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EAN : 9782368903568
96 pages
Le Passeur (04/05/2015)
4.11/5   40 notes
Résumé :
Depuis des temps immémoriaux, dans toutes les civilisations, dans toutes les cultures, orales ou écrites, il y eut des poètes au sein de la cité. Ils ont toujours fait entendre le diapason de la conscience humaine rendue à sa liberté insolvable, à son audace, à son exigence la plus haute. Quand on n'entend plus ce diapason, c'est bien la cacophonie qui règne, intellectuelle, spirituelle et morale : le symptôme d'un abandon, d'une lâcheté et bientôt d'une défaite. Po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
La mondialisation ne va pas sans une certaine forme d'uniformisation culturelle. Et tandis que les modes de vie s'occidentalisent, les langues "s'anglicisent". Ceci est particulièrement flagrant quand vous parlez avec un lycéen. Il y a, dans la langue des jeunes, un appauvrissement évident du vocabulaire et un emploi de mots anglais qui remplacent tout bonnement nos bons vieux mots à nous! Bien sûr, les emprunts lexicaux et les néologismes existent depuis toujours. C'est d'ailleurs ce qui irrigue une langue vivante. Elle doit s'adapter à l'évolution de la société pour continuer à exister. Il me semble pourtant qu'auparavant, les échanges étaient plus équitables. Nous empruntions et nous prêtions des mots. Parfois même ils nous revenaient sous une autre forme, comme la très sympathique expression "conter fleurette", que les anglais nous ont un jour empruntée pour nous la rendre plus tard en forme de "flirt". Il n'y a pas à dire, les anglais ont le sens de l'économie et de l'efficacité lorsqu'ils s'expriment.
Serait-ce aussi pour cette raison que leur langue s'impose dans un monde où tout va de plus en plus vite? Car aujourd'hui, rien ne sert de lire, il faut écrire à point! Et la presse de nous inonder d'informations et de nous enivrer de données chiffrées. Il faut écrire plus vite, comme en témoigne le déluge de nouveaux romans à chaque rentrée. Une maison d'édition ne laissera pas à un auteur qui vient de rencontrer un succès le temps de reprendre souffle. Mais il faut aussi parler plus vite, comme on l'observe sur les ondes. Et tout cela parce que devant l'offre infinie qui se propose au lecteur ou à l'auditeur, il faut à tout prix retenir l'attention. Or le silence et la lenteur n'ont pas cette vertu. Alors si vous aussi la radio vous donne la migraine et si la télé vous agace, éteignez tout et lisez ce réquisitoire salutaire de Jean-Pierre Siméon!

Vivre en poésie c'est aller à l'envers de la vitesse du monde. C'est se poser, reprendre souffle et regarder autour de soi. C'est tout ce que vous ressentez quand vous êtes dans un endroit de nature préservée, un endroit de beauté et de calme. Face à la pression et à l'agressivité de nos sociétés, il existe encore "la possibilité d'une île" et ce sont les poètes qui nous l'offrent. Car la poésie ne court après rien. Elle chemine au long de mots qui, sans elle, tomberaient dans l'oubli. Il n'y a qu'à relire Saint-John Perse pour en goûter toute la magie. La poésie en cela est une forme de résistance face à un monde qui s'accélère et se délite. Jean-Pierre Siméon ne cesse tout au long de son livre de se dresser contre la médiocrité qui nous cerne aujourd'hui. "Nous vivons un temps vulgaire: la seule écoute d'un poème y objecte. Ceci même: le seul fait de dire un poème pour soi-même c'est s'insurger contre la vulgarité du temps et s'éprouver libre par clandestine insoumission."

Alors répondons à l'appel de Jean-Pierre Siméon! Lisons et relisons nos poètes, ceux d'aujourd'hui comme ceux d'hier car la poésie est non seulement universelle mais aussi intemporelle. Et gardons l'oeil et l'esprit ouverts pour accueillir les poètes de demain. Un influenceur poète n'est pas un rêve et la poétesse et féministe Rupi Kaur nous l'a démontré. Certains slameurs aussi. La poésie a toujours été et sera toujours un moyen de faire entendre sa voix et de mettre en mots les plus justes combats. C'est aussi le domaine infini de l'imagination, une fenêtre ouverte sur la beauté du monde.
" La poésie sauvera le monde, si rien le sauve. Au reste, elle le sauve chaque jour de son indignité".
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« La poésie sauvera le monde, si rien le sauve. Au reste, elle le sauve chaque jour de son indignité. » Considérant le « déni actuel de la poésie », le repli de poètes, intimidés et culpabilisés, « hors du champ historique, social et politique », Jean-Pierre Siméon ne revendique ni respect, ni bienveillance ou bienfaisance. Il entend restituer cette boussole à notre monde, comme position éthique autant qu'« état de conscience à vif », afin de nous libérer des représentations du réel et de nous montrer les voies d'une insurrection des consciences.
(...)
Ce réquisitoire contre « une langue asservie et appauvrie », cette « logorrhée organisée », est sans appel. Animé d'un sentiment d'urgence, Jean-Pierre Siméon brandit haut l'étendard de la poésie, en mode « défense et illustration ». « Vivre en poète sur la terre, ce serait simplement cela : lutter pied à pied contre les forces qui poussent à l'exil pour habiter la vie entière et lui demeurer fidèle jusqu'à la mort. Nous n'avons qu'une alternative : vivre chez Circé, en hommes-porcs, une vie morte, ou reprendre le grand large, êtres du désir invincible aimantés par l'ouvert et amants du plein vent. Vivre en poète et trouver le sens imprévu ou perdre bientôt notre humanité. »

Article complet sur le blog :
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Assertion percutante que celle développée ici par Jean-Pierre Siméon, mais si cette provocation étonne, au fil des mots de son essai, elle prend tout son sens. Car la poésie est une force. Une force oubliée, le déni de la poésie demeurant un fait et pourtant elle recèle en son sein une dimension sociale transgressive agissante notoire, elle peut constituer un véritable enjeu politique. Comment ?

"La poésie relève d'abord d'un principe premier et fondateur d'incertitude. Elle est donc d'abord un scepticisme, je veux dire une quête de l'ouvert qui récuse l'immobilisation tant dans le pessimisme arrêté que dans l'optimisme béat. Elle naît du pressentiment que toute vue des choses, toute nomination, tout concept, toute définition, pour indispensables qu'ils soient, tendent à clore le réel et à en limiter la compréhension." p. 23

La poésie est à la fois mystère et ouverture, par le pouvoir d'un langage révélé, elle densifie ce qui doit l'être, à l'opposé de notre époque qui simplifie pour mieux abrutir les citoyens :

"Telle est la supercherie de nos démocraties : elles tiennent le citoyen informé comme jamais mais dans une langue close qui, annihilant en elle la fonction imaginante, ne lui donne accés qu'à un réel sans profondeur, un aplat du réel, un mensonge. C'est le règne d'une logorrhée qui noie le poisson du sens." p. 29

L'ère du divertissement aliène les esprits et la poésie serait alors un véritable acte de résistance contre cette oppression généralisée. Perversive, elle peut en effet l'être puisque qu'elle interroge et qu'en entendant la langue du poème, le lecteur sait "qu'une autre langue est possible qu'un autre énoncé du monde est possible, que d'autres représentations du réel sont disponibles."

"Propager la poésie, c'est contester l'assimilation du populaire au vulgaire. Rendre la poésie populaire, la plus distinguée poésie, c'est venger le peuple de la vulgarité à quoi on le réduit, par le partage de la distinction." p. 76

Elle permet l'émergence de l'inconnu, et constitue également un lien essentiel entre les hommes "traversant l'évidence du fait pour rejoindre l'universel" :

"Tout poème est un concentré d'humanité, qui révèle à chacun son altérité, c'est-à-dire son affilnité avec l'autre et l'arrachant ainsi à sa petite identité personnelle de circonstance, le relie." p. 26

En éveillant la conscience, cette poésie millénaire permet de lutter contre l'"infractus de la conscience", la plus grave maladie qui guette le citoyen selon l'auteur.

"On rêve d'une minute de silence universel où le monde se tiendrait soudain immobile et muet, les yeux clos, attentif au seul respir du vent dans les arbres, au chuchotement clair d'un ruisseau, au déploiement d'une herbe dans la lumière, à l'unanime pulsation du sang dans les coeurs, une minute pour que le monde reprenne conscience et se réajuste à la seule réalité qui vaille, le pur sentiment d'exister un et multiple, entre deux néants, sur la terre perdue dans les cieux innombrables." p. 60

Appelant à une insurrection poétique, Jean-Pierre Siméon insuffle l'espoir dans nos coeurs, parce qu'il sait que "Quand on n'est pas capable de donner du courage, on doit se taire." Franz Kafka

Un texte essentiel !
Lien : http://www.lecturissime.com/..
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La poésie sauvera le monde, il faut s'appeler Jean-Pierre Siméon pour oser une telle assertion aujourd'hui. Mais fi du bâton donné pour se faire battre, fi du soupçon de naïveté et d'idéalisme, l'homme en a vu d'autres au pays des « antipoètes ».
La poésie ici s'annonce d'emblée comme salvatrice et l'auteur entend bien nous le démontrer avec force et clarté dans un argumentaire de quelque 80 pages qui se lit d'une traite dans le déroulé d'une pensée droite dans ses bottes, émaillée de phrases bien senties, de citations qu'on se plaît à surligner au fil des pages. le poète a le sens de la formule percutante et radicale. Son essai, en ce sens, se veut aussi dérangeant qu'un poème.
La poésie, nous affirme-t-il dans la lignée de Lawrence Ferlinghetti, est une insurrection de la conscience, individuelle et collective, contre les travers, les lâchetés, les renoncements, les pertes, les désenchantements du temps. Elle combat les processus de déshumanisation en oeuvre dans nos sociétés d'accélération consumériste et de pensée rabotée.
En effet, la parole poétique nous « rapatrie » à nous-mêmes, nous qui vivons en « exilés de la vie ». Contestataire dans son principe, elle nous aide à nous réapproprier l'être qu'on nous vole de gré ou de force. Elle est de par sa nature acte de résistance, d'insoumission aux diktats de tous ordres qui ne sont que paroles vides, non-paroles. Contre le monde mortifère tel qu'il va, le poète nous exhorte à oser la poésie sous toutes ses formes, orale, écrite, chantée… à renaître grâce à elle à chaque instant de notre vie car tel est son incroyable pouvoir : la résurrection avant la mort programmée, rien de moins. Combattons avec elle la négation et le refus, car, comme disait Kafka, « Quand on n'est pas capable de donner du courage, on doit se taire. » Retrouvons « le sentiment du oui », quoi que puisse dire la poésie de nos douleurs et de nos doutes, osons nous dire poètes, ce n'est ni un gros mot, ni une tare. La poésie aujourd'hui est objet de mépris, à défaut d'indifférence ou de condescendance, car elle se trouve en totale contradiction avec l'époque, et c'est là tout son honneur. « le déni de la poésie n'est pas une affaire littéraire ou il ne l'est que secondairement. Il est politique. » Il s'agit donc d'un enjeu vital qui touche l'ensemble de nos sociétés en mal de sens.
Habiter en poète sa terre, son espace, s'habiter soi-même, peut nous sauver du marasme annoncé. Car la poésie nous apprend le scepticisme, l'incertitude contre la pensée toute faite. Elle nous permet une compréhension pleine du réel qui met en jeu toutes nos facultés. Parole ouverte du poème contre parole close des données immédiates, objectives que nous ingérons à longueur d'images et de discours, « la poésie illimite le réel » en nous restituant notre liberté fondatrice, notre identité multiple, en perpétuel mouvement, en nous plaçant en fraternité de langue avec quiconque sur cette terre. « La poésie est en quelque sorte comme un esperanto de l'âme humaine », elle lutte donc contre la violence, l'exclusion, la haine de l'autre, la peur anesthésiante.
La poésie, nous dit Jean-Pierre Siméon, est l'ouverture la plus large donnée à la conscience car elle nous donne à vivre, à sentir le monde dans toute sa complexité, son épaisseur, comme un tout dont on est une part active. Oser, avec la poésie, l'expérience sensible du monde contre le tout conceptuel qui limite nos sens et notre champ de conscience, contre le divertissement de masse qui nous détourne de la vérité d'être. Opposer à l'ère de l'invasion technologique, de la communication exacerbée, de la vitesse émotionnelle, les ressources de la lenteur, du recul, de la patiente compréhension des êtres et des choses. Oser le silence contre la logorrhée, l'interrogation contre l'ingurgitation, la nuance contre la simplification, l'inconnu contre le confort assuré. Miser sur l'invention créatrice contre la conformité, le champ symbolique contre les aplats du langage. Cultiver la métaphore, « la polysémie inépuisable » contre le sens unique précuit, la profondeur de champ contre le premier degré, le relief du langage contre l'aplatissement généralisé. Accéder à l'intelligence poétique du réel contre la pseudo-réalité servie à tour de bras, il y a, dans cet abondant jeu des contraires développé par Siméon pour asseoir son propos, un combat à mener pour que la poésie soit « la plus haute expression permise à l'homme » alors que, selon le mot de Cocteau, le monde « ne s'intéresse qu'aux racontars. » Il s'agit de retrouver, grâce au poème, ce langage « d'un autre monde dans ce monde », la saveur d'être, saveur qui est soeur du savoir, de la connaissance. « le poème sauvera le monde » car il est capable de nous sauver « de l'oubli de nous-mêmes ». C'est dire son exigence et son impérieuse nécessité.
« Plus une société est antipoétique, plus la poésie devient l'argument théorique majeur de sa contestation. » Son enjeu est donc considérable. Une autre représentation du monde est possible pour peu que se réveille la conscience, que celle-ci trouve son petit grain de sable à moudre à travers les forces transgressives que charrie la poésie. La petite voix du poème, si fragile soit-elle, si peu dispendieuse en regard des gabegies artistiques, peut y parvenir, telle est la foi inébranlable de Jean-Pierre Siméon, ce passeur infatigable, militant, activiste de la poésie partout et pour tous. Juste un effort de conscience et nous éprouverons « la pleine étreinte du monde », nous serons capables de lire en toute liberté ce qu'il a à nous dire.
« La veine bat aux tempes du poème », donnons-lui notre sang, notre souffle rebelle afin d'être à la hauteur de notre humaine condition dans la libre et allègre perception de tous ses éléments.
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Du déni de poésie à la poésie comme acte de résistance, La poésie sauvera le monde.

Manifeste en forme de cri bien articulé en faveur de la poésie trop longtemps considérée comme une ornementation du langage non réservée mais délaissée à une élite aussi reléguée que raillée, qui métamorphose Simeon le rêveur-directeur artistique du Printemps des poètes en orateur qui convainc.

Siméon est sans équivoque, avant de définir l'acte poétique comme acte de résistance, il démontre par des arguments qui s'appuient aussi bien sur l'histoire que sur le fonctionnement de la communication, la fonction du langage & de la #poesie le « déni de poésie » :
« Réduire la poésie à un charmant artefact ou à une pratique très particulière, intransitive et séparée, du langage, censée sauver l'honneur d'une communauté qui l'ignore, lui déniant ainsi toute dimension socialement transgressive et agissante, c'est qu'on le veuille ou non un choix politique »

Non la poésie ce ne sont pas des borborygmes incongrus qui nécessitent une explication de texte. Depuis toujours, la poésie s'adresse à tous :
« Quiconque entend un poème, même illettré, sent bien qu'il y a là une tentative […] de rendre justice à la réalité non telle qu'elle apparaît mais telle qu'il la vit. »

Avant d'ériger la poésie comme acte de résistance, Siméon montre pourquoi et comment elle demande le silence dans le bruit, exige l'imagination quand on choisit notre série comme un uber eats, interroge quand on nous informe ; comment la poésie fait sentir, goûter, toucher, entendre et voir même, quand on nous autorise seulement à contempler les ombres. La poésie exige d'être quand on se contente d'avoir, de participer à l'acte poétique quand nous nous contentons d'être consommateurs.

Elle n'est définitivement pas cette robe cagoule ovni à la Kim K que l'on moque de loin. La poésie c'est ce jean que certains porteront retroussé, troué, droit, coupé comme un short. Et pour vous convaincre Siméon, n'est pas seul, il invite aussi Aragon, Rimbaud, Darwich, Kafka... et iciOctavio Paz : « le poème exige l'abolition du poète qui l'a écrit et la naissance du poète qui le lit ».
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critiques presse (1)
LeFigaro
17 août 2015
Dans La poésie sauvera le monde, le directeur du Printemps des poètes célèbre la parole libre et vivante qui défie les conditionnements.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Il y a ceci encore : le poème fomente, dans l'une de ses propriétés les plus constantes, l'acte de résistance le plus irréductible à la neutralisation de la langue telle qu'elle s'opère aujourd’hui : la métaphore. Là où la langue mutante obéit au principe absolu de l'accélération par troncation, siglaison, parataxe et nominalisation, la métaphore oppose le détour, donc le ralentissement qui seul autorise l'expansion du sens et sa lecture. La métaphore est longue en bouche, pourrait-on dire. La métaphore fait obstacle, retient le pas et exige qu'on demeure. C'est ainsi enfin qu'on habite sa langue et qu'on y décèle les accès jusque-là ignorés à la réalité. La langue mutante impose le droit chemin, elle clôt. La métaphore est un geste libertaire, elle déclôt. Il est vrai que, paradoxalement, une métaphore réussie risque de se figer bientôt en stéréotype.
Page 92
Commenter  J’apprécie          187
La poésie relève d'abord d'un principe premier et fondateur d'incertitude. Elle est donc d'abord un scepticisme, je veux dire une quête de l'ouvert qui récuse l'immobilisation tant dans le pessimisme arrêté que dans l'optimisme béat. Elle naît du pressentiment que toute vue des choses, toute nomination, tout concept, toute définition, pour indispensables qu'ils soient, tendent à clore le réel et à en limiter la compréhension. Là où l'histoire humaine, par nécessité, organise, classe, catégorise, fixe et ordonne, elle récuse la segmentation et l'immobilisation du sens. Tout poème est un démenti à la donnée immédiate et objective puisqu'il se donne pour fonction de rendre sensible, donc perceptible, ce que l'évidence obnubile.

Pp. 26-27
Commenter  J’apprécie          212
Oui, la poésie c'est la vie même, la vie en intensité, ramenée à son rythme essentiel, celui du souffle et de la scansion du sang, cela seul qui justifie qu'on inventât le vers : quoi d'autre? La veine bat aux tempes du poème. En raison de quoi, tout vrai poème, outre les circonstances de l'époque qui le vit naître, est notre contemporain. Tout vrai poème est contemporain d'un coeur qui bat.
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Il se trouve que si le poème nous rend à cette intensité, c'est qu'il ne ment pas : tout poème a pour arrière-pays la mort. Le poème est ce rebranchement immédiat de la conscience à vif sur l'intensité de la vie dans la mort. Or il dit réciproquement, car le poème est sans âge, la relativité de la mort dans la vie puisque la nappe phréatique de la vie est inépuisable : « Si nous habitons un éclair, il est le cœur de l'éternel. » dit René Char.
Page 50
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Dire un poème c'est réapprendre le sens de la parole vivante, la refonder en valeur. C'est aussi prendre conscience de ce que notre époque frénétique a invalidé : un rythme ce n'est pas seulement un effet d'accélération, ce peut être l'exact inverse. Une goutte d'eau qui tombe toutes les vingt secondes fait un rythme, lequel, en raison justement de la latence qu'il s'incorpore, s'impose nécessairement à l'écoute. Le silence dans la langue, son respir, qui est la propriété exclusive du poème, voici en effet qui sauvera la langue de son asphyxie.

p.103
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