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EAN : 9782752910721
400 pages
Phébus (03/01/2017)
3.67/5   47 notes
Résumé :
La reine Marie-Antoinette a longtemps désespéré d'être grosse, comblant son manque d'enfants par l'adoption d'orphelins. Comme ce gosse recueilli au bord d'une route et qu'elle prénomme Martin. Il a une bouille de chérubin, et un sourire permanent qui ne trahit pas ses angoisses intimes. Parce qu'il ne parle pas, il gagne très vite à Versailles une réputation de petit sauvage. C'est au Hameau, près du Petit Trianon, qu'il grandit, vacher d'une ferme modèle où... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babélio et aux éditions Phébus qui m'ont permis de découvrir Christian Chavassieux dans le cadre de cette Masse Critique.

1777-1794

Marie-Antoinette, mariée depuis sept ans au roi Louis XVI se languit d'enfant. Elle en adopte plusieurs qu'elle mignote avec amour. Elle leur donne un nouveau prénom, des vêtements princiers, une éducation de choix et des manières de cour. C'est ce qui arrive à un petit garçon de cinq ans, orphelin, qui devient la coqueluche des proches de la reine tant son visage aux commissures relevées semble constamment sourire. La reine l'appelle Martin Sourire. Adoration de part et d'autre. de courte durée pour Martin car en 1778, la reine devient mère et elle confie Martin à une domestique sans plus trop se soucier de lui. de main en main, le garçonnet finit vacher dans le ravissant hameau rousseauiste que Marie-Antoinette fait construire à deux pas du petit Trianon.

Lorsque la famille royale est emmenée à Paris en 1789, Martin la suit mais dans une autre direction. Il trouve un emploi dans le plus grand restaurant de l'époque, le Beauvilliers, et fait connaissance avec le peuple, brutal, miséreux et grondant, que la prise de la Bastille a conforté dans ses revendications. Plus tard, Martin devient l'homme de confiance de l'architecte Etienne-Louis Boullée. En 1790, empli de l'idéologie révolutionnaire, il entre dans la Garde nationale, puis devient volontaire et participe à la guerre de Vendée. Dans les rangs des colonnes infernales, le sang appelle le sang et l'idéalisme se transforme en assassinats répétés. Son retour au foyer sera compliqué.

Pas d'intrigues, pas de héros, pas d'identification. le personnage principal a été glissé dans cette partie de l'histoire de France pour permettre à l'auteur de s'épancher sur certains épisodes et personnages moins connus de cette époque troublée. L'idée est sympathique et plaide en faveur d'une recherche documentaire approfondie au détriment du roman.

La construction du hameau de la reine et l'ambiance active qui règne dans ce village miniature n'ont plus de secret pour le lecteur. La vie dans les cuisines du Beauvilliers fait immanquablement penser au Ratatouille de Pixar, tandis que l'oeuvre visionnaire et fascinante de l'architecte Boullée se lit passionnément à travers ses projets et dessins soigneusement conservés aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. le chapitre consacré à l'action sanglante des colonnes infernales du général Huché à La Gaubretière, les paragraphes relatifs aux protagonistes de la Terreur ainsi que les pages commentant les supplices librement consentis des convulsionnaires, mettent du piment dans cette lecture agréable qui, faute de consistance dans les caractères des personnages, ne laissera cependant pas de souvenir durable.

Puisque Martin est un enfant volé, il semblerait logique qu'il cherche à retrouver ses origines, ses frères et soeurs mais il se contente d'une consultation chez un tarologue véreux. Dommage.

L'écriture est extrêmement soignée et renforcée par l'utilisation de vocabulaire de l'époque. Mention spéciale pour les annexes fort intéressantes qui témoignent de cet esprit de recherche et d'analyse de l'auteur : une chronologie simple mais efficace, un glossaire des mots anciens, une biographie significative de tous les personnages mis en scène et, surtout, une bibliographie annotée et commentée que, pour ma part, je ne me souviens pas avoir vue chez un autre auteur.

Nul doute que je me donnerai une autre chance de mieux connaître Christian Chavassieux.

2,5/5
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Un petit orphelin de 5 ans au visage d'ange agrémenté d'un sourire permanent se trouve au bord d'une route, dans les bras de sa grand-mère. Ils sont venus pour voir passer la reine Marie-Antoinette. La reine, qui n'a pas encore d'enfant, recueille parfois de petits pauvres pour les élever auprès d'elle. C'est ce qui va arriver à Martin : contre un peu d'argent donné à la grand-mère, la reine emmène Martin à Versailles. Mais elle se lasse vite de cet enfant quasi mutique au sourire figé. Il passe de mains en mains. On lui impose diverses activités dans lesquelles il se montre maladroit. On lui découvre un don avec les animaux. Il travaille à la construction du « hameau » de la reine et il se retrouve vacher à la ferme-jouet de Marie-Antoinette, Trianon.
***
À la fin du roman, Christian Chavassieux nous propose des « Repères chronologiques » bien utiles pour s'y retrouver dans cette époque troublée. Non que le parcours de Martin soit difficile à suivre, mais parce que le jeune homme subit, la plupart du temps, les conséquences des événements historiques sans avoir eu connaissance de leur déroulement. On vit la Révolution par les yeux de l'homme de la rue, de celui qui n'a pas une vision d'ensemble de la situation. Dans la première partie, « En ce pays-ci (1777-1789) », on suit Martin à Versailles et à Trianon, dans la vie quotidienne d'un petit monde exploité, mais aussi favorisé par rapport à beaucoup d'autres individus de leur « condition ». Dans la deuxième partie, « Un air de bonheur (1789-1790) », Martin arrive à Paris, dans un univers nouveau pour lui. Il travaillera dans les cuisines d'un grand restaurant puis chez un architecte plein de compréhension et de générosité. On le verra aussi tomber amoureux de Marianne. Dans la troisième partie, « La Grande Sauvage (1791-1794) », on retrouve un Martin transformé, une homme que le lecteur ne reconnaît pas et qui ne se reconnaît pas lui-même. On apprendra pourquoi dans le bouleversant et puissant monologue intérieur du chapitre 8, le plus long de tous. On ne peut qu'être rempli de compassion pour Martin et partager son désarroi.
***
Christian Chavassieux nous propose aussi des « Notes » passionnantes et pleines d'humour sur les recherches qu'il a effectuées pour écrire La Vie volée de Martin Sourire, des explications sur le « Vocabulaire » ainsi qu'un glossaire, et des renseignements sur les « Personnalités » qui traversent le roman, tant ceux qui jouent un rôle important que ceux qui ne font que passer. Et puis il y a comme toujours l'écriture inimitable de Christian Chavassieux : la richesse du vocabulaire, le mot que vous ne connaissiez pas et que vous comprenez quand même (si ce n'est pas le cas, référez-vous au glossaire), les descriptions magnifiques, le talent de susciter l'empathie… Un style qui vous donne à voir la vie quotidienne de cette époque grâce à quantité de détails qui pour la plupart m'étaient inconnus. J'ai adoré ce roman d'apprentissage aussi dépaysant que passionnant et instructif !
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J'ai reçu ce livre dans la cadre de la mass critique et je remercie Babelio et les éditions j'ai Lu pour cet envoi.
Christian Chavassieux nous raconte la vie de Martin, une vie « volée » parce qu'en 1778, alors qu'il n'a que quatre ou cinq ans, il est « acheté » par la reine Marie-Antoinette à sa grand-mère. La reine est alors en mal d'enfant et adopte des jeunes garçons et des jeunes filles pour jouer à la maman. Martin découvre la cour de Versailles et son fonctionnement. de fil en aiguille, il deviendra vacher au hameau de la reine dans le parc du château. Car la reine veut jouer aussi à la Bergère
A partir de 1789, il quitte ce cocon pour découvrir la capitale, son peuple, ses misères, ses espoirs, travaille dans un restaurant, rencontre des personnages historiques secondaires, devient spectateur de la Révolution qui se déroule sous ses yeux avant de prendre les armes et de s'engager dans les armées de la république pour finir dans les colonnes infernales en Vendée en 1794.
J'ai lu ce roman partagé entre frustration et plaisir.
La frustration vient du fait que je trouve que la vie de Martin Sourire nous est racontée comme si il s'agissait d'un personnage ayant réellement existé, ce qui est plutôt réussi, mais Martin n'est jamais maître de quelque situation que ce soit. Il n'y a pas d'arc narratif. le personnage est plutôt bien travaillé dans sa complexité et son évolution, mais il n'est jamais acteur de l'histoire. Aucune de ses décisions, de ses actes n'est réellement important et si on suit sa vie, ses amours, ses traumatismes, c'est plus en passionné d'histoire qu'en amateur de roman que je l'ai fait.
Parce que là pour le coup, c'est une petite claque.
A travers les yeux de Martin, de son sourire qui ne s'efface jamais vraiment de sa figure, c'est une quinzaine d'années de l'histoire de France à laquelle on assiste comme si on y était, de l'intérieur. de la vie des domestiques de la reine au hameau, du simple vacher à l'architecte, de la vie quotidienne dans le Paris de 1789 et 1790, avec prostituées, restaurants, vendeurs de rue, échoppes, relations sociales, domesticité, etc., de l'introduction de personnages historiques oubliés du grand public comme l'architecte Boullée, par exemple, tout est passionnant.
Quand je me suis rendu compte que ce livre n'est pas réellement un roman mais une immersion historique avec le personnage de Martin Sourire comme prétexte, je me suis vraiment fait plaisir. Et les pépites sont alors nombreuses, je pense au vol des glaces des lacs gelés de Versailles, à la mode des devins ou à la secte des convulsionnaires.
Le style de l'auteur est à l'avenant de son propos, un style très XVIIIe siècle, mais quand même très modernisé pour que nous puissions nous sentir à l'aise dans notre lecture. Les chapitres sont cours et les trois parties, Versailles et l'enfance, Paris et la jeunesse, la guerre et les traumatismes sont équilibrés.
Le climax du livre, celui qui vous scotche à votre lecture, c'est la troisième partie. le seul chapitre vraiment long (plus de cinquante pages, quand même) est aussi celui qui vous laissera un goût particulier dans la bouche, quand Martin témoigne de ce qu'il a fait et vue en Vendée.
En conclusion, un roman historique ou le côté historique prend le pas sur le côté roman, mais pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment l'Histoire !
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Il est le garçon au sourire figé, à l'indéfectible rictus de bonheur aux joues...
Adopté sur un coup de coeur de Marie Antoinette, qui se lasse bien vite de son caprice, le petit Martin grandit à Versailles, quittant rapidement les salons dorés pour travailler comme garçon-vacher au Hameau de la Reine.

Une première partie pour l'enfance dans les décors somptueux du domaine royal,
Une seconde pour l'émancipation dans Paris, l'apprentissage du métier, de l'amour, des idées dans la frénésie des premiers temps joyeux de la Révolution,
Une troisième partie pour la perte des illusions et la fragilité d'un homme dans le chaos des guerres et les débordements sanguinaires de la Terreur.

Par une écriture travaillée et dans un style touffu, par des descriptions d'anthologie*, l'auteur nous fait vivre l'histoire politique et sociale de la France, à hauteur du petit peuple et par l'oeil de son garçon à la face étrange.

Il ne faut pas s'attendre à des rebondissements et une intrigue narrative. Tout le roman se justifie par la reconstitution d'une époque. On change de siècle, on s'immerge dans le Paris grouillant et populaire. L'annexe de vocabulaire en fin d'ouvrage contribue au dépaysement temporel, comme les personnages réels qui traversent le roman.

Une documentation haut de gamme fait de ce roman historique un modèle du genre.
Ce fut une lecture épatante! J'en remercie Masse Critique et les éditions Phébus.

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*telle celle du Paris de 1789, ou du gargantuesque dîner à la française. Quant aux guerres de Vendée, c'est oppressant de réalisme.
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Avec cette lecture, c'est une fort belle découverte que je viens de faire grâce à Babelio et aux Éditions Phebus. Je les en remercie d'ailleurs. Dès les premières pages, je suis tombée sous le charme de l'écriture de Christian Chavassieux (auteur que je ne connaissais pas alors que finalement nous sommes presque voisins...). Quelle plume flamboyante ! le style qui mêle habilement le vocabulaire du XVIIIième siècle et l'argot de la rue donne au récit une vivacité surprenante qui balade le lecteur de la poésie bucolique au plus sordide réalisme. L'exaltation de l'auteur atteint son apogée dans des descriptions qui peuvent s'étendre sur plusieurs pages mais où, en aucun cas, l'ennui ne transperce. Je reste encore sous le choc de sa vision totalement hallucinante de Paris (chapitre 1, 2ième partie). Quant à la retranscription des cuisines d'un grand restaurant (d'autant plus indécente qu'à côté de cette débauche de plats, le peuple meurt de faim), elle met carrément l'eau à la bouche.

J'ai été également séduite par l'histoire de ce jeune orphelin enlevé des bras de sa grand-mère par la Reine Marie-Antoinette en mal d'enfants. La procédure est courante chez elle, l'adoption lui est facile. Conquise par le visage perpétuellement souriant de l'enfant, elle le baptise "Martin Sourire" et l'emmène à ses côtés à Versailles. Ayant enfin assuré sa propre descendance, voilà que la bonhomie de l'enfant la lasse. Martin se retrouve alors vacher près du Petit Trianon, dans la ferme que se fait construire Marie Antoinette où elle aime à se réfugier loin du protocole de la cour. Dans une deuxième partie du roman, à l'adolescence, Martin va enfin découvrir Paris et les coulisses de la Révolution qui se prépare avant d'y prendre part dans la dernière partie.
Plus qu'un roman historique, c'est un roman d'apprentissage que nous livre Christian Chavassieux. Comme il le dit lui-même en postface, il se limite à effleurer cette période, en faisant côtoyer l'histoire de son personnage avec la grande Histoire.

J'ai aimé l'innocence, la naïveté de Martin. Il se contente de ce que le destin veut bien lui accorder, il ne se plaint pas de son sort, se rendant directement responsable de ce qui lui est arrivé (il ne fallait pas tendre les bras à la Reine lorsqu'elle est passée !). En apprenant de ceux qu'il côtoie, finalement il ne s'en tire pas si mal, il apprend notamment à lire. Politiquement, bien sûr, ses opinions ne sont pas très définies. Sa propre identité est confuse, comme l'est sa vision du monde. Malheureusement, c'est le sang versé au cours des guerres de Vendée auxquelles il va participer, qui signera la fin de son insouciance et transformera son beau sourire en rictus.

Ce roman où l'auteur mêle le produit de son imagination à des faits historiques réels (il démêle le vrai du faux dans la postface et y apporte quelques explications intéressantes) m'a beaucoup plu. Malgré quelques longueurs ressenties dans la troisième partie, j'accorde un 16/20 à Christian Chavassieux et j'espère découvrir prochainement ses autres récits.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Une fois n'est pas coutume, extrait des notes de fin de volume, explicitant utilement le dessein de l'auteur à qui voudra le lire :

Depuis les cahiers de doléances jusqu'aux témoignages contemporains en passant par la correspondance et la prolixité phénoménale de la presse d'époque, tout est à disposition pour une vision ambitieuse de la période révolutionnaire. Mais nous parlons alors d'une vie penchée sur les documents - l'affaire des historiens qui s'y consacrent. (...) Un auteur de roman "historique" se contente d'effleurer. je le définirais comme un historien savamment imprudent.

L'avènement de la Révolution est l'aboutissement d'une réalité complexe, inégale, parfois paradoxale sur l'ensemble du territoire. et fruit de mouvements là aussi complexes. (...) J'ai conscience que chaque étape de ma plongée dans une histoire aussi fourmillante est susceptible d'être contestée par des autorités de la discipline. On pourrait, à cet égard, protester que La Vie Volée... n'aide guère un profane à se faire une idée claire de ce que fut la Révolution française, ses prémisses et ses effets.

(...) La compréhension que mes personnages ont de la Révolution est à peu près celle que nous avons nous-mêmes des bouleversements critiques que nous traversons. Rien n'est simple et évident quand on vit de tels changements. La succession inépuisable des experts qui s'expriment aujourd'hui, leurs avis opposés et leur assurance, y compris dans le démenti qu'ils font de leur propre analyse avec le temps, aident à comprendre la perplexité et les atermoiements des Martin, Marianne et autres Blaise ou Mique
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Aux beaux jours, le hameau à présent terminé est plus que jamais le refuge de la reine. De mauvaises langues disent qu'elle y joue à la petite bergère. En vérité, elle prend simplement plaisir à s'y promener, goûtant la magie ineffable d'évoluer dans un tableau vivant. Là, elle est protégée des rigidités de la Cour, de Mme de Noailles et de ses pénibles rappels à l'étiquette, des médisances surtout, des billets insultants qu'on découvre dans les couloirs et jusqu'aux appartements.

pp. 51-52
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Car la chasse est le loisir préféré et le privilège du roi, on ne tolère aucune exception. Même la noblesse ne toucherait pas un perdreau du domaine royal tombé dans son jardin, et les gardes-chasse abattent le moindre bichon en promenade, jusqu'aux pieds de sa maîtresse éplorée. Tous les terrains qui entourent Paris et Versailles sont à la seule disposition du monarque. La réserve est si vaste que le roi ne porte ses coups en certains endroits qu'une fois tous les trois ans. En attendant, les paysans affamés doivent laisser les perdrix glaner leurs semences, les lapins par milliers dévorer leur subsistance et les regarder en retour, narquois, assis sur leur derrière. On espère la chasse royale, qui va massacrer peut-être deux mille pièces d'un coup, et repartir. La faune rescapée, soulagée, poursuit alors sa paisible et infatigable reproduction.
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Martin s'adosse au mur, sort sa pipe et l'allume, s'attarde à observer sa compagne derrière les hachures du trafic qui se densifie. Marianne. Martin savoure le plaisir de la regarder, la tombée épaisse de ses jupons évasés en cloche, ses mèches sur le front, son bonnet blanc, il s'attendrit longuement à ses mimiques, à ses rires, aux gestes d'encouragement qu'elle prodigue. Martin ne ressent pas le froid ; il est tout réchauffé de son amour. Comment une telle fée peut-elle avoir prêté attention à quelqu'un d'aussi terne que lui ? Quel étrange moment, ce temps suspendu où il est spectateur ! C'est cela, une vie, se demande Martin, c'est ce calme, cette simplicité, cette évidence ? Au milieu de cette douceur, il perçoit cependant une vague anxiété. Elle ressemble à la sensation venue naguère avec la certitude que la routine des jours connait une fin. Il comprend qu'elle en est une nuance. La certitude de la fin, pareillement, mais cette fois, redoutée.
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Elle était donc montée bravement à l'échafaud, épatant la foule, réduisant les tricoteuses en silence. La gamine écervelée lors de son arrivée en France était devenue reine aux marches de la mort. Martin fut moins surpris que d'autres de l'attitude de l'Autrichienne. Personne ne se dit comme lui que, tous les fastes consommés, une fois bien étourdie d'ultimes prières, il lui avait importé d'aller rejoindre son époux, ses enfants morts, notamment son cher fils. Pour autant, qu'on coupe une reine en deux n'allait pas émouvoir la populace. "Après ?", disait-on, comme on dira " Et alors ?", un jour. Des femmes, et de beaucoup plus jeunes, on en avait exécuté pour moins que ça, pour moins que la haine populaire, la trahison et la dilapidation des biens de la Nation . Les rois avaient habitué le peuple aux atrocités les plus réfléchies , depuis des siècles.
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