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EAN : 9782081253421
140 pages
Flammarion (02/03/2011)
3.67/5   24 notes
Résumé :
Promenade d'un amateur solitaire à travers l'art d'aujourd'hui, ses manifestations, ses expressions. Constat d'un paysage saccagé, festif et funèbre, vénal et mortifiant.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Jean Clair a la plume féroce, incisive et amère.

Dans cet essai il dresse un constat accablant sur les lieux de culture, leur organisation, l'attitude des visiteurs, les files d'attente interminables dont il se demande les motivations pour se rendre dans les musées.

Visiteurs susceptibles s'abstenir tellement Jean Clair prend ces cohortes empressées pour des troupeaux de moutons (pardon pour les moutons, qui n'étaient d'ailleurs pas à la fête le week end dernier), et parfois même des béotiens.

On l'aura compris Jean Clair est un brin "conservateur", pour rester modérée. Néanmoins on peut constater que parfois certains sont plus préoccupés et accrochés a leur perche à portable, agglutinés devant les tableaux, devant lesquels pour le moins, leur émotion est absente, plus empressés à se bombarder de selfies.
J'ai pu observer cela au Van Gogh museum d'Amsterdam en mars dernier.

On ne peut pas lui donner tout à fait tort. Chacun d'entre nous avons pu constater ces dérives. Pour autant on ne va pas fermer ces lieux de culture et imposer des aptitudes à comprendre les vertus de l'art et apprécier ces chefs d'oeuvres, pour avoir le droit d'y pénétrer.

Par ailleurs les dérives de l'art contemporain sont l'objet de spéculations colossales, douteuses et dispendieuses.

S'agissant des expositions à scandale telles celles de Damien Hirst et ses animaux tranchés, je pensais que le comble de l'horreur avait été atteint avec l'Expo "Our Body" et les corps plastinés de prisonniers chinois.

Oui à chaque époque les artistes ont connu des refus et leurs oeuvres souvent incomprises avant d'être encensées.

Maintenant comparer les impressionnistes pour ne citer qu'eux et des créations comme celles citées ci-dessus me laisse perplexe... Et me rend alors moi même "conservatrice".

Ce court essai est éclairant, et le propos de Jean Clair a le mérite de nous faire réfléchir.
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C'est la nouvelle théorie de la relativité.
Oui ! Tout est relatif...
La notion de beauté ? Relatif.
Le spirituel ? Relatif.
Le religieux, les religions ? Relatif (encore que cela dépend, certaines sont à respecter, d'autres peuvent être moquées, rabaissées, vilipendées, huées, surtout si elles se laissent faire au nom de la liberté d'expression...)
La décence ? Relatif.
Tout se vaut.
J'ai découvert Jean Clair lors de la magnifique exposition du grand Palais "La mélancolie" en 2005, dont il était le commissaire.
J'ai partagé son accablement en lisant "Malaise-dans-les-musees".
J'ai eu l'occasion de visiter en 2009, l'exposition d'un choix d'oeuvres de la collection François Pinault à Dinard.
Et ? Et rien. Aucune émotion, aucun sentiment d'admiration, aucun choc devant la beauté (quelle beauté ? D'ailleurs n'est-ce-pas relatif ?), parfois un sourire, souvent une exaspération devant tant de provocation gratuite et sans risque...
Je parle peut-être un peu trop de moi, mais Jean Clair met ses mots, son érudition et son humanisme sur ce qui n'était qu'un ressenti, une gêne.
Benjamin Olivennes, non-spécialiste, mais vrai passionné a fait le même constat dans "L'autre art contemporain : Vrais artistes et fausses valeurs".
Par contre, si je partage l'avis de Jean Clair sur la dérive des musées, c'est grâce à leur existence que l'on peut approcher cette beauté...
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Le Louvre est le musée le plus fréquenté du monde avec six millions de visiteurs par an. Alors que cette vénérable institution abrite les plus grands chefs d'oeuvre de l'histoire, les touristes chinois se bousculent pour photographier la Joconde avec leur téléphone portable. Ce serait Nabila qui se fout à poil, ce serait le même attroupement. Seulement voilà, dans cinq ans, Nabila, elle est shampouineuse chez Franck Provost à Melun et tout le monde l'aura oubliée. Alors que la Joconde, dans cinq cents ans, les esthètes du monde entier continueront à se pâmer devant son sourire énigmatique. Les chinois ne font donc pas la différence. A ce titre, doit-on les laisser consommer de l'art comme du fast-food ? C'est la question pertinente que pose Jean Clair dans son essai.
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Ce livre de 141 pages se lit en une heure et demie. En dépit de sa brièveté, c'est un grand livre. Expliquons pourquoi.
Lien : http://stalker.hautetfort.co..
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
"Du culte à la culture, de la culture au culturel, du culturel au culte de l'argent, c'est tout naturellement qu'on était tombé, on l'a vu, au niveau des latrines ! Jeff Koons, Damien Hirst, Jean Fabre, Serrano et son Piss Christ, et avec eux, envahissant, ce compagnon accoutumé, son double sans odeur : l'or, la spéculation, les foires de l'art, les entrepôts discrets façon, Schaulager, ou les musées anciens changés en des Show Room clinquants, façon Palais Grassi, les ventes aux enchères, enfin, pour achever le circuit, faramineuses, obscènes...." p 102
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Une étrange oligarchie financière mondialisée, comportant deux ou trois grandes galeries parisiennes et new-yorkaises, deux ou trois maisons de vente, et deux ou trois institutions publiques responsables du patrimoine d’un État, décide ainsi de la circulation et de la titrisation d’œuvres d’art qui restent limitées à la production, quasi industrielle, de quatre ou cinq artistes. Cette microsociété d’amateurs prétendus ne possède rien, à vrai dire, sinon des titres immatériels, elle ne jouit de rien, n’ayant goût à rien. Elle a remplacé l’ancienne bourgeoisie riche et raffinée qui vivait parmi les objets d’art, les tableaux et les meubles qu’elle se choisissait et dont elle faisait parfois don à la nation, les Rothschild, les Jacques Doucet, les Noailles en France, comme les Hahnloser en Suisse, les Stein en Amérique, les Tretiakov en Russie... Mais surtout, société cultivée, qui prenait son plaisir à fréquenter, à côtoyer, à devenir à l’occasion l’amie, non d’un homo mimeticus, trader ou banquier lui-même, qui lui aurait renvoyé au visage sa propre caricature, mais d’un homme différent d’elle, étrange, un artiste, un « original » – au double sens du mot – dont elle appréciait l’intelligence et le goût, comme Ephrussi, Manet. Cette histoire-là, qui conclut celle qui commence lorsque Léonard meurt dans les bras de François I er et se continue lorsque Watteau s’éteint entre les bras du marchand Gersaint, cette longue histoire des protecteurs et des créateurs, des mécènes et des bohèmes, des connaisseurs et des artistes, a été l’histoire de l’art de notre temps. Elle est finie.
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Je ne peux m’empêcher, lorsque j’entends battre tambours, sonner trompettes, vociférer jeunesses et ronfler haut-parleurs, au cours de ces carnavals assourdissants dont Paris est devenu le lieu, « Nuit des musées », «Fête de la musique», «Nuit blanche», «Parade» de ci et «Techno» de ça, de penser que j’assiste au déroulement rituel de funérailles où, célébrées par des corps nus et peinturlurés, on va enterrer joyeusement et sauvagement les restes de ce qui a été notre culture.
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C’est au Soleil que l’architecture du cirque antique était consacrée, dont le temple était bâti au milieu de l’enceinte – c’est pourquoi ces amphithéâtres demeuraient ouverts sous le ciel de la divinité. De même le stade, de forme circulaire – dessiné qu’il est sur un cercle ou bien sur une ellipse -, est-il aujourd’hui consacré aux paraboles d’un ballon, petite sphère dont les joueurs s’efforcent d’ordonner la course dans le ciel, parmi les hurlements de dizaines de milliers d’adorateurs. Le sacré s’est refermé sur un jeu cyclique et dérisoire.
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Ennui sans fin de ces musées. Absurdité de ces tableaux alignés, par époques ou par lieux, les uns contre les autres, que personne à peu près ne sait plus lire, dont on ne sait pas pour la plupart déchiffrer le sens, moins encore trouver une réponse à la souffrance et à la mort. Morosités des sculptures qui n'offrent plus, comme autrefois, la statue d'un dieu ou d'un saint, la promesse d'une intercession. Dérision des formules et prétention des audaces esthétiques. Entrepôts des civilisations mortes. À quoi bon tant d'efforts, tant de science, tant d'ingéniosité pour les montrer ? Et puis désormais, la question, obsédante : pour qui et pour quoi ?
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Videos de Jean Clair (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Clair
Intervention de l'écrivain Jean Clair lors du colloque "Que vaut le corps humain?" le 6 décembre 2019. #bernardins#colloque#corps
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