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EAN : 9782352948292
312 pages
Bragelonne (15/04/2015)
4.03/5   342 notes
Résumé :
Ombre, univers peuplé de magie, et Rive, le monde tel qu'on le connaît, sont les deux reflets déformés d'une même réalité.
Enora est unique : elle peut traverser d'un monde à l'autre. Lorsque sa famille est brutalement décimée par des assassins masqués, elle se réfugie au seul endroit où ses poursuivants ne peuvent l'atteindre. Au royaume d'Ombre, sur la terre de ses ancêtres. Là-bas, Ravenn, une princesse rebelle, fait son retour après neuf ans d'exil passés... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (151) Voir plus Ajouter une critique
4,03

sur 342 notes
Avant que le grand loup gris du temps ne les attrape pour les dévorer, Ravenn et Elouane vont vivre sans discernement, avec passion, fougue, et véhémence. Aucun compromis pour ces deux jeunes femmes aux allures de Walkyrie qui se moquent des protocoles, des us, des coutumes, et de tous les conseils de prudence dispensés par de frileux vieillards. Elles ont cette « étincelle pour être de la race de ceux qui foudroient », et beaucoup les suivraient jusqu'en enfer.

C'est cette rage, cette exaltation qui terrassent tout sur leur passage, bouleversent des mondes et des habitudes plusieurs fois centenaires, choquent le bienséant, qui m'a plu dans ce très bon roman de fantasy. Un roman bien dans le ton de l'époque, vaguement féministe, avouons-le !

Deux mondes liés comme les deux faces d'une pièce, des héros franchement sympathiques qui suivent, fascinés, nos deux impétueuses guerrières ; de puissants magiciens acariâtres, cruels et comploteurs ; une grande cité fantasmagorique ; un royaume à conquérir ; des Dieux qui se mêlent aux mortels et se prennent lamentablement les pieds dans le tapis… N'en jetez plus !

Un petit bémol cependant ! Il y a des scènes de sexe et de tortures très explicites qui tranchent singulièrement avec le ton young adult du roman. Comme si l'auteure, à certains moments, n'avait pas su choisir. Mais le récit où nos deux héroïnes frôlent la mort à chaque instant n'en reste pas moins palpitant, ardent, haletant. Je me suis bien amusé à suivre les mortelles virées de Ravenne et d'Elouane.

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Merci Babelio, merci Masse Critique, Merci Bragelonne !

Je suis passé par divers sentiment au cours de ma lecture… Après un prologue fantasy fantasy excellent et plein de promesses, j’ai soupiré durant toute la mise en place urban fantasy, tellement stéréotypée que je me suis remémoré certains téléfilms fantastiques français (tous plus pourris les uns que les autres, cela va s’en dire)… Le développement lui était intéressant, mais encore limité par ses ambigüités et ses contradictions. Toutefois, une fois l’échiquier mis en place, l’ensemble n’a cessé de gagner en qualité et au final j’ai bien apprécié !

L’intrigue de la partie fantasy reprend tous les classiques qu’on aime bien, nous autres amateurs du genre : la famille royale déchirée, la querelle de succession qui peut vite tourner en guerre de succession, les aristocrates comploteurs, les prêtres conservateurs, les magiciens manipulateurs…. Et pour une fois une véritable princesse rebelle : la version post 1968 d’une héroïne badass à la R.E. Howard ! Si vous avez croisé le chemin de la Sigarni de David Gemmell, ou de la Karis du même auteur, vous serrez en terrain connu… ^^
L’intrigue de la partie fantastique navigue elle dans les eaux troubles de la thématique des mondes parallèles qui a toujours été casse-gueule… Pourquoi mettre en vis-à-vis notre monde contemporain et un monde médiéval-fantastique si c’est pour ne pas exploiter les différences entre eux sur le fond comme sur la forme. Les Terriens ne sont aucunement dépaysé par leur translocation dans un univers méd-fan, et les locaux ne sont aucunement interloqués par la présence et el comportement des Terriens. Et je ne parle même pas des soucis de langue et d’écriture hein… C’est con parce que l’auteur aurait pu exploiter le truc en opposant passant les braiements et les jaseries des locaux aux tournures de phrases familières des Terriens… C’est d'autant plus dommage que globalement le style d’écriture est bon !

Tous les ingrédients du roman sont bons, voire excellents. Mais leur agencement et leur utilisation peut laisser à désirer, ce qui découle grandement des partis-pris initiaux :
- le choix du roman indépendant a ses qualités et ses défauts
One-shot oblige le worldbuilding est fort restreint malgré quelques noms évocateurs : Astria, Terrilis et ses champ de cristaux des âmes, la Forêt des Songes forteresse refuge des magiciennes renégates, les Terres des Dragons et ses tribus guerrières… Le coup est en parti rattrapé par les interludes, ici nommés « fragments », qui enrichissent le background de l’univers, mais cela reste frustrant quand même !
De la même manière moult personnages du romans auraient mérité d’être approfondis et développés.
- l’équilibre entre la partie fantasy et la partie fantastique est mal dosé d’autant plus que chacune des parties est portée par des héroïnes qui ne se valent pas… On voit bien que l’auteure met d’elle-même dans ces/ses deux héroïnes, donc j’ai envie de voir en leurs inégalités une dualité : Elouane/Ravenne est actrice, forte et résolue là où Enora est spectatrice, faible et irrésolue
La partie fantastique sent bon l’héritage des "Princes d'Ambre" de Roger Zelzany : mondes parallèles, Dallas fantasy, ombres qui s’influencent les unes les autres… L’auteure ajoute d’ailleurs à ce chouette héritage zelaznien le concept assez cool des Noirs-Portraits. Chaque habitant d’Ombre possède son double en Rive et vice-versa, né à la même date : si l’un meurt, l’autre meurt d’une façon ou d’une autre en l’espace d’une lunaison, si les deux double se rapprochent, ils décuplent leurs pouvoirs, mais s’ils se touchent c’est la destruction mutuelle assurée (un peu dans le genre de la dualité matière / antimatière).
Et La Loi de l’Echange qui régit les pouvoirs des Passeurs peut rappeler le manga "Fullmetal Alchemist" certes, mais rappelle plus encore "L’Enfant de nulle-part" du même Roger Zelazny (auquel on emprunte peut-être aussi également le magicbuilding élégant).

De plus, on sent très vite les partis pris féministes de Manon Fargetton qui nous les propose sans guère de subtilités :
- les aristocrates sont machos et misogynes puisqu’ils veulent revenir sur la monarchie matrilinéaire
- les magiciens sont machos et misogynes puisqu’ils éliminent ou brident les pouvoirs des magiciennes
- les prêtres sont machos et misogynes puisqu’ils imposent le célibats aux prêtresses mais pas à eux-mêmes
- une bonne partie de l’intrigue repose sur le fait que personne ne veut croire qu’un Passeur puisse être une Passeuse
- Enora se lamente sur la malédiction féminine de sa famille (alors que tous les hommes de sa famille meurent avant l’âge de 20 ans…)
- l’héroïne assume sa sexualité hétérodoxe, avec la mise en avant de la peintre Jana, son intérêt homoérotique qui vire sa coutille…
- les magiciennes femen de la forêt des Songes qui excellent dans l’art de l’illusion (là on tombe presque dans le cliché tellement cet archétype a été maintes fois usités depuis le Bene Gesserit du "Dune" de Frank Herbert)

L’auteure a grandi à Saint-Malo nous dit le 4e de couverture, et cela se vent dans le naming assez bretonnisant truffé de Maëlle, Erwan, Gwendal & cie… ^^
Notons aussi que tout ce qui tourne autour du Dieu Gris, l’Ankou, m’a beaucoup fait penser à "Rencontre avec Joe Black", le beau film sur la mort réalisé par Martin Brest en 1998 avec Brad Pitt, Anthony Hopkins et Claire Forlani (d’ailleurs la Mort du livre semble emprunter des répliques à la Mort du film)
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Je gratifie Babelio et les éditions Bragelonne/Mylady pour m'avoir cacheté ce roman si étonnant. Je m'en vais donc vous encrer un billet qui vous ensoleillera de mon opinion.
[mode traduction Ombre => Rive activé]
D'abord un peu de contexte. L'Héritage des Roi Passeurs s'inscrit dans la tradition de – jouons les érudits qui s'est baladé sur le Net – la portal fantasy ou, variante un peu différente, la crossworld fantasy. Bref, il y a deux mondes : le nôtre et un autre plus « magique », et on peut passer de l'un à l'autre avec difficulté. Des jeunes gens de notre monde pénètrent dans l'autre nommé Ombre (pour les gens d'Ombre, nous habitons Rive) et vont y être impliqués dans une crise de gouvernement.

Voilà à peu près ce que l'on a au début. Malgré un rythme agréable, le style plutôt Young Adult des personnages de notre monde m'a inquiété. Mais cette inquiétude s'est dissipée car, petit à petit, Manon Fargetton nous montre tout le soin qu'elle a pris à la construction de son double monde. Cette construction utilise à plein la symétrie entre Ombre et Rive, symétrie géographique mais aussi humaine à travers un modèle qui se rapproche de la symétrie matière / antimatière, et qui peut-être s'étend aux animaux et aux plantes, pourquoi pas ? Une symétrie qui atteint le langage à travers le phrasé si décalé, amusant et plein de sens des habitants d'Ombre perçu par les habitants de Rive, qui structure même le passage d'un monde à l'autre grâce à un principe d'échange équivalent qu'auraient apprécié Lavoisier et Anaxagore. L'auteure conçoit aussi une magie structurée, aux règles simples, qui m'a tout de suite convaincu que le terme « magie » est inapproprié pour la nommer. Je suis persuadé que l'on a ici affaire à des phénomènes naturels qui peuvent tout à fait faire l'objet d'une recherche scientifique afin d'en extraire les lois fondamentales et de la formaliser mathématiquement.
En résumé, Manon a créé un monde en vraie mathématicienne, et j'adore ça.

L'histoire possède des caractéristiques Young Adult certaines, égratignées par des passages très violents qui l'écartent de ce genre. Quoi qu'il en soit elle m'a happée. J'ai lu ce livre très rapidement (selon mes critères) sans cesse dévoré de curiosité. Les personnages principaux sont attachants et possèdent une profondeur psychologique suffisante. Certains seconds rôles sont sous-exploités (Pelekaï et Lïam dont j'aurais voulu partager les pensées) et d'autres trop stéréotypés (le Roi et le mage Til'Orfaël) mais je comprends qu'ils sont trop nombreux pour être tous vus en détail en moins de 500 pages. Manon Fargetton prend aussi un soin immense à définir la place des femmes en Ombre, et fait passer ce faisant quelques messages d'égalité entre les sexes. Elle évoque aussi d'autres faits de société comme la dépendance à l'alcool et l'homosexualité.

Le plus difficile à gérer est la distanciation. Les décors ne sont pas suffisamment exotiques pour emporter l'imagination, mais la structure de l'univers, de la magie, du panthéon divin et du langage y parviennent. Cependant je ne suis jamais arrivé à larguer complètement les amarres car les héros de Rive, que l'on pourrait croiser dans la rue, me ramenait sans arrêt sur terre. C'est l'inconvénient de ce genre de fantasy. L'absence de distanciation avec les dieux d'Ombre est aussi un problème pour moi.

D'autres détails empêchent ce roman de devenir un chef d'oeuvre selon moi. Par exemple pourquoi, si les relations entre Ombre et Rive ont disparu vers 1650, Ombre est-elle restée dans un régime féodal et n'a-t-elle pas été influencée par le mouvement de la Renaissance ? On n'y trouve même pas la poudre à canon largement utilisée avant 1650. Pourquoi faire employer par des gens d'Ombre le terme de « figure romantique » alors que ce monde n'a jamais été en contact avec le Romantisme ? Pourquoi Énora est-elle traitée comme elle l‘est à la fin ? Evidemment on y gagne une image de tragédie antique mais la façon d'atteindre ce but est tellement artificielle ; l'auteure a manipulée son héroïne contre son gré et la scène tient trop du Deux ex machina.

Mais ce sont de petits écueils dans une très belle et palpitante construction. L'ensemble m'a tenu en haleine et m'a agréablement surpris là où je ne l'attendais pas. Je lirai avec plaisir le nouveau roman dans l'univers d'Ombre, qui fait la part belle à un personnage entraperçu : Bleue de Sav-Loar.
[mode traduction Ombre => Rive terminé]

Et voilà. Je braie encore une fois ma satisfaction à l'égard de ce roman si bellement encré et ambitionne de randonner la suite dans un proche avenir.
Xaler29, Noir Portrait de Relax67.
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Un monde en miroir de l'autre, entre les deux un passage étrange. Chacun de ces mondes est en équilibre, reliés par des fils invisibles. Si on touche l'un de ces fils, l'autre bouge. Si on coupe l'un, on coupe l'autre.

Ombre est fantastique, peuplé de dragons et de vouivres, de magiciens, de rois et de guerriers. Rive c'est la Terre où la technologie a remplacé la magie.

Énora porte en elle de lourds secrets. Elle apporte à l'histoire son côté rebelle, écorché, l'accent de la Bretagne et de ses légendes.
Écorchés ils le sont tous.
Ravenn, princesse guerrière a un trône à conquérir, aucun homme ne lui mettra de bâtons dans les roues ni ne déviera sa rapière. Son personnage centre l'histoire.

Les personnages sont sans doute stéréotypés, un peu trop de féminisme dans cette trame aussi, un parfum fantastique qui en rappelle d'autres. Mais dans l'ensemble j'ai apprécié l'écriture de l'auteure. Ce roman de fantasy Young Adult m'a fait tourner les pages et passer un bon moment d'imaginaire. Les illusions de Sav-Loar me tendent les bras pour m'immerger un peu plus dans cet univers.
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Après la parution de plusieurs romans pour adolescents, Manon Fargetton s'est récemment distinguée par une incursion dans la fantasy pour adulte avec son one-shot « L'héritage des Rois-Passeurs ». Récompensé en 2016 par le Prix des Imaginales, le roman nous relate le destin de deux jeunes femmes issues de mondes différents mais néanmoins liés l'un à l'autre : la première, Ravenn, est l'héritière du trône d'Astria et revient à la cour après des années d'exil pour réclamer la couronne à la mort de sa mère ; la seconde, Enora, est une jeune femme ordinaire, vivant dans le même monde que le notre, et qui voit toute sa famille assassinée le jour de ses vingt ans par de mystérieux hommes armés d'épées. L'une est en quête de reconnaissance, l'autre de vengeance, et leur chemin va évidemment être amené à se croiser. L'ouvrage me paraissait à première vue assez classique, et c'est la raison pour laquelle j'appréhendais un peu cette lecture qui s'est pourtant révélée fort plaisante, même si j'avoue ne pas avoir été complètement transportée. L'auteur maîtrise bien son récit qui ne connaît pas de véritables temps morts et alterne de manière efficace scènes d'action, révélations, et moments plus intimistes nous en dévoilant davantage sur les personnages. Rien à dire non plus sur le style : simple et direct, il permet au lecteur de plonger sans difficulté dans l'histoire tout en se permettant quelques extravagances (les habitants de Rive ont un parler compréhensible mais un peu particulier qui m'a plutôt plu mais pourra en déstabiliser certains). L'intrigue est en revanche un peu plus faiblarde avec certains rebondissements que l'on voit arriver de loin, et d'autres qui paraissent un peu trop faciles (apparition ou disparition inopinée de personnages au bon moment, brusques retournement de situation grâce à des subterfuges assez gros, adaptation beaucoup trop rapide de certains personnages qui découvrent pourtant une société totalement différente de la notre...)

Pour ce qui est du ton du roman, on sent bien que l'auteur a cherché à accentuer l'aspect un peu sombre de son univers en abordant des thématiques plus « adultes » (addiction, homosexualité...) ou en insérant quelques scènes de violence. Ces petites touches de noirceur semblent toutefois un peu trop artificielles si bien que, quelques rares passages mis à part, on pourrait la plupart du temps tout à fait se trouver dans un roman de « young adult ». L'ambiance dans laquelle baigne le livre est cela dit plutôt bien réussie, le plus gros point fort du roman se trouvant essentiellement du côté de son univers qui place le roman dans la catégorie de la « portal fantasy » (si j'ai bien suivi les leçons d'Apophis^^). Ombre (comprenez notre monde) et Rive sont ainsi intimement liés, quand bien même les seuls à être capables de passer de l'un à l'autre sont ces fameux « Passeurs » mentionnés dans le titre. L'idée selon laquelle les hommes et femmes de Rive et d'Ombre seraient malgré tout connectés et que chaque individu posséderait une sorte de double dans l'autre monde n'est pas forcément très originale mais est en tout cas bien exploitée ici. Ces « noirs-portraits » ne pourraient ainsi pas être identifiés par une ressemblance physique particulière (les sexes peuvent même varier), mais partageraient certains traits de caractère et, surtout, auraient tendance à occuper la même zone géographique, dans un monde où dans l'autre. Une idée largement utilisée tout au long du roman par l'auteur (peut-être d'ailleurs un peu trop sur la fin) mais qui reste intéressante. Autre point positif : l'ambiguïté du fonctionnement d'Astria. L'auteur nous dépeint une société dans laquelle le pouvoir est transmis de façon matrilinéaire, ce qui laisse suggérer que les femmes occupent un rôle prépondérant dans la vie de la cité. Au fil des pages, on réalise toutefois que le système mis en scène ici est un peu plus complexe que cela et que, en dépit du sexe de la personne assise sur le trône, les femmes sont exclues des postes à responsabilités, voire même impitoyablement éradiquées dès lors qu'elles manifestent un quelconque don pour la magie.

Les lacunes que peut avoir le lecteur à propos de l'histoire ou du fonctionnement du monde de Rive sont progressivement comblées au moyen de brefs extraits de lettres ou de chroniques intercalés entre chaque chapitre. Et heureusement, car mis à part quelques mentions de lieux (les réserves de cristaux d'âmes, Sav-Loar...) les indications concernant Rive sont plutôt limitées. Ces petits interludes fournissent ainsi une bonne occasion pour l'auteur d'étoffer un peu son univers, dont on devine déjà qu'elle a l'intention de l'exploiter à nouveau (ce qu'elle n'a d'ailleurs pas manqué de faire depuis, puisqu'est paru l'an dernier chez Bragelonne « Les illusions de Sav-Loar », autre roman mettant en scène un personnage dont on fait ici la connaissance et se roulant avant les événements de « L'héritage des Rois-Passeurs »). Un mot, pour finir, sur les deux protagonistes qui se révèlent plus ou moins convaincantes et se démarquent par leur force de caractère. Ravenn, princesse sur le retour, est une guerrière et une meneuse d'hommes de talent qui ne compte que sur elle-même pour récupérer la position qui lui revient de droit. Ni particulièrement aimable, ni très diplomate, la jeune femme dégage une certaine froideur que viennent heureusement atténuer quelques scènes la dévoilant sous un jour un peu plus vulnérable, et donc plus sympathique. Toute aussi déterminée, Enora est en revanche bien plus torturée et impose une plus grande distance avec les autres personnages et avec le lecteur. S'il ne peut s'empêcher de compatir à son deuil, celui-ci pourra ainsi éprouver quelques difficultés à vraiment s'y attacher, d'autant plus que la jeune fille se cantonne les trois quart du roman au rôle de spectatrice, ce qui est un peu dommage. Les personnages secondaires manquent pour leur part d'épaisseur et auraient mérité d'être un peu plus développés. Si les particularités de certains parviennent à titiller la curiosité du lecteur, il est ainsi dommage que beaucoup d'autres se voient reléguer au simple rang de figurant.

« L'héritage des Rois-Passeurs » est donc un bon roman, bien rythmé et bien écrit, même si on peut regretter que certains aspects se révèlent un peu trop classiques et que le ton se rapproche parfois plus du « young adult » que du roman pour adultes. La lecture reste malgré tout divertissante et c'est avec intérêt que je suivrai les prochaines parutions de Manon Fargetton.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
20 mai 2015
La lecture de L’héritage des rois passeurs demeure très plaisante, ainsi que très abordable du fait de sa prose plus qu’accessible.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Le souffle de la femme s'accéléra, comme au bord de l'implosion. La main de Ravenn dansa de plus belle sur son sexe. Lorsque la princesse mordit avidement la nuque offerte, des cris rauques récompensèrent son effort. Elle maintint le corps de la femme contre le sien jusqu'à ce que les tremblements refluent et que les muscles se détendent. Puis elle la libéra. Celle-ci se laissa aller sur la couche. Ravenn ne bougea pas, contemplant le sourire de sa partenaire.
- Pourquoi es-tu restée ce soir ? demanda-t-elle.
L'autre haussa les épaules.
- J'apporte tes repas depuis trois jours. J'ai senti ton intérêt, et... j'aime joindre l'utile à l'agréable.
Elle invita la princesse à s'allonger à ses côtés. Celle-ci s'exécuta, sa main plongeant aussitôt sous le matelas. Lorsqu'un éclair métallique fusa vers sa poitrine, Ravenn était prête. Elle roula sur elle-même, se retourna d'un bond et planta son propre poignard dans le ventre blanc de la femme. Cette dernière eut un hoquet surpris, puis une mousse rouge s'échappa à la commissure de ses lèvres.
- Tu... tu savais que j'étais là pour te tuer.
- Oui, admit Ravenn.
- Alors pourquoi... ?
- Pourquoi t'ai-je acceptée dans mes draps ?
L'autre hocha la tête, le visage déformé par la douleur. Ravenn eut un bref sourire.
- J'aime joindre l'utile à l'agréable.
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Charly s'était cru faible - et il l'était, d'une certaine manière, car si on lui avait demandé où se trouvait Énora au cours d'une simple discussion entre gens civilisés, il aurait été du genre à ne pas se méfier et à divulguer trop d'éléments sans s'en rendre compte. Ils auraient pu anesthésier sa méfiance par la politesse et l'humour. Mais ils avaient commis l'erreur d'utiliser la torture, qui ne laissait aucun doute quant aux intentions des prêtres: ils voulaient du mal à Énora. Et menacer les gens que Charly aimait était la meilleure manière de lui faire supporter la plus atroce des douleurs.
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Ravenn soutint le regard de son père avec indifférence.
- Nos sujets te croient morte.
- Ils n'ont pas vu mon corps.
- Ils ont vu un corps. Ils n'accepteront jamais ton retour.
- Puisque vous en êtes si sûr, sourit Ravenn, vous n'avez rien à craindre. Mais après le règne des Rois-Passeurs et celui des Rois-Magiciens, le couronnement d'une Reine-Fantôme ne me semble pas si exotique.
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Soudain, elle se laissa tomber à genoux et se mit à creuser entre les stèles anonymes. Pelletée après pelletée, le fil rouillé de l’outil arracha l’herbe pour dégager la terre. Toute l’énergie d’Enora était concentrée sur cette tâche. Elle devait creuser encore, plus loin, plus profond. Là, au bout de ce jardin qui avait un jour représenté les limites de son univers, naissait la tombe de son père, de sa mère. De son frère. Ou la sienne, peut-être ; une fosse où s’enterrer tout entière pour ne plus savoir, ne plus sentir ce trou béant au creux de sa poitrine, ce hurlement sans fin enroulé dans son ventre et qui ne trouvait pas de sortie.
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- Oui, concernant la nuit de noces...
Un éclair métallique fusa dans l'air, frôla la joue de Julian, se ficha derrière lui dans le bois de la porte. Il se retourna, contempla un instant le couteau qui l'avait manqué de peu.
- N'y cogitez même pas, conclut la princesse.
Julian se frotta la joue, la dévisagea sans la moindre expression.
- Je souhaitais juste vous demander de prévoir un matelas, déclara-t-il d'un ton neutre, que j'évite l'épreuve du tapis. C'est très inconfortable.
Un rire clair s'éleva sur la droite de Julian. La peintre n'avait pas perdu une miette de la conversation.
- Vous semblez jaser d'expérience, lança-t-elle par-dessus son épaule. Je n'ose fantasmer le nombre de jeunes filles que vous avez échauffées.
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