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La Storia tome 1 sur 2
EAN : 9782070372140
Gallimard (23/09/1980)
4.09/5   54 notes
Résumé :
En Italie, d'abord, où il provoque un véritable débat national, puis partout où il a été publié dans le monde, le livre d'Elsa Morante a immédiatement été reçu comme l'un des grands romans du siècle : un pendant de La Guerre et la Paix.
Le personnage principal en est une pauvre institutrice, à moitié juive, Iduzza, qui a un enfant après avoir été violée par un soldat allemand ivre. Iduzza et le petit Useppe vont survivre miraculeusement à travers les tributl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dans tout pays en guerre règne la confusion. Les bâtiments détruits, les personnes déportées, les emplois suspendus, les denrées alimentaires raréfiées : tout concourt à effacer, pour les survivants qui restent sur place, les repères qui balisaient leur vie.
Le décor de ce texte d'Elsa Morante est la ville de Rome, de 1941 à 1944 (avec une évocation des années antérieures pour situer les personnages). Hélas, ce décor meurtri existe encore aujourd'hui, sous d'autre noms, sous d'autres cieux ; mais trouvant toujours sa source dans la volonté de domination et la libération de pulsions barbares.
Cette confusion, l'autrice l'entretient tout au long du roman, à la fois en décrivant les bouleversements subis par Rome, mais aussi en donnant à ses personnages des origines ou des destinées "métissées".
Ce terme est utilisé à propos de la figure centrale du livre : Ida, née de mère juive et de père catholique. Ce "métissage" est d'ailleurs l'un des fils rouges du texte, puisqu'Ida, comme sa mère avant elle, s'évertue à cacher sa part de judéité, comme elle cache sa seconde grossesse, puis l'enfant qui nait ; comme d'autres cachent leur identité, leurs idées, leur religion, parce qu'ils sont juifs, communistes, anarchistes... ou un "métissage" de plusieurs de ces caractéristiques.
L'identité, le nom, le prénom, le surnom, sont encore d'autres moyens d'apporter la confusion. Erreurs d'état civil, difficultés de prononciation d'un enfant, camouflage : nombreuses sont les raisons pour lesquels les personnages se voient désignés par un nom, puis un autre, plus un diminutif, ou encore un surnom pour différencier ceux qui ont le même prénom (il y a beaucoup de Giuseppe). Dans le cas de ceux qui rejoignent le maquis, un nom de guerre s'y ajoute... qui peut lui-même être raccourci. le fils aîné d'Ida, Antonio, est donc alternativement Nino, Ninnudzu, Ninniaredzu, Ino, Assodicuore, Asso...
Cela dit, on arrive à situer les personnages principaux et il ne faut pas essayer d'identifier chaque second rôle autour d'eux, surtout quand apparaît une famille pléthorique. Elsa Morante trouve d'ailleurs encore un surnom pour cette tribu agitée, comme si elle voulait lui donner l'image d'une foule indéterminée... ou d'un choeur destiné uniquement à mettre en valeur les premiers rôles.
La confusion, c'est aussi les changements de camps (jeunes fascistes, fiers de servir leur Duce, qui tournent casaque et deviennent partisans communistes) ou les changements de lois, liés au basculement du pouvoir (les maîtres de Rome sont les fascistes italiens, puis les nazis allemands, puis les libérateurs anglo-américains).
Autre source de confusion : l'effacement temporaire de la frontière entre réalité et imagination. Cela concerne surtout Ida, dont on suit plusieurs fois les rêves mais qui est aussi sujette à des pertes de connaissance qui la rendent totalement absente à tout ce qui se passe autour d'elle, même le pire.
À l'opposé de la confusion règne la précision : le roman est émaillé de nombreuses descriptions de lieux, notamment des logements, qui vont jusqu'à l'inventaire complet du contenu des tiroirs. Elle n'est pas en reste quand survient un nouveau personnage, même très secondaire et qui bénéficie pourtant d'un portrait en pied et d'une énumération de son pedigree. Il en va de même pour les rêves d'Ida, qui nous sont donnés à voir comme des courts-métrages, avec une présentation de tous les détails, parfois cruels, souvent absurdes, comme dans tout rêve.
En toute honnêteté, en lisant ces passages j'ai pensé qu'ils auraient pu faire l'objet d'un sérieux élagage, rendant plus digeste ce volume de 536 pages (et ce n'est que le premier tome!).
Ces longueurs m'ont donné, au fil de ma lecture, une impression mitigée de ce roman : très fort et poignant dans la description des difficultés d'Ida pour survivre et garantir la survie de ses fils ; bouleversant dans les évocations de rafles, de déportation, de violences, de massacres ; mais ennuyeux dans ces litanies de tables, de chaises, de lits, de chemises pendues dans l'armoire, de paires de chaussettes et j'en passe.
Puis j'ai lu les 50 dernières pages. Et j'ai compris. Ou, du moins, j'ai interprété, en le considérant dans son ensemble, le livre que je venais de refermer.
Ces "inventaires" (Elsa Morante utilise elle-même ce mot) sont un élément-clé de ce roman historique : ils sont une des pierres indispensables pour bâtir ce monument de mémoire. Car en y réfléchissant bien, ces listes d'objets du quotidien apparaissent souvent quand l'autrice nous fait entrer dans une pièce dont les occupants ont disparu sans espoir de retour. Et j'ai compris alors leur valeur de témoignage. Je les ai vus comme j'ai vu les montagnes de valises, de chaussures, de lunettes présentées aux visiteurs du camp d'extermination d'Auschwitz.
De la même manière, j'ai reconsidéré d'un regard nouveau le cas des rêves d'Ida, dont certains m'avaient semblé vraiment superflus. le rêve, le sommeil (y compris le sommeil lourd imposé par la maladie) est la seule parenthèse offerte à ceux qui souffrent de la faim, de la peur, du désespoir. Et si ma mémoire ne me joue pas des tours, il me semble que ces phases de sommeil (ou de léthargie liée à la maladie) sont présentées de cette manière dans Si c'est un Homme, de Primo Levi, ou le Détour, de Luce d'Eramo. Deux compatriotes de l'autrice de la Storia, d'ailleurs.
Finalement, après avoir conçu ces interprétations, j'ai eu une tout autre opinion à propos de ma lecture. Et j'ai fait mien le terme utilisé largement pour qualifier ce texte d'Elsa Morante : chef-d'oeuvre.
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Ce roman est étroitement lié aux événements de la seconde guerre mondiale et de l'immédiat après guerre,en Italie.
La Storia raconte aussi l'histoire tragique de Useppe,né de la violence subie par sa mère. Violée par un jeune militaire allemand inconscient et,en même temps,épouvanté et mélancolique, qui voudrait oublier sa triste condition de soldat.
Useppe,chétif,grandit parmi la faim et les privations dans Rome occupée.
La Storia est vue comme un scandale qui dure depuis dix mille ans .
Elsa Morante l'affronte directement pour dénoncer fermement ses méfaits ,manifestant en même temps son refus et son engagement;
Ce livre permet de découvrir les faits de la guerre et de l'après-guerre.
C'est l'histoire d'une Italie blessée par le nazisme et le fascisme , l'histoire tragique des lois raciales et de la déportation des habitants du ghetto, la violence faite aux femmes,la solitude,la pauvreté et la maladie;
Les personnages sont intéressants, la trame bouleversante.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
la faim qui fait tomber les dents, la laideur, l’exploitation, la richesse et la pauvreté, l’ignorance et la stupidité… pour Santina ce ne sont là ni justice ni injustice. Ce sont de simples nécessités inéluctables, dont la raison n’est pas donnée. Elle les accepte parce qu’elles se produisent, et elle les subit sans le moindre doute, comme une conséquence naturelle du fait d’être née.
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Alors,exaspéré,il se mit à chanter comme un choeur immense,pour ne plus l'entendre,les hymnes fascistes;improvisant sur eux,pour aggraver les choses,des variantes obscènes. A cela,comme c'était prévisible,la peur anéantit Ida.Dix mille policiers imaginaires jaillirent de son cerveau dans cette chambre explosive,cependant que de son côté, Nino,fier de son succès,entonnait même
"Bandiera rossa" .
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Et un soir, comme elle l’aidait à se reculotter, sentant au toucher ses petites côtes décharnées, elle lui dit : « Pauvre petit oiseau à ta maman, je crois bien que tu réussiras pas à grandir et que tu feras pas de vieux os. Cette guerre est le massacre des petits enfants. »
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… Le Pouvoir, expliquait-il à Santina, est dégradant pour celui qui le subit, pour celui qui l’exerce et pour celui qui l’administre ! Le Pouvoir est la lèpre du monde ! Et le visage humain, qui regarde vers le haut et devrait réfléchir la splendeur des cieux, tous les visages humains, au lieu de cela, du premier jusqu’au dernier, sont défigurés par une telle physionomie lépreuse ! Une pierre, un kilo de merde seront toujours plus respectables qu’un homme, aussi longtemps que le genre humain sera souillé par le Pouvoir…
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Comme toujours quand elle se réveillait de son malaise, il ne lui restait de celui-ci que l'ombre d'un souvenir; rien d'autre que la sensation initiale de vagues violences qui n'avaient duré qu'un instant.
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Videos de Elsa Morante (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Elsa Morante
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
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Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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