Le propos de cet ouvrage est clair, expliquer la couleur aux artistes et répondre aux questions qu'ils se posent quant à leur composition, leur fabrication, et les caractéristiques qui en découlent.
Après un premier chapitre sur les notions de base, théorie de la couleur, perception et fonctionnement optique, synthèse additive et soustractive, cercle chromatique, chaud, froid, couleurs complémentaires, etc. enfin, tout le tralala habituel, le deuxième chapitre nous entraîne vers une belle découverte, celle des pigments.
L'auteure nous y dévoile leur nature, origine organique ou inorganique, naturelle ou artificielle, et l'histoire de chacun d'eux : les ocres, les terres, les noirs, mais aussi l'orpiment, le réalgar, la malachite, l'azurite, le cinabre, le lapis-lazuli, le purpurissum, la sépia, l'indigo…. etc. leur histoire, mais aussi leur usage au cours des siècles passés. C'est tout à fait passionnant et instructif.
Suit une nomenclature très utile où l'on trouve pour chaque catégorie de pigment, les couleurs qui leur sont associées, la nomenclature pigmentaire (le petit code pigment que l'on trouve sur les tubes) et l'appellation commerciale du fabricant.
Le chapitre suivant, tout aussi intéressant, traite de la transparence et de l'opacité des couleurs, donc des propriétés optiques intrinsèques des pigments, et quantités d'autres choses : les couleurs monopigmentaires, la permanence des couleurs, les qualités proposées : couleurs extra-fines, fine et d'étude, les imitations…. Et aussi comment lire l'étiquette sur un tube de couleur, la fabrication des couleurs et leur mise en tube….
Et ce n'est pas tout on n'en est ici qu'à la moitié du livre et les chapitres qui suivent nous dévoilent encore bien des secrets, sur les couleurs à l'huile et les différentes huiles qui la composent, le principe du gras sur maigre, séchage, jaunissement etc.. sur les couleurs aquarelle et le comportement des différents pigments.
Comment choisir enfin parmi les centaines de couleurs proposées dans les magasins, la dizaine de tubes qui normalement devrait nous suffire selon nos besoins ? Ce livre enseigne aussi comment obtenir facilement par mélange, et couleur par couleur, les couleurs composées les plus couramment proposées dans le commerce.
Un livre très très utile où chaque artiste amateur ou non, trouvera une réponse au plus grand nombre des questions qu'il se pose sur les pigments et leur propriété, sur l'art du mélange des couleurs et quantité d'astuces sympathiques.
En plus il est très beau et richement illustré. Une valeur sûre.
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Le bitume de Judée.
Le bitume de Judée est un goudron naturel qui se forme là où du pétrole affleure à la surface du sol.
Utilisé dès le Moyen-Age, il connaît un grand essor au début du 19e siècle où il fut commercialisé en tant que couleur à l'huile destinée aux artistes peintres.
C'est un magnifique noir aux reflets bruns, autorisant une très belle gamme de bruns transparents. Mais il nécessite d'être appliquée en fine couche... car il fut la cause de bien des désastres. Cette couleur a pour défaut de ne jamais sécher complètement. Employé en sous-couche, le bitume a tendance à migrer dans les couches supérieures et est parfois à l'origine de craquelures. Posé en couche épaisse il se ride et noircit avec le temps.
Lorsqu'il peignit le Radeau de la Méduse, Géricault en fit un trop grand usage ; son tableau, noirci de manière irréversible, est un parfait exemple des ravages causés par le bitume.
Le pourpre ( purpurissum)
La pourpre impériale était extraite de mollusques gastéropodes appelés murex, présents le long des côtes méditerranéennes. C'était le colorant le plus convoité de l'Antiquité, exclusivement réservé aux plus hauts dignitaires, car la couleur pourpre symbolisait le pouvoir et la richesse. Il fallait près de 12000 mures pour obtenir 1.5 g de ce colorant d'une permanence exceptionnelle.
L'orpiment est un minéral que l'on trouve à l'état naturel et dont les plus beaux gisements sont situés en France à Lucéram dans les Alpes-Maritimes, en Italie près du Vésuve, dans le Yunnnan, une province du sud-ouest de la Chine, et à Yrujillo, dans la mine de Quiruvilca au Pérou. Ce sulfure d'arsenic, lorsqu'il est broyé, donne des pigments allant du jaune citron au jaune orangé.
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dès le XVe on lui préféra le jaune d'étain, un pigment de synthèse moins toxique, obtenu en faisant chauffer un oxyde de plomb avec de l'étain.
L'azurite
Cette pierre lorsqu'on la broie, donne un beau piment bleu. Jusqu'au 17e ce fut l'un des rares pigments bleus dont les peintres disposaient .Moins onéreux que le lapis lazuli, servait de sous couche à l'outremer naturel.
Le bleu de Prusse, un pigment de synthèse découvert au début du 18e siècle séduisit rapidement les artistes qui se détournèrent alors définitivement du bleu d’azurite.
Le cinabre et le vermillon
Le cinabre est le minerai de mercure le plus abondant. on en trouve de très belle qualité notamment dans les gisements d'Almadén en Espagne, dans la région du Monte Amiata en Toscane et aux Etats Unis en Californie, à New Almaden.
Au Moyen Age, il fut fabriqué de manière artificielle et reçut le nom de vermillon.