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EAN : 9782070367894
384 pages
Gallimard (26/04/1976)
  Existe en édition audio
4.35/5   3730 notes
Résumé :
"Le Reichsführer Himmler bougea la tête, et le bas de son visage s'éclaira...
- Le Führer, dit-il d'une voix nette, a ordonné la solution définitive du problème juif en Europe.
Il fit une pause et ajouta:
- Vous avez été choisi pour exécuter cette tâche.
Je le regardai. Il dit sèchement :
- Vous avez l'air effaré. Pourtant, l'idée d'en finir avec les Juifs n'est pas neuve.
- Nein, Herr Reichsführer. Je suis seulement étonné ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (355) Voir plus Ajouter une critique
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Un excellent roman historique. Mais ce livre est très noir, très dur puisqu'il nous conduit dans les chambres à gaz et les fours crématoires d'Auschwitz. Obéîr sans réfléchir, sans activer sa conscience, uniquement pour faire son devoir, peut amener à des conséquences dramatiques, désastreuses, voilà la leçon que nous enseigne entre-autres Robert Merle. Un texte qui émeut, qui ne laisse pas indifférent. Un livre capital à découvrir absolument. Je le recommande à tous les lecteurs qui se sont déjà documentés sur la shoa et on lu par exemple des témoignages comme ceux de Primo Levi. Ce roman me semble être un excellent complément à tous les témoignages des survivants des camps de la mort.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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Comment appelle-t-on un homme qui fait du massacre en masse ? Un bourreau ? Un tyran ? Un "génocidaire" ? La réponse de Robert Merle donne son titre à l'ouvrage : il s'agit d'un homme dont "La mort est le métier". Sur la base des rapports de psychiatrie de Rudolf Hess et des rapports du procès de Nuremberg, Merle nous livre la vie, l'histoire et les pensées de Rudolf Hoss, commandant du camp d'extermination d' Auschwitz-Birkenau.
Au premier abord, on est pris de sympathie pour l'enfance du futur nazi, auprès d'un père chrétien intégriste qui le voue à la carrière religieuse et d'une mère et de soeurs transparentes. On suit avec soulagement son adolescence et son entrée dans le régiment des dragons. Puis l'on devient inquiet lorsque, las du chômage et de la misère qu'il connait lors de son retour en Allemagne, il sympathise avec un groupe politique qui commence à prendre de l'importance, le Parti national-socialiste des travailleurs allemands (ou parti nazi). Car après un séjour en prison et une période de calme, Rudolf est ravi de déposer sa vie, son obéissance et son honneur aux pieds de ses supérieurs, eux qui ont une vue stratégique de l'ensemble des actions demandées à leurs subalternes, eux dont les décisions, quelles qu'elles soient, sont justes et eux qui, enfin, légitiment toutes les conséquences des actions qu'ils auront demandées. Y compris lorsqu'il s'agit de rendre opérationnel et de faire un modèle de rendement du futur camp d'extermination d'Auschwitz.

Robert Merle est un conteur, lui qui mêle dans ce livre, sur le même ton et avec la même précision clinique, des morceaux de vie de famille et d'horreur. Cet ouvrage fait partie des livres qui ne se lâchent pas, que l'on dévore, qui nous obsèdent tant qu'ils ne sont pas finis, et bien après encore. Merle ne nous épargne aucune image, ni la misère des camps, ni les fumées asphyxiantes de la graisse versée sur les corps pour brûler les os, ni les stratégies pour convaincre les juifs d'entrer en bon ordre dans les chambres à gaz. Parce qu'au final, le problème "de la solution finale", c'est l'optimisation du rendement des camps comme celui d'Auschwitz : ce n'est pas de tuer en masse qui est compliqué, mais de savoir quoi faire des corps de façon à tuer encore plus encore plus vite.
Et que tout ce qui est décrit est réel, a eu lieu, dans un passé dont des rescapés nous parlent encore.

Au final, je ne sais pas si je suis convaincue par la thèse de Merle sur la naissance d'un bourreau. Pour moi, l'énigme demeure sur le déroulement qui amène un homme, au choix : à tuer, à torturer ses semblables, à massacrer, à ignorer sa part d'humanité pour mieux nier celle de l'autre. Je ne peux pas croire que tous les nazis étaient des « fous ». Alors, comment se peut-il… ? Ce roman de Merle m'a marquée, en décrivant un parcours possible. Et s'il me laisse toujours aussi démunie face à la folie de certains hommes, il permet au moins d'informer et de faire se poser quelques bonnes questions.
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Rudolf Lang a existé.Il s'appelait en réalité Rudolf Hoess.
Ce livre écrit le récit de sa vie durant laquelle il devint un bourreau nazi.
Écrit de 1950 à 1952 il est contemporain du conflit, ce roman est complexe et peut donner de l'espèce humaine une opinion désolée.
Il fallait tout le talent de Robert Merle pour donner sa force à ces lignes qui dénoncent la soumission à l'ordre, l'impératif catégorique, la fidélité au chef et le respect pour l'état lorsqu'ils mènent au pire de la tragédie.
Ce grand livre courageux et philosophique est écrit par un des plus grands auteurs français de son époque.
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J'ai ouvert ce livre culte sans lire aucun retour, j'ignorais avant de le commencer qu'il s'agissait ici de l'histoire d'un commandant SS, Rudolf Lang (de son vrai nom Hoess) prédestiné à devenir un monstre.

Un monstre qui lors de son procès de Nuremberg rectifie le juge, il n'a pas exterminé 3 millions et demi de juifs mais 2 millions et demi. Un cynisme qui fait froid dans le dos.

On va suivre ici la vie de cet homme dans ses grands événements depuis sa tendre enfance. Prisonnier enfant d'un père autoritaire et dictateur qui voyait en son fils un futur prêtre pour absoudre ses péchés. Rudolf grandira dans une honnêteté absolue, sans la moindre once d'empathie ni d'humanité. Seuls les ordres le sécurisent et lui tracent son chemin. Chemin tout tracé pour venir à bout du problème juif.

Décontenancée au premier abord par une narration clinique, froide et dépourvue de jugement de valeur, j'ai été progressivement happée par la monstruosité de l'histoire. Robert Merle dans un souci informatif authentique s'appuie sur des événements clés qui nous dévoilent l'engendrement d'un futur monstre. J'aurai aimé que l'enfance de Rudolf soit plus travaillée et fouillée car on sent que c'est là-bas que la mutation s'est opérée.

Que dire de toute cette partie dans les camps de concentration qui ne nous épargne aucun détail… L'odeur, les cris, la famine, la maladie. C'est terrible et étouffant cette immersion au coeur de l'horreur. Au côté de Rudof, ce SS qui voyait les juifs comme des unités et ne se préoccupait que de la logistique, des chiffres, des résultats sans une once d'humanité.

Un livre terrible qui décrit le parcours d'un homme dépourvu d'amour, qui considérait Himmler comme son père.
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La terrifiante réalité des atrocités de la Seconde Guerre Mondiale servie par la plume brillante et sans concession d'un auteur rompu à tous les exercices de style, cela vous donne un grand roman tel que "La Mort est mon métier".

Sans chercher à stéréotyper l'homme allemand, Robert Merle cherche à nous faire partager la pensée d'un individu endoctriné parmi d'autres, comme tant d'autres. Un homme prisonnier d'un passé de souffrance, d'un présent de conviction et d'un avenir d'espérance ; un avenir à construire sur les ruines d'un monde décrété corrompu.

Tel un bon ouvrier appliqué à sa tâche sur le chantier d'un Etat à reconstruire, le personnage principal (je ne peux quand même pas le nommer "héros") nous glace le sang par ses actes et par ses pensées mais nous permet de mieux "comprendre" ce qui s'est passé dans la tête et l'existence de millions d'Allemands dans l'entre-deux-guerres pour aboutir à cette catastrophe humaine et politique qui n'a pas encore fini de nous traumatiser.
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Citations et extraits (172) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de la préface du livre écrite par Robert Merle signé du 27 avril 1972
Il y a bien des façons de tourner le dos à la vérité. On peut se refugier dans le racisme et dire : les hommes qui ont fait cela étaient des Allemands. On peut aussi en appeler à la métaphysique et s’écrier avec horreur, comme un prêtre que j’ai connu : « Mais c’est le démon ! Mais c’est le Mal !... ».
Je préfère penser, quant à moi, que tout devient possible dans une société dont les actes ne sont plus contrôlés par l’opinion populaire. Dès lors, le meurtre peut bien lui apparaitre comme la solution la plus rapide à ses problèmes.
Ce qui est affreux et nous donne de l’espèce humaine une opinion désolée, c’est que, pour mener à bien ses desseins, une société de ce type trouve invariablement les instruments zélés de ses crimes.
C’est un de ces hommes que j’ai voulu décrire dans La Mort est mon Métier. Qu’on ne s’y trompe pas : Rudolf Lang n’était pas un sadique. Le sadisme a fleuri dans les camps de la mort, mais à l’échelon subalterne. Plus haut, il fallait un équipement psychique très différent.
Il y eu sous le nazisme des centaines, des milliers, de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs « mérites » portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’Etat. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux.
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Notre Führer Adolf Hitler avait défini une fois pour toutes l'honneur SS. Il avait fait de cette définition la devise de sa troupe d'élite : "Ton honneur", avait-il dit, "c'est ta fidélité". Désormais, par conséquent, tout était parfaitement simple et clair. On n'avait plus de cas de conscience à se poser. Il suffisait seulement d'être fidèle, c'est-à-dire d'obéir. Notre devoir, notre unique devoir était d'obéir. Et grâce à cette obéissance absolue, consentie dans le véritable esprit du Corps noir, nous étions sûrs de ne plus jamais nous tromper, d'être toujours dans le droit chemin, de servir inébranlablement, dans les bons et les mauvais jours, le principe éternel : L'Allemagne, l'Allemagne au-dessus de tout.
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— Alors, dit-elle avec un calme effrayant, si on te donnait l’ordre de fusiller le petit Franz, tu le ferais !
Je la fixai, stupéfait.
— Mais c’est de la folie ! Jamais on ne me donnera un ordre pareil !
— Et pourquoi pas ? dit-elle avec un rire sauvage. On t’a bien donné l’ordre de tuer des petits enfants juifs ! Pourquoi pas les tiens ? Pourquoi pas Franz ?
— Mais voyons, jamais le Reichsführer ne me donnerait un ordre pareil ! Jamais ! C’est…
J’allais dire : « C’est impensable ! » et tout à coup, les mots se bloquèrent dans ma gorge. Je me rappelai avec terreur que le Reichsführer avait donné l’ordre de fusiller son propre neveu.
Je baissai les yeux. C’était trop tard.
— Tu n’en es pas sûr ! dit Elsie avec un mépris horrible, tu vois, tu n’en es pas sûr ! Et si le Reichsführer te disait de tuer Franz, tu le ferais !
Elle découvrit à demi les dents, elle parut se replier sur elle-même, et ses yeux se mirent à briller d’une lueur farouche, animale. Elsie si douce, si calme… Je la regardais, paralysé, cloué au sol par tant de haine.
— Tu le ferais ! dit-elle avec violence, tu le ferais !
Je ne sais ce qui se passa alors. Je jure que je voulais répondre : « Naturellement pas », je jure que j’en avais l’intention la plus nette et la plus formelle, et au lieu de cela, les mots s’étouffèrent brusquement dans ma gorge, et je dis :
— Naturellement.
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— Vous voyez, dit-il en s’asseyant de nouveau derrière son bureau, le procédé est simple… mais il a fallu beaucoup tâtonner pour le mettre au point… En premier lieu, la fosse doit avoir… Comment dire ?… des dimensions optima.
— J’ai trouvé qu’une bonne fosse devait avoir 50 mètrès de long, 6 mètres de large, et 3 mètres de profondeur.
Il leva la main qui tenait le monocle :
— Second point, et qui m’a donné beaucoup de mal : La disposition des fagots et des corps. Vous comprenez, elle ne doit pas se faire au hasard. Voici comment je procède : Je mets une première couche de fagots sur le sol. Sur cette couche je place une centaine de corps, et – c’est là le point important, Sturmbannführer ! – entre les corps je place d’autres fagots. J’allume ensuite avec des chiffons imbibés de pétrole, et quand le feu est bien pris, et alors seulement, j’ajoute des fagots, je jette de nouveaux corps…
Il fit un petit geste de la main :
— Et ainsi de suite…
Il leva son monocle :
— Troisième point : La graisse.
Il me regarda.
— Vous devez savoir, reprit-il, qu’au début, la combustion était gênée par l’énorme quantité de graisse qui se dégageait des corps. J’ai cherché une solution…
Il eut un petit rire courtois :
— … et j’ai trouvé. Je donne une pente à la fosse, je perce des rigoles d’écoulement, et je récupère la graisse dans un réservoir.
Je dis :
— Herr Standartenführer, les détenus qui puisaient cette graisse dans les seaux…
Il eut un petit sourire de triomphe.
— Précisément.
Il mit ses deux mains à plat sur la table, et me regarda d’un air fin :
— Ils en arrosent les corps. C’est toute l’astuce. J’arrose les corps avec une partie de la graisse qu’ils dégagent… Pourquoi ?
Il leva la main droite :
— Beaucoup de graisse gêne la combustion, mais un peu de graisse l’active. Par temps de pluie, par exemple, l’arrosage est précieux.
Il ouvrit son étui en or, me le tendit, le tendit à Setzler, et nous donna du feu. Puis il prit une cigarette, éteignit son briquet, le ralluma, et présenta sa cigarette à la flamme.
Je dis :
— Herr Standartenführer, quel est le rendement par 24 heures d’une fosse de ce genre ?
Il eut un petit rire :
— Par 24 heures ! Mais vous voyez décidément les choses en grand !
Il me jeta un regard de côté, son visage redevint sérieux, et il reprit :
— Vous comprenez, le rendement par 24 heures ne se pose pas pour moi. Je n’ai jamais de telles quantités à traiter. Cependant, je puis vous dire mon rendement par heure. Il est de 300 à 340 unités ; 340 par temps sec, et 300 par temps de pluie.
Je fis le calcul et je dis :
— 8 000 corps par 24 heures !
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- ...Et je constate que vous avez un buffet sculpté...
- Voulez-vous voir, Standartenführer ? dit Elsie.
On entra dans la salle à manger, Kellner se campa devant le buffet et regarda longuement les sculptures.
- Sujet religieux... dit-il en plissant les yeux, ... beaucoup d'angoisse... conception judéo-chrétienne de la mort..
Il eut un petit geste de la main :
- ... Et toutes ces vieilleries... Bien entendu, la mort n'a d'importance que si on suppose, comme eux, un au-delà... Mais quel fini, mein Lieber ! Quelle exécution !...
Je dis :
- C'est un juif polonais, Herr Standartenführer, qui a fait ça.
- Ja, ja, dit Kellner, il doit néanmoins avoir une petite dose de sang nordique dans les veines. Sans cela, il n'aurait jamais pu exécuter cette merveille. Les juifs 100 pour 100 sont incapables de créer, nous savons cela depuis longtemps.
Il passa légèrement et amoureusement ses mains soignées sur les sculptures.
- Ah! reprit-il, travail caractéristique de détenus... Ils ne savent pas s'ils survivront d'un jour à leur œuvre... Et pour eux, naturellement, la mort n'a pas d'importance... Ils ont dans la vie cet ignoble espoir.
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Vidéo de Robert Merle
https://www.laprocure.com/product/458979/amis-martin-la-zone-d-interet https://www.laprocure.com/product/374972/merle-robert-la-mort-est-mon-metier
La Zone d'intérêt - Martin Amis - le livre de poche La Mort est mon métier - Robert Merle - Folio
Quel est le lien entre “La Zone d'intérêt” de Martin Amis écrit il y a quelques années, et “La Mort et mon métier” écrit par Robert Merle en 1952 ? On évoque un sujet d'une grande lourdeur. On est pendant la guerre dans le milieu concentrationnaire. Ce n'est pas un témoignage de la vie dans un camp de concentration, c'est presque pire que cela. C'est le quotidien de celles et ceux qui participent à faire en sorte que ce terrible rouleau compresseur qu'est le monde concentrationnaire, ils fonctionnent au quotidien (...). Des lectures qui semble nécessaire. Martin Amis, “La Zone d'intérêt” au Livre de poche. “La Mort est mon métier”, Robert Merle, chez Folio. Stéphane, libraire à la Procure Paris
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