Les étoiles scintillaient encore dans le ciel d'un bleu noir, sombre illuminé par une lune maritime si près du pôle qu'on pourrait la caresser. Des glaçons dans mon verre, on the rocks, sonnent comme une corne de brume par temps de brume. Un énorme glaçon – dans le genre gros iceberg qui se promène la nuit sans faire de bruit, s'épanche sur le pont d'un bateau de croisière. le fracas est prévisible, en cette douce et froide nuit du 14 au 15 avril 1912. le Titanic sombre, un homme sur le pont fume le cigare, quand les corps se jettent à l'eau…
Au sommet des Dolomites - je t'aurais bien fait une rime avec sodomites, mais l'histoire ne s'y prête pas même avec une femme la fleur de l'âge, même avec une histoire d'amour et d'origami -, des fumées sur le mont Fumo sous le regard de la lune alpine et des étoiles italiennes, un homme sorti des tranchées fut fait prisonnier. Nous sommes le 14 avril 1916, Jacob Roumann, docteur dans une guerre d'horreur et de mutilés, se voit charger d'interroger le prisonnier.
Qui est-il ?
est la question de son supérieur.
En réponse, il obtiendra deux autres questions :
Qui est Guzman ?
Et qui était l'homme qui fumait dans le Titanic ?
Et pour avoir les réponses à ces trois questions, il faudra être patient, écouter toute l'histoire d'un homme qui avec quelques cigarettes de bon tabac épanchera une histoire fabuleuse, dans le genre histoire d'amour inachevé… C'est qu'il est un grand conteur, ce mystérieux homme, dans le genre à hypnotiser son auditorat par la magie des mots.
Donato Carrisi, bien connu des lecteurs écorchés par
le chuchoteur, signe un roman presque empreint de poésie et de mélancolie. A être pris sous le charme de la plume de l'auteur… ou pas. Je reconnais par contre que plus les pages se tournaient, mon regard détourné par les volutes d'un parfum d'amour à l'italienne, moins je savais à quoi m'attendre. Ce n'est pas du suspense, nous ne sommes pas dans un roman noir, mais l'auteur cache parfaitement son jeu, ne sachant jusqu'où il allait m'embarquer – pas à bord du Titanic, puisqu'il avait déjà sombré depuis bien longtemps, comme mon âme à l'évocation d'une femme qui glisse des fleurs de papier dans des livres...