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EAN : 9782890262782
204 pages
Quinze Editeur (01/03/1980)
3.8/5   25 notes
Résumé :

La Fille laide est le premier roman de Thériault et son deuxième livre. C'est aussi comme le prolongement de Contes pour un homme seul dont on reconnaît certains personnages.

Ce roman décrit la jalousie et l'antagonisme de deux villages québécois mais c'est surtout un sombre tableau des préjugés en général. Les personnages sont pathétiques : Edith, la fille laide et délaissée qui quitte son village de la plaine pour se réfugier dans un village... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Roman québécois de 1950 que j'ai eu en lecture obligatoire pendant mon parcours scolaire, qui n'est pas très loin d'un «Roman du terroir». La plume est très près de la langue orale, sans fioritures. La poésie sans la verbosité.

Cette lecture m'avait fortement marqué. On y suit principalement trois personnages dans un petit village de campagne :

Bernadette, magnifique veuve, propriétaire d'une terre agricole.
Édith, la fille laide, recueillie par Bernadette alors qu'elle fuit le village voisin.
Fabien, beau et fort, engagé par Bernadette pour faire fonctionner la ferme.

Alors voilà, Bernadette est belle, jeune et riche. le beau Fabien devrait bien s'intéresser à l'épouser. Mais non, il est amoureux de la fille laide. Comme Bernadette tente de s'interposer dans leur amour, Fabien la tue. Lui et Édith, enceinte, deviennent propriétaires de la ferme. (Et puis la finale en vaut la peine.)

Mon autre souvenir, avec ce roman que j'avais adoré, c'est la déception qui avait suivi son analyse en classe. Lorsque le professeur avait expliqué qu'il s'agissait d'un livre qui avait pour but de «promouvoir la suprématie de la vie paysanne sur la déchéance des villes, et de la supériorité de la vie vécue selon les enseignements de l'Église.»


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Le jour où Bernadette Loubron, une jeune femme dont le veuvage n'a nullement entaché la beauté, prend à son service Edith une pauvre hère ayant fui son village et le beau Fabien, un jeune homme au corps puissant et aux épaules solides, elle est à mille lieues de se douter de l'attirance de ce dernier pour Edith, sans aucun charme, squelettique, mal fagotée et laide. Impossible pour Bernadette d'accepter un tel outrage à sa beauté et sa féminité. Elle sait l'envie dans le regard des hommes, mais c'est sur Fabien qu'elle a jeté son dévolu, espérant bien le mettre dans son lit et pourquoi pas dans sa vie, lui qui a tant fait prospérer sa ferme à force de travail acharné. Au comble du désespoir, Bernadette va tenter par tous les moyens de le dissuader de se mettre en couple avec Edith. A bout de nerfs par les injures proférées par sa patronne à l'encontre de celle qu'il aime, ce dernier fini par l'étrangler et jette son corps dans " La gueuse " laissant croire à une noyade malencontreuse. Après la découverte de la malheureuse flottant à la dérive, avec des arguments solides, le couple parvient à être mis hors de cause et désormais libres, lavés de tous soupçons, les voilà propriétaires d'un domaine conséquent avec l'approbation des villageois et comble du bonheur, un enfant à naître bientôt.
Aussi lorsque la mère Drusseau leur conseille de sceller leur union par une cérémonie religieuse, Fabien s'emporte, refusant tout de go de passer devant Monsieur le curé. Ils s'aiment et ne voient pas la nécessité d'une telle bénédiction.
Mais pour Edith et Fabien, le prix à payer va être lourd de conséquences pour s'être bâti leur bonheur sur les cendres de Bernadette et pour avoir, selon la croyance, commis un péché en refusant le sacrement.

J'ai adoré ce récit d'Yves Thériault à la fois poétique et dramatique. Si le langage employé peut paraître quelque peu désordonné, il ne gâche en rien la beauté de ce roman d'une efficacité remarquable, que je considère comme une véritable pépite.
Et comme résumé si justement en une seule phrase sur la quatrième de couverture, La fille laide est une oeuvre faite pour durer en nous et qui ne s'efface pas avec la mémoire.
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C'est un livre obligatoire que j'avais lu à l'école secondaire, c'était au programme, vers 1985. Je le relis aujourd'hui, en 2022. C'est que c'est un roman, dont je ne me souvenais plus du tout de l'histoire, mais dont je savais qu'il m'avait frappé. Frappé tels ces rares livres qui vous ont fait aimer la lecture, qui vous ont changé.
La même année ou celle d'avant, ou celle d'après, il fallait lire La belle bête de Marie-Claire Blais. Même effet chez moi, il me marque au fer, tel jamais une lecture (autre que BD) l'avait fait auparavant.
Le trop beau protagoniste de la Belle bête et, de l'autre côté, La fille laide.
Un roman que je recommanderais encore pour nos jeunes adolescent. Une histoire triste? Une histoire belle? Une histoire qui avait changé la perception qu'on avait de la vie. Merci!
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Une qualité de "La fille laide" par Yves Thériault est qu'il est intéressant; ne tenant pas compte de la syntaxe et de la grammaire qui ne sont pas horribles du tout - sachez que je n'ai pas terminé "Le compte de Monte-Cristo", car je trouvais sa syntaxe ennuyante tandis que j'ai terminé "La fille laide" -, il est facile de qualifier "La fille laide" d'agréable comme lecture; l'histoire et le récit ont une vitesse d'avancement qui soutiennent l'ennui et le font presque disparaître; la présence d'une chute rend le roman spécial; pour ces raisons, j'attribu la note de 3/5 au roman de Thériault.
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J'ai bien aimé ce roman de Thériault, même si le style n'est pas très bien défini (c'est une suite de mots et de phrases presque sans structure, comme lancés spontanément et avec des émotions vives et négatives). J'ai trouvé les dialogues intéressants et les personnages touchants malgré leur rudesse.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
II s'agenouilla, posa les pieds de l'enfant sur la berge de sable doux, près de l'eau.
— Tu auras une mort douce, petit . . .
Il poussait sur le corps de l'enfant, poussait les pieds vers l'eau. Maintenant, les talons allaient rejoindre la surface, allaient se baigner dans le fluide froid.
L'enfant se raidit.
— Je te dis que ce sera une mort douée, petit. Mourir comme ça serait un bonheur. Pour toi ce sera un bonheur. Avant, après. Tellement mieux que la mort sur les pentes. Le tronc d'arbre qui vient vous fracasser, l'avalanche de pierres . . . j'ai songé à cette mort . . .
Il caressa doucement la tête du petit dont les pieds étaient dans l'eau.
Un hibou fit son chant, et Fabien entendit, tout en bas, et loin, comme des bruits de voix.
C'étaient les gens du hameau qui venaient . . .
— Tu es blond, dit Fabien, tu as les cheveux blonds. Je n'avais jamais vu comment ils étaient blonds, Et ta bouche est large. Belle et large. Une bouche à boire de la vie. Une bouche vaillante . . . Tu aurais pu goûter aux bons mets des soirs de fête.
Il eut un sanglot et ramenant l'enfant, il le serra fort contre lui.
— Si seulement, gémit-il, tu n'avais pas été ce que tu es ...
Mais il se reprit et poussa l'enfant plus avant dans l'eau, jusqu'aux genoux.
— Le moment est venu, petit. Il l'ail presque nuit. Tu rejoindras la nuit bleue par notre nuit à nous, qui sera noire ce soir. A savoir si tu sauras reconnaître l'une de l'autre. Je te le souhaite. Ne frémis pas ainsi, l'enfant. Ne résiste pas. L'eau est froide, je le sais, mais il ne faut pas résister.
L'enfant avait peur de l'eau, et il essayait de son corps sans force de se débattre, de ne plus laisser cette eau monter, cette eau qui montait et grimpait, qui rejoignait les genoux et ensuite les cuisses, qui le mouillait jusqu'au ventre, à mesure que Fabien le descendait, le poussait vers le fond, vers la mort.
Et l'homme murmurait toujours ses paroles, en rythme doux, comme une berceuse, comme si l'enfant l'entendait, le comprenait.
Il avait des sanglots dans la voix, et deux grosses larmes lui coulaient sur les joues.
— Ton cou rosé et potelé, martelait-il entre ses dents tout à coup. Ton cou rosé et potelé, et toute ta peau fine el duveteuse. Il y a une fossette dans ton cou. Je ne l'avais jamais vue . . . Tout le corps, et puis voilà, maintenant, la tête. C'est mon adieu, petit, c'est mon adieu.
Alors, la voix lui brisa, el il se mil à chantonner, avec des sons qui n'étaient plus du chant, mais des pleurs . . .
— Fais dodo, l'enfant do! Fais dodo, l'enfant dormira bientôt . . .
La bouche du petit était sous l'eau, el il se déballait, il jetait ses bras vers le ciel, et il secouait ses jambes.
Il combattait la mort qui entrait en lui par celle bouche grande ouverte, buvant l'eau de la source.
Et tout à coup Fabien poussa un grand cri, el il se redressa, tenant toujours l'enfant, et il hurla, mot après cri, à faire reculer la montagne:
— Non!
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Il est dit que même eux, même les sans-yeux et les sans-idées, seront gardés au chaud, aimés et choyés, dans le pays de Dieu. Ainsi ce sera sa vraie vie, puisque celle-ci ne l'est pas. Il vivra. Je lui donne la vie. Ce que je lui ai donné auparavant n'était pas la vie. La vie de souffle et de pensée aussi. Il n'a rien, je ne lui ai rien donné autrefois, je le lui donne aujourd'hui ce qu'il aurait dû avoir. Est-ce donc si mal ? A toi qui le portes sur la hanche, quelle est toute bossue et meurtrie du fardeau, à toi qui le nourris et le nettoies, le mets beau sans qu'il le sache, à toi je donne l'épaule libre, la liberté des heures et des jours.
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- Tu veux un cheval, Vincent ? Pour quoi faire ?
- Pour l'aimer, dame ! Y aurait-il une autre raison pour que Vincent eût un cheval, sinon pour l'aimer ? Comme il aimait les fleurs et les fruits de Dieu. Comme il aimait tout le beau, tout ce qui était là, créature et plante, et chose de la nature.
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C'est fou de voir le beau où il est ? Dans la créature de Dieu ? Dans la bruine, le vent, la pluie ? Dans le soleil terne des jours d'automne et dans les rafales d'hiver ? Dans ton visage, ton corps et tes yeux Edith ? Moi je suis des montagnes. Ainsi le ciel bleu et tout le reste, je le trouve beau. Mais il y a aussi la boue riche des dégels de printemps que j'aime voir couler dans les crevasses...Ce n'est pas beau de la boue. Pas pour les gens de la ville, mais moi je trouve çà beau.
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Elle secoua la tête.
- Je suis maigre.
Il protesta.
- Ton corps est frêle. Je voulais te tenir contre moi, empêcher que toute la vie te fasse du mal. J'ai lu un livre où l'on parlait comme çà... poursuivit l'homme. Donc je t'aimais. Alors toi tu dis que tu es laide...Ah! bon ! j'écoute. Mais c'est à se demander...tout dépend des yeux...Je te vois belle.
-Un jour...
Ce sera toujours la même chose. L'attirance demeure. Puis, en dedans, le coeur...
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Entrevue avec l’écrivain Yves Thériault en 1980, il présente son roman "La quête de l'ourse" (Archives Radio Canada)
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