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EAN : 9782070384747
219 pages
Gallimard (12/03/1992)
4.06/5   45 notes
Résumé :
1939, au cœur des montagnes de Haute Kabylie. Dans un village gouverné par les valeurs et les coutumes ancestrales, les existences se déroulent au rythme des saisons.

Mokrane y est né, y a grandi et y vit dans l'alternance des douleurs, des espoirs, des vengeances.

Au moment de la guerre, la mobilisation et le départ des hommes engendrent un désarroi confusément ressenti comme une malédiction sur le village.

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
" La Colline oubliée" est le premier livre de l' écrivain ,Mouloud Mammeri . Il fut publié en l' année 1952. Ce roman a pour cadre le village de Tasga . Cette bourgade est située en pleine Kabylie . Région montagneuse ,d' accès difficile et surtout région pauvre manquant de toutes les infrastructures nécessaires à une vie décente . C' est l' ère de la colonisation et la population manque presque de tout . La population fait face à la faim, la maladie, l' ignorance et tout ce qui résulte de la colonisation .
L' auteur nous décrit la vie des habitants de cette région et leurs us et coutumes . Les habitants y tiennent énormément à leurs traditions ancestrales qui sont pour eux, presque, sacrées .
Donc vie difficile, contexte colonial étouffant, et malgré tout les habitants essayent autant que possible de vivre et vivre dignement et fièrement .
C' est de tout cela que veut nous entretenir l' auteur qui connaît à merveille sa région . Le roman décrit une région de l' Algérie sous le joug des colons et de cette période difficile faite de privations, d' injustice liées au système colonial .
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Après mon engouement pour La Traversée de Mouloud Mammeri, j'avais hâte de renouer avec cet auteur et de découvrir ses autres titres. Cette fois, je me suis donc penchée sur son tout premier roman La colline oubliée célèbre pour la polémique qu'il a soulevée à sa sortie. En pleine époque coloniale, emblème du clivage colon/colonisé, La colline oubliée a cristallisé les rancoeurs d'un peuple subissant l'oppression de l'occupant. Encensé du côté français, le roman a été perçu par les algériens comme une volonté de l'auteur de faire le jeu du colonisateur en écrivant un texte identitaire s'intéressant uniquement au peuple kabyle. On retrouve dès cet instant cette querelle qui oppose les arabes et les kabyles, ces derniers s'estimant être les véritables algériens d'origine. En ne traitant que de sa communauté, Mouloud Mammeri est alors accusé de favoriser la division du peuple algérien et de faciliter ainsi sa domination par les français.

La colline oubliée nous plonge donc dans la vie d'un petit village de Kabylie dans les années 1940. L'Algérie est encore colonie française et par ce statut, la France va exiger de sa population sa contribution à l'effort de guerre.
Les vacances d'été marquent le fin de l'année scolaire et Mokrane retourne dans le village de son enfance. Il espère y retrouver ses amis. Mais tous ont grandi, évolué, sont devenus adultes avec des préoccupations bien différentes de leurs anciens jeux d'adolescents. Se marier, avoir des enfants, s'installer et pourvoir aux besoins de sa famille sont maintenant leur horizon.

Mouloud Mammeri ne nous raconte pas une histoire particulière, il n'y pas vraiment d'intrigue mais il nous dépeint la vie quotidienne de ce village et de ses habitants à l'époque coloniale. Certaines familles aisées s'en sortent bien mais pour la plupart des habitants, c'est un combat de chaque instant qui les occupe. Trouver un travail, le garder et surtout trouver de quoi nourrir sa femme et ses enfants, être obligé de mendier chez ses voisins lorsqu'on a pas réussi à ramener assez d'argent pour le repas.
La faim, le froid, la maladie et la guerre vont effacer d'anciennes querelles et faire se tisser des liens inattendus. le rapport homme/femme aussi, si particulier dans la société kabyle, trouve largement sa place : mariages arrangés, par dépit, répudiation, tentative d'assassinat permettent de comprendre le statut de la femme et de son époux dans cette société si codifiée et qui fonctionne sur la réputation et l'honneur.
Mais Mouloud Mammeri va nous illustrer l'évolution de ces mentalités, évolution due à la guerre et au contact de la nouvelle génération avec la société et les moeurs occidentales. Un clivage se marque alors entre les anciens du village et les plus jeunes, clivage qui apparaît à travers plusieurs exemples comme le rapport de Mokrane à son épouse répudiée, l'abandon de certaines coutumes du village, la remise en cause par certains de l'ordre établi.

La colline oubliée est alors presque une étude sociologique. Ce roman m'a beaucoup rappelé La terre et le sang de Mouloud Feraoun. J'y ai retrouvé la même atmosphère et la même force mais avec, en plus, cette volonté de montrer le bouleversement que connaît la société algérienne. Pourtant je l'ai moins apprécié que La Traversée qui a probablement bénéficié de ma fascination pour le désert car j'ai trouvé La colline oubliée moins engagée. Il y manque le panache et la force dénonciatrice du dernier roman de Mammeri.

Ce fut néanmoins une bien belle lecture et j'ai hâte de retrouver la patte de Mammeri avec son 2ème roman le sommeil du juste qui se déroule, lui, à la veille de la guerre d'indépendance.




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Quand la guerre est déclenché l'écrivain est amené à écrire pour dénoncer le refus du colon. "Le stylo remplace la mitraillette" à dit Malek Heddad
Mouloud Mammeri dans "La Colline Oubliée" marque une rupture idéologique, formelle et esthétique. Il décrie l'Algérie vue de l'intérieur, il montre la vraie image des algériens, ainsi que la situations dont laquelle ils vivaient, Mammeri fait parler l'indigène longtemps boycotté.
Dans cette oeuvre, on plonge dans un village au coeur de la Kabylie. On peut dégager plusieurs thèmes comme la Gérontocratie, les mariages arrangés, conflit de générations, la bureaucratie colonial, la mort, la faim...

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Un livre qui date de 1952. Premier roman de l'auteur. Porté à l'écran par (feu) Bouguermouh en 1994.

Il était donc tout à fait normal que l'auteur, alors âgé de moins de 35 ans, s'«auto - analyse » à travers la microsociété au sein de laquelle il est né, a grandi, a vécu, a aimé, a haï (peut-être), a rêvé, a pris conscience des problèmes sociétaux, culturels et politiques existants, ou alors qui s'annonçaient (avec l'évocation lointaine mais bel et bien présente à travers la mobilisation des jeunes gens du village) … Les romans engagés ont suivi par la suite. Une démarche intellectuelle que seuls les plus grands réussissent à s'imposer avant de commencer à «délivrer des messages ». le déclenchement de la guerre d'algerie (dont on devinait, déjà, la survenue à travers des faits en apparence anodins) a accéléré le processus de «prise de conscience » nationaliste.

La colline oubliée ! Comme un monde à part. Un monde parallèle… à quitter au plus vite (sans jamais totalement l'oublier, car tant et tant de rêves y ont été faits). A lui tout seul tout un programme. Toute une image, presque figée pour l'éternité. Tout cela nous ramène loin, très loin en arrière. Et pourtant, malgré tous les bouleversements, la vie est restée (presque) la même. L'auteur nous la décrit sous toutes ses coutures, de la plus visible à la plus intime. Une société millénaire qui reste enfermée dans ses us et coutumes ce qui, à la longue, use les volontés les plus osées.

Avis : Peu paraître très décalé (rétro !) pour les nouveaux (les jeunes) lecteurs. Mais un classique restera toujours un classique. Les écrivains en herbe y apprendront l'art de la belle, bonne et toujours compliquée construction littéraire.
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Avec "la Terre et le sang" de Feraoun, "la Colline oubliée" est peut-être le roman qui peint le mieux la Kabylie d'avant la guerre de libération. Très attaché à sa culture ancestrale, l'auteur ajoute la poétique à l'authenticité. Au-delà de la misère décrite, de la rudesse de ces montagnes pauvres mais rebelles depuis la nuit des temps, l'amour est raconté dans plusieurs aspects, même celui qu'on accepte le moins, avec cette plume savante et attentive qui sait ce que signifie chaque mot, chaque geste rapporté dans une société pas seulement conservatrice mais mettant ses valeurs et traditions au-dessus de tout autre chose.
C'est pourquoi ce texte peut être considéré sans conteste comme un chef-d'oeuvre de littérature kabyle, algérienne et aussi francophone.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
-Oublies-tu , Menach ,quelle est chez nous la condition d 'une femme , qu 'elle n 'a pas le droit de rester à bavarder avec un homme seule à seul , pas le droit d 'attendre tous les soirs même dans le coin le plus caché de son cœur un autre que son mari , qu 'elle ne doit pas surtout aller chercher sur la place celui qui compte les étoiles en pensant à elle , pendant qu 'elle use la
mèche de sa lampe en pensant à lui et se baigne de tous les
parfums qui lui plairaient s 'il venait jamais ?
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Les jeunes filles, que personne n'attendait maintenant sur les places, ne cherchaient plus que le nombre exact de cruches qu'il leur fallait, alors qu'autrefois elles repassaient si souvent qu'elles devaient, comme disait Ouali, verser leur eau dans des jarres percées ; encore ne venaient-elles que lentement et sagement et aux fontaines les plus proches, au lieu que jadis elles riaient et se détournaient et allaient chercher l'eau de l'autre côté du village. Et les fontaines et les chemins, privés des rires et des jeux des jeunes filles, étaient devenus austères et sereins comme les raisonnements des sages.
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Malgré la grande confusion où étaient toutes les choses ,la grande incertitude où étaient tous les hommes ,il fallait pourtant vivre et pour la récolte de l'huile dont c' était la saison tous ceux de Tasga se mirent aux gestes séculaires qu' accomplissaient leurs pères depuis toujours .
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Mon père ne disait rien, car le sage , s'il n'est pas exempt des mouvements du cœur, doit du moins n'en laisser rien voir. Il avait pris pour principe, depuis que j'étais marié, de ne pas intervenir dans mes affaires, sentait qu'entre lui et mois il y avait plus qu'un décalage de génération, une complète divergence de culture.
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De toute façon on ne parlait plus que de cela, les femmes à la fontaine, sur les routes, les hommes sur la place publique, dans les cafés, les marchés. Pour des raisons diverses et par une étrange inconséquence chez ces hommes et ces femmes qui n'en auraient à subir que les ruines, c'était presque dans l'allégresse qu'on attendait la guerre. Enfin un grand événement, essentiel, puisqu'on y laissait la vie, général, puisqu'il affectait tout le monde, allait briser la monotonie de vivre. Comme si chacun était fatigué de n'attendre chaque jour que ce qu'il avait connu la veille, ils augmentaient encore du poids de leur consentement exprimé ou tacite la course folle vers la solution stupide.
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