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EAN : 9782283026472
160 pages
Buchet-Chastel (30/11/-1)
  Existe en édition audio
3.83/5   348 notes
Résumé :
Et je me vois là, dans tout ça. Une petite chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l’usine parce que son grand frère entrait à l’université.

Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité.

Aujourd’hui en Chine. Mei, jeune ouvrière de dix-sept ans vit, dort et travaille dans son usine. Elle rêve aussi.

Confrontant un souffle romantique à l’âpre ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (104) Voir plus Ajouter une critique
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Mei est une jeune femme chinoise de 17 ans, enfermée bien malgré elle dans les rouages de l'industrie textile. Malgré des capacités scolaires évidentes, elle n'aura pas eu d'autres choix que d'aller travailler à l'usine afin que son frère puisse faire des études. Cloîtrée dans des chambres de 12 lits qu'elle partage avec ses collègues, elle n'a que très peu de liberté, travaillant énormément, de jour comme de nuit afin de pouvoir livrer à temps les commandes incessantes. Les conditions de travail sont si harassantes que Mei et ses collègues ne rêvent que d'une chose: pouvoir partir quelques jours et échapper à cette vie, presque sans avenir. Mais les contremaîtres sont là pour les remettre en place et vérifier leur taux de rendement et toute tentative de s'évader semble alors presque impossible. Mei aspire à une toute autre vie et rêve de rencontrer l'amour...

Entre rêve et réalité, la vie de Mei se poursuit inlassablement au rythme des machines, des cadences de travail déplorables, de la surveillance continue des contremaîtres, du cloisonnement dans sa petite chambre, de la promiscuité avec ses collègues... tout cela ne lui laissant que très peu d'espace et de temps pour finalement vivre pleinement sa vie de jeune femme. Sophie van der Linden nous plonge dans l'intimité de Mei, dans ses rêves et ses espoirs et dans ses conditions de vie à peine supportables. L'auteur réussit à nous émouvoir, nous faire ressentir toutes les émotions de Mei, nous faire vibrer et espérer. D'une écriture poétique, tout en délicatesse ou âcreté, ce roman intimiste, à la fois cruel et doux, triste et empli d'espoir, nous laisse un goût amer en bouche.

La fabrique du monde... usine à rêves ?
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En fouinant dans ma PAL, je tombe sur ce titre. Je m'en empare car je me dis que cela m'amènerait à réfléchir sur les conditions de travail des jeunes femmes, voire des enfants qui cousent les vêtements que mettent les Européens au niveau de vie certainement plus enviable que ces personnes enchaînées à leur machine à coudre et à qui on annonce 2 500 chemises d'homme qui doivent être expédiées sous 48 heures. Sous la surveillance d'un contremaître impitoyable qui lui même, doit rendre des comptes, elles cousent,sans répit, sous le joug de la discipline stricte que l'on exige dans la fabrique : aucun retard toléré, reprise à la cloche même si on n'a pas terminé l'unique bol de nouilles qui constitue le repas. Contentes lorsque que le travail s'arrête tôt, (à vingt heures !), s'arrêtant pour quelques heures de sommeil.

Ce roman ne décrit pas seulement le travail, mais il expose, discrètement mais sûrement, le mode de vie de la Chine tout entière, le manque de liberté, les comptes à rendre pour tout événement qui survient au quotidien, et la délation que l'on n'a pas de peine à imaginer tant les héros ont peur de rencontrer quelqu'un qu'ils connaissent sur leur chemin.

Et c'est en grande partie à travers une histoire d'amour, qui par comparaison, mettra en évidence cette vie de misère, sorte de récréation ou l'héroïne va goûter à une certaine liberté, que l'auteure, nous raconte cette vie difficile, la vie d'une jeune femme qui a dû laisser sa place d'étudiante à son frère, qui avait envie de rêver, d'avoir le temps de penser, d'écrire des vers et de lire.

Un très beau roman à l'écriture poétique qui ne laissera pas indifférent quand on sait que quelque part, loin de notre pays des droits de l'homme, on souffre pour nous satisfaire.
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Plongée dès la première ligne dans le voyage au bout de la souffrance, de l'humiliation, de la fatigue extrême d'une travailleuse pour nos vêtements occidentaux.
Oui, derrière ces ourlets cousus soigneusement, dans les plis bien repassés de ces robes, derrière les cols de ces chemises, se trouvent la souffrance, l'humiliation, la fatigue d'une petite Chinoise ou d'une autre de ces travailleuses de l'ombre dont on ne parle jamais.

Sophie van der Linden l'a fait, et de façon bien passionnelle, en se coulant dans la voix de Mei, 17 ans, ouvrière à l'usine de confection pour que son grand frère puisse aller à l'université. Nous sommes en Chine, c'est vrai… En Chine où, non seulement les filles doivent être soumises à leurs parents et leur obéir, mais aussi où elles sont soumises au patron et au contremaitre, et doivent accepter les brimades, l'humiliation, l'absence de liberté, y compris des sentiments. Nous sommes au 21e siècle…
« Ce ne sont d'ailleurs plus des heures ni des minutes, c'est un temps arrêté, mou, de souffrance, dans lequel on s'englue »

Je me suis jetée avec horreur dans ce récit pour suivre les phrases lancées, les mots catapultés, pleins de douleur mais aussi de sensualité et d'appétit de vivre. La nature est là, au bout de la cour d'usine, avec ses rivières et ses grands arbres. Avec un domaine abandonné où rêver à l'amour…
Mais la douleur surnage, envers et contre tout désir de bonheur.
« Je n'ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu'elle est sans fin. J'ai repoussé ma colère au fond de mon ventre, je l'ai ratatinée jusqu'à en faire un petit paquet de rien. Et je l'ai laissée là, en me jurant de ne jamais l'oublier. Et de revenir la chercher s'il le fallait ».

Roman très court mais magistral, d'où je ressors beaucoup moins naïve, beaucoup moins innocente, en songeant à toutes celles qui oeuvrent pour nous, dans les fabriques du monde.
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Mei, une jeune fille chinoise de 17 ans quitte son village pour aller gagner de l'argent pour sa famille et son frère qui doit payer ses études.
L'injustice faite aux femmes apparaît de plein fouet car elle a au moins autant d'instruction que son frère.
Elle travaille dans une usine de confection de vêtements destinés à l'Occident. Là, on ne peut que se sentir lourdement concernés.
Mei souffre mais la nuit, elle rêve d'un beau jeune homme comme toutes les jeunes filles du monde.
La cadence est infernale, les jeunes femmes travaillent même de nuit quand une commande doit partir.
Elles logent dans un dortoir commun, à l'usine, se lavent ensemble mais une grande solidarité règne entre elles.
Une rébellion se lève un jour mais inutile de comparer aux grèves dans nos pays fin 19ème et début 20ème siècle. Ici, la barbarie est telle qu'on menace illico de les tuer.
Mei rencontrera ce qu'elle prendra pour de l'amour mais si j'ai bien compris la fin, cela se termine par une énorme tragédie.
L'auteure nous sensibilise au travail inhumain demandé à des êtres humains en Chine et sûrement ailleurs.
Elle utilise une très belle écriture qui pour ma part m'aura permis de lire ce livre très dur au point de vue du supportable, en entier.
Inutile de se voiler la face mais un langage trop cruel ne m'aurait pas permis d'avaler les évènements.
Un livre qui devrait avoir des retentissements dans nos pays à l'heure des manifestations sur le climat et notre attitude consumériste.
J'espère que des associations pour les droits humains internationaux intervient de temps en temps dans ces fabriques du monde.
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Elle aurait pu faire des études, elle en avait les capacités. Mais Mei n'est qu'une fille et c'est son frère qui a eu le droit d'aller à l'université pendant qu'elle n'a eu d'autre choix que de quitter les siens pour rejoindre la grande ville et travailler dans une usine. Désormais sa vie se cantonne en ce lieu. Elle y travaille tout le jour, parfois même la nuit, elle y mange, elle y dort. Mais derrière sa machine ou sur la couchette de la chambre commune, Mei rêve d'une autre vie… le temps d'une parenthèse enchantée, elle va toucher du bout des doigts le goût du bonheur.


« Est-ce qu'il leur arrive de penser à nous ? »
Quand ils commandent 1500 vestes à livrer en trois jours, les clients allemands, anglais ou français, pensent-ils la petite paysanne de 17 ans qui sue sang et eau pour respecter les délais, là-bas, très loin, en Chine ?
Cadences infernales, salaires de misère, contremaîtres tyranniques, punitions, injustices…Mei accepte ces conditions de travail proches de l'esclavagisme mais dans sa tête elle se rebelle, elle imagine une autre vie. Un homme va l'éveiller à la vie, à l'amour, au plaisir et elle va se donner corps et âme à cet espoir de bonheur. Enorme risque dans une société où les individualités sont balayées au profit de la collectivité…Mei, l'apprendra à ses risques et périls.
Court mais intense, le roman de Sophie van der Linden est une plongée bouleversante dans la vie d'une adolescente sensible et romantique qui va payer au prix fort son désir d'évasion. Un texte d'une grande beauté, à l'écriture finement ciselée, qui interroge sur une réalité à laquelle on s'efforce de ne pas penser et laisse une trace indélébile dans le coeur et la conscience.
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critiques presse (1)
Actualitte
20 octobre 2014
Ne passez pas à côté de ce court roman, sorti l'an dernier et qui paraît aujourd'hui en poche. Il se lit d'une traite, a une force étonnante, place le lecteur en tension permanente, et le laisse K.O, au final, abasourdi et en colère, révolté et amer.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
Onze heures du soir, collation de nuit. On est tous comme des morts-vivants. Même pas le courage de parler de Lin. Et arrivent ces interminables heures nocturnes. Ce ne sont d'ailleurs plus des heures ni des minutes, c'est un temps arrêté, mou, de souffrance, dans lequel on s'englue. Dix fois, cent fois, écarquiller les yeux pour chasser le flou, battre des paupières et, sans être vue, arrêter un instant pour se frotter les yeux, les tempes, retrouver un semblant de lucidité. Les néons clignotent. Par moments, je crains de devenir aveugle avant le jour. Les machines continuent de vrombir avec régularité, mais c'est le seul bruit discernable, plus de cris des contremaîtres, plus d'ordres lancés à tue-tête, plus de haut-parleurs, il y a comme un silence, en dépit du bruit sourd des moteurs. J'ai atrocement mal à la nuque. Les points douloureux sont de plus en plus précis. Je change de position, sans cesse, tente de me redresser mais ne tiens pas. Je m'empêche constamment de tout faire valser, de fondre en larmes comme un enfant qui croit encore que pleurer de rage changera les choses, pourra les arrêter. Je souffle, je souffle, tenir. La fatigue, commence à me submerger, la douleur devient si aiguë qu'elle en est insupportable... Mais c'est le chant du premier oiseau du matin. S'accrocher, se réveiller, se secouer. Le tas de tissus de la découpe a considérablement diminué. On est en train de coudre nos dernières pièces, les dernières, toutes dernières...
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La rapidité, la violence et l'audace de mon geste ont, pour une seconde à peine, fait cesser les machines. Je sens en moi une agressivité jamais connue.
Yeux exorbités, visage tendu. Mais, comme je prends soudain conscience de la situation, c'est lentement, presque doucement, que je lui dis : "S'il vous plaît, monsieur le contremaître, sauf votre respect, laissez-moi travailler, je vous assure que je vais me reprendre, ça va très bien se passer, comme d'habitude."

Désarçonné, il ouvre la bouche, n'en sort aucun son, me foudroie du regard et tourne les talons. Personne ne se risque à le regarder et encore moins à me regarder, moi. Je me remets au travail. Je tremble un peu, mais j'arrive à me contenir. En risquant un regard, je me rends compte qu'il s'est retranché dans le fond de la salle. Il a un air tendu, mais reste dans la même allée à faire les cent pas.

Cet énervement et cette peur mêlés m'ont donné un de ces coups de fouet ! Alors j'avance vite et enchaîne les coutures à un rythme soutenu.

Wang n'a toujours pas bougé de son coin. Mes mains reprennent leurs droits et je souris intérieurement. Car ce qui vient réellement de se passer a failli m'échapper : il a définitivement perdu la face. Cet homme est un lâche et, par un coup du hasard, je viens de le dévoiler. Il est fini.
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Je n'ai pas été au bout de ma douleur car je sais qu'elle est sans fin. Pourtant, je dois garder ma fierté. Alors, j'ai repoussé ma colère au fond de mon ventre, je l'ai ratatinée jusqu'à en faire un petit paquet de rien. Et je l'ai laissée là, en me jurant de ne jamais l'oublier. Et de revenir la chercher s'il le fallait.
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Mes larmes reviennent, chaudes, acides, quand je prends conscience une nouvelle fois que je ne pourrai pas rentrer chez moi pour le jour de l'an.
Mes joues sont irritées.
Je n'aurai pas assez d'argent pour faire le voyage, pas assez pour acheter les cadeaux à la famille. L'an passé j'étais malade, et maintenant je ne pourrai pas.
Si je ne les revois que l'an prochain, cela fera trois ans.
Que vais-je leur dire ? Que vais-je bien pouvoir leur dire ?
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Et je me vois là, dans tout ça. Une petite Chinoise de dix-sept ans, une paysanne, partie à l'usine parce que son grand frère entrait à l'université. Quantité des plus négligeables, petite abeille laborieuse prise au piège de sa ruche. Enfermée là pour une éternité.
(p. 37)
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Vidéo de Sophie Van der Linden
Sophie van der Linden vous présente son ouvrage "Arctique solaire" aux éditions Denoël. Rentrée littéraire janvier 2024.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2981398/sophie-van-der-linden-arctique-solaire
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