« L.A: on y vient en vacances, on la quitte en liberté conditionnelle ».
Il fallait visiblement éviter d'y faire un séjour en 1953 car le taux de criminalité atteignit un record jamais égalé. Cette année-là reste la plus sanglante dans l'histoire du LAPD.
Exit le bandeau jaune et noir « Crime scene, do not cross ». La Police de Los Angeles nous autorise l'accès aux scènes de crime via son Musée (soutenu financièrement par James Ellroy depuis de nombreuses années). Glynn Martin, officier à la retraite, directeur exécutif du Musée du LAPD a demandé à l'auteur du Dahlia noir de nous servir de guide.
On connait la relation qui lie Ellroy au LAPD depuis l'enfance, et sa passion pour le Los Angeles d'après-guerre. Qui d'autre que lui aurait pu évoquer aussi efficacement les affaires criminelles de l'année 1953? Le guide Ellroy annonce la couleur: « Ceci est un livre de nostalgie réactionnaire » C'est ce que l'on s'attendait à lire, on ne sera pas déçu. LAPD'53 est un Ellroy bon cru, un Ellroy qui renifle, qui fouine et qui tacle, un bel ouvrage pour compléter sa bibliographie. Du Ellroy pur jus donc, vachard sur Sterling Hayden « Hayden, ex-coco, a cafté des copains aux comités du gouvernement et en garde un sentiment de culpabilité, qui ne l'empêche pas d'empocher du fric en incarnant une brute du LAPD". Sentimental parfois: « Joseph Wambaugh, qui a porté l'uniforme du LAPD de 60 à 74, avant de créer le polar moderne tel que nous le connaissons. Je n'étais encore qu'un petit délinquant quand j'ai lu les premiers livres de Joe; Les nouveaux centurions, The Blue Knight, La mort et le Survivant et Patrouilles de nuit ». Nostalgique, toujours: « Vous ne pouvez vivre nulle part ailleurs. L.A. est une condamnation à perpète, sans révocation, sans libération sur parole, sans échappatoire. SANS ISSUE. »
Bref, 203 pages à la gloire de la police angeline, quand c'était mieux avant, mais par le grand James Ellroy, toujours cabot, toujours efficace.
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Otash
Fred Otash a servi dans les rangs du LAPD de 45 à 55. Bill Parker a fini par s'en débarrasser. Freddy O lui inspirait une méfiance instinctive et justifiée. Il savait que Freddy était un voyou sournois, mais il n'avait rien de concret pour le coincer. Il l'a balancé d'une division à l'autre, arbitrairement. Freddy a compris le message et donné sa démission. Devenu détective privé, il a travaillé pour le magazine Confidential, utilisant des méthodes illégales de surveillance pour obtenir des informations sur des célébrités dépravées. Freddy pratiquait tout bonnement l'extorsion, il avait l'art de soutirer de l'argent. Freddy a perdu sa licence de privé lors d'un scandale de cheval dopé, et s'est mis au service de la mafia. Ramène-nous des infos, Freddy, ramène! Freddy a travaillé pour tous les parrains sans scrupules. John Kennedy couchait avec Marilyn Monroe. Sam G., Monsieur Chicago, songeait à faire chanter le président. Freddy a planqué des micros dans le baisodrome de Peter Lawford, et il a enregistré Kennedy au plumard. Freddy m'a dit que John était "monsieur deux minutes". J'adore ce genre de révélations d'initiés- et vous aussi, j'en suis sûr! J'ai connu Freddy sur son déclin, et j'ai utilisé son personnage dans trois de mes romans. Je l'aimais bien mais je ne le respectais pas. Il n'avait pas mon humilité et ma remarquable force de caractère.
Freddy Otash, ex LAPD: 1922-1992. merci d'avoir été là alors.
François Guérif nous explique en détail l'effet Ellroy et ses effets sur la collection Rivages Noir.