AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070326440
501 pages
Gallimard (30/11/-1)
4.03/5   29 notes
Résumé :
Dès les premiers siècles, les chrétiens ont cru confusément en la possibilité de racheter certains péchés après la mort. Mais dans le système dualiste de l'au-delà, entre Enfer et Paradis, il n'y avait pas de lieu pour l'accomplissement des peines purgatoires. Il fallut attendre la fin du XIIe siècle pour qu'apparaise le mot Purgatoire, pour que le Purgatoire devienne un troisième lieu de l'au-delà dans une nouvelle géographie de l'autre monde. Le Purgatoire s'inscr... >Voir plus
Que lire après La naissance du purgatoireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Existe-t-il un temps et un lieu de participation à l'oeuvre de salut pour l'âme promise à la rédemption grâce à la Passion et à la Résurrection du Christ mais appelée à un chemin de pénitence - pas forcément de tout repos, bien au contraire - entre le jugement individuel qui suit la mort de chacun et le jugement dernier qui viendra conclure un jour l'histoire humaine ? C'est une étrangeté - sans en être une - qui conduit un monde chrétien occidental et médiéval à la recherche de ce qu'il est et de ce qu'il doit devenir, à "inventer" le purgatoire, imaginé par ceux qui pensent que toutes les âmes atteintes par le péché ne sont pas destinées à l'Enfer ou si les péchés sont rédimés au Paradis, de toute éternité.
Jacques le Goff s'est intéressé très sérieusement à ce sujet, et il a produit là, d'après moi, son plus beau texte.
L'idée germait dans l'Ancien Testament - depuis la littérature deutérocanonique et le Deuxième livre des Macchabées - et dans la production néo-testamentaire (Matthieu et Saint Paul). Elle a commencé à se cristalliser avec Saint Augustin, qui concevait que dans l'intervalle entre les deux jugements, il y avait pour les âmes impures perfectibles et fautives seulement de péchés véniels un temps purgatoire, en tant qu'épreuve, dans l'attente d'une admission au Paradis. Soulignons cette notion de temps, qui ne s'accompagne pas encore de la définition ou de la délimitation d'un endroit donné compris dans une partie quelconque de l'espace connu ou à découvrir dans l'au-delà. C'est peut-être Grégoire le Grand qui a été l'un des premiers à penser que ce châtiment purgatoire "provisoire" était une peine appliquée sur le lieu même où les fautes avaient été commises, c'est-à-dire sur notre planète Terre. Comment ? Cela n'est pas absolument clair dans l'esprit du temps. Car y aurait-il une planète Terre pour les vivants et une autre Terre invisible à ces derniers et peuplée par les âmes dans l'attente de la Résurrection et de l'Élection-rachat ?
Une Légende Dorée donna enfin une place reconnue au Purgatoire - glissant de l'adjectif au substantif - pris comme lieu de purgation des fautes et crimes "légers" commis par ceux qui devaient l'habiter mais étaient passibles pour cela de sanctions adaptées et plus ou moins proportionnées à leurs fautes. le Concile de Lyon de 1274 ratifiera cette avancée, cette entrée progressive dans le dogme chrétien, qui n'était finalement pas si définitivement inscrit dans le marbre d'une croyance rigide et figée. Cette théologie médiévale était donc bien susceptible d'explorer des champs nouveaux. Les Cisterciens, les Franciscains et les Dominicains aidèrent à cette entrée du Purgatoire dans l'histoire des hommes et dans le projet divin pour les hommes. Comme on voulait se représenter le monde géographiquement parlant, on tentait de donner forme à un Purgatoire inscrit maintenant à sa place entre Enfer et Paradis non comme lieu de passage entre les deux mais comme intermédiaire entre le temps des hommes et le temps du Jugement final des hommes. Séjour premier des humains qui n'avaient pas eu la chance de connaître le salut chrétien de leur vivant, puisqu'ils avaient vécu avant Jésus-Christ, mais qui s'étaient conduits comme des Justes et des êtres droits durant leur séjour terrestre. Il fallait sortir du classement simpliste entre réprouvés et élus : il fallait trouver un temps et un lieu pour permettre aux gens qui avaient des scrupules, des doutes et le besoin de justifier leur fortune et leur part de pouvoir bien ou mal acquis pour leur faciliter l'accès au Paradis en passant par l'épreuve du Purgatoire. Voilà bien de la compassion. Comme si les choses pouvaient se passer aussi simplement.

François Sarindar
Commenter  J’apprécie          1218
L'idée que les méchants iraient brûler en enfer et que les gentils trouveraient plus tard, un jour, une compensation à tous les sévices que les premiers leur ont fait subir était depuis longtemps dans l'air. Mais à bien y regarder, tout le monde, séparément, se verrait bien faire partie de la seconde catégorie : il fallait bien que quelque part une autorité tierce décidât de la répartition de manière "objective". Augustin en a la prescience. le Haut Moyen âge reprend. Mais le thème ne s'impose qu'au milieu du Moyen âge - avant que Dante n'en fasse un thème littéraire.

Ca y est, tout le monde le sait : vous serez jugé à la fin de votre vie. Les peureux voudront vivre une vie de sainteté - et, attendant la mort avec la satisfaction du devoir accompli, s'interdiront de vivre ; les sans scrupules, prenant acte de leur immunité, s'en donneront à coeur joie - avec la certitude, au prix modique d'une épreuve supplémentaire, que tout leur sera pardonné. Quelle moralité.
Commenter  J’apprécie          50
Des passages un peu pointus théologiquement parlant, mais la mise en évidence des racines antiques du Purgatoire vaut le coup d'oeil. L'ensemble est solidement documenté, bien servi par la qualité de la langue employée par le Goff.
Commenter  J’apprécie          90
Qui imaginerait que le purgatoire est une invention assez tardive du christianisme ? Ce livre est particulièrement distrayant.
Commenter  J’apprécie          50
Un livre excellent, bien qu'il m'ait fallu du temps avant de le terminer "enfin"!
La construction de cette croyance au-en le feu Purgatoire, son dévellopement, les raisons qui ont permis ou rendu nécessaire cette croyance nous sont expliqué en détails. Très intéressant!
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
introduction : Le Troisième Lieu
Dans les âpres discussions entre protestants et catholiques au XVI° siècle, les réformés reprochaient vivement à leurs adversaires la croyance au Purgatoire, à ce que Luther appelait "le troisième lieu". Cet au-delà "inventé" n'était pas dans l'Ecriture.
Je me propose de suivre la formation séculaire de ce troisième lieu depuis le judéo-christianisme antique, d'en montrer la naissance au moment de l'épanouissement de l'Occident médiéval dans la seconde moitié du XII° siècle, et le rapide succès au cours du siècle suivant. Je tenterai enfin d'expliquer pourquoi il est intimement lié à ce grand moment de l'histoire de la chrétienté et comment il a fonctionné, de façon décisive, dans l'acceptation ou, chez les hérétiques, le refus, au sein de la nouvelle société issue du prodigieux essor des deux siècles et demi qui ont suivi l'an mil.
Commenter  J’apprécie          90
Il appartenait à Augustin qui a marqué d’une empreinte si pofobdele christianisme et qui a été probablement la plus grande « autorité » du Moyen Âge d’apporter au dossier du futur Purgatoire des éléments capitaux.
Commenter  J’apprécie          50
... il importe, au début de la genèse du Purgatoire, de caractériser les deux « inventeurs » grecs du Purgatoire, Clément d’Alexandrie (mort en 215) et Origène (mort en 253/54).
Commenter  J’apprécie          50
avant que le Purgatoire ne devienne un troisième de l'au-delà, il a oscillé longtemps entre différents espaces temporels. Le Purgatoire oscillera entre le temps terrestre et le temps eschatologique, entre un début de Purgatoire ici-bas qu'il faudrait alors définir par rapport à la pertinence et un retardement de purification qui se situerait seulement au moment du Jugement dernier
Commenter  J’apprécie          10
Dans les âpres discussions entre protestants et catholiques au XVIe siècle, les réformés reprochaient vivement à leurs adversaires la croyance au Purgatoire, à ce que Luther appelait « le troisième lieu ».
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jacques Le Goff (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Le Goff
C'est à travers de nouvelles sources, étudiées par une jeune génération de chercheurs, en parties ignorées par Jacques le Goff – enquêtes royales, archives judiciaires, actes de la pratique – qu'une autre histoire de Louis IX s'écrit et qui fera l'objet de ce colloque international.
Pour en savoir plus : https://bit.ly/3r0wCfM
Le Collège des Bernardins est un espace de liberté qui invite à croiser les regards pour cheminer dans la compréhension du monde et bâtir un avenir respectueux de l'homme.
Pour tout savoir de l'actualité du Collège des Bernardins, suivez-nous sur les réseaux sociaux
Facebook : https://www.facebook.com/CollegedesBernardins/ Twitter : https://www.twitter.com/CBernardins Instagram : @collegedesbernardins
+ Lire la suite
Dans la catégorie : EschatologieVoir plus
>Religion>Christianisme, Théologie chrétienne>Eschatologie (13)
autres livres classés : purgatoireVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (130) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3167 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..