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Claudine tome 6 sur 6
EAN : 9782253004288
158 pages
Le Livre de Poche (01/04/1978)
3.76/5   553 notes
Résumé :
Colette se propose, d'abord, au lecteur, comme la souveraine d'un royaume sensible, la reine des choses prochaines, un écrivain de la nature. Pourtant, (elle) n'est pas orientée vers la campagne à la manière des romanciers paysans. La campagne de Colette est une campagne pour citadines, une campagne dont les baumes cicatrisent les plaies du cœur. Rien ne viendra à bout d'une certitude solidement appuyée sur la terre, d'une confiance animale dans la vie qui assurera ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Je suis une grande admiratrice de Colette, et ce livre fait partie de mes préférés d'elle, car s'y expriment avec force son attachement presque douloureux aux souvenirs d'enfance, son style savoureux, riche et précis, l'amour des bêtes et de la nature.Et la présence tutélaire de sa mère, dominant , émouvante et mélancolique,toutes les autres évocations du passé. ...

Claudine, c'est bien sûr elle-même. La maison, c'est celle de Saint Sauveur en Puisaye, son village natal dans l'Yonne. J'ai vu ces lieux d'origine et je me suis imaginée sa vie d'alors, lorsqu'à sept huit ans, sauvage et libre,elle parcourait les bois ou jouait dans le jardin...

Magnifique récit autobiographique, éclaté en courts chapitres, comme autant d'instantanés éphémères d'un jardin à jamais perdu, celui de l'enfance...

Les parfums du jardin vibrent dans ton souvenir
Bel-Gazou , pivoines ,herbe fraîche, tu les respires
Et l'écho des mots aimés :" Où sont les enfants?"
Te poursuit comme un chagrin, un sanglot déchirant
Minet-Chéri, tu les revois, chats languissants,
Mangeurs de fraises, et sur le gravier s'étirant;
Une soeur aux longs cheveux, s'éloignant , nostalgique
Un frère créateur d'épitaphes si drolatiques
Et tu n'es pas en reste, belle imaginative
Sur ton mur, très curieuse de mots et pensive,
Enrobant de mystère le simple presbytère
La petite, c'est toi , fillette humant la terre
Qui cherche, comme nous, à arrêter le temps
Pour retrouver l'ivresse de tes rires d'enfant...



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Petites bouchées littéraires au goût tendre et suave, à picorer et à savourer.
Chaque phrase de Colette révèle un travail d'orfèvre pour donner, dans sa construction et son vocabulaire, toute la puissance sensorielle et colorée de ses souvenirs. Une écriture poétique et exigeante, d'une précision éblouissante. Une lecture que l'on a envie de faire à voix haute pour en extraire toute l'harmonie qu'elle recèle. C'est presque dommage de la garder sous silence.

Dans un léger et joyeux désordre chronologique, Colette nous peint de brefs mais riches arrêts sur image de son enfance puis, plus tard, de celle de sa fille Bel-Gazou, sans oublier chiens et chats qui l'ont toujours accompagnée.
Elle redonne vie à sa chère Sido, sa mère tant aimée, si pleine d'amour et d'inquiétude maternelle pour ses quatre enfants. Colette, qu'elle appelle Minet-Chéri, est sa petite dernière. Sido, ceinte de son tablier, toujours en action dans la grande maison au double jardin dont elle taille amoureusement les fleurs et qu'elle embellit avec des boutures de pélargonium, fièrement quémandées chez M. le curé. Sido, impétueuse, dont Colette retranscrit les paroles dans de vifs dialogues qui cassent subtilement la monotonie de la narration.
Elle effleure les traces du temps avec les petites rides apparues chez ses parents, avec le déclin de sa mère malade.
Elle se fait curé sur un mur en jouant avec le mot presbytère. Elle éveille la nature printanière sous le soleil d'avril et ramène au gîte sa chienne Bellaude partie faire la belle, entourée de cinq prétendants.
Son regard s'attarde sur Bel-Gazou, appliquée et pensive sur ses points de chaînette.
Puis par le biais d'une noisette creuse qui chante à l'oreille de sa fille, elle termine sur une touche nostalgique de l'enfance qui s'enfuit trop vite.

Trente-cinq délicieuses et savoureuses mignardises à déguster en les laissant traîner sur sa table de nuit pour s'endormir, la tête emplie de jolis mots et de jolies images.
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Sidonie Gabrielle Colette, écrivain français du XIX° siècle connue sous le nom de Colette pour son oeuvre prolifique, a écrit la série des "Claudine" entre 1900 et 1903, en collaboration avec son premier mari Willy. "La maison de Claudine" ne s'apparente pas à cette série, à moins qu'elle n'ait écrit "Les Claudine" dans cette maison d'enfance, coiffée d'un grenier haut, à la grille brandie en l'air par une glycine centenaire, dont ce livre nous relate les souvenirs.
La mère, bien sûr, encore et toujours.
La mère, Sido,tour à tour, jeune fille, dont le buste pliait gracieusement qui a épousé en premières noces "le sauvage" auprès duquel, elle si vive, languissait.
Sido, femme amoureuse du capitaine qui lui fait deux autres enfants et dont Colette surprend la complicité même au temps de la vieillesse.
"Sous un sourcil de vieillard, la férocité de l'amour, et sur des joues flétries de feme la rougeur de l'adolescence".
Sido, mère omniprésente qui crie :"Où sont les enfants?" dés qu'ils lui échappent, qui surnomme Colette 'Minet chéri' ou 'La petite'.
Sido, l'épouse meurtrie par les dettes du capitaine qui doit affronter les ragots du village et les facheries avec sa fille Juliette, dédaigneuse.
Sido, dans toute sa grandeur qui se campe dans le jardin, telle un monument qui tangue, souffre, oscille en cadence pour aider celle qui accouche de l'autre côté du mur, celle dont elle entend la plainte et brise par la pensée le mur des incompréhensions.
Voilà pour moi le passage le plus émouvant et le plus fort de ce récit truffé d'anecdotes parfois gaies ou tristes à l'image d'une vie.
Colette, surnommée Bel gazou par son père, un nom aux consonnances des mille et une nuits, donné par la suite à sa fille, dévoile son amour des mots et des chats, son imagination fertile et son approche de la lecture.
Ne chuchote t elle pas au fil des pages?: "Je restais rêveusement suspendue à un parfum, une image suscitée: l'odeur du chocolat en briques molles, la fleur éclose sous les pattes du chat errant" , c'est ce genre de rêve là que sa poésie nous permet de vivre comme si ses souvenirs étaient les notres.
Ce roman s'inscrit dans une lignée familiale, trasmet son héritage et nous ouvre comme par magie la porte d'un jardin à la prose merveilleuse.
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Colette nous partage, dans de petits chapitres bien écrits, bien spécifiques, quelques souvenirs de son enfance. Une période très riche en affection! Bien couvée sous les jupons de sa mère, elle grandit entre une flore et une faune domestiques. Elle y consacre des chapitres entiers où l'on voit comment les fleurs et les animaux ont fait partie de son quotidien d'une fille , fortement attachée à sa mère! L'histoire n'est pas linéaire, le principe du temps n'y est pas de vigueur, on peut aller d'un souvenir où elle avait 13 ans vers celui où elle avait huit ans, mais cela n'empêche qu'on passe un bon moment avec ce livre ou qu'on prenne plaisir à déguster cette plume à la fois poétique, sensible et distincte!
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La Maison de Claudine publié en 1922, raconte, par une suite de courtes nouvelles autobiographiques, la jeunesse de l'auteur à la campagne, ses souvenirs d'une enfance heureuse, en Bourgogne dans les années 1870. Colette dépeint tour à tour, sa mère, son père et quelques-uns de ses animaux de compagnie.

Malgré le titre « La maison de Claudine », il n'est dans ces nouvelles, nullement question d'un retour à l'époque des « Claudine », personnage principal d'une longue série de livres, qui lancèrent la carrière de l'auteur.
On peut regrouper les nouvelles de la Maison de Claudine autour de certains personnages :
-La mère, Sido :
Son amour maternel : « Où sont les enfants ? », « L'Enlèvement », « Amour ».
Son passé : « le Sauvage », « La "Fille de mon père" ».
Sa personnalité : « Ma Mère et les livres », « Ma Mère et les bêtes », « Ma Mère et le curé », « Ma mère et la morale », « le Rire », « Ma Mère et la maladie », « Ma Mère et le fruit défendu ».
-Le père : « Propagande », « Papa et Mme Bruneau », « le Manteau de spahi ».
Le portrait de Colette enfant : « La Petite », « le Curé sur le mur ».
-Ses souvenirs d'autres personnes : « La Noce », « Mode de Paris», « La Petite Bouilloux », « L'Ami », « Ybanez est mort ».
-Le frère et la soeur : « Épitaphes », « Ma Soeur aux longs cheveux », « Maternité ».
-Les animaux :
Les chiens : « La Toutouque », « La "Merveille" », « Bellaude ». Les félins : « Bâ-Tou », « Les Deux Chattes », « Chats ».
-Et d'autres réminiscences : Bel-Gazou : « le Veilleur », « Printemps passé », « La couseuse », « La Noisette creuse ».

Au final, Colette nous invite - par ses fines descriptions de la nature, de ses personnages et des animaux - à faire une PAUSE. Une pause pour nous raconter des histoires simples où le temps semble s'être arrêté. Une pause pour nous convier à goûter les bonheurs simples mais intenses - source d'amour, d'émerveillement, de quiétude, d'harmonie et d'inspiration.
Bref, 35 courtes nouvelles pleines de poésie.


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Citations et extraits (47) Voir plus Ajouter une citation
Que tout était féerique et simple, parmi cette faune de la maison natale... Je verserai ma mince contribution au trésor des connaissances humaines, en mentionnant l’araignée que ma mère avait — comme disait papa — dans son plafond, cette même année qui fêta mon seizième printemps. Une belle araignée des jardins, ma foi, le ventre en gousse d’ail, barré d’une croix historiée. Elle dormait ou chassait, le jour, sur sa toile tendue au plafond de la chambre à coucher. La nuit, vers trois heures, au moment où l’insomnie quotidienne rallumait la lampe, rouvrait le livre au chevet de ma mère, la grosse araignée s’éveillait aussi, prenait ses mesures d’arpenteur et quittait le plafond au bout d’un fil, droit au-dessus de la veilleuse à huile où tiédissait, toute la nuit, un bol de chocolat. Elle descendait, lente, balancée mollement comme une grosse perle, empoignait de ses huit pattes le bord de la tasse, se penchait tête première, et buvait jusqu’à satiété. Puis, elle remontait, lourde de chocolat crémeux, avec les haltes, les méditations qu’imposent un ventre trop chargé, et reprenait sa place au centre de son gréement de soie...
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- Minet-chéri, tu ne dormais pas ? On t'avait donc mal couchée ?... L'araignée est dans sa toile, je suppose. Mais viens voir si ma chenille est endormie. Je crois bien qu'elle va devenir chrysalide, je lui ai mis une petite caisse de sable sec. Une chenille de paon-de-nuit, qu'un oiseau avait du blesser au ventre, mais elle est guérie...

La chenille dormait peut-être moulée selon la courbe d'une branche de lyciet. Son ravage, autour d'elle, attestait sa force. Il n'y avait que lambeaux de feuilles, pédoncules rongés, surgeons dénudés. Dodue, grosse comme un pouce, longue de plus d'un décimètre, elle gonflait ses bourrelets d'un vert de chou, cloutés de turquoises saillantes et poilues. Je la détachai doucement et elle se tordit, coléreuse, montrant son ventre plus clair et toutes les petites pattes griffues, qui se collèrent comme des ventouses à la branche où je la reposai.

Ma mère et les bêtes.
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Quand je t'ai mise au monde, toi la dernière, Minet-Chéri, j'ai souffert trois jours et deux nuits. Trois jours, ça paraît long... Mais je n'ai jamais regretté ma peine : on dit que les enfants, portés comme toi si haut, et lents à descendre vers la lumière, sont toujours des enfants très chéris, parce qu'ils ont voulu se loger tout près du cœur de leur mère, et ne la quitter qu'à regret...
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Le mariage de ma demi-sœur venait de me livrer sa chambre, la chambre du premier étage, étoilée de bleuets sur un fond blanc gris.
Ce placard-cabinet de toilette m'appartenait, et j'accoudais à l'une ou l'autre fenêtre une mélancolie, un dédain tous deux feints, à l'heure où les petites Blancvillain et les Trinitet passaient, mordant leur tartine de quatre heures, épaissie de haricots rouges figés dans une sauce au vin. Je disais, à tout propos :
– Je monte à ma chambre… Céline a laissé les persiennes de ma chambre ouvertes…
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- Quand je t'ai mise au monde, toi la dernière, Minet-Chéri, j'ai souffert trois jours et deux nuits. Pendant que je te portais, j'étais grosse comme une tour. Trois jours, ça paraît long... Les bêtes nous font honte, à nous autres femmes qui ne savons plus enfanter joyeusement. Mais je n'ai jamais regretté ma peine : on dit que les enfants, portés comme toi si haut, et lents à descendre vers la lumière, sont toujours des enfants très chéris, parce qu'ils ont voulu se loger tout près du cœur de leur mère, et ne la quitter qu'à regret...
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