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François Maspero (Préfacier, etc.)Boardman Robinson (Illustrateur)
EAN : 9782020282291
336 pages
Seuil (01/01/1998)
3.86/5   7 notes
Résumé :
La Guerre dans les Balkans
John Reed
Cet extraordinaire récit de John Reed, publié en 1916 aux Etats-Unis et en Angleterre, n’avait jamais été traduit en français. Il raconte la guerre dans les Balkans et dans la Russie impériale, à la veille de la Révolution. Journal de route d’un grand journaliste-écrivain à travers une Europe centrale crépusculaire, dévastée par les combats qui opposent, en une mêlée furieuse, les soldats de l’Empire austro-hongro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
John Reed, l'un des fondateurs du Communist Labor Party, le Parti Communiste américain, est surtout connu à l'heure actuelle pour Dix jours qui ébranlèrent le monde, sa chronique sur le vif de la prise de pouvoir bolchévique d'Octobre 1917. Il a également en 1913-14 accompagné les troupes de Pancho Villa et le Mexique insurgé, sorti en 1914, est tout aussi passionnant, haletant que Dix jours. Entre les deux se situe cette plongée dans le maelstrom et la macédoine balkanique en 1915 pendant la guerre de 14-18. Si la description des différents pays traversés est d'intéret variable (Serbie très intéressante, Turquie exotique), le coeur de l'ouvrage (15 chapitres sur 30) se situe à l'extrème nord des Balkans sur le front russe Bucovine-Bessarabie. L'état des lieux de l'armée russe, l'antisémitisme extrèmement violent et le fossé séparant l'aristocratie des officiers de la plèbe des soldats, s'ils n'est pas une révélation, montre sans fard la situation explosive et quasi-médiévale de la russie tsariste qui a abouti à sa chute. La corruption généralisée des élites tsaristes et son rôle majeur dans la débacle de l'armée russe sont édifiants. Il est très important de noter que, écrit en 1915 et sorti en 1916, le récit n'est pas influencé par l'événement de 1917 mais l'anticipe et le justifie pleinement et notamment la présence importante des juifs dans cette révolution. En comparaison de ces chapitres passionnants, la fin du livre (6 chapitres) baisse d'intensité par la description pleine d'exotisme d'une Turquie cosmopolite - originale surement à l'époque mais dont l'intéret a vieilli - et les explications complexes liées à la clé de voute de la Macédoine et aux rôles respectifs de la Grèce, Bulgarie, Roumanie et Serbie sont discutables et sortent du style de reportage "sur le vif" si apprécié chez l'auteur. Malgré cette critique et la note de 3/5, à lire absolument pour la partie russe.
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Ce récit est exceptionnel. Il est le fruit d'un journaliste/auteur de talent, John Reed qui va bourlinguer en 1915 de la Serbie à la Russie en passant par la Roumanie, la Bulgarie, la Grève et la Turquie. du grand reportage dans le style d'Albert Londres. Au delà du témoignage que peut apporter le grand reporter, l'intérêt principal de « La guerre dans les Balkans » fut pour moi le portrait que fait John Reed de la vie, des moeurs, des aspirations des peuples rencontrés. La qualité de sa plume fit beaucoup quant à mon engouement pour cet ouvrage.

L'ouvrage est introduit par une longue préface de François Maspéro dont je n'ai pu m'empêcher de tirer ce texte: « Il était grand et fort, blond aux yeux bleus: taillé en bûcheron, né à l'extrême frontière du Far West, de l'autre côté des Rocheuses, sur le Pacifique; il était aussi poète et sensible, étudiant indiscipliné de la meilleure université de la Nouvelle-Angleterre: Harvard. Ce WASP par excellence, issu de la meilleure bourgeoisie, est mort à trente-trois ans, en 1920, du typhus contracté au fond de l'Azerbaïdjan où il représentait son pays au congrès des Peuples d'Orient. Il est enterré, comme un bolchevique exemplaire, sous les murs du Kremlin. »

Quant au style de Reed, je vous laisse l'apprécier au travers de cet extrait sur les Serbes:

« En arrivant sur le quai, j'ai pensé avec admiration à ces serbes, à leur origine et à leur destin. Ils sont le seul peuple des Balkans qui ne se soit pas mélangé depuis son arrivée dans la région, il y a de cela huit siècles, et le seul qui ait construit sa propre civilisation, que nul n'est venu modifier. Les Romains possédaient une ligne de forteresses dans les montages, mais ils n'ont pas établi de colonies. Les Croisés n'ont fait que passer. Les Serbes ont tenu leurs défilés étroits contre les Tartares de Bulgarie, les Daces de Roumanie, les Huns et les Tchèques du Nord, et tandis que leurs voisins luttaient pour se libérer du joug des Turcs avec l'aide armée des nations européennes, la Serbie se libérait toute seule. Alors que l'Europe imposait des dynasties étrangères à la Bulgarie, la Roumanie et la Grèce, la Serbie était gouvernée par des souverains authentiquement serbes. Avec un tel héritage et une telle histoire, avec la volonté impérialiste qui grandit de jour en jour, d'heure en heure, dans le coeur de ses paysans-soldats, à quels terribles conflits l'ambition serbe ne va-t-elle pas mener le pays ? »

A noter que John Reed fut un militant socialiste ce qui n'enlève ni n'ajoute rien à la qualité de cet ouvrage.

A lire en complément de l'excellent « La Serbie 1914-1918 » de Frédéric le Moal.

La guerre dans les Balkans de John Reed avec une bonne préface de François Maspéro et une carte dans le texte. Aux éditions du Seuil en 1996 sur une édition originale de 1916.
Lien : http://www.bir-hacheim.com/l..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Nous étions à Salonique, la Salonique où Pierre Loti a rencontré Aziyadé, où l'Est et l'Ouest se retrouvent face à face.
C'est l'ancienne Thessalonique. Alexandre y a lancé ses flottes. Elle a été l'une des cités libres de l'Empire romain; une métropole byzantine, la seconde après Constantinople, et la dernière place forte de l'Empire franc, quand les Croisés en déroute se cramponnaient désespérément à ce Levant qu'il avaient gagné et perdu. Huns, Slaves et Bulgares l'ont assiégée; Sarrasins et Francs ont déferlé contre ce mur jaune aujourd'hui croulant, ils ont massacré et pillé dans ces rues sinueuses; Grecs, Albanais, Romains, Normands, Lombards, Vénitiens, Phéniciens et Turcs se sont succédé à sa tête, et saint Paul l'a accablé de ses visites et de ses épîtres.
(...) Salonique n'est la ville d'aucune nation, et elle est la ville de toutes les nations : elle est cent villes, chacune avec un peuple différent, des coutumes, une langue différentes.
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C'est seulement vers le soir que nous avons découvert la nature de leur mission. Ces officiers (russes) étaient chargés par le général Dimitriev de découvrir où se trouvaient 17 millions de sacs de farine qui avaient été égarés.
Dix sept millions de sacs de farine mis ensemble, ça fait une montagne... et c'était cette montagne qui s'était évanouie dans la nature ! Sur un parcours n'excédant pas 220 kms, plus de 30 trains chargés de farine avaient totalement disparu de la surface du globe.
...
Je me suis étonné :
- Mais où seraient-ils partis?
Le colonel grisonnant a haussé les épaules avec un sourire :
- Nous avons quelques raisons de penser que la farine a été vendue aux Roumains puis expédiée en Autriche.
Il a soupiré :
- Ce sont des choses qui arrivent...
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