C'est le premier roman de
Metin ARDITI que je lis. C'est une formidable découverte. L'histoire est très belle et très intéressante car elle dévoile ou du moins remet à jour les crimes du régime communiste de l'ex URSS qui tuait tout ce qui ne pensait pas comme lui.
L'auteur construit son livre en deux parties bien distinctes : l'histoire de Nikodime et toutes les dérives du communisme vis-à-vis des personnes croyantes. Une partie où la foi (et la pratique religieuse) est un personnage à part entière avec aussi des excès et des folies…
Dans la deuxième partie, on retrouve le secret de famille, avec toutes ses conséquences et surtout le parcours initiatique de Mathias, qui revisite son passé et celui de la famille avec ce nouvel éclairage de la foi. Il reconstitue l'histoire familiale et va se trouver transformé par elle.
La personnalité de Nikodime est très intéressante, avec sa foi d'illuminé et les démons qui le titillent, son attirance vers les plaisirs de la chaire et ses tentatives d'auto flagellation (quand il porte son tronc d'arbre sur le dos tous les jours comme le christ sa croix) que l'on retrouve dans toutes les religions lorsque l'on pratique avec un excès frisant l'intégrisme (il y a toujours eu des « fous de Dieu » et il y en aura probablement toujours quel que soit le Dieu qu'on vénère.
Le deuxième personnage attachant est, bien sûr, Irina. C'est une belle jeune femme qui épouse la cause de Nikodime et lui montre somment cacher les oeuvres d'art pour les soustraire aux mains destructrices des Bolchéviks. Jusqu'où va aller cet attachement ?masquer] Nikodime va-t-il transgresser les règles ? Cette femme est courageuse comme l'atteste sa fuite de l'URSS, son exil dans un pays dont elle ne connait pas la langue…
En parallèle avec la quête de l'identité, il y a bien sûr la chasse au trésor enfoui par Nikodime, comme un fil rouge : va-t-on le retrouver [
L'auteur écorche en passant les amateurs d'art milliardaires et sans scrupules : l'art est un placement pour eux, la notion du beau leur est étrangère. Qu'ont-ils de vraiment différent des Bolchéviks destructeurs ? Un livre très intéressant, bien écrit qui se dévore et qui nous enrichit et que je vous conseille car il mérite vraiment le détour. le roman est composé de chapitres courts, l'auteur ne se perd pas dans les détails, mais toute la beauté des icones et des objets de culte et autres est là dans notre pensée car ce livre est une invitation au voyage dans le monde de l'art et dans celui des hommes et des femmes au travers de leur histoire et de la grande Histoire. [/masquer]
Le seul bémol que je mettrais : j'ai beaucoup plus aimé la première partie, car les personnages sont plus hauts en couleurs, et certainement aussi pour le côté historique et l'analyse des extrémismes (qui est en filigrane).
Les personnages de 2000 semblent plus pâlots. Mais, bien sûr on n'est plus dans le même registre, on est passé du règne de l'action à celui de la réflexion, de la quête de l'histoire familiale, donc plus dans le domaine de l'intime. le récit devient plus nuancé, mais on ne perçoit pas assez la sensibilité de Mathias, à mon avis du moins. Par contre l'auteure nous raconte très bien les mystères de « l'âme russe »…
Une belle découverte donc une bonne note.
Note : 8/10
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