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EAN : 9782070754977
224 pages
Gallimard (29/04/2000)
2.93/5   29 notes
Résumé :
« Dans la chambre, ensuite, elle boucla son bracelet-montre à son poignet et se para d'un collier de boules d'onyx dont elle aimait le poids et qui avaient un peu la couleur de ses prunelles changeantes, mais elle ne prit aucun linge de corps, quoique son soutien-gorge et sa culotte fussent à portée de sa main sur une chaise, et c'est entièrement nue, ce jour-là, que dans le vestibule elle referma sur elle sa combinaison de motocycliste. »
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce roman minable a la vocation pédagogique de représenter le roman surréaliste dans les programmes de littératures offerts par les universités anglophones en Amérique du Nord. Très court et dénuée de toute subtilité, c'est une role qui lui convient parfaitement. Chez les francophones "La Motocyclette" aura un intérêt seulement pour ceux qui ont une fétiche pour des femmes en cuir.
Pieyre de Mandiargues annonce avec une citation avant le commencement du texte que son livre est une reprise de Metzengerstein d'Edgar Allen Poe qui raconte l'histoire d'un jeune protagoniste va meurt dans d'une chevauchée folle, (Avant de commencer la lecture de "La motocyclette" on est conseillé de lire le résumé excellent de Wikipedia ou la conte dont une traduction excellente de Baudelaire est gratuite chez Gutenberg (http://www.gutenberg.org/files/20761/...).
Le protagoniste de "La Motocyclette" est une jeune fille de 19 ans qui s'appelle Rebecca Res (qui veut "chose" en latin) dont le père est un libraire qui se spécialise dans les ventes de livres d'Emmanuel Swedenborg un théologien qui proposait la thèse que le jugement dernier a eu lieu en 1757. Rebecca est donc jugée et condamnée bien avant d'être née.
Rebecca épouse un professeur de lycée qui s'appelle Raymond Nul ("Vraiment Nul") est par le fait devient nulle aussi. Son amant un Daniel Lionart ("Lion Heart) qui est aussi un disciple de Swedenborg lui donne comme cadeau de noce une motocyclette Harley qui deviendra l'instrument de sa mort. Mariée Rebecca Nul se sert de la monture
diabolique pour aller aux rendez-vous avec Daniel. Elle se promène toujours sur la motocyclette "nue sous la combinaison de cuir noire très brillant et doublé de fourrure blanche". Chez Daniel elle se livra à pratiques sadomasochiste dans lesquelles elle prend toujours le role de l'esclave.
L'appétits de Rebecca pour la perversion sexuelle et la vitesse sur la route s'accroissent rapidement. Tel que promis au début du roman elle va mourir dans un accident de motocyclette, une fin que l'auteur qualifie de "dionysiaque".
"La Motocyclette" est un bon véhicule pour montrer bien le coté vicieux du surréalisme aux étudiants anglophones du premier cycle. Il n'a pas d'autre role. (
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Dans ce roman, l'héroïne part rejoindre son amant, nue dans sa combinaison en cuir, sur une énorme et bruyante motocyclette, non loin de la frontière allemande. Ce roman assez coquin est également très bien écrit. Il m'a fait passer un agréable moment de lecture, et n'est pas dépourvu d'humour.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
A tout bien considérer, ne pourrait-on croire que c'est une sorte de chasse-neige ou de charrue dont l'on tient le guidon, et qu'en s'enfonçant comme un coin dans le paysage il crée sa propre piste ? La tentation à laquelle il faut résister est de prendre une direction oblique, pour creuser à travers les vaux et les monts de la belle Allemagne une tranchée qui directement aboutisse à la terrasse où va déjeuner Daniel. Rebecca s'est habituée à la vitesse; elle n'éprouve aucune difficulté à garder son allure, aucun malaise à être ainsi projetée. Un certain bien-être, au contraire, s'est affirmé dans son corps et dans sa conscience. Son équilibre est aussi solide que si elle était de fer ou de cuivre poli, et rivée, la gorge en pointe, à l'avant d'une locomotive. Pour le perdre, le voudrait-elle, elle devrait se donner du mal assurément. Les soins du pilotage sont réduits à peu: il suffit de se tenir ferme au guidon qui se tient droit tout seul, de serrer les cuisses sur le réservoir (le ventre d'ébène), de serrer les jambes et de maintenir à bout les commandes. Un enfant n'y faudrait pas. Quelle sérénité ! Rares sont les voitures qui vont dans la même direction que la sienne, et elles vont sagement, sans déboîter de la bande à lente allure. Quand elle est sur le point de rattraper l'une d'elles, il semble qu'au lieu d'aller celle-là vienne à sa rencontre, par l'arrière; c'est malaisément qu'on la distingue du décor latéral, dont tous les points semblent venir pareillement. La voie donc est libre devant Rebecca, comme si elle courait dans ce désert jalonné auquel elle a songé tout à l'heure. En se courbant, pour offrir moins de résistance, elle frôle des seins le tableau de bord à l'endroit de la clé, elle est monstrueusement accouplée à la machine, et le gros phare prolonge son corps ainsi que fait la tête du cheval en avant et au-dessous de celle du cavalier, à l'approche de l'obstacle à sauter. Telle position ne laisse pas à portée de sa vue le cadran du compteur, mais tant pis. Connaître exactement la vitesse à laquelle elle est lancée ne lui importe plus depuis qu'avec l'habitude elle a trouvé la paix et qu'elle se sent dans le vent brutal comme en l'air pur des cimes.
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  Maintenant que les cris d’oiseaux se sont tus, et
qu’il faut faire attention à conduire prudemment la
motocyclette, car un cycliste pourrait déboucher
comme un fou à cette heure où les rues n’ont pas de
circulation, Rébecca Nul se détache peu à peu du
rêve avec lequel son départ est si étroitement lié qu’il
se distingue à peine des choses de la nuit. Ainsi allait
son rêve, ou du moins ce qu’elle se rappelle encore :
elle se trouvait portée par l’une des hautes branches
d’un arbre très haut, sous un ciel inégalement
sombre, comme si le soleil n’arrivait pas à percer les
nuages, et elle avait conscience d’avoir été mise là
pour figurer la fleur de l’arbre et pour offrir son épa-
nouissement au soleil quand les rayons triomphe-
raient du brouillard. Des oiseaux volaient autour
d’elle, plongeaient et remontaient ; d’autres étaient
perchés à portée de ses mains. Plus bas, un homme
qui dans le rêve était son mari, Raymond, mais qui
ne lui ressemblait pas, grand, maigre et dégingandé
tandis que le véritable Raymond est un peu courtaud,
s’avançait avec des manières de chat sur l’une des
maîtresses branches, et dans son allure il y avait une
menace assez notable. Alors elle avait fait un violent
effort pour se dégager du règne végétal et pour
reprendre la faculté de se mouvoir, la capacité de
donner l’alarme. Avec une émotion intense, elle
s’était entendue prononcer les mots « pilleur de nid »,
cependant que se déchirait brusquement le tissu de
son rêve, et qu’elle se retrouvait au lit, toute raide et
la gorge serrée, à côté de Raymond qui avait grom-
melé comme en réponse et s’était tourné vers elle
sans cesser de dormir. Pourtant un bruit de volière
entrait dans la chambre, car la fenêtre n’était pas
fermée, c’était l’aube, et plus de cent oiseaux chan-
taient à plein gosier dans le jardin. La petite maison
qu’avait louée Raymond Nul était bâtie en dehors
de Haguenau, sur la route de Bitche, non loin de la
forêt. ...

p.9-10
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Dormait-il vraiment encore, ou bien s'il s'était aperçu qu'à son côté le lit était vide, quitté depuis peu à juger par la tiédeur des draps ? Pouvait-il n'avoir pas entendu le bruit du moteur, mis en marche à quelques mètres de la chambre ? Sa capacité de simulation, quand il avait décidé de ne pas se fâcher et pour cela d'ignorer ce qui se faisait contre lui de blessant, était si loin au-dessus de la patience la plus exemplaire qu'on ne savait plus s'il fallait lui donner du sublime ou bien le traiter d'insensé ou d'idiot misérable.
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Vidéo de André Pieyre de Mandiargues
André Pieyre de MANDIARGUES – Un siècle d'écrivains : L'amateur d'imprudence (DOCUMENTAIRE, 2000) Émission « Un siècle d'écrivains », numéro 249, intitulée « L’amateur d’imprudence », diffusée sur France 3, le 7 décembre 2000, et réalisée par Evelyne Clavaud.
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