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EAN : 9782213683317
196 pages
Fayard (09/09/2015)
3.82/5   25 notes
Résumé :
4e de couverture : Palerme, en 167, est la capitale d'une Sicile sous domination espagnole. Quand son vice-roi, don Angel de Guzman, meurt en pleine séance du Conseil, les notables siciliens cupides et dépravés exultent : cette brève vacance du pouvoir est une aubaine inespérée. Mais don Angel a laissé un testament, et le successeur qu'il désigne pour l'intérim n'est autre que... sa propre épouse, donna Eleonora di Mora. Si la stupeur est grande dans la ville, elle ... >Voir plus
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UN REGAL !
Ainsi comme ainsi, j'ai besoin de m'acasser dans le fauteuil le plus proche pour arriver de trou ou de brou à démêler les pensées et contre-pensées de ma cocuce, ne sachant quelle pièce coudre pour entamer cette critique.

Pas la peine de touiller autour du buisson, je vais m'y lancer à toute éreinte et l'écrire sans détarder. J'espère que vous avez compris chat sans que je dise minon sinon je devrai ritouler alors que j'ai la gargate nouée.

Première lecture d'Andrea Camilleri, écrivain italien qui joue de la langue et de la syntaxe comme Mozart du piano et du violon. Toutes les expressions, siciliennes, italiennes ou espagnoles, sont comprises aisément grâce au contexte. C'est surprenant, très vivant et imagé et, surtout, totalement différent de ce que je lis habituellement. Bravo à la traductrice, Dominique Vittoz, dont le rendu fait oublier la traduction.

L'histoire est une partie de l'Histoire de la Sicile, alors sous occupation espagnole. A la fin du 17e s., le vice-roi vient de défunter et a désigné son épouse pour lui succéder. Celle-ci, que personne n'a jamais vue, prend la charge à coeur et décide de combattre la corruption et la luxure de ses conseillers. D'une intelligence redoutable, donna Eleonora, "sans prendre merle pour renard", s'entoure de conseillers intègres, civils, militaires et ecclésiastiques. Elle dénoue un à un les fils de la malhonnêteté des uns et des autres et condamne sans remords, en toute légalité, les princes du sang et le prince de l'Eglise.

Son règne ne dura que 27 jours et elle eut le temps
- d'édicter une loi pour que chaque corporation désigne et délègue un représentant placé sous l'autorité d'un prévôt qui jugerait les différends comme le ferait un tribunal,
- de faire baisser le prix du pain de moitié,
- de faire rouvrir un hospice pour les "vierges en danger" et un autre pour les prostituées âgées,
- d'exonérer d'impôts les "pères surchargés" de huit enfants au lieu de douze,
- de constituer une dot sur les deniers attribués au vice-roi pour les jeunes filles nécessiteuses, etc.

L'évêque de Palerme ne voulant perdre aucune de ses prérogatives ni suivre la voie de la destitution et de la ruine comme ses anciens camarades, écrivit au pape qu'il était impossible qu'une femme revête la dignité de légat-né de Sa Sainteté alors que cette fonction était indissociable de celle de vice-roi.

De fil en aiguille, le roi d'Espagne et de Sicile, Charles II, fit savoir à son vice-roi, donna Eleonora, que ses fonctions prendraient fin le 1 octobre 1677 mais que tous ses actes et décisions resteraient en vigueur et ne pourraient être annulés.

Lecture époustouflante qui m'a laissée bauchée en place comme pique-plante et que je vous recommande allègrement.

Un tout grand merci à Szramowo qui m'a conseillé cet auteur que je vais continuer à lire pour la couleur de ses mots et pour la vibration de son style.




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Cette histoire est inspirée d'un fait historique. En effet, en 1677, une femme, Eleonora di Mora, a gouverné la Sicile pendant 27 jours.
Cette histoire raconte avec beaucoup d'humour, son combat contre un gouvernement corrompu et contrôlé par des politiciens qui se regardent le nombril. En moins d'un mois, elle a même réussi à gagner quelques batailles.
Je découvre la plume d'Andrea Camilleri avec ce roman, et j'avoue avoir été plutôt déstabilisée par son style. Son récit est rempli d'expressions italiennes, siciliennes et espagnoles. Tous le discours d'Eleonora est en grande partie en espagnol et ce que j'ai trouvé amusant c'est plutôt que d'avoir une traduction en note de bas de page, il y a toujours un personnage pour reformuler ses paroles au cas où un doute subsisterait.
Ce style a un peu freiné mon engouement pour cette lecture, même si j'ai quand même apprécié.
Je tiens aussi à adresser une mention spéciale au traducteur qui a fait un travail d'un grande qualité.
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N° 1558 - Juillet 2021

La révolution de la luneAndrea Camilleri – Fayard.
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz.

En 1677 la Sicile, alors sous domination espagnole, est gouvernée par un poussah, le vice-roi Angel de Guzmàn qui vient de mourir, ce qui, pour les nobles est une aubaine, sauf que, par testament, il désigne pour lui succéder son épouse Eleonora di Mora, une femme d'une sublime beauté et d'une intelligence redoutable mais qui, jusque là, était restée dans l'ombre. La nouvelle fit grand bruit parmi les conseillers qui, la stupeur passée, se multiplièrent en courbettes et autres marques de flagorneries, partagés qu'ils étaient entre l'admiration de sa grande beauté et la volonté de conserver leur place et prérogatives. Cette entrée d'une femme en politique fut une révolution mais Eleonora profita bientôt de cette opportunité pour réformer le pays en en éliminant la corruption, en portant son attention sur les plus démunis, aux femmes et à leur condition inférieure, aux mendiants, ce qui lui valut la bienveillance de ses sujets restés intègres et l'amour du peuple. Cela ne se fit pas sans mal, le jeu politique reprit ses droits et l'appétit de pouvoir des hommes en place autant que leur volonté de conserver leurs privilèges et leurs fonctions ne manqua pas de se manifester. On était loin de la galanterie et de l'amour courtois du Moyen-âge ! On fit des difficultés et bien entendu on assista à des bassesses, des délations, des trahisons, ce qui est l'ordinaire de l'espèce humaine, face à la volonté d'une femme qui entendait bien marquer son temps dans le registre de la sauvegarde des plus déshérités.

Ce court règne qui ne dura que 27 jours, soit la période d'un cycle lunaire, est authentique et c'est un homme qui y mit fin légalement, mais avec l'assurance que ses décisions seraient maintenues après son départ. Je note qu'elle ne chercha pas à se maintenir au pouvoir, ce qu'aurait sans doute fait un homme à sa place. Cet épisode est l'illustration si souvent proclamée, mais bien peu souvent mise en oeuvre, que le pouvoir politique confié à une femme peut êtres synonyme de paix, d'une prise en compte plus complète des problèmes de l'humanité, d'une plus grande justice sociale... et ce fut le cas, malheureusement cette expérience fut contrecarrée par les hommes. A la fin de son règne les choses allaient donc pouvoir redevenir comme avant, de nouvelles injustices se faire jour, la corruption se développer, les malversations se multiplier, les hommes d'Église cultiver leur hypocrisie, les guerres se dérouler pour le plus grand plaisir des puissants qui eux n'y participaient pas... En laissant aller les choses on finirait sûrement par détourner et sans doute oublier tout ce que cette reine éphémère avait fait pour améliorer le sort des plus défavorisés.

La langue de Camilleri est toujours aussi foisonnante mais j'ai été quelque peu déconcerté par le style qui mélange les expressions siciliennes, italiennes et espagnoles. Je ne suis pas contre le principe qui est finalement une belle innovation, mais j'imagine le travail du traducteur qui a dû s'adapter à cette manière originale de s'exprimer de l'auteur, sans pour autant le trahir. Il n'empêche que si Camilleri aime à s'exprimer de cette manière quelque peu humoristique, et c'est bien son droit, mais la lecture n'en est pas pour autant facilitée, même si on peut y voir, en plus de l'humour qu'il affectionne et qu'il manie si joliment, l'occasion de la création de mots qui est la manifestation même de l'évolution d'une langue et fait qu'elle est bien vivante.

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Entre réalité historique et invention, ce roman m'a fortement réjouie.
La langue unique de Camilleri est un régal toujours renouvelé, agrémenté cette fois de phrases en espagnol.
Ses images sont des trouvailles, comme :" les jambes en tiges de violettes" qu'il nous avait déjà servi. Dans "Le grelot" si je ne me trompe.
Côté Histoire : en 1677, à Palerme sous domination du roi d'Espagne, le vice-roi décède et, par testament, sa jeune épouse lui succède, au grand dam des membres du Conseil, tous faiseurs de "magouilles, faveurs, abus de pouvoir et injustices.". le plus retors et dangereux étant l'évêque. (Coup de griffe anti-clérical)
" Ce royaume ne reconnaît ni Dieu, ni Votre Majesté", avait écrit le duc d'Ossuna.
Camilleri dénonce avec force et avec humour les abominations des puissants : nobles, bourgeois, riches malhonnêtes.
Et, enfin, voici la Femme : la vice-reine, d'une beauté "envoûtante".
Elle rétablira la justice, le temps d'une révolution de lune : 27 jours.
Ce roman est aussi un hommage vibrant rendu aus femmes.
Un coup de coeur.
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Palerme, 1677. Depuis un bon bout de temps et pour encore plus d'un siècle, la Sicile appartient à l'Espagne qui y règne par l'intermédiaire d'un vice-roi. Or, le vice-roi dont il est justement question ici est malade - si malade qu'il rend l'âme en plein Conseil, laissant porte grande ouverte aux magouilles peu reluisantes de ses dignes seconds. Il faut dire qu'en ce temps-là, plus encore que l'Espagne, c'est la corruption et la débauche qui régentent l'île depuis sa capitale.
Mais la porte ouverte, en réalité, ne l'est peut-être pas tant que ça. Car le défunt a laissé un testament derrière lui. Un bien étrange, bien stupéfiant testament, qui transfère sa charge directement... à son épouse. Une femme, vice-roi ? Eh oui. Sort soudain de l'ombre une beauté stupéfiante, dont l'apparente froideur désarçonne, dont la tranquille assurance inquiète, et qui ne va pas tarder à faire quelques remous dans les sphères du pouvoir, voire même bien au-delà. Car la garce, en plus d'appartenir au mauvais sexe, est fermement résolue à coller un bon coup de Kärcher dans les écuries d'Augias, remettre à leur place (soit derrière les barreaux) ceux qui ont abusé de la faiblesse de son mari, venir en aide aux plus nécessiteux, rendre justice en somme. Et, passez-moi l'expression, elle possède sous une jupe de velours la paire de couilles en acier trempé que recquiert ce genre d'ambition.
Le duel, bientôt, s'engage, à armes dissimulées et grands rebondissements. Qui, de la noble dame ou des fourbes conseillers, finira par l'emporter ? L'une comme les autres ont plus d'un tour dans leur sac pour se débarrasser de l'adversaire et le jeu, dangereux pour tout le monde, promet d'être serré.

A partir d'évènements historiques avérés mais quasi oubliés et très peu documentés (le bref règne d'Eleonora de Moura sur Palerme), Andrea Camilleri brode un roman historique assez réjouissant, avec des méchants infâmes à souhait et une héroïne magnifique qui incarne avec beaucoup de charme l'idéal justicier. Pas le plus subtil du point de vue de l'analyse des caractères, sans aucun doute, mais le mélange de suspense et de dualité manichéenne fonctionne extrêmement bien et c'est un vrai plaisir de suivre les mille intrigues retorses qu'imagine tout ce beau monde pour arriver à ses fins. D'autant qu'Eleonora, aussi idéalisée soit-elle, est indubitablement attachante sous le masque impassible de la femme de pouvoir.
Ajoutons à cela beaucoup d'humour, de fantaisie et un style... un style, ma foi, auquel j'ai eu bien du mal à me faire, qui peut être considéré aussi bien comme une des forces du roman que comme sa plus évidence faiblesse. Force, dans le sens où le mélange des langues et l'introduction de nombreux termes de patois ancien (que la traduction française interprête de son mieux) donne beaucoup de verdeur et d'originalité à la langue. Faiblesse, parce que cette langue "à la manière de" sonne d'emblée un peu artificielle, parce que, surtout, ces termes très typés reviennent trop souvent, toujours les mêmes pour dire la même chose, d'autant plus redondants qu'il est difficile de les ignorer, jusqu'à apauvrir une langue qu'ils étaient censée enrichir. "Avoir les jambes en tiges de violette", c'est une expression formidable en soi, mais lorsqu'on nous la ressort à chaque fois qu'un personnage se sent faible (et c'est souvent le cas !), on commence à avoir l'impression que l'auteur manque de vocabulaire ou d'imagination - et ce n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres.
L'intrigue toutefois est asez entraînante pour passer outre ce détail. Passé un premier temps d'adaptation et malgré quelques grincements de dents occasionnels, il devient assez difficile de lâcher ce petit roman savoureux, qui donne aussi bien envie d'en savoir plus sur les événements qu'il raconte que d'aller lire d'autres titres de l'auteur. Merci aux hasards du vide-bibliothèque Babelio pour cette découverte !
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Je voudrais vous poser quelques questions.
- Allez vous faire quiller, rebriqua le paroissien.
Le coup de pied de Torregrossa lui marpailla deux dents et le nez. L'homme ferma les yeux et s'épâmit (p. 234).
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Deux mille personnes s'affoulaient devant la cathédrale. Les curés avaient fait le vert et le sec pour rameuter du monde à revorge, brandissant la peine d'excommunication et menaçant épidémies et autres châtiments divins (p. 166).
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Peut-il exister une flamme noire, cafie d'éclairs ténébreux et violents ? Un instant , don Alterio retira dans les yeux de la marquise une telle brasance ardente et mystérieuse. Et il en eut froid aux os comme jamais dans sa vie.
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- Pitié ! Ne me tuez pas ! Je vous en supplie ! [...]
- Vous prenez encore la fausse porte, Monseigneur. On est seulement venus vous engeôler. C'est le bourreau qui s'occupera de vous faire passer le goût du pain.
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C'était là où la chatte avait mal aux pieds. Don Filippo se gratta la cocuce, car il ne savait quelle pièce coudre pour garder secrète l'arrestation de l'évêque (p.235).
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
1998

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