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Annette Stronck-Robert (Traducteur)
EAN : 9782228894302
178 pages
Payot et Rivages (04/05/2001)
3.9/5   30 notes
Résumé :

Dans ce livre sont étudiés des aspects très différents des émotions que l'homme éprouve. La première partie analyse les pulsions puissantes de haine qui sont un élément fondamental de la nature humaine. Dans la seconde, j'essaie de montrer comment l'amour et la tendance à la réparation se développent en rapport avec les pulsions agressives et malgré elles."" (Mélanie Klein) Derrièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'amour et la haine se divise en deux parties apparemment antagonistes mais finalement complémentaires : La haine, le désir de possession et l'agressivité de Joan Riviere, et L'amour, la culpabilité et le besoin de réparation de Mélanie Klein.


En 1937, dans un climat d'ébullition politique, la psychanalyse se tourne vers l'humain et analyse ses sentiments et leurs sources de motivation. L'amour et la haine, deux sentiments puissants desquels semblent découler l'infinité des autres sentiments qui ne seraient que leur variation, sont analysés et confrontés avant d'être finalement réunis dans leur complémentarité. C'est pourquoi le livre est séparé en deux conférences distinctes qui permettent de mieux mettre en valeur leurs différences et le moment où, dans leurs apogées, haine et amour trouvent un élan moteur identique.


Joan Riviere commence par évoquer l'agressivité et cherche à expliquer les raisons de l'existence d'un tel sentiment. le postulat de base est le suivant : pourquoi, dans un monde où les agressions objectives sont finalement bien rares, l'être humain se sent-il si souvent menacé ? La responsabilité de chacun est mise en jeu dans cette nouvelle façon de considérer le comportement de l'agressivité. En revenant aux sources de l'enfance, Joan Riviere se penche sur les conséquences qui découlent du sentiment de dépendance du bébé à l'égard de ses proches. La manière dont sera vécue cette dépendance influencera la force de la projection agressive du bébé sur les êtres et les choses qui l'entourent et modèlera son comportement futur. Cette projection est dotée de plusieurs caractéristiques : la dispersion –qui évite que la haine se concentre sur un seul objet- ou le rejet. Plusieurs comportements découlent de cette réaction et en plusieurs parties, Joan Riviere aborde le mépris, l'envie, le désir de possession, la jalousie ou encore l'amour du pouvoir.


Mélanie Klein vient à la suite de cette première partie pour s'intéresser à l'origine de l'amour. En évitant de considérer ce sentiment comme naturel, elle en fait le corolaire lumineux de la haine. le bébé est de nouveau considéré comme un être humain à part entière, doté d'une sensibilité toute-puissante qui conditionnera son comportement des années à venir. Dans la partie précédente, la dépendance était évoquée. Ici, l'objet de la dépendance est nommé : il s'agit du sein et de la tendresse maternelle. Si la dépendance entraîne la haine, le sentiment de départ est celui d'un bien-être qui fera naître un attachement –postulat de l'amour. le bébé –plus tard l'adulte- se trouve alors déchiré entre cet amour originel et la haine qu'il éprouve à l'égard de l'objet de son attachement. de là apparaît une culpabilité inconsciente qui se traduit dans les actes par un besoin de réparation. L'amour devient visible et se traduit en gestes ou paroles.


Cette dualité entre haine et amour conditionne une grande partie du comportement de l'être humain. Son histoire psychique expliquera ses futurs choix amoureux, et son identification au père ou à la mère fera de lui un parent modèle ou non. A ce stade du développement de la pensée de Mélanie Klein, on ne peut s'empêcher de grincer des dents : sa réflexion est encore bourrée de poncifs propres au début du 20e siècle. La famille se décline selon la sacro-sainte composition du père, de la mère, des frères et des soeurs. Au-delà de ce modèle, il semble que l'enfant n'existe pas et le cas de son développement personnel n'est pas évoqué. de plus, on retrouve les vieux poncifs de la psychanalyse de Freud, complexe d'Oedipe, recherche du pénis et vénération de la mère porteuse en vrac :


« Dans l'ensemble, les hommes ont plus d'assurance que les femmes. L'homme possède un organe sexuel externe qu'il peut voir et il sait qu'il fonctionne. Les femmes ne peuvent pas être rassurées quant à leurs aptitudes d'une façon aussi évidente. Pour cela, les filles doivent attendre de nombreuses années. Ce n'est qu'après que l'homme ait joué son rôle et qu'un enfant soit né qu'elles obtiennent la preuve absolue de leurs aptitudes sexuelles. »


La réflexion redevient intéressante lorsque Mélanie Klein s'éloigne du strict sentiment amoureux pour aborder le cas des amitiés, l'origine des sentiments altruistes ou généreux et, plus largement, l'amour étendu aux choses –qu'il s'agisse de la puissance créatrice ou de l'amour matériel. Quid, enfin, de l'amour de soi-même, résultante de toutes les composantes précédentes et aboutissement ultime du plaisir et du sens qu'un être humain saura donner à son existence.


Il faut sans doute replacer ce recueil dans son contexte pour admirer toute son audace. Alors qu'il est si facile de désigner autrui pour identifier les forces du mal, Mélanie Klein et Joan Riviere trouvent une explication rationnelle à l'origine du sentiment d'agression qui motive la haine et les sentiments eux-mêmes agressifs ressentis par l'individu. Quelques défauts inhérents au contexte psychanalytique du moment et à l'emprise des concepts les plus vivaces ne sauront diminuer la portée de cette réflexion courageuse qui donne à l'individu souffrant les moyens d'identifier les causes de son mal-être. Si cette démarche ne le transformera pas radicalement, elle lui donnera toutefois les moyens d'améliorer son existence, ainsi que Mélanie Klein le conclut superbement :


« Si, au fond de notre inconscient, nous sommes devenus capables d'effacer dans une certaine mesure les griefs ressentis contre nos parents, nous pouvons alors être en paix avec nous-même et aimer les autres dans le vrai sens du mot. »

Lien : http://colimasson.over-blog...
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Dans ce petit ouvrage dense et plutôt complexe, les deux psychanalystes d'enfants, Melanie Klein et Joan Rivière, étudient le florilège des émotions humaines, à commencer par l'amour et la haine, et surtout les liens qui les unissent et la façon dont l'un engendre l'autre.
Les mécanismes inconscients à l'oeuvre chez l'homme dès sa plus petite enfance, qui sont le point de départ de ses émotions, sont ici analysés avec brio et c'est une théorie extrêmement intéressante sur le développement de l'enfant et parallèlement celui de la civilisation que nous proposent les auteurs dans cet essai. Un classique à lire absolument pour qui s'intéresse à la pédopsychiatrie!
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Le livre étudie les affections dans la vie courante chez l'homme et la femme, l'interaction entre l'amour et la haine et cherche à déterminer une ligne de conduite pour vivre agréablement. Les affections ont pour origine dans cette perspective deux sources : l'instinct de conservation et l'instinct sexuel. L'existence a pour but de se procurer des moyens de vivre et du plaisir. La haine est une force destructrice au service de la privation et de la mort. L'amour est une force constructive au service de l'harmonie, du plaisir. L'association amoureuse tend à satisfaire l'instinct de conservation et l'instinct sexuel... Or il y a une interaction constante entre l'amour et la haine voire une opposition. Aussi comment vivre agréablement ? Qu'est-ce qui peut aider l'agressivité humaine à se manifester de manière maitrisée indépendamment de toute violence ? À travers une étude fine des motivations humaines, des études cliniques et des études de cas, et en remontant aux mécanismes psychiques de l'enfance Mélanie Klein et Joan Rivière proposent une approche. Elles critiquent le cercle vicieux de la haine, de la violence, les préjugés de vie, l'égoïsme, tout ce qui remet en cause l'amour véritable et donnent des perspectives pour une civilisation basée sur des tendances constructives.
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Ce livre de Mélanie Klein apporte beaucoup d'éléments théoriques de réflexion sur la vie psychique du nourrisson, et des sentiments qu'il peut ressentir.

L'auteur parle notamment de la violence et de l'ambivalence dans le monde interne du bébé, du clivage entre le bon objet et le mauvais objet, selon si ses désirs sont satisfaits ou non par la mère...

En somme le nourrisson est décrit comme une créature colérique voir irascible, qui ne supporte pas la frustration, et qui, quand ses exigences ne sont pas satisfaites, ressent une haine terrible envers une mère qui ne le satisfait pas, au point de vouloir la détruire...
Et dès que cette mère le satisfait, cette haine se transforme en amour infini pour cette mère nourricière qui comble ses envies...

Le clivage chez le nourrisson reste un des apports majeurs de Mélanie Klein à la théorie psychanalytique.
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Livre très accessible même pour ceux qui n’ont pas des connaissances approfondies en psychanalyse. le thème reste fort contemporain. Certaines analyses peuvent surprendre ; il faut donc les replacer dans le contexte post-1929. Quoiqu’il en soit, lecture instructive.
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
Nous étudierons dans ce livre quelques aspects de la vie affective des hommes et des femmes qui font partie des communautés civilisées, aspects dont les manifestations quotidiennes sont bien connues de nous tous. Ces manifestations affectives ont deux sources fondamentales ; ce sont les deux grands instincts primitifs de l’homme : la faim et l’amour ; autrement dit, l’instinct de conservation et l’instinct sexuel. Notre vie est essentiellement au service d’un objectif double : s’assurer des moyens d’existence et, en même temps, tirer du plaisir de cette existence. Nous savons tous que ces buts engendrent des émotions profondes et qu’ils peuvent être la cause de grands bonheurs ou de grands malheurs.
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Dans leur fuite, on peut observer une interaction des pulsions d’amour et de haine. Le rejet peut même être une façon d’aimer, déformée certes, mais dont le but est la préservation d’une chose inconsciemment ressentie comme « trop bonne pour moi ». L’abandon « sauve » alors l’état de bonté ainsi reconnu, ne lui porte pas atteinte et le met à l’abri (de notre propre indignité qui pourrait le détruire).
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[…] de nombreuses personnes ne se sentent réellement heureuses et satisfaites qu’avec ceux qui leur sont inférieurs d’une façon quelconque, peut-être intellectuellement, socialement, ou même moralement. Ces inférieurs sont ceux dont elles ont réellement besoin et dont elles dépendent dans la vie. Ces personnes, qui ont besoin de s’assortir avec des inférieurs, sont naturellement le contraire des snobs, mais au fond ces deux types d’individus cherchent la même chose d’une manière différente. Tous deux ont besoin d’être rassurés, ils ont besoin qu’on leur garantisse qu’ils ne sont ni pauvres, ni misérables, ni vides, qu’ils sont dignes d’estime et d’amour.
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Dans une certaine mesure, le bébé prend conscience de sa dépendance, il découvre qu’il ne peut pas satisfaire tous ses propres désirs ; il pleure et il crie ; il devient agressif. […] Cette expérience lui permet une prise de conscience de l’amour (sous la forme du désir) et une reconnaissance de la dépendance (sous la forme du besoin) en même temps qu’elle s’accompagne, inextricablement liés à elle, de sentiments et de sensations irrésistibles de douleur et de menace de destruction à l’intérieur et à l’extérieur. Le monde du bébé échappe à son action ; dans ce monde qui est le sien se sont produits une grève, un tremblement de terre, tout cela parce qu’il aime et qu’il désire, qu’un tel amour peut apporter douleur et ruine. Pourtant, il ne peut maîtriser ou extirper ni son désir, ni sa haine, ni ses efforts en vue de saisir et d’obtenir ; toute cette crise détruit son bien-être.
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Prenons par exemple les occupations d’une maîtresse de maison : il est certain que nettoyer, etc., témoigne de son désir de rendre les choses agréables à la fois pour les autres et pour elle ; c’est donc une manifestation d’amour envers les autres et les choses auxquelles elle tient. Néanmoins, par la destruction de l’ennemi : la poussière, qui dans son inconscient représente les choses « mauvaises », la maîtresse de maison exprime en même temps son agressivité. La haine et l’agressivité originales, dérivées des sources les plus anciennes, peuvent percer chez des femmes dont la propreté devient obsessionnelle. Nous connaissons tous ce type de femme qui rend malheureux les membres de sa famille en « rangeant » continuellement ; ici, la haine est en réalité dirigée contre les gens qu’elle aime et qu’elle soigne.
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Vidéo de Melanie Klein
Monique Lauret // Mélanie Klein et l'oedipe Monique Lauret, psychiatre et psychanalyste Les leçons de philosophie Colloque Monaco 2019 La Maison de la Philosophie Conférence du Samedi 8 Juin 2019
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