AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Gilles Barbedette (Traducteur)Dmitri Nabokov (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782743602086
136 pages
Payot et Rivages (01/04/1997)
3.58/5   116 notes
Résumé :
Tout commence au détour d'une allée, dans un jardin public, quand les yeux du protagoniste se posent sur une jeune fille. La suite n'est qu'une superbe supercherie parodique et l'on reconnaît rapidement tous les ingrédients qui ont fait le scandale de Lolita. L'Enchanteur, dont le titre illustre à lui seul la fonctio, que Nabokov assignait au romancier, est un véritable conte de fées érotique où l'histoire et la géographie sont secondaires par rapport au théme, où l... >Voir plus
Que lire après L'enchanteurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
3,58

sur 116 notes
5
3 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
4 avis
1
1 avis
Ce livre ne m'a pas enchantée.
L'Enchanteur est la dernière nouvelle écrite en russe de Nabokov sous le pseudonyme de Sirine. Elle a été rédigée en 1939 à Paris, quelques mois avant son départ pour les États-Unis. Retrouvée en 1959, peu de temps avant son retour en Europe et son installation en Suisse, cette longue nouvelle ne parut pas du vivant de l'auteur. Traduite en anglais par son fils Dmitri, elle ne fut éditée qu'en 1986. La version originale russe est parue en 1991. Je l'ai lue dans la version traduite de l'anglais, malheureusement.

Le résumé qui suit révèle toute l'histoire.
Ce récit raconte l'obsession funeste d'un homme d'âge mûr pour une fillette, aperçue en train de faire du patin à roulettes dans un jardin public. Il va épouser la mère, malade, pour avoir la fille. Une fois la mère morte, il emmène la fille en voyage. Elle s'endort. Il la dénude, elle se réveille, hurle. Il s'enfuit et court se jeter sous un camion.

Ceux qui ont lu Lolita peuvent s'amuser à comptabiliser les similitudes et les différences dans la trame du récit mais ce sont deux oeuvres totalement différentes. Lolita est un chef d'oeuvre, une symphonie poétique avec des personnages complexes et subtils. L'Enchanteur est une nouvelle mineure. Sans le succès de Lolita, l'aurait-on publiée ? Je l'ai trouvée brouillonne et gênante en dépit de fulgurances poétiques et humoristiques. Les personnages sont anonymes. La fille est objectivement pas très jolie et le quadragénaire est un bijoutier qui n'a donc aucun goût ni aucune élégance. C'est un philistin en plus d'être un pédophile. le récit commence par un long monologue pathétique où le satyre tente de justifier l'injustifiable. Ensuite on passe à la 3e personne, ce qui nous évite de trop sympathiser avec ce gars. Mais il n'empêche qu'on se soucie moins de la gamine, qui n'a aucune épaisseur psychologique, que de savoir comment l'obsédé va s'y prendre d'abord pour se marier, ensuite pour accélérer la mort de la mère, puis pour coucher avec la fille. Ses déboires sont assez drôles car le Grand méchant Loup n'est pas très dégourdi. le texte parodie de ci de là les contes de fée plus ou moins légèrement. le Petit Chaperon rouge bien sûr, Blanche Neige, la Belle au Bois dormant. Il utilisera d'ailleurs un album de contes de fée pour endormir la belle et jouer crûment de sa baguette.

Je vous recommande plutôt la lecture de la Vénitienne et autres nouvelles. Là oui vous serez enchantés par la magie nabokovienne.
Commenter  J’apprécie          377
C'est en 1939 que Nabokov, ressentant les premiers frémissements de « Lolita », met par écrit, sous la forme d'une nouvelle écrite en russe comme tous les romans de cette époque, une « pré-Lolita », qu'il considère comme un échantillon de son oeuvre maîtresse. La nouvelle, assez courte, a pour titre Volchebnik (le magicien), traduit en français par « L'enchanteur ».
Insatisfait de ce texte, Nabokov l'abandonne, puis l'oublie complètement. Il pensait l'avoir perdu quand, en 1959, celui-ci apparaît de nouveau tandis que Véra et lui sont en train de rassembler des documents, et que, le redécouvrant, il trouve le texte très beau et souhaite le publier. Débordé entre temps par quantité de projets plus urgents, il oublie cette publication et « L'Enchanteur » ne paraît qu'en 1986, après sa mort, dans une traduction anglaise de son fils, Dmitri Nabokov, augmentée d'une postface écrite de sa main.
« L'Enchanteur » fait donc partie de la prose magnifique écrite en russe par Nabokov. Tout commence par une introspection. le protagoniste se demande comment qualifier son attirance poignante pour les petites filles : une maladie ? un crime ?... Dans son monde enchanté, à mi-chemin entre le jardin édénique et le tricotage machiavélique, il déambule, à travers un suspens de plus en plus glaçant, entre l'inventaire critique et la mise en oeuvre de ses pulsions. le lecteur, quant à lui, est saisi par l'envoûtement que lui procure l'extraordinaire lyrisme de la langue, entre enchantement et bouffonnerie.

http://www.christinamirjol.com/

Commenter  J’apprécie          212
Ce court roman (ou longue nouvelle) a été écrit par Nabokov durant sa période russe, et il recelait déja en lui les premiers battements de cils de Lolita. Plus tard lorsqu'il partit pour l'Europe il le crut perdu à jamais. le manuscrit fût pourtant retrouvé par Nabokov des années plus tard, avec une fraîcheur toute nouvelle que provoquait l'image, délayé par le temps, que l'auteur en avait gardé en mémoire. Ce roman fût publié, et le contraire eut été une perte énorme, car dites-le vous bien ce roman n'est pas un minable avorton, un débris tardif de la nébuleuse littéraire du maître, 'un fruit encore vert ceuilli trop tôt dans l'immense jardin nabokovien, en réalité il est un summum, une oeuvre à part entière qui arrive à s'extraire facilement de l'orbite (imaginaire) de Lolita, en réalité, une quintessence de tout ce qui fait le style si remarquable du génial lépidoptérophile russe. Ne le sous-estimez donc surtout pas, j'avais fait, à mon grand bonheur, la même erreur...
Commenter  J’apprécie          110
On se demande, à la lecture de cette longue nouvelle, qui est l'enchanteur censé voler de page en page à la poursuite d'un bonheur interdit ; ce vieil homme amoureux d'une nymphette ou l'auteur lui-même, génie des mots, magicien de la langue, qui d'un coup de baguette magique - ou de crayon - transforme le lugubre en poésie virevoltante, le sordide en prose colorée, ludique et géniale. Loin de n'être qu'un simple "brouillon" de sa future 'Lolita', cette histoire européenne décrit un autre univers nabokovien, et surtout, une autre fin, peut-être plus morale. On en retiendra le génie littéraire phénoménal de son auteur, son sens du détail infime qui offre toujours à ses rêveries un lyrisme déchaîné ; un monde réel qui n'existe que dans nos imaginaires.
Commenter  J’apprécie          70
Ce court roman qui est considéré comme une ébauche de Lolita s'avère être en réalité un véritablement enchantement littéraire. Récit virtuose polysémique et qui déborde de chausse-trappe , on est le temps de la lecture ,comme aimanté par cette phrase toute à la fois métaphorique poétique et énigmatique. Difficile de nos jours toutefois de goûter pleinement le suc de cette farce cruelle sur les déboires d'un homme mur attiré par les toutes jeunes filles tant le pathétique presque romanesque ,du Satyre d'hier semble aujourd'hui n'être que l'expression d'un effroyable déni celui de la réalité des exactions de ce qui se nomme en vérité un pédophile.
Commenter  J’apprécie          70

Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
L’homme est, comme d’autres, un rêveur, bien que, dans son cas, un rêveur corrompu. Aussi déplaisant puisse-t-il être cependant, l’un des aspects les plus poignants de ce récit réside dans l’introspection – parfois objective – de cet homme. On pourrait même aller jusqu’à dire que ce récit repose entièrement sur une introspection ; et, à travers cette introspection menée du point de vue d’un protagoniste essentiellement malveillant, Nabokov réussit à faire passer un sentiment de compassion non seulement pour les victimes mais aussi, jusqu’à un certain point, pour le vaurien lui-même. Un vif désir de vertu éclaire parfois le cynisme obstiné de cet homme et le pousse à faire des efforts pathétiques pour se justifier ; bien que toute distinction disparaisse sous les assauts de ses pulsions, il ne peut s’empêcher de penser de manière fugace qu’il est un monstre. . (Postface de Dmitri Nabokov, « A propos de l’enchanteur »)
Commenter  J’apprécie          60
Ils se mirent en route. La fillette marchait en tête, faisant tournoyer vigoureusement un sac en toile accroché à une lanière, et déjà tout en elle lui paraissait épouvantablement et insatiablement familier – la courbe de son dos étroit, l’élasticité des deux petits muscles ronds placés un peu plus bas, l’exactitude avec laquelle les carreaux de sa robe (l’autre, la marron) se raidissaient lorsqu’elle soulevait un bras, et puis les chevilles délicates, les talons assez hauts. Elle était peut-être légèrement introvertie, plus vive dans ses mouvements que dans sa conversation, ni timide, ni effrontée, et avec une âme qui semblait immergée, mais immergée dans une moiteur radieuse.
Commenter  J’apprécie          50
Et pour tout cela, pour l'éclat rubicond de ses joues, les douze paires de côtes étroites, le duvet de son dos, le filet de son âme, cette voix légèrement voilée, les patins à roulettes et la grisaille de la journée, la pensée inconnue qui venait de lui traverser l'esprit alors qu'elle regardait depuis le pont une chose inconnue... Pour tout cela il aurait donné un sac de rubis, un seau de sang, tout ce qu'on lui aurait demandé...
Commenter  J’apprécie          70
Ou bien était-ce l'angoisse qui accompagnait toujours son impossible désir de tirer quelque chose de la beauté et de la tenir immobilisée quelques secondes, d'en faire quelque chose, n'importe quoi, pourvu qu'il y ait une sorte de contact qui pût, par n'importe quel moyen, apaiser ce violent désir ? Pourquoi se creuser la tête ? Elle reprendrait de la vitesse, disparaîtrait, puis demain une autre fillette surgirait comme un éclair et ainsi il passerait sa vie à contempler un défilé de disparitions.
Commenter  J’apprécie          50
« Quelle explication puis-je me trouver ? » pensait-il, lorsqu’il lui arrivait de penser. « Ça ne peut pas être de la lubricité. La sensualité fruste est omnivore ; la sensualité raffinée présuppose finalement un assouvissement. Si j’ai bien eu cinq ou six aventures normales, comment comparer leur hasard insipide avec ma flamme unique ? (…) »
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Vladimir Nabokov (25) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vladimir Nabokov
"Lolita" de Vladimir Nabokov (Alchimie d'un roman, épisode n°18)
autres livres classés : désirsVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (286) Voir plus



Quiz Voir plus

Lolita

Qui est l'auteur de ce roman ?

Boris Pasternak
Vladimir Nabokov
Nicolas Gogol

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Lolita de Vladimir NabokovCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..