor Iouchtchenko et Viktor Ianoukovitch. Heureusement, à la fin de l'ouvrage, il y a un index (partiel) des personnages, organisme et événements importants permettant de clarifier certains points soulevés brièvement dans le journal à proprement parler.

À part ces noms, l'ensemble est assez facile à suivre. Kourkov a bien vulgarisé, simplifié à l'essentiel le conflit, qui n'a pas pris fin avec la fuite du président puisque que la Russie s'en est mêlé et a profité du chaos au gouvernement pour annexer la Crimée. Malgré tous ces enjeux politiques, l'auteur est resté distant, racontant les événements du point de vue d'un citoyen concerné. Il assiste à des manifestations mais aussi avec des diner avec son éditrice ou des amis, et, régulièrement, il s'occupe de ses enfants en jouant avec eux à la maison ou en les emmenant à l'école. Il offrait donc une perspective très humaine et pas trop intellectuelle. Ceci dit, il se permet quelques remarques à peine cinglante ou remplie de sarcasme, tout de même subjective et pessimiste. J'aurais peut-être souhaité une analyse un peu plus approfondie de certains éléments du conflit, sa vision des choses, parce que, bien souvent, ses propos se limitaient à la description des événements et, après un bout de temps, ça risque de devenir long et ennuyeux pour quiconque n'est pas directement concerné par la révolution.
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Pour moi qui suis tous les soirs à la télé l'évolution de la guerre en Ukraine, voilà un livre important ! Simple comme est simple la pensée de Msieur Kourkov - dans son écriture, le fil des évènements, sans chichi et sans lourd lyrisme... simple, si on excepte bien sûr les noms de familles et autres noms propres, qu'il faut être ukrainien pour prononcer avec aisance (ça tombe bien, ya de l'Ukraine chez moi).
Simple, et du coup, implacable. J'ai confiance en cet homme, je crois à son point de vue, on s'est adopté, en partie grâce à un petit pingouin mélancolique... Avec lui je comprends ce qui s'est passé en 2014, et a donné la suite que l'on sait - et puis je comprends ma part ukrainienne, ça c'est cadeau perso.
Je comprends ce qu'il y a à comprendre, c'est-à-dire pas tout. Parce qu'il y a, pour nous désemparer, Kourkov et moi, il y a la part de la nature humaine, de l'attrait pour le grand n'importe quoi, pour l'envie de détruire, comme l'envie de construire, comme l'envie de juste gueuler un coup, de soudain pousser un cri de Tarzan dans la jungle des corruptions. Il y a l'adaptabilité aux situations surréalistes, ce qui semble être un must ukrainien aussi, pas tant de la résilience, qu'une sorte de fatalisme non dénué d'humour, et baigné de mélancolie. Aborder, semi-impuissant, le grand souk humain, quoi, et le grand souk humain slave, encore plus complexe.
J'ai vu Andreï à la Grande Librairie, cet hiver 2022, pour parler de la situation en Ukraine. Comme pour ce Journal du Maïdan, il n'a pu qu'arrêter toute écriture de fiction, tellement il était abimé (littéralement tombant dans l'abîme) par la situation. Ne trouvant un peu d'apaisement littéraire qu'en re-écrivant un journal. Il parle bien français, est tout calme, ne se la pète pas, discret et tout humain. Il était entouré de fanfaronnants Russes exilés, et j'ai vu à quel point, côté russe, l'Ukraine reste un petit pays de bouseux sans envergure (ce que mon grand-père russe disait à ma grand-mère ukrainienne, gentiment pour la charrier). Leur compassion était au bord de la condescendance, ils n'ont pas encore réalisé que les valeurs étaient en train de changer. En bon vieil Ukrainien, Kourkov laissait dire, tellement habitué à vivre avec la fatale résonance du grand voisin... Mais blessé par les exactions des envahisseurs, sidéré par les violences commises par les soldats "libérateurs", abattu par l'insupportable réalité moyennâgeuse d'ici et maintenant, je le sentais terrassé par le contraste entre ce plateau télé de pseudo-frères slaves discourant avec rutilance, et la situation d'une cruauté insoutenable en Ukraine. J'ai hâte de lire son journal de 2022-23, en espérant que l'issue sera toute à la gloire de l'Ukraine et de ses héros.
En attendant, le Maïdan de 2014, les pourritures politiques, l'engrenage un peu cinglé, et surtout, surtout, l'immense fatigue que pouvait alors ressentir un peuple à ne pouvoir se vivre en liberté, en indépendance, en carrière solo, sans le foutu président-tyran d'à côté, sans le grand voisin et ses poussées d'acné d'une violence inouïe. Certaines âmes chafouines condamnent l'Ukraine d'avoir osé regarder du côté de l'Ouest, de l'Europe, comme s'il s'agissait d'un péché, d'une trahison... En lisant ce Journal de Maïdan, on pourra leur claquer le beignet, et réaliser combien ce rêve d'Occident est tout simple, normal, évident, sans idéalisation. Juste une envie d'avenir. Juste une envie de présent. En paix.
Et de réaliser combien nous les confortables, on a une chance tout aussi inouïe de ne pas subir ce sort épuisant.
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J'ai toujours aimé lire les journaux d'écrivains. L'homme qu'on pense déceler au travers de ses romans se révèle, et nous pouvons voir ses débats intérieurs, conflits certaines fois, ses interrogations et surtout sa vie quotidienne et son entourage. (je dois avoir un côté voyeur, mais ne se sent-on pas parfois - à tort ou à raison - intimes d'auteurs que nous apprécions ?)

Ainsi est le Journal de Maïdan, et plus fort encore se ressent cet ouvrage avec son récit des événements récents... si récents. En lisant l'en-tête des jours qui défilaient (du 21 novembre 2013 au 24 avril 2014) je ne cessais de me dire que c'était il y a moins d'un an, que c'était ce que j'avais entrevu dans les journaux, qu'à cette époque j'étais vivante, et que je faisais ci et que je faisais cela. C'est étrange. Affolant, déconcertant, de voir ces événements qui sont une histoire que je lis qui sont L Histoire qui se vit. On se sent petit. On se sent loin de tout ça et si proche en même temps.
« Quand rien ne se passe de particulier dans la vie d'un homme et de son pays, cet homme peut croire son existence stable et éternelle. À dire vrai, cette vie, où le temps se mesure en évolution de carrière, en achat de nouvelle maison ou de voiture, en fêtes familiales, en mariage et divorce, s'appelle justement stabilité. L'homme qui vit en un « point chaud » du monde, ou simplement au voisinage d'un volcan en activité, juge différemment le temps. La valeur de chaque journée, de chaque heure vécue se révèle infiniment plus grande que celle d'une semaine paisible. »

Andreï Kourkov écrit ce qu'il vit, voit, comprend chaque jour. J'ai trouvé qu'il était très détaché. Jamais d'avis, jamais d'opinion, juste des constats neutres. On sent toutefois un intérêt pour l'euromaïdan. Un écoeurement pour le gouvernement ukrainien. Un refus de la politique russe. Et surtout une forte compréhension et une sensibilité pour toutes les multiples populations qui composent l'Ukraine : les russes, les russophiles, les ukrainiens, les tatars... Celles-ci sont malheureusement supplantées par les gouvernements, les leaders de mouvements, dont on ne sait plus s'ils oeuvrent pour leurs pays ou pour leurs intérêts (bienvenue dans l'oligarchie)... Chacun a son point de vue et s'arrache chaque bout de terre... La Crimée en est l'émouvante victime. Qu'en est-il maintenant ?
Toutefois parvenue à la moitié du Journal, plus exactement au 9 mars, j'ai senti un ton différent dans l'écriture, comme si Kourkov avait cherché à se préserver de tout cela en instaurant une distance mais que cette fois c'en était trop, la blessure reste béante. (ceci est très subjectif , n'est-ce pas)

Pourtant la vie continue. Les enfants vont à l'école. Tous les jours Kourkov part travailler ou rencontrer ses amis et contacts. Les week-ends se passent à la campagne, chez les grands-parents, ou à Londres pour quelques jours. Ce sont les anniversaires. Les vacances scolaires. le printemps arrive. Accompagnant ces événements réguliers, normaux, quotidiens, les discussions ne tournent qu'autour de la place du Maïdan, de la Crimée, de Poutine, Ianoukovitch, Timochenko, des décisions du gouvernement (prises de nuit, bien sûr, c'est logique)... La vie continue dans son instabilité politique qui terrasse tout. L'anxiété règne en maître. Ainsi que le désarroi. Et la crainte. Mais les convictions restent, ainsi que la foi en l'avenir : « J'ai envie de croire que oui. »
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Une lecture ralentie par la difficulté à repérer les lieux et les noms propres parfois si proches qu'il faut y regarder à deux fois.
C'est un journal de bord qui mêle la vie privée aux événements qui se déroulent en Ukraine, notamment sur la place de Maïdan à Kiev en 2013, 2014 mais dans tout le pays où la politique paraît bien complexe et où la prison ou l'assassinat sont un lot quotidien. L'Ukraine occidentale est pro-européenne en majorité et aurait aimé faire partie de l'OTAN et de l'Union européenne mais la Russie veille; l'Ukraine de l'Est, russophone mais pas forcément russophile est partagée et les séparatistes pro-russes agissent .Une guerre civile couve. Après l'annexion de la Crimée, c'est le Donbass qui tente la Russie et après l'invasion russe en Ukraine, c'est la guerre tout court qui peut faire penser à une troisième guerre mondiale, la situation faisant penser à celle de 38. L'Europe découvre, s'étonne...alors que dès la Révolution orange, puis les conflits internes suivis de près par la Russie et l'annexion de la Crimée, elle aurait pu ouvrir les yeux depuis une dizaine d'années...
Peu de traces de l'humour propre à cet écrivain, un peu d'ironie mais on sent sa gravité et son pessimisme.
Après les Abeilles grises et ce journal, j'ai l'impression de vivre dans cette tourmente.
La situation est très grave au moment où j'écris: avril 2022
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L'auteur du “Pingouin” et d'autres livres humoristiques et perfides nous livre ici son journal des tragiques événements de l'Hiver 2013-2014. Relire quelques années plus tard ne manque pas d'intérêt, les différents protagonistes sont passés à la “poubelle de l'histoire”, la seule chose permanente, la corruption. L'Ukraine un des pays les plus corrompus d'Europe. Les tensions actuelles avec le voisin ne sont pas près de s'achever, la géographie ne change pas et comme le dit Lacoste, “la géographie, ça sert d'abord à faire la guerre”. Une autre certitude, les morts ont perdu la guerre. Je me souviens, lors d'un voyage récent, d'un panneau sue Maïdan, où sont indiqués, en temps réel, le nombre de morts et de blessés dans les combats avec les séparatistes de l'Ukraine de l'est. Comme un téléthon, tragique celui-ci… L'auteur aurait pu épargner au lecteur sa vie privée et familiale qui ne présente vraiment, sauf anecdotes, aucun intérêt.
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critiques presse (1)
Actualitte
23 mai 2014
Bref, éveiller sa conscience, se tourner vers l'Est, se décentrer, le temps d'une lecture, de nos préoccupations franco-françaises ; voilà ce que propose le récit d'Andrei Kourkov, écrivain ukrainien de langue russe, dans l'impossibilité immédiate de poursuivre l'écriture de son prochain roman : « j'ai une pesanteur dans la tête qui rend mes idées aussi pataudes qu'une tortue. »
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
En attendant, nous, citoyens d'Ukraine, tentons de comprendre de quelle manière le pays héritier de cette Union soviétique qui vainquit le fascisme en Europe en 1945 a pu lui-même s'engager sur la voie du fascisme et utiliser dans sa lutte non seulement des méthodes de propagande mensongères dignes de Goebbels, mais ses propres éléments fascistes, militants bien réels de l'Unité nationale russe (RNE) et d'autres groupes et groupuscules néonazis, qu'elle envoie dans l'est et dans le sud de l'Ukraine avec pour mission de commettre des pogroms, d'intimider et de démoraliser la population.
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La question des langues.
L'ukrainien s'apparente au russe et au biélorusse puisque ces trois langues en constituaient jadis une seule et ont commencé à se différencier à partir du XIIe siècle. En 1991, le nouvel état indépendant ukrainien propose la nationalité ukrainienne à tous les résidents, quelles que soient leurs origines. L'ukrainien est déclaré langue officielle et devient la langue d'étude principale à l'école et le russe une option. Mais en réalité, le pays est bilingue et le russe reste fortement implanté, surtout à l'est du pays et dans les grandes villes. L'ukrainien reste encore souvent perçu comme une langue "rurale" et beaucoup de familles envoient leurs enfants à l'école russe.
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Pourquoi les hommes politiques ont-ils tant de mal à imaginer que les gens puissent sortir tout seul manifester quand quelque chose, au gouvernement, les met en rogne?
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Quand rien ne se passe de particulier dans la vie d’un homme et de son pays, cet homme peut croire son existence stable et éternelle. À dire vrai, cette vie, où le temps se mesure en évolution de carrière, en achat de nouvelle maison ou de voiture, en fêtes familiales, en mariage et divorce, s’appelle justement stabilité. L’homme qui vit en un « point chaud » du monde, ou simplement au voisinage d’un volcan en activité, juge différemment le temps. La valeur de chaque journée, de chaque heure vécue se révèle infiniment plus grande que celle d’une semaine paisible.
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Jeudi 21 novembre 2013

(...)
La France,elle,connaît de fortes chutes de neige,si bien qu'une partie du pays se trouve privé d'électricité.
Chez nous,tout est plus simple et plus triste.Nous voilà à nouveau privé d'avenir.(p.12)
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« le Pingouin », d'Andreï Kourkov. C'est à lire en poche chez Liana Levi.
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