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EAN : 9781935558910
192 pages
Riviere blanche (01/01/2011)
3.6/5   5 notes
Résumé :
A Belaguered City, being a Narrative of Certain Recent Events in the City of Semur, in the Department of the Haute Bourgogne (1880)

Juillet 1875. Semur, paisible ville fortifiée de la Haute-Bourgogne, est le théâtre d'étranges phénomènes. Un beau matin, ses habitants sont chassés hors les murs par une force irrésistible, et, alors qu'ils s'efforcent de survivre dans la campagne environnante, voient leur cité animée par des présences d'une effroyable f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je doute que Margaret Oliphant soit une auteure classique très connue de notre côté de la Manche et pourtant, elle fut prolixe. Sa vie de femme, d'épouse et de mère fut douloureuse car bien qu'étant née dans une classe sociale plutôt protégée, elle perdit son mari atteint de la tuberculose et elle survécut à leurs six enfants. Triste destin. Ses autres petits, c'est la centaine de romans en langue anglaise qu'elle a laissée après elle.

Parmi eux, "La ville enchantée", l'un de ses plus célèbres, se passe en... Bourgogne, ce qui a clairement motivé ma lecture étant donné que la Bourgogne est ma région d'adoption depuis presque quinze ans (mon autre motivation était de trouver un auteur dont le nom commençait par la rare lettre O pour le challenge ABC).

Non seulement l'action se passe en Bourgogne, mais encore à Semur(-en-Auxois), petite cité médiévale fortifiée fort prisée des touristes, où j'ai vécu et où je me suis mariée, encore une bonne raison de découvrir ce roman bien parti pour finir aux oubliettes de la littérature.

Cette petite cité enchanteresse est enchantée, c'est-à-dire le jouet d'un enchantement. En effet, Margaret Oliphant nous livre ici son unique roman fantastique. Moeurs relâchées, argent divinisé, morale sacrifiée, Semur - tout comme la quasi totalité de l'humanité - file un mauvais coton. En juillet 1875, alors que les cultivateurs et les viticulteurs sont aux champs et aux vignes, le ciel s'obscurcit, le glas sonne de lui-même, des lettres de feu apparaissent sur les portes de l'église et une force aussi invisible qu'irrésistible chasse les Semurois de leurs maisons, extra-muros, au bénéfice de leurs défunts tout droit sortis du Purgatoire...

Je sors plus que mitigée de ma lecture. Tout d'abord, ma motivation de départ, à savoir mon espoir de découvrir ma chère ville de Semur à travers ses rues et ses habitants de 1875, a été complètement déçue. L'action pourrait se passer absolument partout ailleurs, aucune description de la ville et de ses nombreux monuments ne venant renseigner le lecteur. Ensuite, la narration confiée aux soins de Mr le maire tend à glorifier ledit narrateur qui tout en clamant son humilité et sa modestie se dépeint comme le héros républicain, l'homme de la situation, le brave, le hardi... en un mot le Messie. Enfin, s'il n'est pas rare qu'une oeuvre du XIXème siècle suinte la misogynie par tous les pores de ses pages, cela fait encore plus mal quand l'auteur est lui-même... une femme. Le "sexe dévot" apparaît donc ici sous de bien sinistres traits, ceux de la sottise, de la fragilité nerveuse et physique, de la superstition et de la crédulité. Hors les hommes, point de Salut !

Je précise que ce roman a été traduit et publié en France en 1878 : de quoi faire se retourner dans leurs tombeaux Jane Austen, les soeurs Brontë, George Eliot, George Sand, Olympe de Gouges, Elizabeth Gaskell et quelques autres... Roman fantastique ou roman gothique tardif, "La ville enchantée" est assez inclassable et ne restera pas bien longtemps dans ma mémoire.


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Lecture

Semur, Bourgogne, en cette seconde moitié du XIXe siècle est une jolie petite ville avec son quartier médiéval, sa cathédrale et sa ceinture de remparts.

Martin Dupin, le maire, est le témoin désabusé de la désagrégation des moeurs de ses concitoyens et du manque de respect envers la religion, même si lui-même n'est pas très pratiquant.

Un matin, le soleil ne se lève pas sur Semur. Une foule immense et invisible envahit les rues. Ce sont les morts qui viennent chasser les vivants de cette ville. Car eux savent ce que c'est vraiment que la vie. Ils s'installent donc intra-muros, tandis que les anciens habitants de chair font le siège aux portes des remparts.

Avis

Ce livre est l'oeuvre de Mrs Oliphant, plus connue pour ses livres d'éducation et ses romans écrits en grande quantité dans les styles les plus divers du XIXe siècle. Tout le livre est empreint de la morale, de la sévérité de l'époque : aux hommes le travail ; aux femmes la religion ; à l'élite la connaissance, au peuple la vulgarité ; aux hommes de bonne volonté le pouvoir de s'élever au-dessus de la masse.

Le style lui-même est très caractéristique de cette époque, notamment dans l'utilisation savante de la concordance des temps imparfait et passé. Cela donne un goût suranné et une vraie vigueur au texte. Il est assez court et construit comme un rapport écrit a posteriori par plusieurs intervenants, ceci afin de récupérer toutes les opinions en présence. Cette forme est assez moderne (c'est dans le fond, la même que celle du roman , « Qu'a-t-elle vu la femme de Loth » un de mes coups de coeur récents ). Cette modernité de construction, à défaut de celle du langage, se double de la modernité du traitement de la venue des morts. Pas de manifestations spectaculaires, pas de cadavres putréfiés claudicants, mais une brume étrange, une sensation de foule, des multitudes muettes, une masse invisible et indicible, une lumière sans vie, une pénombre perpétuelle qui baigne dans un brouillard digne de « Fog » de Carpenter.

Bien sûr la morale date, bien sûr la condition de la femme du XIXe siècle y est vantée, bien sur le manque de religion y est fustigé et les références biblique sont nombreuses : « si Ninive ne se repend pas, elle sera détruite » (Jonas) ; les édiles s'endorment pendant que le maire pénètre dans la ville comme au Mont des oliviers ; on ne peut servir Dieu et l'argent .... Mais parmi tous ces éléments qui ont sans doute rendu ce livre politiquement correct à sa parution, on sent une critique à peine voilée de l'hypocrisie de la société. le rôle de la femme dans ce qu'elle a de profond et d'humain, de sensuellement vivant, l'ode à l'honnêteté et à la tolérance sont omniprésents. Par-dessus tout, ce livre fustige les faux-semblants.

Le fait de présenter les faits, ou plutôt leur ressenti par les protagonistes, puisque les faits sont ici tout saufs rationnels, permet en outre d'ajouter des études intéressantes sur le caractère des personnages.

Les textes mis en avant en introduction, notamment la préface de Maurice Barrès, sont très intéressants. Ils montrent qu'un texte peut toucher intimement et durablement un lecteur reconnu et rencontrer un piètre succès public.

Cette façon de traiter le fantastique, disant suffisamment pour que les images se créent mais disant assez peu pour ne pas imposer sa vision au lecteur, est de loin ma favorite.

Conclusion:

Bien que moralisateur de façon désuète, ce livre écrit dans une langue d'une autre époque, riche et parfaitement construite, comporte quelques éléments de modernité qui m'ont fait l'apprécier.

Ma note : 14/20
Lien : http://www.atelierdantec.com..
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Très bien.
Un maire athée qui se retrouve engagé malgré lui dans une "lutte" avec des apparitions, ou plutôt des manifestations de l'au dela. Beaucoup de liens avec la religion mais pas tourné vers une lecture gnan-gnan, non c'est bien plus que ça...c'est un suspens inquiétant, c'est une ambiance de fin du monde...J'ai vraiment aimé.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il n'est pas besoin que je rappelle les magnificences de l'été bourguignon. Nos vins généreux, la chair de nos fruits en disent assez là-dessus. L'été chez nous est une longue fête, la fête du glorieux soleil ajoutant d'heure en heure et sous nos yeux éblouis une chaleur, une saveur, une somptuosité nouvelles à nos vendanges.
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Cette prière me rendit un peu de courage. Il me sembla que je venais de parler à quelqu'un qui, morts ou vivants, nous connaissait tous. Que cette idée est étrange et réconfortante, lorsque, cessant d'être une formule apprise, elle se réalise soudain au plus intime de notre cœur !
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Le bonheur nous vient souvent quand nous l'attendons le moins.
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Être refoulé par des forces irrésistibles, être planté la auprès de nos propres maisons et les portes de notre ville fermée devant nous, mais avoir à affronter, quoi donc ? Rien, personne, le brouillard, le silence, les ténèbres ; en vérité c'est de quoi paralyser les plus braves.
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Pas une porte, pas une fenêtre fermée. Une foule invisible et silencieuse remplissait la ville. Ne me dites pas que je suis un halluciné, un visionnaire. Encore une fois, je ne voyais rien. Mon âme seule percevait la présence de tout ce mon
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