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EAN : 9782246758419
324 pages
Grasset (01/09/2011)
3.47/5   112 notes
Résumé :
Jadis, Serge Sabaniego, surnommé Bix, ne se couchait jamais avant l’aube. C’était du temps où il n’était pas marié, et surveillé, père de famille et unique salaire. Une vie rangée ? C’est un révolté placide, un enragé doux, un pantouflard qui se rêve en tigre (ou en ours). Et puis, un jour, une dispute conjugale, et le voilà parti, sac écossais sur l’épaule, dans une errance fortement alcoolisée, un bad trip aux couleurs de tous les bars du canal Saint-Martin, puis ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (23) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai souri souvent, j'ai ri silencieusement et je me suis bidonné franchement à plusieurs reprises en lisant ce texte singulier d'un auteur que je découvre pour la première fois.
Serge Sabaniego, dit Bix, s'est convaincu depuis plusieurs années de rester à la maison pour écrire mais aussi pour ménager les humeurs de sa femme névrosée et en protéger du même coup son fils. Une sortie anodine au bar du coin, où il côtoie occasionnellement quelques esseulés grands buveurs, le ramène d'un coup du côté aléatoire de l'existence. Suivant le narratif d'une ancienne légende, celle de Jean de l'Ours, notre anti-héros part à la conquête de ses envies tues depuis trop longtemps dans le confort d'un quotidien usé à la corde. Jusqu'à la lie, il boira le calice de ses espérances déçues. « J'avais cru réagir, me propulser énergiquement hors de mes rails pour trouver mieux, alors que ce n'était en réalité qu'une brève mise hors du monde, de mon monde, qu'une fuite stérile et vaine (…) »
Quelle verve, quel aplomb! Philippe Jaenada m'a captivée du début à la fin avec cette histoire à l'humour ravageur et qui se termine sur une pointe de fiel et d'amertume.
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Réussi, mais paradoxalement un peu décevant pour les lecteurs déjà fans de la verve de Jaenada...

Une fois n'est pas coutume, ce tout dernier Jaenada déçoit l'aficionado que je suis. Si la verve, l'humour, la capacité d'improvisation débridée de l'auteur du "Cosmonaute" et de l'immense "Plage de Manaccora" sont toujours bien présents, c'est un peu comme en retrait, en demi-teinte... le narrateur a moins de choses à raconter que dans les deux romans susnommés, et s'il y dérive physiquement bien davantage, il n'a plus autant d'énergie dans les digressions apparentes et les imbrications de parenthèses, qui représentaient pour moi l'un des plus grands charmes de l'auteur.

"Lorsque, après ses puissantes envolées sur la beauté et l'utilité du Livre en général, il a brièvement abordé mon cas (il a évoqué un roman "aussi distrayant que profond", ce qui était bien la preuve, s'il en fallait une, qu'il l'avait lu avec attention), il m'a désigné, à plusieurs reprises, par un affectueux "notre lauréat".) Heureusement que je n'avais pas bossé toute la nuit sur un long discours mêlant la joie du succès à l'humilité de l'artisan des mots, car quand il m'a tendu le micro à la fin de son oraison culturelle (vigoureusement applaudie), il ne faisait aucun doute que c'était à contrecoeur. Sa main s'est d'ailleurs arrêtée à mi-chemin entre lui et moi, comme un épagneul à qui l'on demande de rendre une balle et qui s'approche tête basse mais reste tout de même hors d'atteinte. Un gémissement télépathique s'élevant du public anxieux ("Oh non, pitié, on a soif..."), je n'ai pas pris le micro lointain et me suis contenté de faire un pas de côté, de tendre le cou pour m'en approcher (transformant ainsi Jacques Toubon en assistant à la prise de son) et de déclarer sobrement : "Ca me fait très plaisir, merci à tous." J'ai été, il me semble, encore plus applaudi que l'ami des Arts. Je suis Bix Sabaniego le Concis, les gens m'aiment."

Une fort belle trouvaille à noter : en appuyant le récit en réponse et écho au conte pyrénéen de "Jean de l'Ours", Jaenada a su aussi fournir à son narrateur un beau réservoir de métaphores instantanées qui alimenteront les sourires ou les rires du lecteur tout au long de ces 300 pages...

Un bon moment donc, mais paradoxalement peut-être davantage pour ceux qui découvriraient l'auteur que pour ses lecteurs déjà confirmés...
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Il y a eu l'Ulysse d'Homère, l'Ulysse de Joyce, « La femme et l'ours » pourrait être l'Ulysse de Jaenada. Après une dispute, le romancier estimé mais sans lecteur, Serge Sabaniego, que ses potes pochtrons surnomme Bix, quitte son palais d'Ithaque, un deux pièces près de la place Clichy. Il laisse seuls son épouse et son fils de dix ans, bien décidé à ne pas rentrer de la nuit. Pauvre Bix, de rêve en illusions, de cauchemars, en désillusions, ton voyage à saute-bistros va durer plus longtemps que tu ne le crois.

Tu vas rencontrer quelques Sirènes, quelques Cyclopes, pas mal d'éclopés et même un effroyable monstre à deux têtes. Tu n'es plus très jeune Bix, ne reste pas trop longtemps en rade, Pénélope et Télémaque t'attendent. (Rade = bistro en argot, dépêchez-vous de lire ce jeu de mot, c'est Philippe qui me l'a prêté, il en a besoin pour une prochaine chronique)

Jaenada a enchanté la rentrée littéraire en 2015 avec « La petite femelle ». le romancier, peu connu du grand public, avant ce coup de maitre est l'auteur d'une série de romans plutôt bien enlevés. Il se raconte à l'aide de doubles littéraires dans des déambulations sociologiques, philosophiques et très souvent éthyliques. « La femme et l'ours » n'échappe pas à cette règle, de rencontres en rencontres, des hommes et des femmes vont se donner des instants de vie. Jamais cynique ou malveillant, Jaenada porte sur tout ce petit monde un regard tendre et humaniste.

Philippe Jaenada c'est l'ours du titre, sans vouloir le vexer il a plus l'air d'un nounours que d'un grizzly. Ça tombe bien pour ces dames, un nounours c'est beaucoup plus tendre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Le narrateur, excédé, ne supporte plus sa conjointe, claque la porte de son appartement et s'offre une virée pour aérer le système.
Cette virée sera une plongée dans les franges d'une société fracassée, où nous rencontrerons avec lui une bande d'alcooliques, une allumeuse, un couple d'échangistes dont le mâle voue un culte à Priape, où il sera aussi question d'un champion de poker génial tombant dans la dèche, d'un ours kidnappeur, et de Claude Chabrol champion du cul-sec !
C'est drôle et désespéré à la fois. C'est du Jaenada souvent au meilleur de sa forme.
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J'avais beaucoup aimé le chameau sauvage, que m'avait fait découvrir Cécile Qd9 et adoré Plage de Manacora 16h30, aussi quand La femme et l'ours est paru, ai-je tout de suite eu envie de me le procurer, attirée également par l'humour de l'auteur sur sa page Fb ainsi que le blog créé à l'occasion de ce roman, où ses lecteurs publient des photos de mises en scène avec l'ouvrage (voir liens ci-dessous).

J'ai donc lu, et beaucoup aimé. J'ai également eu la chance juste après ma lecture de rencontrer Philippe Jaenada à une petite soirée organisée par la librairie le bateau livre à Lille, dont je vous ai déjà parlé. Pas énormément de monde pour cette rencontre, et du coup la possibilité de discuter ensuite avec l'auteur et lui poser mille questions !

Voici donc, plutôt qu'un billet traditionnel, le compte-rendu de cette soirée, notes prises pendant la discussion entre François-Marie, le libraire (FM), et Philippe Jaenada (PJ). Attention à ceux qui n'ont pas lu ce roman et voudraient le faire, je fais un peu de spoiler…

Pour commencer, FM fait remarquer qu'il y a chez Jaenada une élégance due à un certain détachement pour raconter une histoire, raconter la détresse des gens sans tomber dans le pathos et en gardant toujours l'humour. On se reconnait souvent dans les scènes, il y a comme une proximité entre le lecteur et le héros de l'histoire, qui pourrait être vous ou moi.

La femme et l'ours est cependant plus sombre que les précédents romans de l'auteur, qui ajoute qu'en effet ça n'est « pas un des livres les plus drôles de la rentrée ». Mais c'est un livre qui marque, puisqu'il traite d'un sujet grave, d'une parenthèse dans la vie d'un homme.

Le personnage de Bix Sabaniego ressemble beaucoup à PJ et aux personnages croisés dans ses romans précédents. C'est un quadragénaire autrefois fêtard et plein d'énergie mais qui se voit maintenant comme englué dans son quotidien, entre sa femme avec laquelle il n'échange plus rien et qui ne cesse de se plaindre, et son fils. Un soir, suite à une dispute conjugale, il prend son sac et part. Il va errer de bars en bars, rencontrer tout un tas de gens avec lesquels il échangera sur sa vie et la leur, aussi paumés que lui (voire beaucoup plus !), qui semblent sortis d'un autre monde tant ils sont peu adaptables à notre société. Bix va passer ces quelques jours d'errance dans un état d'alcoolémie plus qu'avancé, sillonnera Paris (ses bas-fonds mais aussi le Lutécia !), pour se retrouver finalement dans le Lubéron et à Monaco. Fin du voyage où sous les strass de la ville factice pour riches désoeuvrés, il devra recouvrer sa lucidité et choisir une fois pour toutes son chemin.

La femme et l'ours est donc l'histoire d'une errance très alcoolisée, dont on sort pourtant calme et droit, l'histoire d'une chute.
Suite sur Les lectures de Liliba
Lien : http://liliba.canalblog.com/..
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critiques presse (5)
Actualitte
17 octobre 2011
« La femme et l'ours » est une superbe histoire d'amour, sûrement le livre le plus drôle de cet automne (même si, au fond, c'est une authentique tragédie, une flamboyante dégringolade) [...].
Lire la critique sur le site : Actualitte
Lexpress
14 octobre 2011
Allez comprendre. Rien n'est très gai dans cette histoire, pourtant tout se lit le sourire aux lèvres. Grâce au ton placide, ironique, amusé et fondamentalement sympathique de l'auteur, on s'attache à ces paumés de la nuit, lestés de leurs illusions perdues (les nôtres?) et on applaudit le grand numéro d'équilibriste de Jaenada, maître de l'humour et du désespoir.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LesEchos
04 octobre 2011
Cette homérique virée éthylique, noyée sous des flots de liquides différemment titrés et stoïquement bus, réjouit le gosier comme les zygomatiques. Pour paraphraser Vialatte (par qui tout a commencé) : « Et c'est ainsi que Jaenada est grand ! »
Lire la critique sur le site : LesEchos
LeMonde
23 septembre 2011
Plus profond qu'il n'y paraît sous ses airs de conte moderne et rigolo, La Femme et l'Ours est, au-delà d'une errance imbibée, une plongée au coeur de la solitude.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Bibliobs
26 août 2011
Cette histoire improbable et cocasse, Philippe Jaenada la mène à son terme avec une verve et une imagination qui ne faiblissent pas.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
La vie est mal faite. On ne reste pas longtemps sur terre, objectivement, et pendant cette courte période, cet échantillon de temps, sans voir tout en noir (...), on accumule surtout des emmerdes. Si on y pense calmement, à l’écart, (...), c’est comme si l’on n’avait qu’une seule fois dans son existence l’occasion d’aller aux Seychelles, par exemple, c’est le grand départ, et sur place il pleut pendant toute la semaine, de gros orages et des éclairs, l’hôtel est en travaux et la chambre sent le renfermé, le petit se casse le poignet dès le deuxième jour, une spécialité locale nous vaut soixante-douze heures sur les toilettes, on perd tous ses papiers et c’est déjà l’heure du retour. On l’aurait mauvaise. Bien sûr, on a vu la mer, le sable blanc, les palmiers mouillés, c’était beau, et on a pu se baigner deux heures le jeudi, mais quand même.
Ce n’est pas une raison pour se dégommer aux barbituriques, malgré tout.
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Dans le métro (...) en face de moi, un père bobo, vêtements fades et mous mais chers et demi-barbe claire, parlait à son fils de six mois, dans le porte-bébé sur son torse, comme à un homme dont il voudrait se faire, un ami. Il parlait fort, trop fort (le marmot congestionné était à quinze centimètres de lui  – et ne comprenait pas un traître mot du charabia que la grosse tête aux yeux doux lui débitait dans les oreilles), pour que tout le monde dans le wagon puisse se rendre compte qu’il avait une relation privilégiée avec son enfant.
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La vie sans alcool ou adjuvant de ce genre est ingrate, trop lisse, trop plate pour qu’on l’embrasse  – on n’a que quelques années à sentir son cœur battre, quelques années pour profiter de tout, et le premier mot d’ordre serait la sobriété ? La retenue ? Restons lucides et modérés ? C’est idiot.
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« J’aurais évidemment pu, depuis dix ans, moins boire, moins fumer, courir le long du canal Saint-Martin et préférer les courgettes à la tartiflette, mais d’une part ce n’est pas mon genre, de l’autre, cela n’aurait fait que retarder un peu l’échéance, de quelques années, la déchéance. (Sans grand avantage : un type de cinquante balais qui s’installe en terrasse au mois de mai, avec son ballon de blanc, et regarde passer les filles en se frottant les mains, ça manque de grâce.) »
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La rareté capillaire a cet avantage qu’elle permet de ne jamais avoir l’air hirsute d’un ivrogne qui se réveille : le dégarni (...) a la même coiffure après une nuit dans une poubelle qu’en sortant de sa salle de bains – ce qui est triste quand on sort de sa salle de bains, mais bienvenu quand on sort d’une poubelle.
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Son rapport à la famille, au VIH SIDA, sa réussite personnelle, la plus belle remarque qu'on lui a faite sur son livre, découvrez l'entretien avec Anthony Passeron, dixième et dernier épisode de cette première saison Filature.
Anthony Passeron enseigne les lettres et l'histoire-géographie dans un lycée professionnel. Il est né à Nice en 1983, une région qui est au coeur de son premier roman, paru aux éditions Globe, dans lequel il revient sur l'histoire familiale et la figure de son oncle Désiré, mort prématurément du sida et dont le destin tragique a longtemps été occulté. Une véritable révélation littéraire.
Filature, la nouvelle série du Média de la Fête du Livre de Bron présente 10 podcasts où Florence Aubenas, Sébastien Joanniez, Victor Hussenot, Jeanne Macaigne, Corine Pelluchon, Michka Assayas, Kamel Benaouda, Seynabou Sonko, Philippe Jaenada, Anthony Passeron se laissent aller au fil des mots. 10 formats courts de 4 minutes à écouter sur le Média et les réseaux sociaux de la FdLB.
© Collectif Risette/Paul Bourdrel/Fête du Livre de Bron 2023
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