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Simon Perecovic Marki¨ (Préfacier, etc.)Nilima Changkakoti (Traducteur)
EAN : 9782825137833
175 pages
L'Age d'Homme (27/10/2007)
4/5   6 notes
Résumé :
La paix soit avec vous, l'une des dernières (sinon la dernière) oeuvres de Vassili Grossman, est à lire comme le testament d'un écrivain, le bilan de sa vie.

A l'automne 1961, Vassili Grossman, malade, désespéré par la saisie de son dernier roman Vie et destin, accepte de passer un mois et demi en Arménie pour travailler à la mise en forme littéraire d'un roman traduit de l'arménien. Sa tâche accomplie, il entreprend, le 30 décembre 1961, de rédiger s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Envoyé en Arménie pour un travail de traduction, Vassili Grossman observe ce pays inconnu d'un regard qui se veut critique. Il rédige pour l'occasion ce qui sera sa dernière oeuvre, témoignage de l'aboutissement d'un parcours biographique tumultueux alimenté par de nombreux revirements idéologiques dans un cadre politique incertain. Résultat : l'observation du peuple arménien permet à Vassili Grossman de constater que les règles de stigmatisation culturelle n'agissent pas. Les Arméniens ne sont ni bons, ni mauvais, ce sont des hommes comme tous les autres. Vassili Grossman cherche à capter l'étrange fusion de l'âme chrétienne et du souvenir païen qui caractérise, selon lui, le soubassement de la vie arménienne, semblant réellement surpris de constater que le catholikos est plus mondain que spirituel, et que la plus grande foi se dévoile plus facilement parmi les petites gens du peuple. On redécouvre ainsi que l'habit ne fait pas le moine.


D'une manière plus générale, la découverte de ce pays et de ce peuple étrangers permet à Vassili Grossman de pratiquer la théorie qu'il aura mûrie toute sa vie : rien n'est absolument bon ni mauvais. On mangeait de la délicieuse truite du lac Sevan mais la pêche est maintenant interdite, l'eau du lac ayant été trop massivement utilisée pour le développement technologique du pays. Les traditions relient les vivants à leurs aïeux et leur permettent de construire des liens sociaux basés sur les figures de l'éternel, mais les traditions sont violentes et ne prennent pas en compte les désirs immédiats des vivants. Enfin, peut-on accepter absolument toutes les figures arméniennes lorsque certains arméniens se montrent plus bornés et dangereux que des hommes politiques dévastateurs ?


Rien de neuf sous le soleil mais dans le contexte de publication du livre, Vassili Grossman s'inscrivait à contre-courant de la pensée idéologique dominante. Son oeuvre a d'ailleurs été censurée. Malgré les indications de la préface, nous lisons donc un texte corrigé et appauvri, ce qui explique peut-être en partie la déception. On s'attend à un livre qui prend la pensée à bras-le-corps pour remuer les opinions établies, et on se retrouve finalement avec un hors-d'oeuvre bien refroidi. C'est peut-être le signe que l'opinion d'aujourd'hui s'est enfin alignée à celle qu'avait Vassili Grossman dans les années 60, c'est peut-être le signe qu'on peut enfin passer à l'étape suivante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Le mouton a des yeux clairs, un peu comme des grains de raisin, vitreux. Le mouton a un profil humain, juif, arménien, secret, indifférent, bête. Des millénaires durant les bergers ont regardé les moutons. Les moutons ont regardé les bergers. Ils sont devenus semblables. Les yeux d’un mouton regardent l’homme d’une manière bien particulière –ils sont aliénés, vitreux ; un cheval, un chien, un chat n’ont pas ces yeux-là pour regarder l’homme.
C’est probablement avec des yeux pareillement dégoûtés et aliénés que les habitants du ghetto auraient considéré leurs geôliers gestapistes si le ghetto avait existé 5000 ans durant, et que tous les jours de ces millénaires des gestapistes étaient venus chercher des vieilles femmes et des enfants pour les anéantir dans les chambres à gaz.
Mon Dieu, combien de temps l’homme devra-t-il implorer le mouton pour qu’il lui pardonne, pour qu’il ne le considère pas de cet œil-là ! Quel doux et fier mépris dans ce regard vitreux, quelle divine supériorité que celle de l’herbivore innocent sur les meurtriers auteurs de livres et créateurs d’ordinateurs ! Le traducteur battait sa coulpe devant le mouton, tout en sachant que demain il mangerait sa viande.
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Pour qu’un tableau plutôt qu’un autre pénètre en l’homme et devienne part de son âme et de sa vie, il ne suffit pas que ce tableau soit beau. Il doit y avoir à cet instant quelque chose de beau, de pur en l’homme également, c’est comme un amour partagé, un instant de communion, de rencontre entre l’homme et le monde dans lequel il est heureux et malheureux.
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On boit parfois un décilitre et le monde se transforme divinement –le monde intérieur, comme le monde alentour-, tout résonne avec netteté, ce qui est caché devient clair, les masques tombent, chaque mouvement, chaque parole humaine recèle un sens, un intérêt particuliers, un jour fade se pare d’attraits, le charme est en tout, il trouble et réjouit. Et l’on se ressent, l’on prend conscience de soi-même d’une manière particulière, étrange. Les décilitres heureux de ce genre surviennent habituellement le matin, avant le déjeuner.
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Il me semble que le Dieu de bonté chrétien manifeste aussi sa victoire dans la bonté des païens, dans l'élan d'un cœur incroyant, athée, dans la bienveillance d'un croyant hétérodoxe. Là est sa force.
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Le désespoir de l’homme qui a perdu sa liberté est terrible. Et voilà qu’il bâille, étendu sur sa couchette, et se demande ce qui l’attend : des shrapnells ou de la choucroute ?
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Videos de Vassili Grossman (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Vassili Grossman
Comment écrire la guerre ? de nombreux écrivains s'y s'ont frottés, et Emilienne Malfatto comme Olivier Weber évoquent des figures littéraires majeures qui ont influencé leur propre écriture de l'expérience guerrière. Sorj Chalandon, Malraux, Vassili Grossman ou encore Romain Gary... autant de plumes convoquées par ces deux reporters.
Emilienne Malfatto est auteure et journaliste et publie "Le colonel ne dort pas" (Editions du sous-sol, août 2022). Olivier Weber, lui, est auteur, grand reporter et ancien correspondant de guerre, et publie "Naissance d'une nation européenne" (éditions de l'Aube, août 2022).
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