Par sa poésie,
Walt Whitman m'a dévoilé sa vision de
la guerre de sécession.
« Mais d'abord je me penche sur le petit jeune à l'agonie – les yeux ouverts – il me prodigue un demi-sourire ;
Puis les yeux se ferment, se ferment dans le calme et je me jette dans l'obscurité,
Je reprends, je poursuis ma marche, marche dans une obscurité plus que jamais profonde, dans les rangs,
Marche toujours sur la route inconnue. »
Pendant
la guerre de sécession,
le poète américain se consacre au bien-être des blessés. Mais ce recueil de poésie ne prépare pas à la lecture de l'essai de
John Keegan. Il décrit la fracture sociale entre le Nord industrialisé et le Sud agraire et rural.
La guerre de sécession 1861-1865 voit s'affronter deux systèmes de société. Elle succède à la guerre d'indépendance contre les britanniques et la guerre contre le Mexique. Ce qui déclenche la rupture, c'est l'émancipation des noirs et par conséquent l'abolition de l'institution de l'esclavage dans le Sud. Durant la durée de cette guerre civile coexistent deux capitales : Washington pour les unionistes et Richmond pour les confédérés.
Cet essai une mine d'informations. Il montre le conflit entre les membres d'un même peuple qui a encore des conséquences dans la société américaine contemporaine. Il développe les différentes armées en présence qui dans un premier temps son des armées improvisées. Des armées qui se modernisent et qui doivent faire face à une géographie diversifiée. La variété des reliefs territoriaux et la vastitude du territoire obligent les armées à adapter leurs modes d'affrontement.
J'ai appris que des blocus avaient été mis en place dans les ports du Sud pour asphyxier les sécessionnistes. Ce sont les débuts de la marine américaine. J'ai bien compris que les pertes humaines de chaque côté avaient été exorbitantes. J'ai croisé des généraux au cours de batailles glorieuses (Chancellorsville, Gettysburg, Vicksburg). Les quelques cartes donnent un aspect visuel à ces combats.
Cet essai fait apparaitre un monde en transition. Il y a un basculement vers une société industrielle mondialisée avec une évolution scientifique et technique. Les villes se développent tandis que les territoires ruraux sont désertés. L'émancipation des esclaves a pourtant donné naissance à une société ségrégationniste jusqu'à l'émergence du mouvement pour les droits civiques dans les années 50. J'ai aussi pu mesurer ce que cette guerre a pu représenter grâce à la comparaison avec d'autres armées telles que celle de Napoléon et d'autres guerres comme celle de Crimée. Ces affrontements préfigurent les horreurs de
la Première Guerre Mondiale. J'ai fait la connaissance, enfin, de Clara Barton surnommée l' « Ange du champ de bataille ». Elle créa en 1881 la Croix –Rouge américaine.
Il s'agit là d'un excellent essai érudit.