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Mimi Perrin (Traducteur)Isabelle Perrin (Traducteur)
EAN : 9782020635226
336 pages
Seuil (16/02/2004)
3.64/5   28 notes
Résumé :
Médecin militaire à l'hôpital de Muji en Mandchourie, Lin Kong est tiraillé entre deux femmes incarnant deux mondes diamétralement opposés : Shuyu, l'épouse que ses parents lui ont choisie jadis, une humble paysanne aux pieds bandés qui tient sa maison et élève leur fille dans son village natal, et Manna Wu, une jeune collègue infirmière éduquée et moderne qui lui inspire un amour passionnel. Mais il doit réprimer les élans de son cœur, puisque le respect des tradit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Dans la Chine maoïste, une histoire d'amour qui en dit long sur l'oppression des libertés individuelles. Dans un hôpital de Mandchourie un médecin marié s'éprend d'une infirmière. Sa femme épousée il y a dix-sept ans en mariage arrangé et leur fille vivent dans un village éloigné, où il se rend une fois par an. Il veut et doit divorcer pour pouvoir être avec son infirmière et pouvoir continuer à exercer son métier, mais sa femme refuse. Au collimateur des autorités,il est pris entre deux feux, avec en perspective une longue attente…..
Sa femme , il en a honte, n'aimerait pas se faire voir avec elle en ville. Paysanne illettrée aux pieds bandés, elle a prit soin des beaux-parents, but du mariage arrangé, et lui a donné une petite fille qui grandit sans père. Son amie, une femme dans la trentaine encore vierge se saoule à la bière quand l'occasion se présente et voudrait qu'il l'épouse. La première désire avoir un rapport sexuel pour lui donner un fils, la deuxième pour pouvoir abandonner son statut de vieille fille. Deux images de femmes seules et courageuses à l'opposé l'une de l'autre, coincées dans les carcans d'une dictature, dont le sort d'aucune n'est à envier, surtout que l'homme qu'elles se disputent est loin d'être à la hauteur…..
Des descriptions de la Chine rurale, pauvre, avec le beau-frère qui coud le cul des porcelets pour pouvoir les vendre plus chers sur le marché et attrapé en est sévèrement puni , à celle d'une vie dans un hôpital emprisonnée par la bureaucratie, où la fréquentation intime des sexes opposés est interdit sous peine de sanction, on suit l'évolution des personnages esclaves d'un régime autoritaire, se débattant pour un destin personnel sans pourtant remettre en question les règles absurdes mise en place par les autorités . Mao partout présent comme Dieu, ils suivent ses règles absurdes comme des moutons.. Toujours difficile de comprendre pourquoi vénèrent-on son oppresseur ?
J'y retrouve ici cette simplicité un peu naïve qu' illustre pour moi la littérature chinoise, du moins de ce que j'en ai pu lire jusqu'à aujourd'hui . Mais une simplicité qu'accompagnent ici des personnages psychologiquement fouillés et une histoire intéressante avec maintes détails sur la vie rurale et celle citadine soumises à des règles de vie dictées par le régime. J'ai beaucoup aimé ces personnages dans leur fragilité, qu'accentuent des circonstances hors de leur portée.
Pour ma part une première réconciliation avec la littérature chinoise que j'apprécie en général peu ou pas . Une lecture que je dois à mes amis babeliotes Gonewiththegreen et Arabella que je remercie en passant ( Bruno va être content de cette première appréciation 😊).
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Lin, médecin militaire dans l'extrême nord est de la Chine n'est pas un homme heureux.Marié de force à Shuyu, une paysanne qui lui donna une fille, il s'éprend à la caserne de Manna.
Il passe sa vie à la caserne , loin de sa femme qu'il ne voit qu'une semaine par an ...pour lui demander le divorce. Qu'elle refuse. Il devra donc attendre 18 ans pour se séparer sans son consentement.

Roman qui nous plonge dans le quotidien de la Chine des années 70 au milieu des années 80, la longue attente traduit bien les antagonismes de la société chinoise , le clivage entre la campagne et la ville, le poids des cadres du parti mais aussi le revirement opéré sous Deng XiaoPing et la course à la fortune qui s'est opérée dans le pays.
Au delà de ces points d'intérêts, l'histoire en elle même n'est pas folichonne, Lin étant finalement un pauvre type déboussolé.
Par contre, les femmes sont fortes , faits assez récurrents dans les livres chinois . La Chine , pays , où l'égalité entre les sexes est assez prégnante, sauf sans doute au sommet de l'état.

La lecture est facile , émaillée d'immersions dans la société chinoise , avec des personnages principaux un peu fades et secondaires bien trempés. On hallucine depuis notre monde occidental devant les us et coutumes de l'empire du milieu mais c'est tout le charme de ces lectures du bout du monde .
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Roman écrit par un écrivain d'origine chinoise, mais émigré aux USA, il a été publié en anglais en 1999 et en traduction française en 2002. Il évoque la société chinoise de la fin des années 60 jusqu'au années 80.

Les deux personnages principaux, ceux qui vont vivre la longue attente du titre, sont Lin Kong, un médecin militaire, ainsi qu'une infirmière Manna Wu. Ils travaillent tous les deux dans le même hôpital militaire et tombent amoureux. Mais Lin Kong est marié : un mariage arrangé par ses parents, qui ont choisi l'épouse, Shuyu. Cette dernière s'est occupée avec dévouement de ses beaux parents jusqu'à leur mort, et elle a donné une fille à Lin Kong. Mais ce dernier ne l'aime pas, a honte de ses petits pieds bandés, et ne va la voir qu'une fois l'an, pendant ses congés dans leur village natal. La rencontre avec Manna change la donne : il demande le divorce. Shuyu consent en apparence mais à chaque fois, à chaque retour de Lin au village, lorsqu'il l'amène voir le juge, refuse au final, sans doute poussée par son frère. Les choses traînent ainsi, car même dans l'absence de vie conjugal, il faut 17 ans pour que le divorce soit prononcé, malgré le refus de l'épouse. Lin et Manna, sans l'avoir prémédité, vont donc endurer cette attente, même si Manna a bien tenté de trouver un autre prétendant, mais sans succès.

Un roman vraiment intéressant, qui montre le fonctionnement de la société chinoise de l'époque, la manière dont tous les aspects de la vie des individus sont contrôlés. Lin et Manna sont ainsi dans l'impossibilité de vivre une liaison en attendant de pouvoir se marier : déjà par manque de lieu adéquat, et aussi parce que cela aurait des conséquences funestes sur leurs vies. Tous les interdits et normes paraissent complètement intégrés par les individus, qui à aucun moment ne se permettent d'émettre la moindre critique contre le système. Il s'agit surtout de ne pas se faire remarquer, de ne pas faire de vagues, d'être dans la ligne. En espérant pouvoir construire un semblant de bonheur dans les interstices. L'auteur montre aussi comment tout cela corrode les personnes, qui ne s'en rendent même pas compte, et qui tournent leurs frustrations contre elles-mêmes ou contre les gens de leur entourage. Plutôt que de penser que les choses ne vont pas, qu'elles sont injustes ou idiotes. A aucun moment les personnages du roman ne s'autorisent de juger les règles qu'ils subissent, qu'ils semblent considérer comme des lois de la nature, qu'il s'agit de comprendre et auxquelles il faut s'adapter le plus rapidement possible. Car il y a des changements, en fonction d'une conjoncture politique, que l'on devine plus qu'on ne la voit. Car là aussi, on est dans l'indicible, le non formulé. On entrevoit par exemple à la fin du roman un démarrage du capitalisme, on voit certains s'enrichir, acquérir des biens, faire du commerce. Mais tout cela dans une sorte de flou, du non dit. Certaines choses deviennent tout d'un coup autorisées alors qu'elles étaient interdites, il ne s'agit pas de juger, mais de suivre, tout en essayant de ne pas trop en faire, car un retour du bâton est toujours possible. Cela dresse au final un tableau assez terrifiant de la mentalité chinoise, d'une forme de sur-adaptation à la tyrannie.

Mais le roman est aussi drôle, d'une manière assez subtile, dans le second degré. Alors qu'il dépeint la vie de personnes empêchées, bridées, cassées. Avec empathie et intérêt, mais sans oublier une forme d'esprit critique, sans oublier leurs défauts et petitesses. Un tragique du quotidien centré sur des individus ordinaires, avec leurs faiblesses et ridicules, mais aussi toute leur humanité, même si des barrières rendent son expression compliquée.

Une très bonne lecture.
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J'ai trouvé ce livre dans une boîte à livres. Je ne connaissais ni le livre, ni l'auteur. Ce fut un coup dans l'eau pour moi. Toutes mes excuses à l'auteur, mais je me suis beaucoup ennuyée dans cette lecture.
Le point positif reste la découverte de la Chine des années 70. Ce mode de vie très éloigné du notre, incompréhensible à nos yeux. On assiste à l'étalage de toutes les traditions qui contrôlent la population.
Je pense que je ne connais pas suffisamment la littérature chinoise pour pouvoir la juger et l'apprécier comme il se doit. Malgré un style abordable, le rythme très lent me rebute un peu. Ceci-dit, pour une histoire relatant une attente de 18 ans, il fallait tout de même s'y attendre.
Cependant, je ne m'avoue pas vaincue. Même si cette lecture ne m'a pas convaincue à apprécier la littérature chinoise, je ferai de nouvelles tentatives, juste pour voir.
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Lin Kong n'a pas choisi son épouse.
Soucieux de leurs vieux jours, ses parents comptaient sur une belle-fille qui prendrait soin d'eux.
Ils lui ont imposé Shuyu, une paysanne aux pieds bandés, saine et industrieuse, mais pour laquelle il n'a aucune affection.
Une situation courante dans la campagne mandchourienne.

Peu après la naissance de leur enfant unique, seul autorisé par le Parti, Lin Kong s'en va travailler en tant que médecin dans un hôpital citadin.
La plupart des infirmières lui vouent une sincère admiration.
Mais coincées par des règlements stricts, elles réfrènent toute velléité démonstrative.
C'est que l'Autorité abhorre, décourage et réprime les rapprochements de personnes de sexes opposés, toujours susceptibles de déboucher sur des idylles et donc des copulations et donc des naissances, ce que l'idéologie maoïste en vigueur entend précisément contrôler.
Rien que des regards obliques et des sourires furtifs, donc.
Pas de quoi détourner Lin Kong de sa passion pour la littérature étrangère qu'il assouvit en cachette et en totale infraction avec les recommandations du Parti.

Mais il y a Manna Wu, une jeune infirmière qui ose un regard un rien plus appuyé, auquel répond un demi-sourire approbateur.
La naissance d'une passion !
Pas question de s'emballer toutefois : même s'il ne visite plus son épouse qu'une fois par an, et encore dans le seul but de l'inviter à consentir au divorce , Lin Kong reste un homme marié.
Il ne s'agirait pas de s'afficher aux côtés d'une autre femme; ce n'est pas seulement l'Autorité, c'est surtout la Tradition qui réprouverait une telle relation extra-conjugale, quand bien même le verbe "aimer" n'a plus été conjugué depuis belle lurette - à supposer qu'il l'ait été un jour !
Et puis ce serait la ruine de leurs carrières respectives de médecin et d'infirmière et de leur situation privilégiée qui leur permet au moins de manger tous les jours et de loger dans des dortoirs - unisexes cela va de soi - moins exigus que la moyenne.
Donc il faut obtenir le divorce, ce à quoi consent Shuyu mais à chaque fois que le juge lui demande de confirmer qu'elle n'aime plus son mari, elle craque, fond en larmes et le divorce est remis au plus tôt à l'année suivante.

La loi chinoise prévoit cependant que le divorce peut être obtenu unilatéralement après dix-huit ans de séparation.
Manna et Lin Kong vont-ils réellement devoir patienter tout ce temps pour enfin pouvoir s'étreindre, jauger s'ils se plaisent vraiment et finalement fonder une famille ?
Leur passion résistera-t-elle à cette longue attente ?

Ha Jin dissèque les sentiments d'amoureux soumis au poids des traditions, contrariés par les injonctions de l'Autorité, défiés par le temps qui passe impitoyablement.
Il a obtenu le National Book Award pour ce roman.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
´ En amour , je dois obéir à mon coeur , poursuivit Manna . Même les oiseaux ne s'entendent pas forcément parce qu'on les met dans la même cage . A plus forte raison pour les êtres humains . Alors ne me parle plus jamais de trouver un autre homme .
- D'accord , fit - il avec un soupir de soulagement . Tu me trouves donc mieux que lui ? plaisanta - t - il .
- Si seulement je ne t'aimais pas autant ! ´ s'ecria- t- elle avec une petite moue triste qui fit ressortir quelques ridules à la commissure de ses lèvres .
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