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EAN : 9782081284630
112 pages
Climats (10/10/2012)
4.08/5   13 notes
Résumé :
En 1986, la chaîne de télévision anglaise Channel 4 programmait un dialogue entre Cornelius Castoriadis et Christopher Lasch. Jamais rediffusé ni transcrit, inconnu des spécialistes des deux penseurs, cet entretien inédit est une contribution magistrale et extrêmement accessible au débat contemporain sur la crise des sociétés occidentales. Il analyse la naissance d'un nouvel égoïsme, au sortir de la Seconde guerre mondiale et à l'entrée dans la société de consommati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce court livre paru en 2012 est la retranscription d'un dialogue entre Christopher Lasch et Cornelius Castoriadis, lors d'une émission de télévision diffusée en Mars 1986 sur une chaîne anglaise, suivi d'une excellente postface de Jean-Claude Michéa.

Christopher Lasch et Cornelius Castoriadis abordent ici les changements moraux, psychologiques et sociétaux induits par le capitalisme moderne, hélas sans pouvoir aborder, dans ce trop court dialogue, les pistes vers ce qui pourrait constituer une alternative.

«Le fond du problème, c'est que l'accroissement de la consommation et de la satisfaction dans la vie privée est un accroissement du rien.»

La société de consommation moderne nous entraîne vers une humanité atomisée : Les individus y tournent le dos aux intérêts communs, aux liens de la communauté et aux activités publiques et se retranchent dans une sphère privée, la famille et un petit nombre d'amis. Plus de projet de société, plus d'horizon de temps porteur d'un projet public (hors, bien sûr, des échéances électorales) : la société moderne se caractérise par l'abandon de la vie publique. Dans un espace public qui est maintenant vide, sous l'emprise des medias, les individus sont seuls, même dans la foule des grandes villes, individus-consommateurs transformés en jouets passifs de leurs fantasmes, devenus des "atomes isolés sans conscience générique", réduits à un moi minimal et narcissique entraînés par leur vide intérieur à "s'épuiser psychologiquement dans des taches de survie quotidiennes".

Comment trouver son identité et son rôle dans ce monde sans projet, dans ce monde instable fait d'images fugitives qui tendent à acquérir un caractère hallucinatoire, dans ce monde où il n'y a plus non plus de reconnaissance durable des individus ? "Dans un monde où tout est possible en un sens, rien ne l'est. Et puis les frontières entre le moi et le monde environnant tendent à se brouiller de plus en plus."

Dans cette société vidée de tout projet, Christopher Lasch et Cornelius Castoriadis soulignent la disparition de tout réel conflit social ou politique (nous sommes en 1986). du XIXème siècle aux années trente ou quarante, il y a eu les mouvements féministes et ouvriers. Aujourd'hui tout se passe comme si les gens concluaient qu'il n'y a rien à faire, et qu'il faut donc se replier sur soi, avec la domination accrue sur les peuples, par la production mais aussi par la consommation. Et la politique devient de plus en plus une question de groupes d'intérêts particuliers, cause ou effet du déclin de la parole publique : il n'y a plus de parole publique quand les revendications mises en avant sont celles de groupes particuliers.

Rien n'a fondamentalement changé depuis ces années flamboyantes du libéralisme capitaliste (les années 1980). Cependant, en 1986, les effets de l'ascenseur social cités par Christopher Lasch se faisaient encore sentir, alors que la crainte du déclassement est aujourd'hui généralisée dans un monde qui est de plus en plus instable. Mais avec la disparition de l'espoir et la menace écologique, de plus en plus de gens pensent qu'on peut et qu'il est indispensable de faire quelque chose, souvent localement, et peuvent aujourd'hui communiquer entre eux grâce aux "nouvelles" technologies par ailleurs si criticables. On attend toujours que les petits ruisseaux forment une grande rivière.
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critiques presse (1)
NonFiction
26 avril 2013
Deux des plus importants critiques du capitalisme fournissent une analyse brève et puissante de l'ethos moderne, plus que jamais d'actualité.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les débuts de la société de consommation s’accompagnent de la naissance d’un nouvel égoïsme, qui voit les individus se retrancher de la sphère publique et se réfugier dans un monde exclusivement privé. Sans projet, otages d’un monde hallucinatoire dopé par le marketing et la publicité, les individus n’ont désormais plus de modèles auxquels s’identifier.
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J’ai décrit le « moi minimal » ou le « moi narcissique » comme un moi de plus en plus vidé de tout contenu, qui en est venu à définir ses buts dans la vie dans les termes les plus restrictifs possibles, en termes de survie pure et simple, de survie quotidienne. Comme si la vie de tous les jours était si problématique et le monde si menaçant qu’on ne pouvait espérer, au mieux, que de s’en sortir, de vivre au jour le jour.
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La survie est une préoccupation depuis toujours, une préoccupation première pour la plupart des gens. Mais c’est seulement à notre époque qu’elle semble avoir acquis un statut presque moral, comme si la survie était, non pas la condition de possibilité d’une vie morale, mais tout ce qui existe.
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Le fond du problème, c’est que l’accroissement de la consommation et de la satisfaction dans la vie privée est un accroissement du rien.
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Video de Christopher Lasch (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christopher Lasch
Christopher Lasch et le Progrès, 1991. En anglais.
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