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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742771479
283 pages
Actes Sud (29/10/2007)
4.13/5   121 notes
Résumé :


15 août 1945, la défaite du Japon est consommée.
Au quartier général des forces armées de Kyushu, l'île du Sud-Ouest de l'archipel, ordre est donné par l'état-major d'abattre les derniers américains prisonniers.

L'officier Takuya Kiyohara, fidèle à sa hiérarchie, se porte volontaire pour l'exécution. Quelques semaines plus tard, il est recherché pour crime de guerre.

Une longue fuite commence, une errance fantom... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Août 1945, le Japon est en train de perdre la guerre. Les Américains bombardent sans relâche les villes et les villages en larguant des bombes incendiaires depuis leurs B29. Takuya reçoit l'ordre de tuer un pilote. Il obéit froidement. Cet aviateur américain a causé la mort de milliers de civils. Takuya ne fait qu'accomplir son devoir.
Mais la guerre terminée et perdue, ceux qui ont exécuté des Américains se retrouvent accusés de crimes de guerre.
Takuya doit fuir et se cacher. Et c'est un Japon ravagé par les incendies et la famine que nous allons traverser avec lui.

Livre de guerre, roman à suspense, livre de philosophie et même de poésie, ”La guerre des jours lointains” réussit la prouesse d'être tout cela à la fois.
Yoshimura s'est documenté. Il pose des faits. Il y a eu des exécutions sommaires et des tortures de la part des Japonais. Il y a eu, aussi, Hiroshima et Nagasaki.
Takuya est du côté des perdants et pour cela il risque la pendaison. Mais si le Japon avait gagné la guerre il aurait probablement reçu une médaille. N'est-ce pas absurde? Ce qui était le Bien s'est soudain transformé en Mal. le héros est devenu un monstre.Tout est affaire de circonstances finalement et l'arrogance des vainqueurs devient humiliation de vaincus.
Takuya doit maintenant vivre avec le fantôme de ce soldat qu'il a tué, un américain qui, comme lui, a accompli son devoir avec courage. Yoshimura le fait réapparaître régulièrement dans les souvenirs de notre héros, lui rendant hommage en quelque sorte. Car, quelque part en Amérique, des parents pleurent leur fils. Ils étaient deux soldats, l'un japonais, l'autre américain. Deux minuscules rouages de la barbarie. L'un est mort et l'autre pas. Absurdité encore, de la guerre et du destin.

J'ai lu ”La guerre des jours lointains” comme un plaidoyer contre la guerre mais aussi comme un hommage rendu aux hommes qui défendent leur nation. le roman n'est jamais manichéen et nous amène à de profondes réflexions. Qu'aurions-nous fait à la place de Takuya? Au nom de quels intérêts patriotiques a-t-on pu détruire tant d'êtres humains?
Takuya fait un chemin intérieur, celui de l'humilité et du repentir. ” Il éprouvait de la pitié pour la silhouette de cet homme mort, face contre terre.”

Ecrit dans un style d'une sobriété et d'une pureté sans pareil (je souligne au passage l'excellente traduction de Rose-Marie Makino-Fayolle), ce livre m'a bouleversée. C'est cela la magie de Yoshimura, une tension dramatique qui va croissante servie par une écriture toute en retenue. C'est beau et parfaitement maîtrisé, comme un combat de kendo.


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Lorsque vous commencez un roman d'Akira Yoshimura, dites vous bien qu'au moins dix-sept de vos muscles observeront un repos complet de quelques heures : vos zygomatiques et leurs proches compagnons vont faire relâche…

« le convoi de l'eau » et « Liberté conditionnelle » m'avaient déjà permis de côtoyer l'univers très sombre de cet écrivain disparu en 2006. Ces deux livres ont en commun le meurtre d'une femme adultère : la première a le crâne fracassé à coups de bûche et la seconde est poignardée avec un grand couteau de cuisine.
C'est également par un fait sanglant à l'initiative du personnage principal que débute « La guerre des jours lointains ». La victime cette fois est un soldat américain, prisonnier de guerre de l'armée japonaise, décapité au sabre.

Officier responsable de la coordination des informations de la zone aérienne de défense, Takuya Kiyohara est basé dans un bunker de la banlieue de Fukuoka, ville située à la pointe nord de l'île de Kyūshū . Sur un écran il a une vue synthétique des centaines d'avions ennemis qui survolent quotidiennement le territoire national. Nous sommes en 1945 et les bombardiers américains pilonnent sans relâche les principales villes du pays.
Les 6 et 9 août, Il scrute impuissant les lampes rouges qui marquent la progression des B 29 jusqu'à Hiroshima et Nagasaki.
Traumatisé par la capitulation du Japon le 15 août et par les centaines de milliers de victimes civiles, Takuya se porte volontaire pour l'exécution d'un des aviateurs américains récemment capturés et dont le haut-commandement a ordonné la mise à mort.

Quelques semaines plus tard, ses supérieurs nient devant les services de renseignements américains avoir donné un tel ordre et Takuya devient, aux yeux des forces d'occupation, un criminel de guerre. Il est activement recherché et sait qu'en cas d'arrestation il n'échappera pas à la pendaison.
Commence alors la fuite désespérée de l'ancien officier à travers un pays détruit où une grande partie de la population souffre d'inanition et subit apeurée l'arrogance des vainqueurs.

Avec une fluidité d'écriture très agréable, Yoshimura relate le parcours tragique de ce jeune homme, victime collatérale d'une horreur qui le dépasse.
L'écrivain arrive par petites touches à rendre le fugitif attachant. le lecteur, captivé au fil des chapitres par un suspense allant crescendo, espère de plus en plus voir le pauvre Takuya sortir de cette impasse effrayante.

La dernière page de ce roman haletant permettra-t-elle au lecteur d'esquisser enfin un sourire ? Avec Akira Yoshimura, rien n'est moins sûr !
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Il a suivi la progression des B29 sur la carte, les bombardements de civils innocents, il a vu la ville à feu et à sang, il a comptabilisé les morts, il a assisté aux interrogatoires de jeunes pilotes américains désinvoltes, il a su pour Hiroshima et Nagasaki, il a écouté en direct le discours de capitulation de l'Empereur...alors quand son chef lui demande de trouver trois hommes pour exécuter trois prisonniers américains, Takuya Kiyohara ne réfléchit pas et se porte volontaire pour décapiter au sabre l'un d'entre eux. Cet acte que l'on peut qualifier de barbare lui a semblé naturel et juste, il ne le regrette pas. Pourtant son geste va le rattraper...Les américains n'entendent pas laisser impunis ces crimes de guerre, ses officiers supérieurs se défaussent, Takuya est seul et, s'il se fait prendre, il sait qu'il sera pendu. Alors il fuit. Dans un Japon ravagé par les bombardements, affamé par la disette, humilié par les forces d'occupation, il fuit, il se cache, il ne peut compter sur aucune aide, il ne peut faire confiance à personne. Lui qui a servi loyalement son pays, lui qui a toujours obéi aux ordres, lui qui aurait pu, qui aurait du être un héros, n'est plus qu'un vulgaire criminel, trahi, vilipendé, traqué, sans espoir d'absolution.


C'est avec distance et froideur qu'Akira YOSHIMURA nous raconte la défaite d'un pays et d'un homme et sa fuite éperdue pour échapper à des sanctions qu'il juge iniques. La guerre est ainsi faite qu'il faut un vainqueur et un vaincu et ce dernier n'a plus voix au chapitre. Il est jugé coupable de facto. Les vainqueurs sont des héros, ils ont tué des milliers de civils, ils ont bombardé le Japon sans relâche, ils ont employé l'arme nucléaire, rayé deux villes de la carte mais ils ont ont gagné et celui qui n'a tué qu'un homme est pourchassé pour crime de guerre... Est-il plus coupable que le pilote américain  qui a largué des bombes sans état d'âme ? Une vie américaine vaut-elle plus que des milliers de vies japonaises ? Condamné à la solitude, Takuya se pose des questions. Après le temps de la haine vient celui de la réflexion. Les soldats, japonais comme américains, obéissent aux ordres, voilà le seul fait avéré. La culpabilité se déplace et serait alors dans le camps de gradés qui envoient de très jeunes pilotes faire le sale boulot ou qui ordonnent des décapitations hors-la-loi.
La guerre des jours lointains est l'histoire d'un homme dépassé par des évènements qu'il a subi sans avoir prise sur eux, l'histoire d'une humiliante défaite, d'un pays épuisé par les horreurs de la guerre. Sombre et très dur, le roman invite à la réflexion sur la culpabilité, la barbarie mais aussi la reconstruction et le pardon. A lire.
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15 août 1945, suite aux pertes considérables de l'armée japonaise, des attaques incessantes des forces américaines et à l'explosion des bombes sur Hiroshima et Nagasaki, l'empereur Hirohito annonce la capitulation du Japon. Au même moment, sur l'île de Kyushu au sud de l'archipel, au quartier général du commandement de l'armée de l'Ouest, le jeune lieutenant Kiyahana Takuya, écoute sidéré l'annonce radiodiffusée de la reddition. Dans les mêmes bâtiments où il se trouve, plusieurs membres d'équipages de B29 américains sont détenus. Ordre est donné de les exécuter tous. Takuya décide de se porter volontaire pour la décapitation… Quelques semaines plus tard, les autorités américaines en place décident d'établir les responsabilités sur la mise à mort des soldats américains faits prisonniers. Alors que les arrestations, les procès et les exécutions débutent, Takuya est obligé de s'enfuir.

"Toi hi no senso" (La guerre des jours lointains) paraît au Japon en 1978. Dans ce roman Akira Yoshimura décrit avec une grande précision une période qui reste encore trouble dans la conscience collective du peuple japonais, celui qui a connu la défaite puis l'occupation par les autorités américaines.
Au travers de son personnage central l'officier Kiyahana Takuya, l'auteur ne tente pas de réécrire l'histoire, il se garde de tout jugement simple et définitif sur la période et sur tous ceux qui l'ont vécue. Même s'il conserve une vraie rigueur dans la description des évènements qui ont précédé et suivi la capitulation du Japon, Akira Yoshimura ne dresse pas à proprement parler un réquisitoire contre la guerre. Tout au long de son récit, il conserve une certaine distance pour mieux décrire l'histoire des hommes et des femmes, l'histoire de plusieurs destins qui se sont croisés, rencontrés, éloignés, perdus.

C'est entre les lignes et au travers des personnages du roman, qu'il faut chercher et trouver le vrai propos d'Akira Yoshimura.
La guerre des jours lointains interroge sans cesse sur les valeurs morales qui animent les individus et toute une société en temps de guerre : il y a la terreur ressentie face à la faculté qu'a la nature humaine, non seulement à oublier, mais pire encore, à reproduire ses erreurs. le portrait et le parcours de Takuya sont saisissants et agissent comme un révélateur des consciences égarées des individus, des peuples touchés par la guerre. La peur, la lâcheté, la culpabilité, l'impunité, l'oubli, la solitude, l'angoisse, l'espoir et le pardon aussi.

Avec La Guerre des jours lointains, Akira Yoshimura a écrit un roman remarquable dans son contenu, sa construction mais aussi dans son style. Un roman inoubliable qui, de bout en bout, éveille la conscience et la sensibilité du lecteur.
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Amis lecteurs amateurs de romans primesautiers, de bluettes sentimentales ou de comédies légères,… passez votre chemin ! La guerre des jours lointains est un roman sombre qui parle de guerre, comme son nom l'indique, mais aussi de culpabilité et d'honneur, un roman grave.
Au lendemain de la capitulation de l'empereur, les héros d'hier, les valeureux officiers nippons imprégnés de l'honneur de servir leur pays, se retrouvent tout à coup catalogués « criminels de guerre ». Sous prétexte qu'ils n'ont pas hésité à décapiter les aviateurs américains prisonniers, les mêmes que ceux qui avaient largué leurs bombes sur Hiroshima et Nagasaki, les voici traqués par l'armée d'occupation américaine et condamnés à la pendaison.
C'est en substance ce qui arrive à Takura Kiyohara, obligé de fuir et de se cacher après qu'il a sur ordre exécuté un aviateur américain prisonnier de son régiment.
Dans un Japon exsangue dont les ressources ont été épuisées par la guerre, la famine fait rage, les habitants souffrent, les anciens officiers se cachent, désavoués par leur hiérarchie, et Takuya espère échapper à ses poursuivants.
C'est tout le thème de la culpabilité en temps de guerre qui est ici soulevé : est-il plus grave d'exécuter des officiers coupables de crimes ou de massacrer des populations civiles, des femmes et des enfants… ?
Il n'est pas question dans ce livre d'une préséance dans l'atrocité : l'auteur décrit et analyse de façon clinique les faits et gestes des belligérants, et livre une réflexion froide et détachée sur le crime en temps de guerre ainsi qu' une description saisissante d'un pays exsangue qui n'en peut plus.
La guerre est en général racontée par les vainqueurs et prend un autre sens lorsqu'elle est racontée par les vaincus.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
(A propos d'Hiroshima...)

Ajouté aux bombes incendiaires sur les villes de petite et moyenne importance, cet acte de l'armée américaine qui venait de larguer une bombe d'un nouveau type dans le but de blesser et tuer la population dépassait l'entendement. Par la suite, en apprenant l'étendue des dégâts que cette nouvelle bombe avait provoqués sur la ville, Takuya sentit que l'armée américaine ne considérait déjà plus les Japonais comme un groupe humain. On disait que tous les édifices avaient disparu et qu'une bonne moitié de la population avait été instantanément réduite en cendres. Cela s'apparentait à la manière dont on se débarrasse des colonies de mulots en les brûlant.
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Ce soir-là, le colonel Tahara, officier d'état-major en chef, revint de mission au quartier général de défense aérienne. L'avion qui le ramenait de Tokyo à Fukuoka avait fait un détour par Hiroshima, où les dégâts étaient terribles, les cadavres étant disséminés partout en ville.
Au quartier général, l'atmosphère était lourde, et on parlait peu. Ajouté aux bombes incendiaires sur les villes de petite et moyenne importance, cet acte de l'armée américaine qui venait de larguer une bombe d'un nouveau type dans le but de blesser et de tuer la population dépassait l'entendement... Takuya sentit que l'armée américaine ne considérait déjà plus les Japonais comme un groupe humain. On disait que tous les édifices avaient disparu et qu'une bonne moitié de la population avait été instantanément réduite en cendres. Cela s'apparentait à la manière dont on se débarrasse des colonies de mulots en les brûlant.
p. 81
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[...] Soudain, il se demanda comment vivaient les officiers américains. Pour la plupart, ils étaient sans doute déjà rentrés au pays, où ils devaient recevoir les honneurs de la victoire. Peut-être que, de retour dans leur village, ils avaient été serrés dans les bras de la population et portés en triomphe jusque chez eux. Beaucoup parmi eux avaient sans doute été décorés pour avoir tué un grand nombre de soldats dans les combats. Lui, il avait tué un soldat américain. Un grand jeune homme blond qui avait participé aux bombardements incendiaires sur les villes japonaises, précipitant dans la mort un nombre impressionnant de vieillards, de femmes et d'enfants. Son acte de tuer cet homme lui aurait peut-être valu une décoration à la fin de la guerre en cas de victoire, mais dans le cas présent, il le plaçait en position de se retrouver la corde au cou. [...] Il avait du mal à accepter ce paradoxe.
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Dans une lettre, son frère lui écrivit que l'atmosphère avait radicalement changé au pays : les gens considéraient désormais que les criminels de guerre étaient des victimes ... Takuya déchira la lettre et la jeta. Il savait que l'expression "victime de guerre" était à la mode, mais il sentait que cela n'avait rien à voir avec lui... Pas plus de sept ou huit ans plus tôt, au cours de sa fuite, il avait lu dans les journaux que le criminel de guerre était un monstre de violence, si bien qu'il éprouvait un dégoût difficilement supportable pour les gens qui changeaient à ce point d'avis, et de la colère envers son frère qui lui rapportait cela comme une bonne nouvelle.
p. 279
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Depuis la défaite, les journaux ne cessaient de publier des articles célébrant la démocratie, tandis que l'attitude des hommes politiques et de l'armée pendant la guerre faisait l'obiet de critiques. La réprobation envers l'ancienne armée était particulièrement vive, et l'on expliquait que la guerre ayant été déclarée par les militaires, l'armée alliée avait bien été obligée de répliquer. Ils soutenaient que le criminel de guerre était le pire symbole des crimes perpétrés par ces militaires, et que les mesures prises par les tribunaux militaires des forces alliées, qui condamnaient à la peine capitale la plupart de ces criminels, étaient convenables. Des émissions de radio révélaient les actes inhumains de l'ancienne armée et ne cessaient de critiquer les criminels de guerre. Le peuple avait été avant tout victime, et les militaires avaient été leurs bourreaux.
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