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EAN : 9782081375956
266 pages
Flammarion (06/01/2016)
3.63/5   624 notes
Résumé :
" Ce n'est qu'au moment d'entrer dans le bar-tabac que la nouvelle m'a vraiment heurté, qu'elle a commencé à filer le tissu du drap que je tendais depuis des années sur cette partie de ma vie. J'ai demandé deux paquets de cigarettes, salué les habitués du plat du jour. Au-dessus des tables, un téléviseur s'allumait sur une chaîne d'informations en continu. À l'instant où j'y ai posé les yeux, le visage éminemment télégénique de Jean-François Laborde s'est figé sur l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (145) Voir plus Ajouter une critique
3,63

sur 624 notes
"La renverse: période de durée variable séparant deux phases de marée ( montante ou descendante ) durant laquelle le courant devient nul".

Dans son dernier livre, Olivier Adam fidèle à son poste de narrateur, est plus brillant que jamais!

L'histoire débute avec l'information de la mort par accident d'un certain Jean-Francois Laborde, que notre narrateur, Antoine, quasi la trentaine, apprend à la télé d'un bar. Un nom lié à un scandale qui par le biais de sa mère a éclaboussé toute sa famille , il y a dix ans....une vie au passé, qu'Antoine "pense" avoir enterré , fuyant maison et famille et se réfugiant dans un bled perdu en bord de mer, en Bretagne, où il travaille dans une librairie.....
Les démons du passé resurgissant , il va essayer de faire le chemin à rebours pour " chercher une cohérence dans un parcours qui est une succession de ruptures".

Au-delà du fait divers sordide, Adam s'interroge sur les identités multiples à l'intérieur d'une même personne et fait une excellente analyse des vérités sociales actuelles et de ses conséquences sur les vies individuelles de la petite et moyenne bourgeoisie, où les faux-semblants et les apparences ont la part belle.
Le narrateur, est toujours lui-même , qu'il met en scéne, un homme solitaire, taciturne ,qui fuit et essait de mettre tout à plat ( la renverse) avec une enfance et une adolescence dans un pavillon d'une ville de banlieue de la région parisienne, dont il a le sentiment de ne pas vraiment y avoir été , de ne pas y avoir vécu,de n'avoir rien vu venir, rien compris.
Les paysages de Bretagne ( le bruit permanent de la mer, la compagnie des oiseaux,les dunes et les oyats vibrant dans l'air frais du matin...) où il noit son spleen et sa prose libre sont comme toujours, sublimes.

Dire j'ai aimé ou pas aimé ce livre n'a pas grand sens.Comme tout ses livres( j'en suis une inconditionnelle !), un livre qui vous prend par le cœur et l'esprit,vous touche par sa mélancolie, vous éblouit par la justesse de ses propos , et vous renvoit à des vérités sociales et politiques actuelles.
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Lire les romans d'Olivier Adam me plonge souvent dans le drame familial, la perte d'un être cher, d'un amour perdu, dans une confusion de sentiments déprimants. Il y est question de deuil, de tristesse, de reconstruction, de whisky. Souvent, toujours. Son univers est sombre, noir, obscur. J'adore. La déprime littéraire, c'est ma came, le whisky aussi. Avec « La Renverse », je ne suis pas dépaysé, je gagne en plus un côté glauque, sur fond de scandale politico-sexuel. Je regarde la couleur ambrée tournoyer dans le fond de mon verre. Comme une envie de me reverser une dose.

Un député-maire qui abuserait de ses ouailles, de gentilles citoyennes de sa circonscription en demande (d'un service, d'un job, d'un taf de merde pour pouvoir payer sa taxe d'habitation et emmener au moins une fois par mois ses gosses au McDo du coin). Ce grand homme politique serait du genre « une pipe et je veux bien écouter tes doléances ». Ou bien dans le style « je t'écoute mais je te mets un doigt avant ». Bref, rien de vraiment anormal dans le petit monde des profiteurs et de la politique. Retourne-toi…

Pourquoi Antoine ressasse donc ces vieux souvenirs, enfouis dans un recoin de sa mémoire ? Il avait dix-huit à cette époque. Cela avait fait un certain scandale dans son petit village, pas le fait que le maire soit un pourri, mais du fait que sa mère aurait participé à ces partouzes cérébrales, des orgies forcées. Une participation active même selon la déposition du principal intéressé. La destruction d'une famille par l'intérieur, plus personne ne se parle, Antoine passe son temps à jouer de la musique avec ses potes, son petit frère s'enfuit, son père se referme sur lui-même, sa mère affiche une supériorité inébranlable, pas comme la bite de monsieur le maire qu'elle a dû souvent branler.

Au-delà du scandale, au-delà de l'aspect scabreux de l'affaire et de la pourriture qui dirige ses concitoyens, le thème du mal-être revient tout au long du roman. Antoine qui se colle avec la fille du maire, tous deux désespérés par le comportement de leurs parents respectifs. Antoine qui a arrêté de vivre, incapable d'aimer, incapable d'avancer. Et si les funérailles du maire allaient lui apporter, des années après, ce repos de l'esprit nécessaire à sa reconstruction. Les bouteilles de whisky apportent déjà le réconfort nécessaire lorsque la pluie glisse le long de la fenêtre, que les vagues déchirent le ciel sous ce ciel lourd et gris. Lourd et gris à l'image de la vie d'Antoine. Lourd et gris comme cette sombre histoire familiale, une ambiance à te plomber les dîners de famille à la Toussaint.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Antoine s'est réfugié en Bretagne depuis quelques années. Il tient la petite librairie de R., sous l'aile protectrice de Jacques. Ce matin-là, après une promenade sur le sentier longeant la falaise, il se rend au bar, quelques habitués y sirotaient un café. C'est alors qu'il entend à la radio la mort de Jean-François Laborde, ancien sénateur-maire de M., en banlieue parisienne, et ancien ministre. Une fois rentré chez lui, il allume son ordinateur et lit ici ou là quelques articles. Il n'était mention de sa mère que furtivement. Aucune trace de Célia et Lydie. le jeune homme pensait avoir définitivement tourné la page en s'enfuyant, laissant derrière lui ce sordide fait divers qui avait éclaboussé Jean-François et surtout sa mère et par là-même sa famille entière, il y a dix ans. L'annonce de cette mort va plus que jamais réveillé les démons du passé...

Olivier Adam change de registre et nous plonge au coeur d'un scandale politique. Suite à la mort de Jean-François Laborde, Antoine se rappelle ses années d'adolescent, alors qu'il vivait encore à M., au sein d'une famille en apparence normale. Une mère très jolie, tirée à quatre épingles et s'occupant parfaitement de sa maison. Un père distant, froid, n'ayant eu pour ses deux enfants aucun geste de tendresse. Malheureusement, cet équilibre familial sera mis à mal une fois cette sombre affaire étalée au grand jour, brisant alors cette bulle familiale. Comment se (re)recontruire après cela? La fuite, seule issue possible aux yeux d'Antoine. Seule façon salutaire d'échapper à tout cela. L'auteur décrit une société parfois amère et sombre dans laquelle la rumeur et les médias semblent détenir l'unique vérité et le portrait d'un homme en proie à des doutes et des questionnements quant à sa propre existence. Il dépeint magnifiquement cette Bretagne sauvage et rebelle. Porté par une écriture riche, juste et contemplative, ce roman, tantôt mélancolique tantôt sombre, finit par nous émouvoir.
Un roman qui n'est pas sans nous rappeler l'affaire George Tron...
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Un roman à couper le souffle, tant le rythme emporte le lecteur. Déjà, le titre est bien choisi car la renverse est ce moment de latence entre marée montante et descendante, quand la mer retient son souffle avant de repartir.

S'inspirant d'un fait divers (cf. l'affaire Georges Tron) Olivier Adam nous décrit très bien la toute-puissance, liée au pouvoir politique à travers cet homme séducteur qui réussit à entraîner avec lui son adjointe, jusque là mère au foyer, mais qui toujours eu envie d'être vue, reconnue, dans la lumière.
Que peut-on faire quand on est employée, menacée de licenciements si on parle, accusée de fragilité psychologique car on ne peut que se paniquer quand on doit prouver qu'on a raison, qu'on est victime. On voit la toute puissance, l'impunité des uns, face à la fragilité des autres : « selon que vous serez puissants ou misérables… ».

Olivier Adam nous montre que dans ce climat d'humiliation soit, on reste dans le déni, comme Antoine, soit on se révolte et on s'enfuit comme son petit frère Camille. « Je vivais tel que je croyais être censé le faire »

Antoine a grandit et a construit sa vie sur ce déni et aussi en se fiant aveuglément au ressenti de la fille du maire dont il devient proche, et qui lui donne sa version des faits, son interprétation du moins. Mais peut-on se construire sans vouloir voir la vérité ? Pour qu'il y ait résilience, il faut regarder les choses en face.

La mort brutale du maire, dix ans après les faits, va faire vaciller Antoine, et après une phase de sidération, le voile se déchire et les souvenirs qui remontent vont le pousser à réfléchir car il n'était jusqu'à présent qu'en mode « Survie », incapable de construire quelque chose avec une femme et éclairent l'affaire et ses conséquences sur la vie, sur la construction…

Un bon roman, haletant car plus l'histoire avance plus on lit de façon addictive, car le rythme est renversant. Même si les héros ne sont pas attachants car leurs personnalités sont particulières, mais tellement typiques de notre époque où les repères ont explosé. Et la critique de la vie politique, des grands « psychotiques » qui nous gouvernent (ne sont-ils pas coupés de la vie réelle, tout-puissants, sûrs de leur bon droit, avec leurs réseaux et leur façon d'asseoir leur pouvoir en toute impunité …), est sans appel.

Un bémol : le langage cru, voire pornographique utilisé par l'auteur pour parler des viols et des attouchements, sans doute pour mieux en montrer la violence, mais qui ne m'a pas tellement plu…

Note : 8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.com
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Dans son dernier roman, Olivier Adam creuse la veine des blessures intimes sur fond de thriller politique.
Lorsqu'Antoine apprend par le journal que l'ancien ministre et maire de sa commune vient de mourir, c'est comme si une bouffée d'air vicié lui pénétrait dans les poumons, l'empêchant de respirer.
Il a pourtant tenté d'oublier, au point de s'isoler dans une petite ville du bord de mer où il se croyait protégé. Mais comme un boomerang, les souvenirs reviennent.
Un scandale mêlant sexe et politique ou le jeune homme a été éclaboussé car sa mère y était au premier plan, en tant qu'adjointe et complice du politicien en question...
Olivier Adam nous transporte au coeur d'une famille qui va imploser sous le poids du scandale. Antoine et son frère cadet ne vont pas du tout vivre les événements de la même manière mais chacun va en souffrir de manière irréversible.
On éprouve beaucoup d'empathie pour eux, on est pris dans leur histoire.
« La renverse » est un roman poignant qui donne envie de hurler face à l'ignominie, aux mensonges, aux silences, à l'impunité et de pleurer d'impuissance pour la honte, l'indifférence et le manque de soutien que ressentent les victimes collatérales de ces faits-divers sordides et médiatisés.
Bref, un roman grave et vivant qui vous transporte, plein d'émotions, nourri de la belle plume d'Olivier Adam !



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critiques presse (4)
Telerama
10 février 2016
Véhément et retenu tout à la fois, secoué de silences et de non-dits, ce roman touche par la voix qui le porte, aussi fragile que lucide.
Lire la critique sur le site : Telerama
LaPresse
22 janvier 2016
Si La renverse n'est pas son meilleur cru, son écriture élégante y est particulièrement soignée.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Culturebox
20 janvier 2016
L'auteur de "Peine perdue" et "Les lisières" continue brillamment son travail de décryptage des paysages et des sociétés de la périphérie, mais rate un peu son incursion dans le fait divers.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
12 janvier 2016
Olivier Adam parle de ce passé trouble, cette mémoire refoulée qui nous renverse. Comment survivre à des parents si égocentriques.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (113) Voir plus Ajouter une citation
Il était absolument interdit d’aborder le seul sujet qui pourtant suintait de toutes parts, tournait en boucle sous nos crânes, y projetait désormais des images insoutenables, absolument obscènes, des images auxquelles je continuais à refuser d’y croire mais qui s’entrechoquaient tout de même, ma mère faisant tourner la clé et la dissimulant dans la poche d’un de ses vêtements, le maire l’attirant à lui et ouvrant son chemisier, dégrafant son soutien-gorge, soulevant sa jupe, pressant légèrement ses épaules vers le sol dans un geste entendu. Les deux femmes un peu éméchées forcées de regarder ma mère engloutir le sexe du maire, dans la pièce où elles étaient prises au piège. Puis ma mère s’approchant d’elles et entreprenant de les déshabiller sous la menace de la virer pour l’une, la promesse de l’embaucher pour l’autre, leur caressant la poitrine et les livrant au sénateur, à demi nues, et lui leur embrassant les seins, puis leurs caressant la chatte, fourrant un doigt entre leurs lèvres, leur intimant de le touchant en leur promettant un bon salaire, une place en crèche pour le bébé de l’une, un boulot ou une promotion pour le compagnon de l’autre, puis en les doigtant à nouveau alors que des larmes inondaient leurs visages, et ma mère prenant le relais et branlant le maire pendant qu’il caressait les jeunes femmes, les pétrissait, leur fourrait les doigts dans la bouche puis dans le vagin, et finissait par gicler tandis que ma mère l’embrassait à pleine bouche. ? Ma mère forçant les deux femmes à goûter le membre de l’édile, lequel se remettant à bander exigeait que Celia B. vienne s’empaler sur son sexe, tandis que ma mère lui tenait les épaules, la maintenant en place, veillant à ce qu’elle s’exécute docilement, jusqu’à ce que Laborde jouisse à nouveau.
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Jacques m'a assuré qu'il se sentait suffisamment en forme pour assumer deux jours seul à la librairie...Je ne voyais pas très bien ce qui l'empêchait de simplement tirer le rideau. Je lui en ai fait la remarque.....Il a secoué la tête. À ses yeux la chose était purement inenvisageable. C'était comme commettre une obstruction. S'opposer volontairement à la nécessité de lire. La nier en un sens. Déjà qu'il n'encaissait pas de devoir fermer le dimanche, au motif que la librairie ne figurait pas au rang des commerces de première nécessité. Quand on voit le niveau de connerie ambiante, grommelait-il, on sent bien à quel point c'en est un, de foutu produit de première nécessité.
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J'ai pris le sentier longeant les falaises. Quelques fleurs de bruyère résistaient encore, parmi les premiers ajoncs et les restes de fougères brûlées par le froid. Je suis resté un moment là-haut, le temps de griller les cigarettes qui me faisaient office de petit déjeuner, de m'emplir les poumons de goudron et d'iode congelé. Tout était parfaitement figé dans la lumière acidulée du matin. Au loin, un kayak glissait sur les eaux tout à fait lisses, d'un bleu tendre de givre, semées d'îlots où somnolaient des cormorans frigorifiés, luisants et noirs, comme recouverts de pétrole.
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Etions-nous ensemble, Laetitia et moi ? C'était difficile à dire. Nous ne nous quittions plus d'une semelle, nous endormions sous les grands arbres en nous tenant la main. Parfois, Laetitia me demandait de la serrer fort. et quand je cherchais sa bouche elle ne me la soustrayais pas toujours. Elle laissait alors ma main s'aventurer sous son tee-shirt. Souvent cela semblait lui plaire, et elle paraissait s'y abandonner. Elle me rendait mes baisers et mes caresses. Je bandais et elle me branlait un peu. Je la sentais mouiller et s'ouvrir doucement sous mes doigts. Et puis soudain elle réalisait ce que nous étions en train de faire...
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Quelques mois plus tard, Camille prononcerait les mêmes mots, évoquerait les mêmes scènes, toutes ces vérités proférées à voix haute à l'abri des murs de la maison familiale, devant des adolescents dont on ne tenait aucun compte, qu'on ne cherchait pas à protéger, ni à tenir éloignés de ces affaires d'adultes, des adolescents qu'on tenait pour quantité négligeable, tant on était préoccupé par sa propre personne, ses propres problèmes, son propre plaisir, ses propres névroses, ses propres perversions, et par les apparences qu'il fallait maintenir coûte que coûte afin de conserver sa position, son pouvoir, son argent, sa puissance, même dérisoire, même pathétique quand on y pensait, petit pouvoir dans une petite ville banale, petit pouvoir médiocre sur une petite ville médiocre.
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