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EAN : 9782709636858
333 pages
J.-C. Lattès (22/08/2012)
3.75/5   92 notes
Résumé :

"La Vie sans fards répond à une double ambition. D'abord je me suis toujours demandé pourquoi toute tentative de se raconter aboutissait à un fatras de
demi-vérités. Trop souvent les autobiographies et les mémoires deviennent des constructions de fantaisie. Il semble que l'être humain soit tellement désireux de se peindre une existence différente de celle qu'il a vécue, qu'il l'embellit, souvent malgré lui.
Il faut donc considérer La Vie sans f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Sans fards c'est exactement comme ça que Maryse Condé se décrit mais parfois j'ai trouvé qu'elle exagérait , comme elle le dit si bien souvent , on embellit ses souvenirs , sans doute fait-elle la démarche inverse par souci de vérité et cela est en sa faveur .
Elle ne craint pas de dénoncer la piètre mère qu'elle fut , l'épouse qui ment , qui trompe mais après les malheurs dit-elle vient le bonheur .
Mais ces malheurs ne les a-t-elle pas crées , j'ai été étonnée par ces contradictions flagrantes entre son talent de conteuse et la façon désastreuse dont elle mène sa vie de femme .
Comment une femme follement amoureuse d'un africain célibataire , sans enfants peut-elle renoncer définitivement à la maternité sans se saborder consciemment ? Mystère .
Bien sûr il nous arrive à tous de prendre des mauvaises décisions mais à ce point c'est difficile à comprendre ;
je n'ai pas aimé non plus quand elle se plaint de ses maigres salaires , n'est-ce pas un peu indécent ni quand elle se lamente sur l'accumulation de ses malheurs , j'avoue n'avoir pas trop compris la démarche de son livre .
Par contre ce qui m'a intéressé c'est lorsqu'elle évoque les écrivains , les poètes , les grands hommes africains et antillais , Maryse Condé m'a donné envie de connaître entre autres Aimé Césaire que je ne connais que de nom , donc bilan assez mitigé pour cette lecture , une critique difficile à faire .
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Autobiographie d'une femme guadeloupéenne élevée à l'occidentale. Maryse Condé retrace ses années de galère en France puis en Afrique, son premier mariage chaotique, ses grossesses, son métier mal rétribué d'enseignante dans différents pays africains, sa difficulté à trouver sa place, ses choix de vie souvent peu judicieux, comme elle le reconnaît. Ceci en parallèle avec l'histoire des pays où elle a séjourné : la Côte d'Ivoire, la Guinée, le Ghana.

L'ouvrage se révèle très intéressant pour tous les aspects géopolitiques, économiques, sociaux et culturels. La "négritude" (courant, notamment littéraire, lié à l'anticolonialisme), l'Afrique, les sociétés féodales, les gouvernements, les coups d'Etat, la corruption, la complicité occidentale dans les magouilles des personnages influents... Mais aussi les "hiérarchies" plus ou moins affichées (et fantasmées ?) entre Africains, Africains-américains, et anciens esclaves des colonies...

*****

Les documents-témoignages que je reçois pour le prix ELLE sont l'occasion de m'interroger sur la place de l'auteur/narrateur dans un récit personnel. Bien sûr, il s'y dévoile beaucoup, par définition. Il s'y montre parfois sous son meilleur jour, quitte à réécrire les faits. Il peut s'effacer aussi, au profit de la "grande Histoire" dont il fut témoin et/ou victime (cf. Rithy Panh), s'en faire observateur-rapporteur.

Ce n'est pas l'option prise par Maryse Condé, qui a une grande place dans ce récit, où, comme l'indique le titre, elle se décrit ici "sans fards". Elle le souligne dès les premières lignes.

De ce fait, s'y montrant sans complaisance, avec honnêteté, cette écrivain m'est souvent apparue dans cet ouvrage comme plaintive, éternellement insatisfaite, se posant en victime... Tout comme à l'égard d'un personnage fictif, le lecteur doit pouvoir ressentir une forte antipathie envers un auteur - aussi admirable soit son parcours - non ?
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Maryse Condé est une grande écrivaine, personne n'en doute... mais cette "autobiographie" m'a mis mal à l'aise.
Elle ne s'en cache pas : elle nous expose sa vie "sans fards", et en particulier le choix entre être une femme ou être mère.
La femme, je respecte son parcours, curieux, chaotique, sinueux, maladroit, trébuchant... nous sommes beaucoup à emprunter ce chemin.
Mais là où naît pour moi le malaise, c'est quand la femme se fait mère... et quelle mère !
Une mère qui entre l'âge de 19 et 26 ans donne naissance à quatre enfants de trois ou quatre pères différents.
Les pauvres gosses vont connaître le placement en institution ou chez une nourrice, être repris par leur mère, puis nomadisés de la France, à l'Afrique ... je devrais dire "aux Afriques", exilés à Londres, "abandonnés" pour moitié à Londres pendant un an, pendant que l'autre moitié poursuit... à cause d'une mère instable ... une nomadisation déstabilisante aux Afriques...
Et cette mère s'étonne sans vergogne que ses enfants urinent la nuit dans leur sommeil et soient la proie de terreurs... !!!
Extrait :
" Leïla ne me manifestait jamais pareille tendresse. Quels sentiments éprouvait-elle pour une mère qui la traînait de pays en pays, de maison en maison, qui lui avait infligé cette détestable parenthèse en Angleterre ? En bref, une mère grâce à laquelle elle avait été si tôt initiée aux terribles expériences du déracinement, de l'exil et du racisme ? Quand Adeeza fut partie, je la pris dans mes bras. J'aurais aimé la supplier d'essayer de me pardonner le mal que j'avais causé, bien malgré moi."
Dans ce court extrait, on croit percevoir chez cette mère enfin un peu de lucidité... jusqu'à ce terrible "bien malgré moi". Et là on se souvient d'une de ses amies lui disant "sans fards" : "Avec l'intelligence que tu as, tu ne fais que des conneries !"
Et des conneries la femme ne se prive pas d'en faire, s'amourachant et ayant un enfant du fils de Duvalier (le dictateur haïtien père des sinistres "tontons macoutes"), épousant un apprenti comédien guinéen... pour offrir à ses deux enfants (car elle se fait également engrosser par Mamadou Condé... c'est le nom du garçon) un père (qu'elle n'aime pas), un foyer et une stabilité... et en passant, pour elle, une "respectabilité" d'épouse (et plus l'infamie d'être une fille-mère) et... un passeport.
Car obsédée par une quête identitaire, Maryse, désormais Condé, guadeloupéenne adepte de "la négritude", admiratrice de Césaire et de Frantz Fanon, va côtoyer l'Afrique de la fin des années 50 et celle des années 60. de Sékou Touré, à Houphouët-Boigny, de Sédar-Senghor à Kwame Nkrumah, sans oublier Patrice Lumumba et d'autres.
Ces années de révolutions pour l'indépendance et trop souvent pour la dictature, elle va les vivre "sur le terrain", dans sa chair et dans son sang... croisant des figures mythiques comme celles du Che, de Malcom X, de Maya Angelou, pour ne citer que les plus célèbres.
C'est passionnant je dois le dire pour le lecteur qui rencontre L Histoire, la vraie, et en même temps déstabilisant, qui voit cette femme habitée par cette quête obstinée, sourde et aveugle au bon sens et aux intérêts fondamentaux de ses enfants.
Extrait :
-"Depuis la mort de ma mère, la Guadeloupe ne signifiait rien pour moi. Je me sentais libre d'explorer l'Ailleurs. Pour l'heure, quelque chose me retenait en Afrique. J'avais la certitude que cette terre pouvait m'offrir des richesses essentielles. Lesquelles ? Cette dernière phrase ("tu ne fais que des conneries") s'imprima dans mon esprit de manière indélébile. Aujourd'hui encore, elle brûle ma mémoire. Je la tourne et la retourne dans mon souvenir. Si je n'ai fait que des "conneries", comme m'en accusait Arlette (et bien d'autres), n'ai-je pas accumulé les décisions et les choix hasardeux, poursuivi avec obstination des rêves et des fantasmes personnels ? Aussi, n'ai-je pas fait souffrir les miens ? Mes enfants surtout, dont j'ai toujours cru avoir l'intérêt à coeur ?"
Ne voulant pas écrire une autobiographie de complaisance, Maryse Condé a écrit une autobiographie "sans fards"... au risque d'apparaître comme une "épouse menteuse, infidèle, adultère", une femme psychorigide, préférant ses amants à ses enfants. Indéniablement la femme se montre sous un jour qui laisse apparaître ses failles et ses faiblesses. Quant à la mère, elle ne trouve à aucun moment grâce à mes yeux.
C'est ou ce sont les travers de ce genre d'autobiographie. C'est peut-être aussi son intérêt ?
Un livre bien écrit, au contenu culturel riche... humainement... troublant et questionnant !
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La vie de Maryse Condé est loin d'avoir été un long fleuve tranquille. Dans « La vie sans fards » son dernier roman autobiographique, elle raconte son enfance en Guadeloupe et sa mère qu'elle idolâtrait. Elle évoque également ses études à Paris, son premier amour qui lui fera un enfant et l'abandonnera ainsi que sa rencontre avec Mamadou Condé qui deviendra son mari et le père de ses enfants. C'est avec ce dernier qu'elle s'établira en Afrique et découvrira les tensions qui peuvent facilement se faire jour entre Antillais et Africains, mais c'est aussi en Afrique qu'elle découvrira les textes d'Aimé Césaire et le concept de la négritude...

MON AVIS : Plus qu'une autobiographie c'est un retour sur soi sans concession que propose Maryse Condé dans « La vie sans fards ». Ce livre était à l'origine un texte qu'elle souhaitait écrire pour ses petits-enfants afin que ceux-ci puissent mieux comprendre la vie de leur grand-mère. Mais au cours du processus d'écriture, une évidence l'a frappée, souvent l'homme qui se raconte ne dit que des demi-vérités . Elle s'est donc imposé un exercice difficile, tout dire, sans rien trahir, au risque de choquer son entourage et son lectorat, au risque d'écorner son image d'écrivaine bien pensante et militante.

Comment ne pas être touchée par cette femme, cette mère, cette auteure qui accepte de se mettre à nue, et de raconter ses forces et ses faiblesses, ses douleurs et ses joies. de ce récit transpire la vérité, l'honnêteté et le courage d'une grande dame qui se regarde en face et qui dit : voilà qui je suis. Son écriture est franche, directe et sans fioriture, mais l'humour est toujours présent entre les lignes comme pour faciliter l'énonciation des moments de vie douloureux, des mauvais choix, des dissimulatios. Maryse Condé n'hésite pas à faire de nombreux allers-retours entre sa vie et les romans dont elle est l'auteure, elle met ainsi en évidence le propre du travail de l'écrivain : se nourrir de ses observations, de sa vie, du réel afin d'écrire et de décrire la vie, la société. Un livre et une oeuvre à découvrir, on a trop peu parlé de cette grande dame et de son livre en cette rentrée littéraire.


Lien : http://www.meellylit.com/
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« Cette réappropriation matérielle de l'Afrique me prouvait qu'allant plus loin que le chef de la Négritude, mon maître à penser, je commençais de m'assumer. »

Maryse Condé se livre telle quelle, au risque peut-être de choquer, ou pour le moins de surprendre ses lecteurs.
Femme noire, douée, partie étudier à Paris, elle y rencontrera le meilleur comme le pire. Elle semble cumuler les déconvenues, les galères. On la sent largement en délicatesse avec la France.
« C'est à Paris que j'avais été blessée et humiliée. J'avais souffert dans mon coeur et dans mon orgueil. J'étais devenue une déclassée, une paria. »
C'est l'Afrique qui l'appellera, et lui « offrira « ses années les plus difficiles accompagnée d'hommes qui ne lui mèneront pas la vie facile ; L'Afrique, où elle tentera de se trouver. Une Afrique qui ne la comble pas, et à laquelle elle s'accroche pourtant si fort. Une Afrique qui la rejette, elle femme des Antilles, qui rejette son fils ainé, métis.
La vocation littéraire de Maryse Condé n'a rien de précoce. C'est finalement assez tard qu'elle a commencé à livrer dans ses romans ce qui a fait sa vie.
Elle a longtemps cherché l'amour, sans le trouver en retour, hormis dans celui de ses enfants qui l'ont, malgré les aléas de la vie, et ses conditions matérielles le plus souvent proches de la misère, accompagnée dans ses errances africaines. Cette vie, narrée avec réalisme, dans un style fluide, permet de mieux comprendre son oeuvre, et son engagement en faveur de la mémoire de l'esclavage.
J'ai apprécié la distance prise par Maryse Condé ; les faits sont anciens, elle a laissé le temps faire son oeuvre pour parler de « ses années d'apprentissage ».Si les mots sont sans concessions, je n'ai perçu ni haine, ni rancoeur ; sa vérité nous est présentée, comme le titre l'indique « sans fards », sans artifices tout simplement.

Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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critiques presse (1)
LeFigaro
15 novembre 2012
[Maryse Condé] se retourne avec une clairvoyance qui force le respect sur ces années qui l'ont forgée en tant que femme et l'ont vu naître en tant qu'écrivain. Sans fards mais non sans force.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
(...) je m'en aperçus tout de suite, les Antillais ne vivaient qu'entre eux. A travers l'ensemble du continent africain, un fossé les séparait des Africains. Ils ne se fréquentaient pas et je fus tentée de me faire une opinion sur les raisons d'une telle situation. Je me refusai à croire, ce qui était communément admis, que les Africains détestaient les Antillais. Qu'ils les croyaient habités d'un sentiment de supériorité qu'à leurs yeux, rien ne justifiait. N'étaient-ce pas d'anciens esclaves, disaient-ils avec mépris, confondant esclavage domestique et esclavage de traite ? Une telle conviction me paraissant simpliste, je préférais me persuader qu'ils ne les comprenaient pas, trouvant offensante leur involontaire occidentalisation. Quant aux Antillais, l'Afrique était un mystérieux 'background' qui leur faisait peur et qu'ils n'osaient pas déchiffrer. (p. 49)
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(...) je fis la connaissance de l'importante colonie d'exilés haïtiens dont le grand poète Jean Brière, tellement courtois et affable. Dans cette compagnie j'appris à faire le parallèle entre le sort d'Haïti et celui des pays africains. Ils souffraient des mêmes maux : incurie et tyrannie de leurs dirigeants qui ne se préoccupaient pas du sort de leurs peuples. Corruption généralisée de la société. Ingérence des pays occidentaux qui n'avaient que leurs propres intérêts à coeur. (p. 155)
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Moi, je commençais de détester ce mot "intégrer". Toute mon enfance, j'avais été intégrée sans l'avoir choisi, par la seule volonté de mes parents, aux valeurs françaises, aux valeurs occidentales. Il avait fallu ma découverte d'Aimé Césaire et de la Négritude pour au moins connaître mon origine et prendre certaines distances avec mon héritage colonial. A présent, que voulait-on de moi ? Que j'adopte entièrement la culture de l'Afrique ? (p. 101-102)
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De toute les villes où j'ai vécu, Conakry demeure la plus chère à mon cœur. Elle a été ma véritable porte d'entrée en Afrique. J'y ai compris le sens du mot "sous-développement". J'ai été témoin de l'arrogance des nantis et du dénuement des faibles.
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La littérature est le lieu ou j'exprime mes peurs et mes angoisses, où je tente de me libérer de questionnements obsédants.
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Videos de Maryse Condé (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maryse Condé
Augustin Trapenard rend hommage sur le plateau de la grande librairie à Maryse Condé décédée mardi 2 avril 2024 à l'âge de 90 ans. Sa disparition marque la fin d'une époque littéraire marquante. Cette écrivaine guadeloupéenne laisse derrière elle un héritage littéraire riche, composé de près de 70 livres qui ont profondément marqué les esprits avec notamment Segou, La migration des coeurs, En attendant la montée des eaux. Professeur et journaliste, elle était souvent citée pour le prix Nobel, reconnaissance de son engagement et de son talent indéniable. À travers ses écrits, Maryse Condé a toujours cherché à mettre en lumière les questions cruciales de son temps, notamment le racisme, l'esclavage et le colonialisme. Son oeuvre puissante a fait écho bien au-delà des frontières de son île natale, résonnant à travers les Antilles, l'Afrique et au-delà. En 2018, à Stockholm, elle exprimait avec fierté sa contribution à la reconnaissance de la voix de la Guadeloupe.

Maryse Condé restera dans les mémoires comme une figure majeure de la littérature francophone, ayant enrichi le monde des lettres par sa sensibilité, son engagement et son talent incontestable
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