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Gabriel Iaculli (Traducteur)
EAN : 9782020485579
156 pages
Seuil (22/10/2002)
3.61/5   18 notes
Résumé :

Dans cinq lettres adressées au lecteur, Ernesto Sabato poursuit son analyse de notre monde entré dans le XXIe siècle et plaide pour un nouvel humanisme avec la conviction que seules les valeurs spirituelles pourront sauver la condition humaine d’une catastrophe annoncée. Le culte de l’économie et de la technique, l’emprise de la mondialisation et du bonheur marchand, les dérives des applications de la gén&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je connaissais le grand auteur argentin Ernesto Sabato, j'avais lu deux de ses romans, mais pas le critique littéraire et encore moins l'essayiste. Pour tout dire, il a écrit davantage d'essais que de romans. La résistance est un de ces écrits de réflexion, le dernier qu'il ait laissé. Divisé en cinq lettres, il traite d'autant de sujets mais, curieusement, qui se mélangent bien et qui semblent ne former qu'un tout. La vie.

La première, si elle commence en douceur, aborde un aspect assez inattendu. « Une des choses qui m'affectent le plus, c'est le bruit. » Selon Sabato, les hommes écoutent trop la radio et la télévision, ils parlent et crient mais ne s'écoutent pas. Comment le pourraient-ils, avec toute cette animation ? Il faudrait revaloriser le calme, le temps passé, encourager les gens à s'arrêter un instant et à profiter du moment présent.

Ça me rappelle le discours de mes grands-parents. C'est facile vanter les mérites d'un passé idéalisé et se montrer réfractaire à une modernité qu'on ne maitrise pas complètement (ou vraiment). Je me demande ce que dirais un jeune Ernesto Sabato de vingt ans en l'an 2000…

Cette idée du calme et des bonnes vieilles valeurs mises de côté au profit du modernisme destructeur, elle revient souvent. Toujours selon Sabato, l'homme se complait dans la médiocrité. Offrez lui un divertissement abrutissant, il le préfèrera à une activité intellectuelle. C'est le début de la décadence… C'est une façon de voir les choses.

Puis, l'auteur-essayiste fait la transition avec son deuxième sujet, les valeurs anciennes (par exemple, l'altruisme, la dignité, le courage, l'intégrité morale, etc.). L'étayage de ses idées lui donne l'occasion d'évoquer quelques anecdotes tirées de son expérience personnelle. Pareillement pour les trois autres sujets qui suivent, le bien et le mal, les valeurs de la communauté et la résistance. Pas au sens révolutionnaire, bien sur.

Sabato ne réinvente pas la roue, plusieurs des idées qu'il présente sont des généralités avec lesquelles on ne peut qu'être en accord. Toutefois, si ce n'est pas original, ça n'en est pas moins vrai. (Il y a de ces leçons qu'on doit nous rappeler de temps en temps.) Ce qui fait en sorte qu'on y prête attention et intérêt, c'est qu'elles viennent du grand auteur argentin. Et c'est vrai. Quelqu'un qui a une longue expérience, qui a beaucoup réfléchi et qui a un discours articulé mérite notre attention.

Et il ne fait pas que critiquer ou se démoraliser du sort de l'humanité. Il propose quelques solutions bien qu'elles soient vagues et générales, par exemple, il faudrait envisager une éducation différente. Plus facile è dire qu'à faire… Dans tous les cas, La résistance se lit bien. Pas trop de mots ou de concepts compliqués, son humanisme s'adresse à tous. Parce que tous devraient penser, ne serait-ce qu'un peu, à un meilleur demain.
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C'est bien d'une esquisse d'éthique qu'il s'agit. D'une proposition d'éthique de vie par la résistance qu'Ernesto Sabato, préoccupé par le destin social dans ses essais comme dans ses romans, offre aux lecteurs sous la forme de cinq lettres et un épilogue, telle une sortie de scène d'un écrivain humaniste engagé et inquiet du monde qu'il laisse aux vivants avant de s'en retirer pour toujours, monde qui depuis le début du 20ème siècle pourrait se renommer "âge des catastrophes".
Il n'y a pas de "c'était mieux avant" avec Sabato, il compare entre passé et présent ce qui n'a pas progressé ou a dangereusement dérivé. Cette analyse lui permet de détecter des tendances menaçantes pour le destin de l'humanité auquel il propose de résister : surpopulation, globalisation, massification, marchandisation, standardisation des désirs, hyper individualisation, abêtissement, solitude existentielle, sujétion, vide spirituel, indifférence métaphysique. Bref : un nihilisme en accélération.
Ce que Sabato regarde dans le passé, c'est la part grecque qui a participé à la fondation des valeurs de l'Occident, tout ce qui constituait l'éthique de la "vergogne" s'opposant au pire des défauts pour les grecs : l'hubris. Ainsi; il appelle à refonder l'humanisme et ses valeurs communautaires de camaraderie, d'empathie et de solidarité pour donner une chance éthique au genre humain, en misant sur la culture et l'éducation à la façon d'un José Marti qui prônait la liberté par la connaissance, replaçant les valeurs de l'esprit et l'homme au centre de tout.
Au fond, Sabato reprend le constat des philosophes de l'École de Francfort : le mythe du Progrès constant initié au siècle des Lumières n'est plus au service de l'homme mais de son asservissement voire de sa destruction.

Cet essai rédigé comme une mise en garde est aussi un témoignage de son temps. S'il doute du destin de l'homme, l'auteur garde un espoir d'avenir pour l'humanité.
Si son optimisme est admirable et touchant, Sabato semble avoir oublié selon moi que la post-humanité n'est pas ce qui nous menace demain : elle a déjà eu lieu. Dès 1933, les foules post-humaines étaient déjà là, bras tendus, magnifique prélude à la massification de l'obéissance et à la mise en oeuvre de l'apocalypse, ce nouvel âge ourlé de cendres. Plus jamais nous ne serons protégés d'être humains, plus jamais nous ne serons sacrés. "L'impossible ne peut pas être vu car il n'existe pas. Moi j'ai vu l'impossible" a dit mon grand-père déporté. de cela, l'humanité ne se remettra jamais.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Ernesto Sabato était lui-même très vieux lorsqu'il écrivit cinq lettres dépouillées à ses lecteurs, cinq credo, cinq sentences. Venait-il de comprendre que si toute la substance magnifique de ces missives était déjà infusée dans sa trilogie romanesque reconnue et déjà culte, il était possible qu'il n'ait pas été assez direct, assez insistant, assez accessible, et qu'il lui fallait urgemment rectifier ce qu'il jugeât, dans un sursaut, malentendu ? Qu'après l'excroissance surnaturelle de son Héros et tombes ou la descente viscérale dans son Tunnel, les saignées qu'il s'était infligé lui avaient rendu forme humaine, que non pas apaisé mais résistant, il ne pourrait plus cesser d'attendre l'écho de son sonar au pouls plus lent mais impavide, et à la constance résignée à ne plus rencontrer que ceux qui accepteront de porter le cercueil tout en recueillant la flamme ? (lire la suite : https://pamelaramos.fr/lettre-a-une-jeune-guerriere-la-resistance-dernesto-sabato/ )
Lien : https://pamelaramos.fr/lettr..
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
J'ai vu des films dans lesquels l'aliénation et la solitude sont telles que les gens cherchent à s'aimer par ordinateur interposé. Et je ne dis rien de ces mascottes artificielles inventées par les Japonais, et dont j'ai oublié le nom, que l'on dorlote comme si elles étaient vivantes, parce qu'elles sont «sensibles» et qu'il faut leur parler. Quel avilissement, et qu'il est tragique de se dire que des milliers de gens en sont réduits à exprimer leur affection de cette manière! Quel jeu sinistre, alors qu'il y a tant d'enfants abandonnés dans le monde entier, et tant d'animaux nobles en voie de disparition.
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Dans plusieurs entretiens, j'ai dit ironiquement que "la télévision est l'opium du peuple", en modifiant la célèbre phrase de Marx. Mais je le crois : devant l'écran, on est plongé dans la léthargie, et même si l'on ne trouve rien de ce que l'on cherche, on reste tout de même là, incapable de se lever ou de faire quoi que ce soit de bon. La télévision nous ôté le désir d'exercer un art, de lire un livre, d'arranger quelque chose chez soi en écoutant de la musique ou en buvant un maté. Ou d'aller au bar avec un ami, de converser avec nos proches. C'est un ennui, une lassitude à laquelle on s'habitue "faute de mieux". Etre régulièrement assis devant la télévision anesthésie la sensibilité, engourdit l'esprit et avilit l'âme.
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La bonté et la méchanceté sont insaisissables,parce qu'elles coexistent dans notre cœur . Elles en sont,indubitablement,le grand mystère.Cette dualité tragique se reflète sur le visage de l'homme où, lentement mais inexorablement, les sentiments et les passions, les affectations et les rancœurs ,la foi , l'illusion et les désenchantements, les morts dont nous avons été témoins ou que nous avons apprises, les automnes qui nous ont attristés ou accablés, les amours qui nous ont ensorcelés, les spectres qui dans nos rêves ou nos fictions nous visitent ou nous assaillent laissent leurs traces .Dans les yeux qui pleurent de douleur, ou qui se ferment pour laisser place au rêve,ou par pudeur,ou par ruse,sur les lèvres qui se serrent par obstination ou par cruauté, dans les sourcils qui se froncent par inquiétude ou par surprise ou qui se haussent pour manifester la curiosité ou le doute,enfin, dans les veines qui se gonflent de rage ou de sensualité,se dessine la carte muable que l'âme finit par graver sur la peau fine et malléable du visage.Elle se rend ainsi apparente,selon le sort qui lui est réservé,à travers cette matière qui est à la fois sa prison et sa possibilité de vie.
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Les êtres humains oscillent entre la sainteté et le péché, la chair et l'esprit, le bien et le mal. Et la plus grave, la plus stupide des choses que l'on ait faite, depuis Socrate, c'est de vouloir proscrire leur côté obscur. Ces puissances sont invincibles. Quand on a cherché à les détruire, elles se sont tapies dans l'ombre et finalement rebellées avec une violence et une perversité accrues.
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Il y a des jours, comme aujourd'hui, où je me lève avec une espérance folle, des moments où je sens que les possibilités d'une vie plus humaine sont à portée de nos mains.
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Video de Ernesto Sabato (4) Voir plusAjouter une vidéo

Ernesto Sabato : Avant la fin
Depuis le Centre culturel de "La Recoleta" à Buenos Aires, Olivier BARROT présente le livre d'Ernesto SABATO "Avant la fin".
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