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La saga des émigrants - Poche tome 2 sur 5

Philippe Bouquet (Traducteur)
EAN : 9782253933717
280 pages
Le Livre de Poche (22/01/2003)
4.21/5   110 notes
Résumé :
Il fut un temps où la Charlotta était un noble navire de commerce et non un vulgaire transporteur d'émigrants, cette engeance qui s'entasse dans l'entrepont et n'a décidément jamais le pied marin. La vie à bord n'est que tourments : la promiscuité, la saleté, les poux, le scorbut et le mal de mer s'acharnent sur les passagers. Le capitaine Lorentz, vieux loup de mer aigri et solitaire, le sait bien, lui qui prévoit un boisseau de terre de Suède en vue de simuler des... >Voir plus
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Projet ambitieux, que cette saga des émigrants écrite par l'auteur suédois Vilhelm Moberg. Après avoir dépeint le misérable mode de vie des paysans du Smaland au milieu du 19e siècle, qui a poussé à vouloir tenter leur chance aux États-Unis, le voici qui décrit la pénible traversée de l'océan. le brick Charlotta, commandée par le capitaine Lorentz, transporte 78 passagers partant pour l'Amérique du Nord. Des pauvres gens qui n'ont jamais mis le pied sur un navire ni vu le grand océan. Tout un choc !

Marcher sur un bâtiment qui tangue ; surpasser le mal de mer ; survivre avec de maigres rations ; viter de penser aux regrets de tout abandonner derrière soi... Ouf ! Karl Oskar Nilsson, son épouse Kristina, son frère Robert et tous leurs amis ne l'ont pas facile dans ce deuxième tome, justement intitulé «La traversée». Les premiers jours sont marqués par ces difficultés et la nouveauté, mais l'ennui se faire sentir très, très rapidement. « Quarante pas de long sur huit de large. » Et cela pendant au moins huit semaines, si les vents … Plafond bas, air poussiéreux qui prend à la gorge, saletés.

Certains essaient d'apprendre l'anglais, essaient de se divertir alors qu'ils sont confinés dans l'entrepont. Avec une telle promiscuité, pas étonnant qu'on se chamaille. Les poux font leur apparition… puis le scorbut… Certains passagers en sont très malades, d'autres meurent. Pas tout le monde arrivait à destination. Kristina est fort malade : le scorbut. On craint pour sa vie, s'en sortira-t-elle ? Un roman qui se veut aussi près de la réalité ne peut se terminer trop bellement, des personnages important doivent périr… Même si près du but.

La plume de Moberg est très réaliste. Pas d'envolée lyrique ni d'embellissement poétique de la vie sur un navire. Que du vrai ! C'est pourquoi vers le milieu du roman que commençais à m'ennuyer légèrement, à l'image des personnages qui devaient se désespérer. Ainsi, quand le moral des voyageurs est au plus bas, qu'il n'y a plus à faire outre que fixer l'horizon toujours identitque, un oiseau fait son apparition. « La soudaine apparition de cet animal sur le pont leur fit l'effet d'un miracle de la Bible. » (p. 214) C'était la lumière que, moi aussi, j'attendais.

Puis, tout déboule. « La veille de la Saint-Jean de l'an 1850, le brick la Charlotta, port d'attache Karlshamn, vint s'amarrer dans le port de New York, après exactement dix semaines de traversée. » (p. 267). Ainsi se termine un passage difficile mais aussi ainsi s'ouvre un nouveau chapitre de leur vie. J'ai hâte de découvrir leurs nouvelles aventures sur cette américaine à laquelle ils rêve depuis longtemps et pour laquelle ils ont tant sacrifié.
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Ils sont 78, tous fermiers, à quitter leurs terres natales et leur pays, la Suède, pour un monde meilleur, une terre fertile qui leur apportera prospérité et liberté. Désormais, ils s'appelleront Les Emigrants, tassés sur un voilier dans le no man's land de l'océan.
Quoi de plus antithétique que des paysans voguant sur la mer? Si Karl Oskar s'en tire bien, ce n'est pas le cas de sa femme Kristina, enceinte, ni des quelques autres de sa paroisse qui se croyaient protégés du mal de mer et des maladies par Dieu. Seule Ulrika, prostituée repentie peu appréciée des autres femmes, se porte comme un charme: pas de poux, pas de vomissements, contrairement aux autres.
La traversée est rude, et comme le prédisait Kristina, elle est dangereuse: tout le monde ne posera pas le pied sur la terre promise.
Moberg profite de cette longue traversée pour partager les histoires et croyances du petit peuple suédois du 19ème siècle et nous montrer cet espoir des émigrants prêts à affronter de grands dangers pour une meilleure terre. Un deuxième tome dans un cadre différent du premier, qui met tous les personnages en avant et toujours aussi palpitant à lire.
Hâte de découvrir maintenant le Nouveau Monde!
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Parvenus à Karlshamm, Karl-Oskar, Kristina, leurs enfants et les autres candidats à l'Amérique embarquent sur le Charlotta, un brick dont l'état général leur paraît inquiétant. Dirigé par le capitaine Lorentz, le Charlotta s'apprête à rejoindre l'Amérique, terre promise pour ces paysans réduits à la misère ou à l'isolement en Suède. le voyage constitue une épreuve majeure pour ces émigrants. Il est aussi le premier pas vers une vie espérée meilleure. Pour ce récit qui constitue aussi un défi pour l'écrivain - car le voyage, long, est relativement ennuyeux et monotone -, Vilhem Moberg utilise une narration à double entrée, selon les personnages et selon les thématiques. Cela permet d'envisager le voyage sous différentes facettes et de l'entrevoir à travers les espoirs et désespoirs de personnages très différents, liés par leur enfermement volontaire sur un espace extrêmement limité. La narration maîtrisée de Moberg permet en outre, en tant que lecteur, de passer ces semaines de navigation beaucoup plus rapidement que les apprentis navigateurs.

Le voyage sur le Charlotta est long. Supposée durer huit semaines, la pérégrination révèle les illusions et désillusions de chacun. Karl-Oskar rêve d'une terre fertile à labourer pour faire vivre sa famille ; il se rend compte durant la traversée que Kristina ou les enfants pourraient ne même pas survivre, ce qui entraîne chez lui une forte culpabilisation. Robert rêve d'un Nouveau Monde absolument libre où les maîtres n'existent pas, mais sa naïveté pourrait le mettre en difficulté (ainsi avec le dénommé Mattson surnommé ironiquement l'Américain). Arvid et Ulrika pensent avoir abandonné en Suède leurs tristes réputations. le vieux Mans apporte une meule en cadeau à son fils, cependant que son état de santé ne présage rien de bon. Quant à Danjel, il espère prêcher librement en Amérique, alors que sa foi pourrait être justement l'obstacle majeur pour lui (ne serait-ce qu'avec son espoir de parler anglais par la simple volonté de Dieu).

Le contexte maritime met en avant plusieurs thématiques intéressantes, que Moberg développe au sein de chapitres spécifiques ou bien tout au long du roman. En premier lieu, c'est la réalité de la traversée sur un brick de 1850 que Moberg décrit. le bateau est petit, les candidats à l'émigration y sont entassés, la promiscuité y règne ainsi qu'un air vicié, dû à des conditions sanitaires déplorables. Quant aux vivres, ils sont rationnés. le brick prend alors des airs de bétaillère. La deuxième réalité physique de ce voyage concerne les corps, rudement éprouvés. Les poux, le mal de mer, puis le scorbut sont comme autant de plaies qui s'abattent sur ce peuple simple et aventurier. Kristina, elle, endure également une grossesse et la traversée lui semble un chemin de croix, ou un douloureux chemin de pénitence pour ne pas avoir écouté son coeur, qui lui dictait de refuser le voyage et de rester en Suède.

La mort plane résolument sur le Charlotta. le second du bateau, un Finlandais, annonce dès les premiers jours, que la Faucheuse éclaircira bientôt les rangs. La mort rôde parmi les voyageurs, elle charrie aussi les histoires de marins disparus parmi les flots atlantiques. Elle n'épargne personne, enfants comme vieillards, et l'on songe au destin de la petite Anna, l'aînée de Karl-Oskar et Kristina, décédée avant le départ. En cela et en d'autres choses aussi, la mer apparaît comme un monde à part. Un monde au vocabulaire spécifique, avec ses marins qui méprisent les paysans, un monde extrêmement limité pour les hommes qui y vivent, un monde isolé malgré l'immensité de l'océan, un monde où l'horizon ne change jamais, où la chronologie ne peut être écrite car personne ne maîtrise le temps. La mer est un monde entre deux mondes, entre deux champs à cultiver comme le dit le capitaine Lorentz. Elle peut être aussi un monde entre la vie et la mort, où l'homme est soumis, plus encore que sur la terre ferme, à la toute-puissance, sinon de Dieu, de la nature. Les tempêtes, par exemple, sont une véritable mise à l'épreuve pour tous les passagers du bateau. Les croyances sont mises à mal, les prétentions scientifiques également, et les jalousies sont exacerbées. Dans ce monde à part, c'est Ulrika, l'ancienne prostituée en Suède, qui fait figure de Marie-Madeleine, puisqu'elle n'éprouve pas les effets délétères des mouvements furieux de la mer. En arrivant à New York, le Charlotta débarque une population exténuée, certes pleine d'espoir, mais dont les illusions ont parfois disparu. À New York, Karl-Oskar et les autres poussent la porte du pays béni.
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Deuxième volet de la saga des émigrants.
Dans l'exacte lignée du premier de par la qualité d'écriture, le rythme, l'atmosphère et encore plus fouillé, je trouve, quant à la psychologie des personnages.

Si, comme moi, vous aimez les voyages en mer DANS LES LIVRES (oui, je souffre d'un mal de mer chronique!) et si ça vous fait frémir de tanguer jusqu'à la nausée dans une cale malpropre habitée par des marins gouailleurs et grossiers, des passagers tétanisés et aussi vert que le Géant éponyme, des rats, des chèvres, le typhus, des tas de cordages, etc, etc, vous allez aimer. Même si l'angoisse du lecteur concernant la survie des personnages est limitée dans de justes mesures par la connaissance qu'il a de l'existence d'autres tomes de la saga (ouf, elle est longue cette phrase !), on ne peut s'empêcher de trembler avec eux dès que le vent se lève, d'être affamé comme eux dès que la soupe rance vient à manquer et à prier à leurs côtés pour que les passagers ne s'entre-tuent pas et que la coque de noix qui se bringuebale sur les flots et dont on est prisonnier au même titre qu'eux ne se brise pas avant d'avoir touché terre...
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Deuxième épisode de la saga des émigrants. Tout l'entourage de Karl-Oskar et de Christina se retrouvent dans un port danois prêts à embarquer pour le nouveau monde. Evidemment, les conditions de transport ne vont pas être à la hauteur de ce qui était attendu. Mais la volonté est là, le groupe n'est plus qu'à quelques semaines de la terre promise.
Pas de mystère, la traversée sera longue, éprouvante pour le corps et l'esprit. Promiscuité, maladie, insalubrité seront les maître-mots de ce voyage où les protagonistes vont cotoyer l'enfer.
Vilhelm Moberg, deuxième partie, toujours aussi intense. Dur de lâcher le morceau ; comme sur le bateau, une fois embarqué, le retour est impossible.
Les critiques disent de cette saga que c'est le meilleur roman suédois du siècle. C'est surement très près de la vérité.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Mais, pour chaque pin abattu et transformé en mât, il en est une centaine qui restent sur place, à jamais condamné à la triste et pénible existence de leur lieu d'origine. Ils y passent cinquante ou soixante ans, puis sont abattus et taillés pour en faire du bois de charpente ou de construction qui prendra place dans une maison, une grange ou une étable. Ils restent dans cet état humiliant pendant un siècle ou plus, se couvrent de mousse ou de moisissure, tachés de brun par le fumier, troués presque de part en part par les punaises. Ils pourrissent lentement mais sûrement, sans pouvoir bouger, dans les parois des étables et des écuries. Et, une fois que ce vieux bâtiment a fini se servir et qu'on l'abat, ils se retrouvent à l'état de bois de chauffage, condamnés à brûler et à mourir sous la marmotte d'un paysan faisant cuire des patates pour ses cochons et à partir en fumée, ou plutôt se décomposer dans la cheminée sous forme de suie.
Tel est le sort des arbres qui restent au pays.
Alors que les autres ont la chance de porter des voiles sur les mers. Ils aident les hommes à aller de continent en continent, dans leur recherche de nouvelles terres et de nouveaux foyers. Leurs graciles sommets portent les ailes des navires, ce sont les talons ailés des bateaux à voiles. Ils risquent certes d'êtres brisées avant terme ou de couler et de périr dans des naufrages, sur leurs vieux jours, mais ils ne sont pas réduits en cendres et en suie, sous une marmotte de patates, comme à terre. Et, lorsque le navire qui les porte sombre corps et biens, ils le suivent au fond de la mer et reposent fièrement au fond de la plus grande et de la plus profonde de toutes les tombes au monde.
Tel est le sort des arbres qui prennent la mer.
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Le crépuscule commençait à tomber sur la mer. Autour d'eux, l'eau virait au noir, les nuages descendaient de plus en plus bas et commençaient à dissimuler voiles et manoeuvres, tandis que la brume gagnait lentement le pont. Le monde rétrécissait, on ne voyait plus aucun bateau à la ronde et le petit voilier était soudain seul et abandonné sur cette mer qui s'obscurcissait de plus en plus et d'où on ne voyait plus la côte.
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A terre, Robert avait toujours imaginé un voilier en mer comme quelque chose d'une blancheur éclatante. Il se représentait les voiles d'un navire sous la forme des ailes d'un ange. Mais celles de la Charlotta étaient gris foncé, rendues crasseuses par la pluie et le vent : elles étaient couleur de terre, comme les sacs de tuberculoses sur la glèbe, en automne. La Charlotta n'avait pas les ailes d'un ange. Ce n'était pas un de ces navires de plaisance volant sur les flots, c'était un lourd vaisseau de commerce transportant des gueuses de fonte et se frayant péniblement un chemin à travers les vagues. Ce n'était pas le navire dont Robert avait rêvé, ce n'était pas celui qu'il avait appelé de ses voeux pendant tant de jours et de nuits. Pourtant, en se promenant ainsi sur le pont, les yeux fixés sur son gréement, il se prit à l'aimer un peu : là-haut, les mouettes planaient alentour et leurs ailes étaient bel et bien blanches, sur le gris des voiles.
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Une certitude s'enracinait de plus en plus profondément dans leur esprit : Quoi que le nouveau continent puisse leur réserver, quoi qui puisse les attendre dans ce nouveau pays, objet de leur quête -ils ne pouvaient imaginer revenir un jour chez eux. Le voyage qu'ils accomplissaient en ce moment, ils le faisaient une fois pour toutes : jamais ils ne parcourraient dans l'autre sens ce chemin interminable, jamais ils ne se lanceraient à nouveau sur cette mer éternellement recommencée, jamais ils ne traverseraient une seconde fois l'Océan.
Un tel voyage, on ne le faisait qu'une fois.
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Ses parents lui avaient inculqué l'idée qu'il était déshonorant d'avoir de la vermine. Seuls les gens de mauvaise vie, les vagabonds et les prostitués nourrissaient ce genre de bestioles sur leur corps. Avoir de la vermine était signe de moralité douteuse : les poux ne prospéraient que sur ceux qui étaient paresseux, crasseux ou malhonnêtes. Ils ne se plaisaient pas chez les gens honnêtes, travailleurs et droits, et c'était ce qui permettait de les distinguer. Kristina se sentait donc humiliée et déshonorée.
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Vidéo de Vilhelm Moberg

La saga des émigrants, Vilhelm Moberg
L'avis d'Armelle Bayon de la librairie Espace Culturel Leclerc (Conflans-Sainte-Honorine)
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