Alejandro Ballesteros futur professeur en histoire de l'art débarque à Venise pour approfondir sa connaissance de
la Tempête célèbre toile de Gorgione qui le fascine et dont il voudrait établir le sens caché. Sur ce tableau une femme presque nue allaite un bébé sous le regard équivoque d'un homme qui pourrait être un berger, au bord d'un paysage de ville peu réaliste et sous un ciel de tempête.
Le séjour studieux du jeune espagnol va prendre, dès le premier soir, un tour inattendu avec l'assassinat d'un inconnu qui expire dans ses bras.
Le roman de de Prada se présente comme une enquête policière transcendée par une puissante réflexion sur l'art et les vertiges de la création.
L'obtention du Goncourt espagnol, le Prix Planeta 1997 aurait dû me mettre la puce à l'oreille ! Comme disait Blaise « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
La Tempête est un roman policier poussif à l'intrigue mollassonne, quant à la réflexion sur l'art et la création elle reste au raz des margaritas. Que nous dit de Prada : les oeuvres de génie résistent aux interprétations, leur beauté prend aux trippes et n'est qu'émotion. Pour ce qui est des affres de la création il s'égare dans une histoire de faussaire amoureux plutôt simpliste.
Le pire est la galerie de personnages du roman et en particulier un héros particulièrement déplaisant, que celui-ci ne soit ni héroïque, ni sympathique ne serait pas une première en littérature et n'exclurait pas un chef d'oeuvre. Ballesteros est non seulement médiocre mais pathologiquement libidineux, de Prada a voulu donner une dimension sexuelle à son roman mais il a juste réussi à être graveleux, mettre de l'érotisme dans un roman sur l'art de la renaissance était plutôt à propos mais faire perdre son temps au lecteur en revenant régulièrement sur la cellulite des femmes et sur leur string perdu dans la raie des fesses c'est lourd et ça manque de talent. de l'ensemble on peut seulement sauver une description saisissante d'une Venise en hiver froide et inondée et pour tout dire assez inquiétante
De mon point de vue cette Tempête est hautement dispensable et montre que les « Goncourt » espagnols ne sont pas plus inspirés que les français.