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Julie ou La nouvelle Héloïse tome 0 sur 3

Michel Launay (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080701480
610 pages
Flammarion (04/01/1999)
3.58/5   315 notes
Résumé :
Ce livre "doit déplaire aux dévots, aux libertins, aux philosophes ; il doit choquer les femmes galantes, et scandaliser les honnêtes femmes. A qui plaira-t-il donc ? Peut-être à moi seul ; mais à coup sûr il ne plaira médiocrement à personne.".
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Rousseau était blasé de sa société, de ses contemporains et de leurs moeurs, ainsi il créa son monde idéal avec toutes ses idées qui ont inspiré les romantiques et enchanté plus d'un jusqu'à présent. Pour ce faire, il choisit la forme épistolaire, d'abord genre en vogue, ensuite il pouvait s'exprimer avec plus de liberté en se détachant de l'essai, ce qui a donné une oeuvre à mi-chemin entre roman et essai. Ce roman était peut-être l'aire de repos où il pouvait reformuler ses idées qu'il développait dans ses ouvrages majeurs (Du contrat social, La lettre à D'Alembert et l'Emile) dans la même période.

En effet, Rousseau a fini par choisir le roman même s'il considérait la littérature comme source de corruption des moeurs. L'intérêt de cette oeuvre ne réside bien entendu pas dans l'intrigue, simple et assez commune de l'amour entre deux jeunes personnes. le véritable intérêt (selon moi) est ce choix de vivre selon sa propre pensée et humeur loin des conventions instaurées par la société. de choisir sa propre éthique et la suivre. de même la passion souvent décrite comme destructrice et source de dégradation, Rousseau l'élève et la rend salvatrice menant à la vertu. En plus de l'amour entre ces deux jeunes, l'amour de la nature est là, ainsi que celui de la vie champêtre (ce qu'on retrouve plus tard chez Bernardin de Saint-Pierre).

La lecture fut longue et lente, c'est du lourd, un roman complet où l'on trouve un peu de tout, comme si l'on lisait plusieurs. Il demande beaucoup de persévérance et d'attention, mais à sa fin on s'en sort satisfait (surtout si l'on est un peu rousseaulien). le bon Jean-Jacques est un prosateur sublime.
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Voilà un des livres que j'aime le plus à offrir à mes amies.
Je trouve que les romans par lettres constituent des phénomènes artistiques vraiment intéressants.
De prime abord, entrer dans une correspondance d'inconnus ne me semble pas très intéressant et mon indifférence est encore accentuée lorsque je sais que ces personnages sont fictifs. A priori, je n'aime donc pas trop et pourtant, sitôt que j'arrive à m'imposer l'effort de lire quelques dizaines des premiers épîtres, me voilà entraîné irrésistiblement jusqu'à la dernière missive. Cela s'explique, je crois, du fait que le lecteur d'un roman par lettre doit faire l'effort de reconstruire l'histoire et les personnages à partir des indices qu'on lui donne exclusivement dans les billets échangés par les personnages. Cela implique un effort et prend un certain temps d'adaptation, mais une fois que les fondations nécessaire à la reconstruction sont en place, le lecteur participe à l'écriture, se prend à rêver à ce qui se produit et aux personnages comme si tout cela existait réellement et c'est pourquoi ces romans si ardus à aborder laissent souvent, lorsqu'ils sont réussis, comme c'est le cas pour La nouvelle Héloïse, les souvenirs les plus indélébiles dans l'esprit de leurs lecteurs.
Dans le cas de ce roman par lettre en particulier, l'approche des personnages est légèrement facilité au lecteur puisque Rousseau y présente une Héloïse nouvelle, personnage idéalisé à partir de la maîtresse du grand Abélard dont la tragique histoire d'amour a été immortalisée dans un échange de lettre authentique du XIIe siècle. Si on fait abstraction de la médiocrité de Saint-Preux par rapport à Abélard, le portrait général de la situation dans le roman reproduit assez bien l'horizon historique où les destins d'Héloïse et d'Abélard se sont croisés, et cela permet à Rousseau de mettre génialement en contraste le progrès offert par ses idées morales par rapport à celles qui ont fait le malheur de la véritable Héloïse. En effet, l'Héloïse de Rousseau trouve une douce sérénité rendue possible par l'acceptation de son repentir et l'accomplissement de la vertu que l'ancienne, malgré tous les efforts d'Abélard, n'arrivera jamais à atteindre. Ce succès n'a évidemment rien d'une démonstration, mais il donne envie au lecteur de croire en sa possibilité.
La conclusion est en effet sublime, autant sur le plan artistique que moral. Rousseau, cet homme de coeur aux belles idées et à la sensibilité communicative, est ici au sommet de son art, accomplissant l'exploit trop rare d'une synthèse intellectuelle parfaite entre formes romanesque et philosophique.
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Saint-Preux est vraiment sot !
C'est la faute à Rousseau.
J'en ai le cul par-terre,
C'est la faute à ...
Je déteste le style ampoulé de Saint-Preux !
D'autre part, je n'ai que le tome II. Mais je me mets rapidement au courant des événements passés :
Saint-Preux, amoureux transi d'un amour impossible pour la belle Julie d'Etange, part en mer 8 ans, puis revient : c'est maintenant Julie de Wolmar qu'il a en face de lui, mariée au baron de Wolmar.
.
Quel rapport peut-il y avoir entre Héloïse d'Argenteuil et Julie ?
Je pense, et c'est une interprétation personnelle, que JJ Rousseau a voulu montrer que la femme ( noble ou bourgeoise, et non les 80% d'autres ) du XVIIIè siècle, « la Nouvelle Héloïse », était plus libre de ses choix que celle du XIIè siècle, obligée, contrainte par Abélard de s'enfermer dans un couvent à se morfondre pour lui.
Là, Julie mène le jeu, si l'on peut dire, elle choisit sa vie, celle d'une mère, épouse, maîtresse de maison, amie, chrétienne exemplaire, digne de l'amour des siens et de Dieu. Sa religiosité protestante sage (on est en Suisse ) ne plonge pas dans l'attitude dévote, dont Rousseau montre qu'elle ne sert à rien ; elle va à l'utile, et à l'altruisme. Je pense que Rousseau, peut-être moins virulent que Voltaire sur le sujet religieux, s'incarne dans le personnage de Julie, à la sagesse exemplaire, raisonnable et modérée.
.
Un livre épistolaire, qui rentre bien dans la peau de chaque personnage, mais malheureusement au détriment du continuum de l'histoire racontée......
Et puis alors !! Ce style ampoulé, grandiloquent de Saint-Preux montre sûrement sa passion pour Julie, mais, par son ton plaintif, …. j'ai du mal à le supporter :)
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«Julie ou la nouvelle Héloïse»... J'avais repéré ce titre mentionné par Choderlos de Laclos dans ses mémorables «Liaisons dangereuses» et m'étais donc dit qu'il faudrait le lire. Mais du JJ Rousseau... Je dois avouer que je tiquais un peu à l'idée de me lancer dans ce pavé. Du coup, quand jeeves_wilt m'a proposé de faire cette lecture commune, j'ai sauté sur l'occasion. Merci à lui ;-)

«Julie ou la nouvelle Héloïse», c'est un roman épistolaire qui raconte la passion entre un jeune homme, St Preux, professeur et philosophe, et une demoiselle, Julie, élève du dit professeur et fille d'un comte. Ils savent que leur union est peu envisageable car ils viennent de classes sociales différentes. Partagés entre des périodes d'espoir et des moments de découragement, on va suivre l'évolution de la relation de nos deux amoureux sur plusieurs années, je n'en dis pas plus...
Personnellement, j'ai adoré suivre leur histoire. Rousseau a su y intégrer de nombreux rebondissements, en particulier à la fin de chaque partie (il y en a 6). Il m'a épaté, je n'imaginais pas cela de cet auteur, et j'avais bien tort car les personnages m'ont intensément émus à plusieurs reprises, ceci sans doute grâce aux belles formulations proposées par Monsieur Rousseau. Les lettres sont faciles à lire et on les enchaîne alors rapidement.

Mais «Julie ou la nouvelle Héloïse», c'est également de nombreuses analyses, descriptions et réflexions philosophiques sur tout un tas de sujets :
-les moeurs du français en général et du parisien en particulier,
-la femme et la parisienne,
-l'Opéra de Paris (la description de la chanteuse d'opéra est mémorable!),
-les rapports entre un domestique et son maître,
-la nature,
-la gestion financière du foyer,
-l'éducation,
-la religion et la foi...
Ces thèmes sont intercalés dans les différentes parties à travers les personnages, leurs déplacements et l'évolution de leur vie. J'ai trouvé cela bien amené dans l'histoire de nos deux amants. le contenu est alors très riche, j'ai souvent relu plusieurs fois des passages pour être certaine de bien saisir toutes les idées que Rousseau souhaitait transmettre.

Cependant, j'ai eu aussi la sensation d'être en mer avec cette lecture, passer du haut au creux de la vague régulièrement. Il est vrai que certains passages furent trop long à mon goût, l'impression de paragraphes à rallonge pour exprimer toujours la même idée. Moi qui bossait la journée, il m'est arrivé à plusieurs reprises de piquer du nez le soir... Toutefois, ce ressenti m'est tout à fait personnel, il n'engage que moi et même si certains sujets m'ont moins passionnés que d'autres, l'auteur incite à la réflexion à de nombreuses reprises.

J'ai envie de dire que Rousseau fait une «approche romancée de la philosophie», ce qui m'a très bien convenu. J'aimais bien cette alternance entre ces réflexions sur divers aspects de la société et l'histoire de notre couple.

Je suis contente d'être allée au bout de cette lecture, qui ne fut pas toujours facile pour moi, certes, mais qui m'a offert de magnifiques moments d'émotions et des réflexions qui sont, pour beaucoup, toujours d'actualité aujourd'hui.
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Difficile de faire une critique d'un chef-d'oeuvre. Ne voulant pas tomber dans le piège d'une dissertation philosophique dans laquelle je ne serai pas à la hauteur, je vais essayer de donner mon avis le plus clairement possible. Rousseau m'a toujours impressionnée et je me contenterais presque de dire j'ai adoré.

Techniquement, ce roman épistolaire est divisé en six parties qui amènent progressivement le lecteur à réfléchir, à être acteur dans le raisonnement organisé par Rousseau. Les thèmes philosophiques sont abordés et traités dans cette oeuvre. On y retrouve la passion, la recherche de la vérité, la religion, la critique du sophisme.

Le choix de la passion amoureuse a été le thème le plus judicieux car le plus abordable pour toucher le plus de lecteurs. L'échange épistolaire amoureux sera le tremplin pour poser le précepte de l'inégalité des droits dans le cadre de la différence des classes. L'ineptie des valeurs de la noblesse au détriment du bien-fondé, de l'authenticité.

On s'attache facilement au personnage de Saint-Preux. Un roman du siècle des lumières. Sincèrement à lire pour ne pas rater une oeuvre et la réflexion qu'elle apporte avec sagesse.
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Citations et extraits (115) Voir plus Ajouter une citation
N'allons donc pas chercher dans les livres des principes et des règles que nous trouverons plus sûrement au dedans de nous. Laissons là toutes ces vaines disputes des philosophes sur le bonheur et la vertu ; employons à nous rendre bons et heureux le temps qu'ils perdent à chercher comment on doit l'être, et proposons-nous de grands exemples à imiter, plutôt que de vains systèmes à suivre.
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L'homme n'est pas fait pour le célibat, et il est bien difficile qu'un état si contraire à la nature n'amène pas quelque désordre public ou caché. Le moyen d'échapper toujours à l'ennemi qu'on porte sans cesse avec soi ? Voyez en d'autres pays ces téméraires qui font vœux de n'être pas hommes. Pour les punir d'avoir tenté Dieu, Dieu les abandonne ; ils se disent saints et sont déshonnêtes ; leur feinte continence n'est que souillure, et pour avoir dédaigné l'humanité ils s'abaissent au-dessous d'elle. Je comprends qu'il en coûte peu de se rendre difficile sur les lois qu'on observe qu'avec apparence * ; mais celui qui veut être sincèrement vertueux se sent assez chargé des devoirs de l'homme sans s'en imposer de nouveaux.
* Quelques hommes sont continents sans mérite, d'autres le sont par vertu, et je ne doute point que plusieurs Prêtres Catholiques ne soient dans ce dernier cas : mais imposer le célibat à un corps aussi nombreux que le Clergé de l'Eglise Romaine, ce n'est pas tant lui défendre de n'avoir point de femmes, que de lui ordonner de se contenter de celles d'autrui. Je suis surpris que dans tout pays où les bonnes mœurs sont encore en estime, les lois et les magistrats tolèrent un vœux si scandaleux.
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Et de quel droit prétendez-vous être aimée aujourd’hui parce que vous l’étiez hier ? Gardez donc le même visage, le même âge, la même humeur, soyez toujours la même, et l’on vous aimera toujours, si l’on peut. Mais changer sans cesse, et vouloir toujours qu’on vous aime, c’est vouloir qu’à chaque instant on cesse de vous aimer ; ce n’est pas chercher des cœurs constants, c’est en chercher d’aussi changeants que vous.
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Tant qu’on désire on peut se passer d’être heureux ; on s’attend à le devenir : si le bonheur ne vient point, l’espoir se
prolonge, et le charme de l’illusion dure autant que la passion qui le cause. Ainsi cet état se suffit à lui-même, et
l’inquiétude qu’il donne est une sorte de jouissance qui supplée à la réalité, qui vaut mieux peut-être. Malheur à qui
n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce
qu’on espère et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux. En effet, l’homme, avide et borné, fait pour tout vouloir et
peu obtenir, a reçu du ciel une force consolante qui rapproche de lui tout ce qu’il désire, qui le soumet à son
imagination, qui le lui rend présent et sensible, qui le lui livre en quelque sorte, et, pour lui rendre cette imaginaire
propriété plus douce, le modifie au gré de sa passion. Mais tout ce prestige disparaît devant l’objet même ; rien
n’embellit plus cet objet aux yeux du possesseur ; on ne se figure point ce qu’on voit ; l’imagination ne pare plus rien
de ce qu’on possède, l’illusion cesse où commence la jouissance. Le pays des chimères est en ce monde le seul digne
d’être habité, et tel est le néant des choses humaines, qu’hors l’Etre existant par lui-même il n’y a rien de beau que ce
qui n’est pas.
Si cet effet n’a pas toujours lieu sur les objets particuliers de nos passions, il est infaillible dans le sentiment commun qui les comprend toutes. Vivre sans peine n’est pas un état d’homme ; vivre ainsi c’est être mort. Celui qui pourrait tout sans être Dieu serait une misérable créature ; il serait privé du plaisir de désirer ; toute autre privation serait plus supportable.
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Dans quelque pays que ce puisse être, il n'est pas possible qu'on juge un homme sur ce qu'il n'a pas dit, et qu'on le méprise pour s'être tu. Au contraire, on remarque en général que les gens silencieux en imposent, qu'on s'écoute devant eux, et qu'on leur donne beaucoup d'attention quand ils parlent ; ce qui, leur laissant le choix des occasions, et faisant qu'on ne perd rien de ce qu'ils disent, met tout l'avantage de leur côté. Il est si difficile à l'homme le plus sage de garder toute sa présence d'esprit dans un long flux de paroles, il est si rare qu'il ne lui échappe des choses dont il se repent à loisir, qu'il aime mieux retenir le bon que risquer le mauvais.
(Partie 5, Lettre III)
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Vidéo de Jean-Jacques Rousseau
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
#JeanJacquesRousseau #RêveriesDuPromeneurSolitaire #Pensée
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