L'éléphant et la Maruti, de Radhika Jha est un recueil de trois courtes nouvelles : "Le mariage", "L'espoir" et la nouvelle éponyme qui donne son titre au livre.
Si de nombreux personnages se bousculent et se croisent dans ces nouvelles, le personnage principal est cependant Delhi; Delhi avec ses embouteillages, ses mendiants, ses pauvres qui luttent de toutes leurs forces pour ne pas devenir mendiants à leur tour, ses policiers corrompus, ses petits fonctionnaires, ses mafieux et ses jolies filles.
J'ai trouvé les trois nouvelles de qualité inégale. "Le mariage" est une histoire assez farfelue, qui m'a quelques fois fait sourire, mais souvent laissée perplexe.
"L'espoir" est ma préférée, parce que plusieurs histoires y sont enchâssées et que, malgré la note triste sur laquelle elle se termine, elle est remplie d'espoirs justement : l'espoir de tous ceux qui sont venus à Delhi pour y trouver une vie meilleure, qui l'ont trouvée, ou qui ont toujours l'espoir de la trouver un jour.
"L'éléphant et la Maruti" est la nouvelle la plus sombre : une longue, interminable, épouvantable descente aux enfers, qui m'a laissée assommée, au bord de la nausée, complètement abattue et déprimée.
Ces courtes nouvelles semblent plutôt relever d'un travail journalistique, et ressemblent à des articles de fond qui auraient été particulièrement étoffés et développés. Ils sont des témoignages sur cette ville immense, saturée de pollution, saturée d'ordures, mais surtout saturée d'hommes.
L'ensemble de ces nouvelles forme, selon moi, une introduction à la ville pour qui envisagerait un voyage en Inde (ou un souvenir pour qui en reviendrait), une fiction hyper-réaliste pour lecteur lassé de se voir toujours présenter une Inde des Mille et une nuits, toute de pierreries, de colliers de fleurs parfumés et de saris chatoyants.
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3 nouvelles, 3 récits qui content les histoires de personnes qui se battent bec et ongles pour réussir, de personnes qui se battent bec et ongles pour survivre dans une Inde surpeuplée, où l'argent et les castes séparent les gens.
J'ai une préférence pour le premier récit éponyme du recueil et le dernier le mariage est un peu court. le second L'espoir est acide et laisse ses personnages face à un destin désenchanté.
Ce recueil place le lecteur en immersion indienne totale. Une Inde moderne mais à couteau tiré.
Le style est simple et laisse la parole aux protagonistes qui racontent leur histoire tels des conteurs d'un autre siècle.
Bon moment de lecture.
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Il s'agit d'un recueil de trois nouvelles, le lien entre elles est qu'elles se passent à Delhi, et la ville ainsi que le rapport des personnages à cette ville est un élément important dans les récits.
L'un des thèmes des récits est une opposition entre des Indiens occidentalisés, vivant dans une aisance matérielle, ayant suivi des études et exerçant des professions intellectuelles et les Indiens miséreux, essayant de survivre au jour le jour, d'une façon traditionnelle. Les premiers pour la plupart tentent d'ignorer les seconds, les considèrent comme une nuisance. Les deuxièmes s'adaptent tant bien que mal aux premiers, tentant de tirer d'eux leur subsistance. C'est étonnement dur parfois, on est confronté à une société dans laquelle la notion d'égalité, y compris de dignité et de respect, n'est même pas une sorte de vague programme, mais presque quelque chose d'inconcevable.
J'ai été un peu déçue par la façon dont l'auteur traite ses personnages, en survolant, on aimerait un peu plus savoir d'eux, les suivre, parce que là on entrevoit, mais on reste sur sa faim, alors que certains semblent intéressants. Les récits étant plus basés sur les descriptions des personnes que sur une action, cette manière de ne pas approfondir les portraits casse un peu l'accroche des histoires.
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3 nouvelles qui nous font découvrir l'Inde moderne, à travers les coutumes, le monde du travail, le système de castes... C'était ma première lecture d'une autrice indienne et j'avoue ne pas avoir accroché. Je ne sais pas si c'est un problème de traduction, ou bien si cette oeuvre est trop différente de mes lectures habituelles pour que j'y trouve mes repères.
Il y a de nombreux retournements de situations étranges, l'humour est parfois absurde. Il y a aussi dans la 1ère et la 3e nouvelle des scènes de violences sexuelles "gratuites", qui ne sont pas discutées et qui n'apportent rien à l'histoire...
J'ai toutefois bien aimé la 2e nouvelle, "L'espoir", qui dresse un portrait très humaniste des gens des castes inférieures, des électriciens aux mendiants lépreux, en passant par les chauffeurs de Rickshaw.
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Les voitures avançaient. Personne ne prêtait attention à un gigantesque éléphant, entièrement décoré et pomponné, sur le dos duquel trônait un mahout affublé d'un survêtement rouge et vert flambant neuf. L'éléphant se rendait à un mariage dans les quartiers sud de Delhi. Le mahout savait qu'ils étaient en retard. Il força donc sa bête à s'immiscer dans le flot des véhicules, tout simplement.
Je freine brutalement au moment où un troupeau de vaches déboule entre des monceaux de fruits abîmés, d'emballages en papier journal et de légumes. Les bêtes choisissent délicatement ce qu'elles ont envie de manger. Sur la route, elles sont au moins vingt-cinq. Nous attendons qu'elles traversent. Pour moi, elles sont plutôt belles - îlots de quiétude au sein de ce tourbillon frénétique qui anime Delhi.
La foule se mit à bourdonner comme une ruche. Les musiciens allumèrent les lampes à gaz pour accorder leurs instruments, les chevaux hennirent et martelèrent le sol, les chameaux se relevèrent, les invités du marié ajustèrent leurs turbans roses.
Je ne veux pas un avenir différent, je ne veux ni argent ni maison ni... Ni nouveau job. Je veux que le passé revienne. Peux-tu remplacer le futur par le passé ?
Les bébés regardent toujours en l'air. J'ai pensé que les couleurs entretient dans mon enfant et qu'il aurait la peau claire, pas noire comme moi!