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EAN : 9782264061188
720 pages
10-18 (20/02/2014)
4.26/5   19 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : La Table Ronde - 10/2012)


Le 28 août 1963, le jour où Martin Luther King Jr déclara : « Il have a dream... » sur les marches du Lincoln Memorial à Washington, deux femmes blanches furent sauvagement assassinées dans leur appartement de Manhattan.
Ce crime, promptement baptisé « Meurtre des Career Girls » - les deux victimes étant de jeunes employées de bureau -, propagea la peur à travers tou... >Voir plus
Que lire après La cité sauvage. New York, 1963-1973Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Les fondus de séries américaines des années 70 se souviennent peut-être du pilote de la série Kojak (visible sur le net) dans lequel on voyait le flic du 13ème District enquêter sur l'Affaire "Marcus-Nelson". Les aventures du chauve à la sucette commençaient avec un crime qui défraya la chronique au début des années 60, et qui fit prendre conscience au public qu'une ségrégation raciale, autre que celle qui régissait les états du sud du pays, agitait les grandes villes de la côte est.
Les meurtres des "Career Girls", Janice Wilie et Emily Hoppert, jeunes femmes blanches sauvagement assassinées dans un appartement de l'Upper East Side le 28 août 1963 eurent un retentissement considérable dans la presse et l'opinion publique. Coïncidence, au vu des événements ultérieurs, les crimes furent commis le jour où Martin Luther King prononça son célèbre discours devant le Lincoln Memorial. La police arrêta l'année suivante George Withmore, un jeune afro-américain auquel elle avait arraché des aveux. Cette affaire, symptomatique des tensions raciales qui agitaient la Cité sauvage est à l'origine du travail de recherche de T.J. English sur une décennie (1963-1973) particulièrement violente dans l'histoire de la ville de New-York.
Le journaliste ne se contente pas de décrire le cheminement d'une enquête policière pour séduire un lectorat friand de crimes médiatiques.
En croisant les destins de trois protagonistes, Withmore, auquel l'ouvrage est dédié, William Phillips, ancien du NYPD, et Dhoruba Bin Wadad, co-fondateur de la Black Liberation Army, English nous offre la radiographie d'une mégapole redessinée par une population cosmopolite (paupérisation des quartiers, gentrification des banlieues "blanches", arrivée massive de Portoricains...) , et qui fut secouée par les revendications politiques et sociales.
Ce travail de fourmi (700 pages) remarquable du point de vue de l'enquête journalistique (croisement des sources, analyse minutieuse de la presse, des rapports de police, des archives judiciaires, choix éclectique des intervenants...) qui permet à English de chroniquer les années de braise d'une grosse pomme pourrie par les clivages communautaires, les violences policières, les magouilles mafieuses s'est cependant révélé un peu trop dense pour moi.
Malgré de fréquentes et utiles notes de bas de page et un effort louable de vulgarisation, cette lecture s'est achevée dans la douleur. J'avais trouvé plus accessible son précédent ouvrage, Nocturne à la Havane, sur les dernières années de Batista, qui se lisait comme un roman. Les amateurs de récits documentés apprécieront sans aucun doute cette Cité sauvage, et pourront, grâce à la bibliographie, poursuivre leur voyage .
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T.J. ENGLISH*

Irlandais, né à Washington en 1957, issu d'une fratrie de 10 enfants dans un milieu ouvrier.
Il a multiplié les petits boulots en parallèle de son activité de journaliste indépendant (Esquire, New York Magazine), scénariste pour les séries NYPD Blues et Homicide.
C'est un auteur de non-fiction qui touche au crime organisé et la justice pénale.
Il a 4 autres ouvrages importants à son actif – sans compter les interviews de personnalités comme l'acteur Bill Murray, l'ancien maire de Chicago Richard J. Daley, le réalisateur Martin Scorsese, et la légende de la comédie George Carlin — dont « Nocturne à La Havane » publié chez 10/18 en même temps que « La cité sauvage ».
Les autres livres non traduits sont : The Westies (1990, sur un gang irlandais des années '70 à '80 de NY) ; Born to kill (1995, à propos des gangs vietnamiens dans Chinatown) ; Paddy Whacked (2005, mafia irlandaise)
*Source : Site de l'auteur

Le sujet

À cause de la révolution industrielle d'après seconde guerre mondiale, la venue de machines agricoles remplaça la main d'oeuvre coûteuse et entraîna la migration massive du peuple noir du Sud vers le Nord des Etats-Unis dans les années '40, '50. le peuple exploité s'insurgea, le mécontentement gagna petit à petit NY. Les blancs quittèrent la ville depuis que cette présence étrangère massive bouleversa leur quiétude.
Nous pénétrons ainsi dans la période ou la ville est en ébullition.
Nous sommes dans le NY des années 1960 à 1970.
Où :
Les Noirs se révoltent pour leurs droits civiques. La corruption du NYPD (New York Police Departement) et du système judiciaire pénale dans son entièreté est montrée du doigt. C'est aussi l'âge d'or de la Cosa Nostra (mafia), du racisme, de la ghettoïsation des minorités, des activistes anti-Vietnam (et donc la lutte contre le communisme, la propagande, l'implication du FBI, du président Nixon…).

Un évènement déclencheur de l'embrasement de cette aberration sera l'assassinat de deux femmes blanches, l'affaire Wylie-Hoffert, le jour de la marche de milliers de personnes vers Washington pour entendre le discours de Martin Luther King en 1963. C'est également l'année de l'assassinat de Kennedy, peu après surviendra celui de Malcom X en février 1965, et de ML King en avril '68.

Les émeutes se multiplient plus violentes (comme celle de '64), la guerre civile hurle à l'injustice, le combat pour l'abdication de la scélératesse est à son apogée. La peur et la haine s'intensifient, c'est l'hystérie collective, les extrémistes policiers et les mouvements de défenses des noirs comme les Blacks Panthers, puis le groupuscule radical BLA (Black Liberation Army) tirent sans sommation. NY est la résurrection du Far West.

Rien ne va plus. Les morts s'accumulent, la société est en mutation.

À travers le quotidien de personnes issues de ces différents milieux comme Bill Phillips, le flic corrompu ; comme Dhoruba Bin Wahad membre actif des Black Panthers et du BLA par la suite ; comme le plus symbolique de la cause d'égalité des droits des noirs devant l'injustice blanche, Georges Witmore — qui vivra une dizaine d'années dans l'incertitude, balancé d'un procès, d'un appel, à un autre, des passages en prisons régulières aux hôpitaux psychiatriques pour des meurtres qu'il n'a jamais commis ; l'auteur nous amène là où ça fait mal, là où les premières étincelles du changement ont eu lieux. Il nous invite à constater l'ampleur que peut prendre la voix du peuple, celle de la colère devant un système encore immature à cette époque. Il nous plonge dans l'instant où la suprématie blanche et corrompue agonise.

Qu'est-ce que c'est que cet ouvrage ?

Ni plus ni moins le livre qui redore le blason de la fonction journalistique.
Par T.J. English qui prend son temps à l'heure où le temps presse.

Ce bouquin est un très gros dossier. Captivant de surcroît. Voilà, enfin, du journalisme que je découvre et que j'admire. L'auteur a le sens de la retranscription de faits précis dans un contexte houleux, difficile et compliqué à décortiquer. A la fin du bouquin, il suffit de voir la bibliographie, les documents, les interviews, les reportages sur lesquels il s'est basé... c'est impressionnant (près d'une dizaine de pages de sources/références !). Cet ouvrage redonne des couleurs au métier du journalisme à l'heure où l'info « buzzienne » qui, pour un oui ou pour un non, submerge la toile, la télévision et les journaux ; et par voie de conséquence salit la fonction embarquée dans le tsunami de la surmédiatisation.

Oui, des faits d'actualités passés ou présents vus par un journaliste d'investigation passionné qui rend accessible son travail à tous lecteurs – pas seulement les initiés en tous genre ; et bien, ce type de dossier rigoureux, éclairé et facile à lire, j'en redemande.
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Sorti en 2011, ce livre est une minitieuse enquête du journaliste T.J. English qui va tracer, au travers du destin de trois hommes qui seront victimes à un moment de leur existence d'une erreur judiciaire, durant la décennie allant de 1963 à 1973, le portrait de New York en proie à la violence et au racisme.
Le point de départ est le meurtre dit des "Carrer girls", assassinat sauvage de deux jeunes filles blanches dans un quartier huppé de Big Apple, qui défraya un temps la chronique et dont fut accusé à tord, et en partie parce qu'il fallait rapidement trouver un coupable, un pauvre type, George Whitmore, qui se trouvait par hasard, et déjà par erreur, à ce moment là entre les mains de la police.
La vie de Whitmore à partir de ce moment semble n'être plus qu'une succession de passage au tribunal pour des accusations qui reposent sur du vide et ne résultent du simple fait qu'il soit noir de peau.
En parallèle, English trace le portrait de Richard Moore, rebaptisé Dhoruba Bin Wahad suite à sa conversion, activiste qui militera auprès des Black Panthers puis de la dissidente Black liberation army. C'est tout un pan de la lutte contre la ségrégation qui est alors retracé, avec pour beaucoup de militants la volonté de mener une véritable révolution qui devait passer par une violence à l'égard du pouvoir en place, à commencer ses représentants les plus directs, les policiers.
C'est dans le rang de ceux-ci que T.J. English "pioche" le troisième protagoniste de son livre, William Phllips, archétype du flic corrompu qui n'exerce plus son travail que pour toucher ses pots de vin, escroc redoutable d'un système gangréné.
L'auteur s'appuie sur de nombreux témoignages des multiples protagonistes et ne laisse rien au hasard, truffant son texte de rapport de police, d'entretiens avec les témoins, d'articles de l'époque, de photos...
Le résultat final est un remarquable travail de journaliste, qui souligne bien les changements de la société américaine durant cette décennie et rappelle qu'aujourd'hui encore la question du racisme lors des interpellations policières reste posée.
Un grand merci à Babelio pour cette lecture dans le cadre d'une opération Masse critique ainsi qu'aux éditions 10/18.
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Patricia Tolles appelle le commissariat du 22e district de Manhattan. L'appartement qu'elle partage avec Janice Wylie et Emily Hoffer est complètement retourné et vandalisé. L'inspecteur Martin J. Zinkand s'y rend tranquillement pensant à un simple cambriolage, chose très fréquente dans ce quartier huppé près de Madison Avenue.

Janice et Emily ont été retrouvées assassinées, quasiment déchiquetées, par le père de Janice. La scène de crime est insoutenable.

Pendant ce temps Martin Luther King Jr prononce son fameux discours sur l'égalité du peuple noir, contre la répression policière et le droit pour les noirs de voter et d'accéder à des postes intéressants au même titre que les blancs.

Nous sommes le mercredi 28 août 1963.

Georges Withemore Jr vit à Wildwood où les noirs sont très nombreux à avoir trouvé du travail pendant la période estivale. le père de Georges est allé de petit boulot en petit boulot pour subvenir aux besoins de sa famille mais garde en lui une rancoeur contre l'injustice et l'oppression omniprésentes envers son peuple.

Georges n'est pas bête, il a simplement une tellement mauvaise vue qu'il est quasiment aveugle, d'où son entière confiance en ce qu'on lui dit. Il pense que tout le monde est gentil. Las des frasques de son père, il décide de s'installer chez de la famille qu'il a dans le ghetto de Brownsville et d'y trouver du travail.

Dhoruba Bin Wahad est dans une prison du nord de l'Etat de New-York. C'est là qu'il entend parler de Georges Whithemore Jr, de Martin Luther King et Malcom X. Issu d'un gang de noirs, il est déjà malgré ses dix-neuf ans, une « pointure ». Il s'était à un moment engagé dans l'armée et y avait appris le maniement des armes avant d'être renvoyé pour indiscipline notoire.

C'est un excellent documentaire sur les Etats-Unis des années 60 à 70, l'abolition de l'esclavage et l'immigration des anciens esclaves des Etats du Sud vers New-York pour y trouver du travail. le racisme et le racket au sein du NYPD, où beaucoup de policiers de l'époque doublaient, triplaient, voire plus leur salaire mensuel, où peut importait si le suspect était coupable ou non du moment qu'il était noir et qu'il avait de toute façon avoué sous la contrainte, les crimes les plus abjects.

La révolte des noirs des ghettos contre ces flics, ces pigs [1]. Pour ces gangs un bon pig était un pig mort. L'inverse était valable également. Des heurts, des tensions, des assassinats, des guet-apens, tout était bon à prendre pour faire régner la terreur des deux côtés.

Le livre retrace une « erreur judiciaire » pour ne pas dire des aveux montés de toute pièces, celle de Georges Whitemore, de son arrestation sans aucune raison, jusqu'à ses aveux pour deux viols et deux crimes, juste parce qu'il n'en pouvait plus d'être frappé, et les policiers lui avaient dit que s'il avouait, ils se chargeraient de minimiser les chefs d'accusation.

Un injustice qui fait mal, et que n'auront de cesse de défendre ses deux avocats. de jugement en jugement, Georges perd espoir, sombre dans la déprime et l'alcoolisme, mais continue de se battre pour faire reconnaître son innocence.

Malheureusement la tâche sera très difficile, face au racisme qui est profondément ancré dans cette civilisation, et la violence noire face à la police, qui renforce encore plus la haine raciale.

Un seul bémol pour ce documentaire qui fait tout de même 700 pages, c'est la profusion de faits-divers et de dates qui rend sa lecture parfois un peu fastidieuse, même s'il est tout à fait possible de ne pas le lire d'une seule traite.

Sa lecture gagne a être faite en plusieurs fois selon l'humeur du moment. Quoi qu'il en soit, c'est un livre extrêmement intéressant, particulièrement bien documenté et entrecoupé de photos d'époque qui rendent l'immersion encore plus complète.
Lien : http://onirik.net/La-cite-sa..
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New-York, 1963. Un homicide violent. Deux jeunes filles sont tuées, deux filles blanches. Les policiers traquent le meurtrier et tombent sur George Whitmore, un noir. Analphabète, naïf, simple, il est le coupable idéal qui avouera les meurtres sous les coups et la fatigue. Vice de procédure. La justice s'en moque et le condamne. Cette injustice est celle de trop, celle qui deviendra le symbole d'une génération, d'une communauté qui souhaite l'égalité et qui sera prête à l'obtenir dans la violence.

Ce livre retrace dix ans d'histoire dans la ville de New-York mais aussi des Etats-Unis dans lesquels la communauté noire va se rebeller contre l'oppression des blancs. C'est une source inimaginable sur cette époque pourtant synonyme de baba cool, de musique psychédélique, de drogue et d'alcool. Mais la cité est gangrenée. La corruption règne dans toutes les strates de la police et de l'administration judiciaire de la ville. Les communautés minoritaires que sont les noirs et les portoricains sont violentés, opprimés, tués jusque dans leur propre maison.

Le récit est surprenant et étonne par le comportement de la population et des témoignages. Nous découvrons dans ce livre une amérique raciste et violente, un pays où être noir, c'est être un juif dans l'allemagne nazie. C'est choquant à plusieurs niveaux et le récit ne peut laisser indifférent. L'injustice, la violence, l'impunité sont les maîtres mots de cette période "noire" de la ville.

Ce récit est assez conforme aux traces qu'il peut laisser aux lecteurs. On y découvre un peuple pleins de contradictions. Que ce soit sur ce thème ou un autre, nous sommes toujours surpris par le comportement des américains, et cette faculté qu'ils ont à prendre les leçons de leurs échecs. Trente ans plus tard, un maire de couleur est élu, quanrante ans plus tard c'est un président de couleur qui l'est.

Le récit est bien construit et nous fait découvrir les différents procès de Whitmore, mais aussi la montée en puissance des mouvements pour les noirs comme le Black Panther Party. On y découvre les personnages qui ont façonné l'histoire contemporaine de New-York et des Etats-Unis mais qui ont été façonnés aussi par cette ville destructrice. Quelques anecdotes parsèment les pages. L'une des dernières concernent la série Kojak. Cette période et particulièrement George Whitmore ont influencé l'amérique d'aujourd'hui. Et l'amérique d'aujourd'hui influence le monde.

Un récit historique surprenant qui se lit facilement et avec plaisir, instructif.

Je remercie Babelio et 10-18 pour ce partenariat.
Lien : http://skritt.over-blog.fr/a..
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critiques presse (1)
Lexpress
20 décembre 2012
Diablement efficace.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Vous a-t-on posé ces questions, et avez-vous donnés ces réponses ?

Non, monsieur, répondit George. Les questions ont été posées, mais je savais pas quoi dire, alors ils m'ont donné les réponses.

Qui vous a donné les réponses ?

Un des inspecteurs - on m'a demandé ce que j'avais vu. J'ai dit que j'étais jamais entré dans cet appartement, que j'étais pas entré dans l'immeuble, alors il a insisté en disant que quand j'étais entré dans l'immeuble et que j'avais poussé la porte de l'appartement, la première chose que j'étais censé avoir vue, c'étaient des bouteilles de soda. On m'a tout soufflé de cette manière-là.
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