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EAN : 9782361931339
36 pages
Les Grandes Personnes (29/09/2011)
4.19/5   13 notes
Résumé :

C’est l’histoire d’un petit garçon qui nage comme un poisson sans avoir jamais appris à nager. Son père est pêcheur et l’enfant passe son temps avec sa mère qui, bien qu’elle soit toujours à la maison, a l’air de très bien connaître la mer et ses habitants. Une nuit, il surprend son papa dissimulant une peau de phoque et se souvient d’une légende que lui a racontée sa m&#... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Nikolaus Heidelbach publie un nouvel album et c'est un événement. le sujet est tiré de légendes écossaises et irlandaises, mais on le retrouve aussi chez les Inuit et d'autres peuples du Nord. Heidelbach a choisi pour épigraphe une citation de David Thomson, auteur d'un livre The people of the Sea, A Journey in Search of the Seal Legend (le bateau du pêcheur s'appelle aussi David), sans doute pour souligner ce qu'il doit à Thomson, qui a recueilli ces histoires de femmes-phoques (plus rarement d'hommes-phoques), les « selkies », dans les années cinquante, avant qu'elles ne tombent dans l'oubli.

D'emblée, les pages de garde plongent le lecteur dans le mystère de fonds marins bleutés, agités par le courant et peuplés d'algues et d'invertébrés. Au contraire, dans les pages de titre, un maquereau se tient tout seul, tête en bas, parfaitement immobile et vertical, et page suivante, dans la même position mais en miroir, se tient l'enfant-phoque de la couverture, en short de bain rouge (on ne le verra jamais avec d'autres vêtements, sinon un peignoir) et lunettes de plongée. Suit une double page où l'enfant et le maquereau, nageant en apesanteur dans l'espace blanc, dessinent un arc de cercle parfait avant de jaillir de l'eau page suivante. La narration commence, c'est l'enfant qui raconte : « Je n'ai jamais appris à nager, j'ai toujours su. » D'où tient-il ce savoir ? Une petite maison côtière isolée, un porche en fanons de baleine, un drapeau dans le vent. le père est pêcheur, souvent absent ; l'enfant ne va pas à l'école : quand il a aidé sa mère pour la maison et le jardin, il part nager. le soir, sa mère lui raconte le peuple des créatures marines et les pages s'emplissent de « lamantins courtisans, bernard-perlites, moulimaces… », tout un monde chimérique, à l'inquiétante étrangeté. Ces êtres hybrides, dotés de pouvoirs magiques, comme en attestent leurs colliers, perles, sceptre ou couronnes, forment un cortège ondoyant et viennent habiter les rêves de l'enfant.
D'où sa mère tient-elle ces histoires, elle qui ne trempe pas même ses pieds dans l'eau ?
Un soir, l'enfant voit son père revenir de la remise avec « un truc brillant » dans les bras. Il comprend que sa mère cherche aussi ce « truc » mais c'est lui qui le trouve : c'est une peau de phoque. Pour lui, pas de doute : son père est un de ces hommes-phoques dont il connaît l'histoire, qui garde sa peau dans un endroit secret pour pouvoir un jour repartir en mer. Il fait part de sa découverte à sa mère. le lendemain, mère et peau ont disparu. le père rentre et comprend : « Alors il m'a pris dans les bras et il ne m'a plus lâché. » Rien de plus n'est dit, mais dans l'étreinte du père et de son enfant se lisent à la fois la tristesse et la tendresse infinies, l'acceptation et la confiance. Une saison passe : « On s'en sort bien tous les deux. »
La mère-phoque envoie de temps à autre un signe (des maquereaux posés sur un caillou), l'album se clôt sur l'enfant, minuscule face à l'horizon, qui s'inscrit dans sa double filiation : « Lorsque je serai grand, je serai marin. Ou phoque », et dans les pages de garde, une famille phoque, père, mère, petit, nage dans les grands fonds.

On retrouve intact dans cet album envoûtant le pouvoir de fascination qu'exercent les images de Nikolaus Heidelbach. Mais dans celui-ci, le monde extérieur occupe peut-être plus de place : l'eau, l'air, le sable et le ciel se partagent l'espace dans les aquarelles d'horizons marins où les bleus dominent et où l'enfant apparaît tout petit. Ces paysages presque vides contrastent avec les six pages où les créatures sous-marines déploient la profusion de leurs couleurs et motifs dans une longue ondulation; elles deviennent comme comme un seul corps engendré par les histoires de la mère. Dans la maison, les tons gris et bruns évoquent un quotidien qui semble paisible – mais rien ne peut être tenu pour sûr dans une image de Heidelbach –, quelques objets rappellent la mer : un nautile peint sur une assiette, un harpon accroché au mur. Chaque image demande qu'on s'y attarde et, comme souvent chez Heidelbach, elle n'illustre pas le texte à la lettre. Les ellipses narratives laissent le choix de l'interprétation : cette histoire est de celle qu'on relit pour trouver un sens caché, un détail qui avait échappé. L'enfant-phoque, qui rend à sa mère sa liberté, habitera sans doute pour longtemps l'imaginaire des enfants-lecteurs.
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Le livre est raconté à la première personne, par un enfant aux cheveux courts et perpétuellement en maillot de bain. Lui et ses parents vivent à l'écart du village, il passe son temps à nager lorsqu'il a fini d'aider sa mère. Son père pêcheur est lui très souvent absent. Sa mère semble connaître beaucoup de choses sous la mer bien qu'elle n'y trempe jamais un orteil...

Nikolaus Heidelbach a un style de dessin qui me rappelle un peu Claude Ponti, en moins expressif et en moins foutraque. Les illustrations sont dans des couleurs sourdes, bleues, vertes, brunes, rouges...
et fourmillent de détails : les illustrations de la maison contiennent toujours un petit élément marin, les intérieurs de couverture sont de beaux fonds sous-marins, très organiques, enfin il y a surtout un magnifique défilé de créatures fantasmagoriques! Cette image panoramique est découpée en plusieurs doubles pages, ce qui est un peu dommage car on ne voit que des fragments de ce défilé... Je ne sais pas pourquoi l'éditeur les grandes personnes n'a pas intégré une longue page qui se déplierait pour voir l'illustration dans son intégralité. Coût trop élevé ou choix délibéré pour laisser le plaisir de tourner la page et de découvrir ce qui se cache derrière?
Cependant, le grain velouté des teintes matérialise aussi un silence vibrant et discret, comme un secret qui plane, un non-dit qui transpire...
Bien qu'ils semblent former une famille banale et heureuse, les personnages ont un côté inquiétant: leur physique est lourd, épais, terrien. On voit très peu les yeux de l'enfant, il est soit les yeux fermés, soit de dos, soit avec ses lunettes de plongée. La mère, elle, a un visage étrange: de grands yeux noirs sans sourcils, et pas de sourire, une allure austère qui contraste avec la richesse polychrome des images fabuleuses suscitées par ses récits. Quant au père, on ne le voit que sur trois images à peine. Un jour, l'enfant découvre une peau de phoque cachée par son père...

Les selkies sont un peuple de phoques dont les femmes quittent parfois leur peau animale pour aller danser sur la terre ferme. Généralement, dans la légende, un humain les découvre, réussit à voler la peau de l'une d'entre elles, la cacher et amener sa propriétaire, qui ne peut donc plus retourner dans l'eau, à se marier avec lui. Quand on y réfléchit bien, c'est carrément un mariage forcé, comme un viol... Cette légende est donc peut-être moins cruelle que les contes ayant pour thème l'infanticide (le Petit Poucet, Hansel et Gretel, le Petit Chaperon Rouge), mais tout aussi dérangeante!

Dans la plupart des contes, iels restent suffisamment ensemble pour qu'ils aient un ou plusieurs enfants. Mais, bizarrement, le mari ne détruit jamais la peau ; et soit qu'un des enfants la trouve et l'apporte ingénument à sa mère, soit que la selkie retrouve elle-même la peau, cela finit toujours par la liberté retrouvée.

Ici le récit est raconté du point de vue de l'enfant, et la légende s'en trouve modifiée: les selkies sont des gens qui laisseraient volontairement leur peau pour vivre parmi les hommes, puis s'en vont lorsqu'iels en ont assez... Modification minime, et qui doit provenir de la mère puisque c'est elle la source principale de légendes pour l'enfant, mais qui le conduit à une mauvaise interprétation de ce qu'il a vu, et donc à tout raconter... à la mauvaise personne! ou à la bonne, ça dépend de quel point de vue on se place ;-)

Cet enfant narrateur a d'ailleurs l'air assez pragmatique : son goût pour la nage et sa curiosité sont ses principales caractéristiques, mais il ne manifeste pas de signe d'affection particulier pour l'un ou l'autre de ses parents. En plus, comme je disais, on voit très peu ses yeux, et ça diminue fortement l'empathie que je peux avoir pour lui. La disparition de sa mère, bien que brutale et inattendue, n'a pas l'air de le chagriner outre mesure et est loin d'être présentée comme une catastrophe, juste un fait avec lequel il faut vivre. Douleur muette ou acceptation indifférente? le calin père-fils de l'image où ils se retrouvent seuls contredit néanmoins la froideur apparente du texte...
La fin est très apaisée, avec ces maquereaux que l'enfant dit trouver de temps à autre comme des cadeaux, et cette ambition qui donne son titre original au livre : "Wenn ich gross bin, werde ich ein Seehund" (en français: "quand je serai grand, je serai un phoque").

Un livre intéressant et beau; mais les illustrations ne sont pas complètement à mon goût et comme je dis, je ne me suis pas vraiment attachée à l'enfant... que ça ne vous empêche pas de découvrir cette lecture! Plus de détails et d'images sur mon blog, lien ci-dessous ;-)
Lien : http://sirenologie.canalblog..
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C'est l'interprétation d'une légende.
L'enfant adore nager sans jamais avoir appris. Il habite avec ses parents près de la mer. Son père est marin et part souvent pour la pêche, sa maman reste à la maison, occupée à la rendre propre et ne mettant jamais les pieds dans l'eau. le garçon lui y court dès qu'il a fini d'aider à la maison et que son père revient de ses quelques jours en mer.
Mais à la maison, la mer est le sujet de conversation: la maman raconte toute la faune te la flore sous-marine... comme des histoires. Un phoque viendrait sur terre, retirerait sa peau pour devenir humain.

Ce petit livre pour enfant apporte une fascination pour la mer. Nikolaus HEIDELBACH offrent des illustrations magnifiques et fantastiques de la faune marine. La légende prend alors des couleurs très sombres, la mer semble comme le noyau de gravitation... une attirance vitale.
L'histoire aussi propose une vision des concessions d'une vie, des besoins vitaux. Il n'y a pas à dire, entre les mots, l'auteur parle fort, vrai... et ces personnages singuliers ne laissent pas indifférents.
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S'inspirant de la légende que nous connaissions déja, la version inuite de cette "Femme phoque" de catherine Gendron chez Didier Jeunesse. Une femme retrouve la peau que son amant a dissmulé afin de la garder près de lui. Vue d'un angle plus européen et raconté cette fois par l'enfant, cette version fantasmagorique de Nikolaus Heidelbach est dépourvu de toute amertume de fin. Cette alternative est moins sérieuse quant au départ de la mère. L'auteur s'attache d'ailleurs à nous laisser des indices.Il est amusant de remarquer cette maman dans une posture animale discrète qui trahit sa véritable nature. A découvrir pour l'histoire et l'oeuvre surréaliste de Heidelbach.
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critiques presse (1)
LeSoir
14 novembre 2011
L’Enfant-Phoque est un album initiatique qui n’a pas peur d’inquiéter pour mieux rassurer ensuite. Une sûreté dans le ton et dans les images qui renvoient à l’essence de la littérature jeunesse. Dès 5 ans.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Le soir, maman et moi, on parlait de la mer. Il m'arrivait souvent de lui rapporter un joli caillou ou un coquillage rare, et elle, elle me raconatait tout ce qu'il y avait sous l'eau: dames sirènes, demoiselles crevettes, sept-oeils à neuf yeux, lamantins courtisans, poulpes royaux, méduses tête-de-mort, poissons évêques, trolls de mer, bernard-perlites, langoustes impériales, canifs marins, seigneurs harengs, serpents câlins, crapauds palatins, moulimaces, anchois géants, perches fines, pieuvres édredon, hippocampettes et baleines avec des villages entiers sur le dos
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J'ai tout de suite compris. Maman m'avait bien sûr aussi parlé des phoques qui viennent sur terre, retirent leur peau pour devenir des humains. et cette peau, ils la cachent et la gardent comme un trésor pour pouvoir repartir dans la mer lorsqu'ils en auront assez d'être humains. J'ai remis la peau à sa place dans le canapé et j'ai attendu le soir.
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"Attention!
Devine, devine,
C'est un truc bizarre.
Ni un lapin ni un renard,
et ça brille! Qu'est ce que c'est?
- Homme ou chose? m'a demandé Maman.
- L'un et l'autre.
- Ca vit sur terre ou ça vit dans l'eau?
- Les deux.
- Ca nage ou ça marche?
- Ca dépend.
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- Beaucoup de pêcheurs ont ça. Et pourtant, ce ne sont pas des phoques, m'a répondu Maman. allez, bonne chance!
- Bonne nuit!
- Euh oui, pardon, bonne nuit!" m'a dit Maman.
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Un jour, je lui avais posé la question, et elle m'avait répondu:
"Les femmes de pêcheurs ne doivent pas nager.
- Dommage", avais-je dit.
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