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Maurice Manly (Traducteur)
EAN : 9782020281362
460 pages
Seuil (21/11/1996)
4.18/5   48 notes
Résumé :
Ce troisième roman - présenté d'emblée par Sabato comme son dernier - est la chronique des persécutions endurées par l'écrivain pour avoir osé peindre un monde sans esprit, livré à tous les modes de terreur.
Chronique du combat d'un créateur mêlé à l'univers de ses propres personnages, chronique d'un pays où les chambres de torture voisinent avec les salons littéraires, ce livre décrit enfin une civilisation marquée par le triomphe des " ténèbres ", triomphe ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
L'ange des ténèbres se rapproche davantage d'une expérience littéraire que d'un roman traditionnel, dernier volet d'une trilogie, dernier roman autoproclamé d'Ernesto Sabato. D'ailleurs, cet auteur argentin est autant sinon davantage reconnu pour ses prises de position, ses essais, ses réflexions sur le monde, sur la politique, etc.

Ainsi donc, L'ange des ténèbres est tout à l'image de son créateur. Érudit, étrange, fascinant, labyrinthique. Une curiosité dans le paysage littéraire du milieu du XXe siècle. Surtout, une autofiction, dans laquelle Sabato joue son rôle en même temps qu'il est mêlé à des aventures insolites qui l'amènent à exposer ses opinions.

Ce roman le met en scène, oui, mais à la troisième personne. Les choses ne pouvaient être simples… On rencontre d'abord Sabato à travers les yeux de Bruno, un personnage de son deuxième roman, Alejandra (ou Héros et tombes, c'est selon). D'ailleurs, plusieurs éléments de son univers littéraire reviennent.

Ainsi donc, Sabato lui-même se met à regretter la publication de son dernier roman, il semblerait qu'il craigne les représailles de la Société des Aveugles qu'il avait dévoilé au grand jour. Un symbole pour dénoncer la situation politique en Argentine, où torturer son voisin était courant ? Dans tous les cas, ce n'est pas une histoire au sens conventionnel du terme. Les déambulations de son Sabato à travers Buenos Aires ne sont qu'un prétexte. Ses péripéties, ses observations, ses réflexions (peut-être mêmes ses confessions ?) deviennent l'essentiel. N'y cherchez pas une trame, surtout pas un début et une fin, du moins, pas dans le sens habituel du terme.

Plus haut, j'ai fait mention d'une autofiction mais c'est beaucoup plus. le lecteur patauge dans un univers à la frontière du surréel, de la folie ou du fantastique. D'un style complètement éclaté, Sabato ne s'est imposé aucune limite, avec ses théories du complot, comme cette Société des Aveugles qui étendrait ses tentacules sur la société, sur le monde. À propos du roman, on dit qu'il s'agit essentiellement d'un manifeste. Rien ne le décrit mieux.

L'auteur termine L'ange des ténèbres avec son éventuelle mort, avec son épitaphe : ERNESTO SABATO Quiso ser enterrado en esta tierra con una sola palabra en su tombra PAZ (Eernesto Sabato a voulu être inhumé dans cette terre avec ce seul mot sur sa tombe : PAIX) Organiser sa propre fin ? Ou, plutôt, la mort du romancier en lui ? Pourquoi pas ? Ce voyage particulier ne pouvait que terminer sur une pareille note.
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L'ANGE DES TÉNÈBRES d'ERNESTO SABATO
Dernier volet de la trilogie de Buenos Aires après le Tunnel et Alexandra.
Sabato va reprendre dans ce livre la plupart des sujets abordés dans les deux premiers romans en approfondissant celui sur l'art en général et plus particulièrement le rôle de la littérature. Il s'amuse des thèses que l'on écrit sur son oeuvre ( surtout le Tunnel) et tient pour évident que l'art est individuel car c'est la vision d'une réalité à travers un esprit unique! Borges est représentatif de la réalité Borges monde! Mais alors que faire de Kafka et des autres. Longue discussion sur le marxisme et la fin du Ché. Retour sur certains détails de la secte des aveugles ( Alexandra) . Savoureux dialogue entre Dieu et Satan ainsi que sur le fait de manger de la viande( ou pas). Enfin pendant tout le roman, Sabato va partir à la recherche de ses héros et dialoguer avec eux.
Indispensable d'avoir lu les 2 premiers livres pour apprecycelui ci qui part dans tous les sens et leur fait référence.
Après ce livre Sabato n'écrira plus.
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Un livre essentiel qui projette le lecteur dans les méandres "neuronesques" et fantasques de l'auteur, melangeant réel et fiction à tel point que l'auteur ne fait plus de différence.
On chute dans une spirale vasarelyenne sans issue et on ressort complètement ivre du talent de l'auteur.
Même s'il est difficile d'aller au bout de cette descente infernale on ne peut qu'être admiratif devant un tel ouvrage
nota
l'ange des tenebres constitue le dernier volet d'un tryptique commencé par " le tunnel" et suivi de " Alejandra" et il faut avoir lu les deux premiers avant de se lancer dans l'aventure littéraire de l'ange des ténèbres
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Il s'agit d'une oeuvre très ardue, qui tente de résumer les deux volets précédents et d'aller au-delà. L'écrivain lui-même devient un personnage, et les personnages changent constamment. Sabato le dit lui-même : il veut se faire voyant à l'instar de l'homme aux semelles de vent. J'ai apprécié les passages où l'un des narrateurs nous décrit comment doit être le roman, même si je dois avouer que l'ampleur du travail de Sabato m'a quelquefois perdu. On constate un jeu avec la mort, avec l'agonie, et, comme le titre l'indique avec la fin des temps. Disparaître, n'est-ce pas quelquefois une forme de libération ?
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. Pour moi "L'ange des Ténèbres" est un manifeste pour l'art, la politique, la résistance, l'esthétique et surtout pour la littérature.
" il est cruel ".
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
En tout cas et quoi qu'il en fût, c'était sûrement à la paix qu'il aspirait, c'était de cela qu'il avait besoin, ainsi que tout créateur, que tous ceux qui sont nés avec la malédiction de ne pas se résigner à la réalité qui leur a échu de vivre, et pour qui l'univers est horrible ou tragiquement provisoire et imparfait. Car il n'est pas de bonheur absolu, se disait-il. À peine nous est-il donné en de fugaces et fragiles moments, et l'art est une façon d'éterniser (de chercher à éterniser) de tels instants d'amour ou d'extase. Car toutes nos espérances se transforment tôt ou tard en réalités bancales. Car nous sommes tous déçus d'une façon ou d'une autre ; et si nous réussissions en quelque chose, nous échouons en telle autre ; la déception est la destinée inéluctable de tout être mortel. Car nous sommes tous seuls, ou nous finissons toujours par l'être un jour : amant sans la partenaire aimée, père sans ses enfants ou enfants sans leur père, et le révolutionnaire pur face à la triste matérialisation des idéaux qu'il a jadis défendus au prix de sa souffrance et d'atroces tortures. Car la vie est un continuel rendez-vous manqué ; et si nous rencontrons quelqu'un sur notre chemin, nous ne l'aimons pas quand il nous aime, ou nous l'aimons quand nous ne sommes plus aimé, ou bien quand la personne est morte et que notre amour est devenu vain.
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Tous les jours, de quatre à six, on avait nos cours. Les plus instruits enseignaient, les autres apprenaient : la grammaire, l'arithmétique, l'histoire, la géographie, la politique, le quechua. Il y avait même des cours de nuit, mais facultatifs, pour ceux qui voulaient en apprendre davantage et qui avaient le plus de résistance. Le Che donnait son cours de français. Il ne s'agit pas de donner des coups de fusils, disait-il, ce n'est pas tout de faire le coup de feu. Un jour, si nous gagnons cette guérilla, certains d'entre vous devront être des dirigeants. Les cadres ne doivent pas seulement avoir du courage, ils doivent se développer idéologiquement, ils doivent être capables de faire des analyses rapides et de prendre des décisions justes, ils doivent être capables de fidélité et de discipline. Mais il disait qu'il fallait surtout constituer l'exemple de l'homme nouveau auquel nous aspirons dans une société juste.
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- Notre civilisation est malade. Il n'y a pas que l'exploitation et la Isère matérielle, Marcelo, il y a la misère spirituelle. Et je suis parfaitement sûr que tu es d'accord avec moi là-dessus. Il ne s'agit pas d'obtenir que tout le monde ait un frigo. Il s'agit de créer un etre qui soit humain pour de bon. En attendant, le devoir de l'écrivain est d'écrire la vérité, de ne pas contribuer à cette dégradation par des mensonges.
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Socrate et Sartre. Tous deux laids, tous les deux détestant leur corps. Éprouvant de la répugnance pour leur chair, aspirant à un monde transparent et éternel. Qui pouvait inventer le platonisme si ce n'est quelqu'un qui se sentait le ventre plein de merde?
On crée ce que l'on n'a pas, ce dont on éprouve l'urgent besoin.
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– Ah, le bon temps, Nacho, le bon temps…Pour rien te cacher, c’est l’époque de ma vie que je me souviens le plus, c’est le meilleur temps de ma vie. Je faisais le péon, mais quand j’ai su que le cirque Lobandi était au village, j’y suis allé. Nelia Nelki habillée en homme montait un cheval blanc qui avait la queue tellement longue qu’elle traînait par terre. Puis Lobandi en personne, le seul, l’unique, il montait sur le cheval en l’attrapant par la queue, et pendant que le cheval tournait au son de la musique, il ôtait vingt-cinq gilets de couleurs différentes. Et Scarpini, le fameux clown argentin… Et après, il y avait un numéro terrible dans une cage qui tenait toute la piste, avec un lion africain en liberté, le dompteur et un cheval noir comme du charbon. Et puis la fameuse Pyramide humaine des frères Lopresti… Alors je me suis dit : Moi je pars avec ce cirque-là, et advienne que pourra.
– Et ils t’ont mis dans la Pyramide humaine ?
– Allons, voyons, Nacho, comment qu’ils m’auraient mis dans la Pyramide, si je savais rien faire ? Qu’est-ce que tu crois que c’est un cirque ? C’est très sérieux, un cirque. Ils m’ont engagé comme péon. J’enlevais le crottin des chevaux, je balayais le chapiteau, un peu de tout, tu vois. Valet d’écurie, quoi. Mais quand il y avait représentation, j’avais l’uniforme avec les galons dorés et le képi, ils nous faisaient faire la haie de chaque côté, comme un couloir, et les athlètes, les chevaux, les chiens savants, les clowns, ils passaient entre nous.
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Ernesto Sabato : Avant la fin
Depuis le Centre culturel de "La Recoleta" à Buenos Aires, Olivier BARROT présente le livre d'Ernesto SABATO "Avant la fin".
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