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Anne Cassou-Noguès (Éditeur scientifique)Marie-Aude de Langenhagen (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080721969
159 pages
Flammarion (13/04/2006)
3.69/5   120 notes
Résumé :

Dans un atelier de confection, de 1945 à 1952, des employés travaillent et, entre rires et larmes, racontent leur vie pendant l'Occupation et dans l'immédiat après-guerre : un Juif qui a été déporté, un autre qui a vécu caché en zone occupée, une troisième qui s'est réfugiée en zone libre, une quatrième, encore, dont le mari a été arrêté et envoyé dans les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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L'atelier est la troisième partie d'une trilogie consacrée à la situation des juifs durant la dernière guerre mondiale. Les deux premières pièces concernaient la montée des fascismes et la survie de cette communauté durant la guerre 39/45, la dernière s'attache à l'après Shoah.

Grumberg dans cette pièce (comme dans les deux autres) aborde sa problématique sous l'angle de la vie quotidienne ; nous sommes donc plutôt dans une esthétique « naturaliste ». Ainsi l'action se déroule dans un atelier de confection du quartier du Sentier à Paris vers la fin des années quarante ou au début de la décennie suivante. Si la direction de l'entreprise est tenue par un couple de juifs, le personnel lui est majoritairement constitué de français non-juif. de plus l'ambiance générale de la pièce est plutôt féminine, le décor unique étant celui de l'atelier des couturières. Une demie douzaine de femmes se racontent et se confrontent tout en cousant. Les dialogues peuvent être rapides et très lestes car toutes sont issues du petit peuple parisien ; elles ont un langage vigoureusement imagé pour exprimer les « choses de la vie ». de cette manière apparaissent des portraits haut en couleur. Pour le reste, il n'y a pas réellement d'intrigue, ce n'est que tout doucement, au fur et à mesure des confidences que l'on finit par apprendre l'histoire chacun. Grumberg a une approche très pudique et toute en délicatesse, ce qui n'empêche pas une bonne dose d'humour.

Néanmoins, malgré ces précautions il aborde explicitement les thèmes de l'hypocrisie de la société française face à sa compromission vichyssoise, la difficulté voire l'impossibilité de parler pour ceux qui ont survécu aux camps d'extermination ou encore la désorientation et la panique d'une communauté qui cherche un refuge (Israël).

L'auteur a réussi le pari de maintenir le cap d'un propos ou d'une thèse sans sombrer dans un didactisme par trop pesant, ce qui en fait un texte qui conserve une actualité et peut donc être joué.
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Cette pièce de théâtre se passe dans un atelier de confection où des rescapés de la shoah vivent leur quotidien de travail après la guerre.
C'est une plongée dans le vécu des juifs pendant la guerre, mais ce qui surprend, ce sont les non-dit : jamais on ne raconte vraiment les détails de l'histoire de chacun. Il y a celui qui s'est caché, celui qui a été arrêté, celle qui attend toujours le retour de son mari parti dans les camps. Chacun a vécu des choses affreuses et chacun, par pudeur, par colère ou par peur se limite à ne dire que l'essentiel.
Pourtant la pièce est très longue et doit être plus intéressante à voir qu'à lire car on a l'impression d'assister à un spectacle qui tourne en rond : il ne se passe pas grand chose, c'est la vie quotidienne d'un atelier.
Mais cette pièce a un intérêt psychologique : comment se redresser après avoir vécu une telle épreuve ? Les enfants qui traient dans l'atelier peuvent peut-être représenter une réponse à cette question.
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J'avais vu cette dramatique à la télévision en 1999 ou 2000 (la pièce avait été créée en 1998 au théâtre Hébertot), et j'avais été emballé tant par le sujet traité, que par la façon dont l'auteur nous le présentait. La mise en scène et l'interprétation étaient de premier ordre. On sortait de là à la fois abasourdi, ravi... et rempli de questions sans réponses.
L'Atelier n'est pas une pièce comme les autres. Ici pas de règle des trois unités : si l'action se passe toute au même endroit (l'atelier de couture), elle se déroule sur sept ans, de 1945 à 1952, et se compose d'une succession de dix tableaux, et donc de dix scènes sans rapport direct entre elles, sauf une continuité chronologique.
C'est d'ailleurs cette continuité chronologique qui marque l'évolution de l'atelier dans le temps : depuis l'immédiat après-guerre jusqu' au début des années 50, on assiste à la vie des ouvrières qui se calque sur l'évolution de la société. La pièce toute entière repose sur les dialogues qui font ressortir les personnages, à la fois individuellement (chacun a sa propre histoire) et collectivement (on comprend que l'atelier est un microcosme où l'auteur indirectement veut parler de la déportation et de la Shoah)
C'est forcément un sujet difficile. Et c'est bien parce qu'il est difficile que Jean-Claude Grumberg ne l'aborde pas de front : c'est à travers le dialogue, des répliques glissées pendant des conversations banales, que l'on perçoit la vérité des personnages, et leur histoire. Cette disposition éclatée permet une multiplicité de points de vue, un kaléidoscope d'opinions sur ce drame évoqué avec gêne et pudeur pour certains, insouciance pour d'autres, avec même quelques relents d'antisémitisme, (plus automatiques que raisonnés d'ailleurs).
Le regard sur la Shoah reste le thème principal de la pièce : comment vivre après ce qu'on a vécu ? Les plus jeunes, avec toute l'insouciance de leur âge, vont oublier (mais peut-on tout oublier ?) Et les autres devront "faire avec", comme on dit.
Dans cette multiplicité d'angles que les personnages jettent sur le drame, peut-être de faut-il pas oublier le point de vue de l'auteur. On ne le connaît pas, il n'en fait pas état, et aucun de ses personnages n'est son porte-parole (ou alors tous à la fois), mais à travers la familiarité des dialogues, le "pointu" de l'analyse psychologique de ses acteurs, on sent qu'il a pour eux (et notamment pour Simone, personnage qui lui est inspiré par sa mère) une infinie tendresse.
Sans doute faut-il être juif pour cerner toutes les implications "en creux" de la pièce. Il n'est pas nécessaire de l'être pour saisir tout ce qu'il y a d'humanité dans ces tableaux où la banalité la plus quotidienne cache une réelle profondeur, et où la somme de ces drames personnels et intimes (auxquels nous, spectateurs, participons malgré nous) constitue une partie de notre histoire - et de notre Histoire.
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Cette pièce de Jean-Claude Grumberg créée en 1979 a eu un grand succès et cela peut se comprendre car elle se passe dans le monde du travail de l'immédiat après-guerre. "L'atelier" c'est celui dans lequel travaillait la mère de l'auteur lorsqu'il était enfant. Alors c'est un peu un hommage à celle qui les a élevés, lui et son frère, dans des moments difficiles.
Simone attend le retour de son mari déporté en travaillant comme finisseuse dans l'atelier de couture de Madame Hélène et de Monsieur Léon.
Elle apprend à connaître ses collègues, Mimi, Madame Laurence, Gisèle et Marie qui ont toutes une spécialité (comme les boutonnières) et un certain entrain qui va parfois jusqu'à la dispute et les pleures, qui se terminent toujours par une réconciliation de franche camaraderie. Il y a aussi des hommes dans l'atelier, le presseur et le mécanicien.
Mais ces destins qui se croisent le jour soulèvent tous la même question : comment vivre après le traumatisme de la guerre et de la Shoah.
Jean-Claude Grumberg montre aussi qu'il n'y a pas un juif ou un non juif mais des personnalités et des opinions différentes.
Les paroles sont parfois crues avec un franc-parler des milieux populaires parisiens au bon sens du terme, de la vraie vie quoi. Ce texte est aussi un témoignage essentiel pour ne jamais oublier ceux qui ne sont pas revenus des camps mais aussi un message d'espoir du petit garçon de Simone qui se tourne vers l'avenir.


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La vie d'un atelier après guerre avec des personnages tous attachants qui représentent chacun une partie de la société.

Il y a Léon, juif caché en zone occupée ; Hélène, juive réfugiée en zone libre ; Simone, juive, dont le mari a été déporté ; Mimi qui profite de la libération dans les guinguettes avec les amerloques ; Gisèle qui pense que si la guerre la met en difficulté, c'est quand même un peu à cause des juifs qui sont "différents" ; Madame Laurence la collaboratrice et Marie, qui incarne le renouveau et la jeune génération qui n'a pas vraiment vécu la guerre.

Une pièce aussi agréable à lire, à regarder ou à jouer.
Je la conseille très vivement à tous les publics.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
SIMONE. [...] Le pire c'est les mères... Vous aussi vous êtes passé par l'hôtel Lutetia ?... On m'avait dit d'y aller tout au début pour avoir des renseignements, quelqu'un qui l'aurait vu, qui... enfin vous savez, les photos, les... bon... J'y étais une fois, j'osais pas m'approcher. Il y a une bonne femme qui m'a agrippée par le bras et qui m'a fourré de force sous les yeux une photo genre distribution des prix, je vois encore le gosse, il avait l'âge de mon grand en culottes courtes, avec une cravate, un livre sous le bras, "le prix d'excellence", elle hurlait : "Il a toujours le prix d'excellence." Elle voulait pas me lâcher, pourquoi vous pleurez, regardez regardez ils reviennent, ils reviendront tous ; Dieu le veut, Dieu le veut. Alors une autre femme lui a crié dessus et s'est mise à la pousser... On a beau dire que pour les enfants c'est sans espoir, elles sont là, elles viennent, elles parlent... Je l'ai revue plusieurs fois dans les bureaux, de plus en plus folle...
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SCÈNE 5: LA NUIT

LÉON : [...] Brusquement je me jette vers lui en hurlant : "Ich bin yude, ich bin yude, ich bin leibedick ! " Alors il a fermé les yeux et détourné la tête et il a été se cacher dans le fond du camion... Brusquement la panique, les femmes entraînaient leurs mouflets à l'abri des portes cochères : " Un autre Allemand, en civil celui-là et hargneux avec ça ! " Les fifis m'ont cerné, le chef tout en braquant sa mitraillette vers ma poitrine répétait : " Papir, papir..." J'ai essayé de rire [...] j'ai dit le plus calmement possible après avoir repris mon souffle : "Je suis juif monsieur l'officier résistant. Je voulais qu'il sache que je suis juif et vivant, voilà c'est tout, alors j'ai crié, je m'excuse.."
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Jean. Le vendredi, tous les vendredi j'ai réunion et je quitte à six heures et demi.

Léon. Va, va quitte, quitte, que Dieu te garde! Tu sais quoi, on va se répartir les tâches: toi tu te réunis et tu t'occupes du bonheur de toute l'humanité et moi je repasse ici cette une nuit et je m'occupe de la livraison de demain, là, ça va comme ça? Seulement une chose que je voudrais te faire remarquer, gentiment, moi tous les samedis qu'il y ait réunion révolution ou n'importe quoi je dois livrer alors je livre mais vous il y a des années et des années que vous vous réunissez pour parler du changement et du bonheur et je vois toujours rien... J'ai beau regarder : où est le bonheur, où est même le changement?

Jean. C'est que vous regardez pas du bon côté.
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Scène 5
Simone
Comment vous pouvez être sûr ? Tout le monde dit qu'il va en rentrer encore, qu'il y'en a partout, en Autriche, en Pologne, en Russie, qu'on les soigne, qu'on les retape avant de les renvoyer chez eux ! Trente-huit ans, c'est pas vieux, pas vieux du tout, qu'ils aient fait ce que vous dites aux vieux, à ceux qui ne pouvaient plus travailler, aux femmes, aux enfants, d'accord, on sait tout cela, mais...
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LEON, d'un calme inhabituel, attend le retour de madame Laurence qui se réinstalle, puis il démarre. _ Bon... A votre avis, mesdames, on travaille pour qui : pour les morts ou pour les vivants ? (pas de réponse, Léon tout en faisant tourner le veston sous tous les angles _ c'est une pauvre chose.) Si on travaille pour les morts, je dis que ce vêtement est un très bon vêtement pour mort... Seulement entre nous, un mort peut très bien se passer de vêtements non ? On le jette dans un bout de chiffon, on le roule dedans et hop au trou... On peut même faire l'économie du bout de chiffon et du trou. Ca s'est déjà vu non ? ...
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Videos de Jean-Claude Grumberg (30) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Grumberg
C'est avec un plaisir non dissimulé que je vous invite à rencontrer Jean-Claude Grumberg ce samedi 1er juillet dès 14h30.
Il assistera la veille à la dernière représentation de sa pièce La plus précieuse des marchandises, réalisée avec brio et justesse par le Théâtre le Public, et y rencontrera son public.
Jean-Claude Grumberg est le lauréat du Prix d'honneur Filigranes 2019 pour ce conte aujourd'hui joué dans le monde entier et prescrit dans les écoles. Il sévit avec succès dans le monde du théâtre depuis plus de 50 ans.
Scénariste et écrivain. J'ai eu la chance et le plaisir de le rencontrer en 2013 pour faire la promotion de son ouvrage hilarant et truculent Pour en finir avec la question juive. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés.
De Pitchik à Pitchouk est une petite merveille, un bijou.
Voilà ce que j'écrivais en avril pour annoncer la sortie de ce conte pour vieux enfants :
« Tu es une source intarissable, tellement indispensable dans ce travail de mémoire que tu poursuis inlassablement , tellement et encore plus d'actualité aujourd'hui.
Tes écrits enjolivent notre quotidien et sont source de réflexion et de sagesse
Je sais combien te manquent Jacqueline et Maurice et tu l'écris avec beaucoup d'amour et de pudeur.
Tu es devenu un incontournable dans nos bibliothèques et je vous invite, TOUS, malgré la profusion de romans formidables parus ou à paraître, à lire et partager ce petit trésor disponible en librairie ce vendredi 7 avril. »
À samedi, Marc Filipson
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