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EAN : 9782020348898
252 pages
Seuil (23/08/2007)
3.56/5   43 notes
Résumé :
« C’est fini. L’Algérie, c’est fini. » : telle est la certitude qui s’empare du narrateur tandis qu’il contemple le coucher du soleil sur la baie d’Alger.

Nous sommes en 1955, il a 15 ans, la décolonisation n’est encore qu’une rumeur lointaine et un peu abstraite : l’Indochine, la Tunisie…

Issu d’une vieille famille coloniale, il vit avec sa grand-mère, Zoé, qui l’a élevé seule après le départ de ses parents pour le continent, à la Li... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Une oeuvre profondément marquée par l'Algérie et l'aventure coloniale. Dès le début de l'année 1955, le narrateur encore adolescent a compris avant les adultes que tout est fini et qu'il devra quitter l'Algérie. “Mon goût du bonheur est une connerie. La réalité, c'est la violence. C'est fini. ça mettra le temps que ça mettra, mais l'issue est fatale”, écrit Gardel. Dès lors, poursuit-il, “je dois fixer ces rives où je suis né et où je ne vivrai pas”. Son adolescence algéroise hésite entre l'insouciance du lycéen bon élève, plutôt privilégié, et l'inquiétude face aux attentats et à la montée des tensions entre les colons et la population arabe. le narrateur s'enthousiasme pour les cours de lettres au “lycée maréchal Bugeaud” et découvre “les vraies richesses” chez un vieux libraire d'Alger. On croise alors en ville Albert Camus ou l'écrivain Emmanuel Roblès. Mais “Alger dans ces années-là était très malsain pour l'intelligence”, comme l'affirme un personnage du livre, et Gardel quittera l'Algérie en 1957 pour la métropole.
Un livre qui suscite l'interet .

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Légère et enjouée, l'écriture de Louis Gardel exprime à merveille les délices de la vie des pieds noirs à Alger au début des années 50. C'est un petit paradis savoureux qu'il décrit, et on se représente immédiatement, lorsqu'il parle des couffins que portent les femmes de ménage par exemple, à quoi tiennent les plaisirs de la vie des colons. le soleil beigne le texte. C'est une immersion fort agréable. Cela n'empêche pas toutefois une réflexion plus grave sur les différences au sein de la population qui compte arabes, pieds noirs et juifs, menée par le truchement un jeune protagoniste, très lucide et clairvoyant. de profondes fissures vont faire éclater l'univers idyllique. L'adolescent en saisit déjà les prémices.
Alors qu'il essaye de déchiffrer le fonctionnement du monde qui l'entoure, le narrateur découvre la complexité de l'être humain et de sa place dans une société en mouvement. Un personnage, son professeur Marco, le fascine, à un âge où on a besoin de modèles pour se forger sa propre personnalité. Il y a aussi sa truculente grand-mère, Zoé, et son ami, Solal. Louis Gardel décrit avec beaucoup de justesse et de sensibilité les états d'âmes qui traversent l'adolescent, ses émerveillements, les chocs que lui causent les évènements qui agitent son univers. Il en est le spectateur attentif et déjà tente de trouver sa place dans ce qui ressemble à un chaos quelque peu déstabilisant. Son personnage garde une certaine retenue due à son manque d'assurance. Il aperçoit Camus dans la librairie du quartier mais ne l'approche pas.
L'Algérie des années 50 semble un terrain assez privilégié pour les colons, où les adolescents jouissent d'une grande liberté. La baie d'Alger peut se classer dans le genre roman d'apprentissage, et autobiographique. Il échappe toutefois aux épanchements nostalgiques. C'est plutôt un regard qui enveloppe l'ensemble de la société algérienne de l'époque, et s'attache à comprendre les tenants et les aboutissants d'une situation à l'issue fatale. Les frontières des camps adverses s'avèrent poreuses. Les personnages retournent leur veste selon les circonstances. Rien ne semble figé ni définitif. Louis Gardel prête à son héros et à sa grand-mère un profil qui échappe totalement aux clichés classique des pieds noirs. Ils portent au fond d'eux-mêmes un universalisme qui est sans aucun doute celui de l'auteur.
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L'auteur (dont j'avais lu "Fort-Saganne il y a bien longtemps...) revient sur son enfance en Algérie. On est en 1955. Il a quinze ans. Elevé par sa grand-mère au tempérament fantaisiste, il jouit d'une grande liberté et est élevé dans les idées de l'Algérie française. Des amis algériens et aussi un professeur de français vont lui inculquer le respect des indépendantistes, ce qui l'obligera à tenir des positions parfois délicates dans les discussions ! Mais il est adolescent et, malgré les événements politiques, c'est aussi l'âge des premiers amours. La belle Michelle n'est-elle qu'une allumeuse, à partir de quand n'est-on plus puceau ??? Il fait son apprentissage amoureux et sexuel dans ce pays baigné par le soleil, près de cette baie d'Alger qu'il n'oubliera jamais.

Ces souvenirs assez classiques d'un adolescent dans un pays en conflit sont extrêment bien écrits, pleins de tendresse et d'amour pour ce pays qui restera à jamais le sien.
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Le narrateur est né en Algérie quand elle était encore française. Au début de l'histoire, nous sommes en 1955, le narrateur a 15 ans. Il sort de l'adolescence quand la guerre d'indépendance commence. Il mène une vie normale d'adolescent. Issu d'une vieille famille coloniale, il vit avec sa grand-mère, Zoé, qui l'a élevé seule après le départ de ses parents pour le continent, à la Libération. Élève au lycée français d'Alger, il fréquente la jeunesse dorée, mais aussi les notables, au premier rang desquels André Steiger, le chef des colons à Alger, ami de longue date de Zoé. Il discute avec son ami Solal, s'enflamme pour la littérature, pêche avec les camarades sur la plage de Surcouf. Mais petit à petit des dérapages apparaissent et vont le conduire à quitter l'Algérie.
Un roman intéressant, très autobiographique et qui nous montre la vie en Algérie à la veille de l'accession à l'indépendance.
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Un très beau roman autobiographique qui nous plonge dans l'Algérie coloniale des années 50. le narrateur nous entraîne dans le sillage de son adolescence de colon français en nous faisant partager ses craintes, ses désirs, ses peurs. Une belle écriture qui nous donne à voir l'Algérie de ces années-là ainsi que le tumulte politique qui ont secoué nos deux pays pour arriver à l'indépendance.
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Citations et extraits (74) Voir plus Ajouter une citation
Pour gagner ma vie, j'avais trouvé un poste d'assistant dans un institut de formation des cadres administratifs africains. On venait d'y créer une section pour les étudiants algériens.
Bien que vivant à Paris depuis plusieurs années, j'étais, je restais un pied-noir. On me prêtait les opinions et les préjugés de ma communauté d'origine. Pour les gens d'extrême-droite, nous étions, j'étais forcément de leur bord, pour les gens de gauche, des colonialistes qui méritions ce qui nous était arrivé. Etre ainsi catalogué et jugé a priori le peinait et m'exaspérait .
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En le voyant entrer dans notre salle, avec son chandail informe pendant sur son torse, sa serviette débordant de papiers et sa grosse figure de sénateur romain tombé dans la mouise, aucun de nous ne pouvait imaginer que, grâce à ce drôle de bonhomme, Rimbaud, Kafka, Faulkner et Proust deviendraient des sortes de camarades de cordée pour explorer le monde et, plus extraordinaire encore, que décortiquer les vers de Lucrèce serait bientôt la passion de notre petite collectivité.
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Pour me réconforter ou, en tout cas, tenter d'arrêter mes larmes, je me dis que la géographie résiste à l'histoire.
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Il ne m’aimait pas plus que les autres. Il a cru, au début de l’année, que j’étais de son bord, du côté des opprimés méritants, parce que je n’avais pas des manières de bourgeois, que j’étais un bûcheur et, en plus, que j’étais juif. Toi, tu lui as hérissé le poil au premier regard. Tu es né dans la bonne société, tu ne le caches pas, tu ne t’en vantes pas non plus. Tu t’en fous. C’est incompréhensible et impardonnable pour lui. Tu es un ennemi de classe. Moi, il a pu se faire des illusions. À la fin, c’est ça qui a complètement miné Maguelon : s’apercevoir que les pieds-noirs ne correspondent pas aux catégories qu’il a dans la tête, bien enfoncées, et que les pires colonialistes ce sont les petits blancs, les prolétaires et même les juifs qui sont, dans ses schémas, les premières victimes du racisme et qui devraient donc se ranger du côté des Arabes.
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Elles ont commencé à l'aube : creuser un trou rectangulaire, y allumer le feu avec des lattes de cageot cassées en petits morceaux, nourrir les flammes sans les étouffer en disposant, l'une après l'autre, des souches de vigne, embrocher le mouton, fixer, avec du fil de fer, ses pattes avant et arrière sur la tige métallique qui le transperce du cou à la queue, saupoudrer l'intérieur de la carcasse de sel et de cumin, la coudre avec du fil de fer plus souple que celui qui a servi pour les pattes, poser la bête crue sur les tréteaux qui encadrent le trou où les souches brûlent, puis, d'heure en heure, la soulever ou la rapprocher du foyer afin que la cuisson soit parfaite, "juste comme il faut", "aux petits oignons", "soi-soi", comme me dit Ali en me serrant la main.
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