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Josée Kamoun (Traducteur)
EAN : 9782070129744
464 pages
Gallimard (20/01/2011)
3.44/5   1255 notes
Résumé :
Maxwell Sim est un loser de quarante-huit ans. Voué à l'échec dès sa naissance (qui ne fut pas désirée), poursuivi par l'échec à l'âge adulte (sa femme le quitte, sa fille rit doucement de lui), il s'accepte tel qu'il est et trouve même certaine satisfaction à son état.

Mais voilà qu'une proposition inattendue lui fait traverser l'Angleterre au volant d'une Toyota hybride, nantie d'un GPS à la voix bouleversante dont, à force de solitude, il va tomber... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (185) Voir plus Ajouter une critique
3,44

sur 1255 notes
Privée… de tout, mais privée quand même, la vie très privée de Mr Sim mise en scène par Jonathan Coe livre une singulière métaphore de cette « Ultra Moderne Solitude » évoquée déjà, en chanson, à la fin des années quatre-vingt (mais si... tu sais, un barde hexagonal avec plein de cheveux... ça va te revenir).

Avec pour seuls compagnons de route une dépression rampante et un GPS à la voix féminine troublante, Maxwell Sim entreprend un impossible périple automobile à travers l'Angleterre, prétexte pour J. Coe à une satire sociale sarcastique autour des fêlures et naufrages de son anti-héros en perte de repères. Comme une politesse du désespoir, son humour tout en retenue pousse la réflexion jusqu'à l'ironie, y compris dans l'ultime page du roman qui s'achève sur un double épilogue original et pour le moins déroutant.

Pas précisément comique, quoi qu'en aient pensé certains lecteurs, mais habile et touchant, très certainement.


Lien : HTTP://MINIMALYKS.TUMBLR.COM/
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Gros coup de coeur pour le dernier roman de Jonathan Coe, un auteur dont les précédents livres, en dépit du succès remporté, ne m'avaient pas encore conquis ("Testament à l'anglaise" m'avait beaucoup déçu)
Son héros est un anti-héros. Maxwell Sim, la quarantaine bien entamée, a perdu son boulot, sa femme, sa fille et sa mère (en ce qui concerne sa mère, la perte est définitive puisqu'elle est morte). Il n'a plus guère de contact avec son père parti vivre en Australie où s'ouvre - avant de se clore - le roman.
Entretemps, Maxwell Sim reviendra en Grande-Bretagne et profitera d'un long périple à travers l'île pour revisiter les lieux de sa vie, draguer sans succès une jeunette rencontére dans l'avion, renouer avec son ex-femme, élucider quelques questions irrésolues ... et tomber amoureux de la voix de son GPS.

Comme dans les précédents livres de Jonathan Coe, on retrouve l'humour pince-sans-rire de cet auteur typiquement britannique, dans la veine des meilleurs Lodge, Boyd ou McEwan.
Mais cet humour est mobilisé au service d'une analyse psychologique d'une grande subtilité.
La métaphore qu'illustre le livre est celle des 1001 collisions automobiles qui, à chaque instant, sont évitées. Pourquoi, nous dit le héros, les voitures qui se croisent sur la route ne se percutent-elles pas ? pourquoi, faut-il lire au premier degré, le monde n'est-il pas plus chaotique qu'il ne l'est ? pourquoi, faut-il comprendre au second degré, rate-t-on de quelques minutes, de quelques centimètres, les rencontres qu'on aurait pu faire.
Milan Kundera au début de "L'insoutenable légèreté de l'être" insistait sur la masse des hasards qui avaient conduit Tomas à rencontrer Teresa. Jonathan Coe renverse cette situation : le père de Maxwell Sim ratera par deux fois, à 40 ans d'intervalle, le rendez-vous qui aurait pu/dû changer le sens de sa vie.
Notre vie est-elle condamnée à être ballotée par le hasard ? Avons-nous un destin que tôt ou tard nous finirons par rencontrer ? Tomas et Teresa chez Kundera incarnaient ces deux facettes : Tomas rencontrait Teresa par hasard alors que Teresa rencontrait Tomas parce c'était écrit. Maxwell Sim incarne, à lui seul, ces deux facettes ... jusqu'à ce que, par une ultime pirouette, Jonathan Coe, ne nous rappelle le pouvoir démiurgique du romancier ...
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Depuis son divorce, Maxwell Sim est seul et déprimé. Sa femme et sa fille sont parties à l'autre bout du pays, il est brouillé avec son meilleur ami et il n'a plus la force d'aller au travail. Après un voyage à Sidney où réside son père, il rentre en Angleterre en meilleure forme, prêt à conquérir sa jeune voisine d'avion et à reprendre une activité professionnelle. Mais son plan de séduction tourne court et il ne lui reste plus qu'à accepter une proposition de travail plutôt originale. Il s'agit de traverser l'Angleterre jusqu'au bout du bout pour promouvoir une toute nouvelle brosse à dents écologique. Au volant d'une Toyota hybride dernier cri, Maxwell Sim entame un voyage en solitaire avec pour seule compagnie la voix très sexy de son GPS.

Elle est bel et bien privée la vie de Maxwell Sim, loser-né dépressif. Privée d'amour, privée de bonheur, privée de joie, privée d'amis, privée d'un peu de chaleur humaine...Maxwell Sim est seul dans un monde ultra-connecté où l'on peut être retrouvé n'importe où sur la planète, où l'on peut avoir des centaines d'amis sur Facebook, où l'on peut se créer un faux profil pour bavarder anonymement avec son ex-femme...où l'on peut tomber amoureux d'un GPS. Dans son périple vers les îles Shetland, le voyageur de commerce traverse le pays mais aussi sa vie, de rencontres improbables en retour vers le passé, de rendez-vous manqués en révélations fracassantes. Moral en berne, idées fixes, comportements absurdes, cet anti-héros fracasse son mal-être contre une modernité qui le dépasse. Et pourtant, malgré la tristesse de son personnage, Jonathan Coe réussit à le rendre attachant et touchant. Car, pour s'adapter à la société, nouer des relations véritables et sincères, il faut s'aimer un peu et pour s'aimer il faut avoir été désiré et aimé. Pour Maxwell Sim, les racines du mal sont peut-être moins dans sa difficulté à appréhender un monde qui va trop vite que dans l'héritage familial et les secrets de sa conception.
Quelques longueurs et une fin peu convaincante (quoique surprenante) font baisser la note de ce roman doux-amer, teinté de désespoir mais sauvé par la touche d'humour anglais de son auteur. Pas le meilleur Coe.
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"On aurait dit que la lecture était devenue une obsession,chez elle. Elle dévorait régulièrement deux ou trois livres par semaine; des romans surtout;des romans " littéraires" ou "sérieux" comme on dit ( je crois) . " C'est pas un peu répétitif, au bout d'un moment? Ils se mélangent pas tous dans ta tête?" je lui ai demandé une fois. Mais elle m'a répondu que je parlais sans savoir. " Tu es le genre de personne qui ne verra jamais un livre changer sa vie" disait-elle. " Pourquoi veux-tu qu'un livre change ma vie? Ce qui change ta vie, c'est la réalité, c'est se marier , avoir des enfants. -Moi, je te parle d'élargir son horizon, d'élever son niveau de conscience ." C'était un point sur lequel nous ne serions jamais d'accord. Une ou deux fois, j'avais tenté plus sérieusement de m'y mettre, mais je n'ai jamais vraiment compris où elle voulait en venir. Je me souviens lui avoir demandé de me conseiller des livres, des livres susceptibles de changer ma vie. Elle m'a dit d'essayer le roman américain contemporain. " Quoi, par exemple?- Essaie un des Rabbit" m'a-t-elle dit, et quelques heures plus tard je suis rentré de la librairie en lui montrant ce que j'avais acheté. " Tu plaisantes?"elle m'a lancé. C'était Les Garennes de Watership Down.
( Un sacré bon bouquin, du reste, si vous voulez savoir. de là à dire qu'il a changé ma vie, non.)"

J'ai trouvé ce roman peut être moins brillant que la trilogie Testament à l'anglaise, Bienvenue au club et le Cercle fermé,que j'avais beaucoup aimée, mais plein de finesse et d'humour. Et je reconnais volontiers que Jonathan Coe a quand même un don pour donner de l'épaisseur et rendre attachant un personnage aussi terne que son Mr Sim! On se demande où il va le mener dans cette épopée burlesque dans laquelle il joue sa vie. Et c'est pour moi la principale force de ce roman, grâce à la toute fin, cette amusante et réelle démonstration de ce que sont pour nous, lecteurs, les personnages de romans. On vit avec eux un moment, et on regrette de les lâcher , surtout de cette façon!!!


Dans un entretien au Monde des livres, Jonathan Coe parle de Mr Sim et de son problème avec la " virtualité", et j'ai trouvé ce qu'il disait intéressant ..:

"-Il y a pourtant ce passage où Sim se crée une fausse identité pour parler avec son ex-femme sur Internet, et constate avec effroi qu'elle aime davantage son double inventé que lui-même...

-Le problème de Sim, c'est qu'il ne lit pas. Je le (lui) répète tout au long du livre : s'il lisait, la notion de réalité virtuelle lui serait familière. Ce que je veux dire, c'est que nous ne devrions pas nous alarmer de cette vie dématérialisée dans laquelle nous baignons. Après tout, le principe n'est en rien nouveau. L'écrivain que je suis est parfois plus proche de ses personnages que de ses « proches » justement. le seul danger, c'est l'addiction. Mais cela non plus n'est pas neuf. Je me rappelle ma grand-mère dévorant les volumes de la célèbre collection sentimentale « Mills & Boon » : elle pouvait en consommer jusqu'à trois ou quatre par semaine. Elle était aussi droguée de lecture que je le suis d'écriture. Actuellement, cela fait dix-huit mois que je n'écris pas et cela me rend fou d'être redevenu « normal ». C'est dire à quel point je suis accro !"





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6e livre de Jonathan Coe. 6e réussite...... 6e plaisir ! Toujours un style et une histoire qui mêlent désespoir et euphorie, humour noir et déstabilisant ici pour ce recueil.
Un livre surprenant autour d'un personnage qu'on pourrait qualifier de looser, enfant non désiré, pas aimé, méprisé par son ex femme et sa fille, un travail inintéressant.... Avec une histoire pareille on pourrait s'interroger sur l'intérêt à lire ce livre ! Jonathan Coe a un style unique, griffant, grinçant, drôle, parfois tendre.... Un vrai bonheur.
Bon allez hop ! le 7e livre de cet auteur m'attend !


Challenge objet 2020
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critiques presse (2)
Telerama
04 avril 2012
Divinement caustique, ce roman de Jonathan Coe est l'odyssée d'un perdant majuscule, désespérément drôle jusqu'à la dernière page, où l'auteur se révèle le plus subtil des manipulateurs.
Lire la critique sur le site : Telerama
Lexpress
30 novembre 2011
Etonnant mélange de mystère, de romantisme et de suspense dans un cadre faussement banal, le tour de force de l'écrivain anglais au sommet de son art prend le lecteur en otage et ne le relâche, abasourdi et ébloui, qu'après une sidérante pirouette finale.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
"Je lui ai dit : tu te rends compte que s'il y a une chose qui insupporte les gens de mon âge, c'est bien que les gens du vôtre leur fassent des sermons ? Regarde le monde autour de toi. Ce monde-là, c'est vous qui nous l'avez légué. Vous croyez qu'on peut se payer le luxe d'avoir des princiqpes ? J'en ai marre d'entendre dire que ma génération a perdu ses repères, qu'elle est matérialiste, qu'elle n'a plus de projet politique. Tu sais pourquoi on est là ? Vas-y, au hasard. Ben oui, c'est parce que vous nous avez élevés comme ça. Pour vous, nous sommes peut-être la génération Tatcher, mais ce qu'on voit, nous, c'est que c'est vous qui l'avez élue, et réélue, et qui avez élu après elle des gens qui marchaient sur ses traces. C'est la faute de votre éducation si nous sommes des zombies consuméristes. Vous avez bazardé toutes les autres valeurs, non ? Le christianisme, rien à foutre. La responsabilité collective, on voit où ça mène. Produire, fabriquer ? C'est bon pour les losers. Ouais, on n'a qu'à aller les chercher en Asie : ils vont tout faire à notre place et on n'aura plus qu'à rester le cul devant a télé pour voir le monde partir en vrille, le tout sur grand écran et avec la HD, bien sûr".
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On aurait dit que la lecture était devenue une obsession, chez Caroline. Elle dévorait régulièrement deux ou trois livres par semaine; des romans, surtout; des romans "littéraires" ou "sérieux", comme on dit (je crois). "C'est pas un peu répétitif, au bout d'un moment? Ils se mélangent pas tous dans ta tête?" je lui ai demandé, une fois. Mais elle m'a répondu que je parlais sans savoir. "Tu es le genre de personne qui ne verra jamais un livre changer sa vie", disait-elle. "Pourquoi veux-tu qu'un livre change ma vie? Ce qui change ta vie, c'est la réalité, c'est se marier, avoir des enfants. - Moi, je te parle d'élargir son horizon, d'élever son niveau de conscience." C'était un point sur lequel nous ne serions jamais d'accord. Une ou deux fois, j'ai tenté plus sérieusement de m'y mettre, mais je n'ai jamais vraiment compris où elle voulait en venir. Je me souviens de lui avoir demandé de me conseiller des livres, des livres susceptibles de changer ma vie. J'ai essayé. De là à dire qu'il a changé ma vie, non.
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Les voitures, c'est comme les gens. On va, on vient dans le grouillement du quotidien, on passe à deux doigts les uns des autres, mais le vrai contact est très rare. Tous ces ratages de peu, tous ces possibles irréalisés, c'est effrayant quand on y pense. Mieux vaut éviter soigneusement d'y penser .
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J'ai oublié le regard que m'a lancé Alison en reposant son verre, avant de m'embrasser sur la bouche pour la première fois. J'oublie ce que j'ai ressenti au juste quand elle m'a pris par la main pour s'engager dans l'escalier. J'oublie le balancement de ses reins, le galbe de son corps, tandis que je montais derrière elle. J'oublie le froid de la chambre inoccupée, au début, froid qui a fait place à la tiédeur quand elle m'a pris dans ses bras et serré contre elle. J'oublie l'effet que ça m'a fait, au bout de tant d'années, de sentir le contact bienheureux et amoureux d'un corps contre le mien; la barrière des vêtements, bientôt abandonnés. J'oublie, à présent, la texture de sa peau, son parfum léger et familier quand mes lèvres se sont posées sur sa nuque, la douceur de ses seins dans mes mains arrondies, sous mes tendres baisers; j'oublie les heures qui ont suivi, les rythmes lents, inexorables de nos étreintes, le flux et le reflux de l'amour et du sommeil, de l'amour et du sommeil. Notre réveil, dans les bras l'un de l'autre, enfin réunis et inséparables, sous la lumière bleue d'un matin d'hiver à Edimbourg. J'oublie tout cela, je l'oublie.
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En tout cas, a dit Clive, l'une des choses dont nous sommes en train de prendre conscience, tous tant que nous sommes, c'est qu'un objet donné, une maison, mettons, ou", avec un coup d'oeil dans ma direction, "une brosse à dents, n'a finalement aucune valeur en soi ! Sa valeur n'est que l'amalgame des diverses estimations de divers membres de la société à un moment précis. On est dans l'abstraction, l'immatériel. Et pourtant, ces entités absolument vides qu'on appelle les prix sont la base même de la société. C'est toute une civilisation qui est bâtie sur... du vent, en somme. Du vent, et rien d'autre."
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