Ensemble de textes et de notes prises entre 1939 et 1950 de l'immense acteur, décédé en 1951, de Knock et de 36, quai des orfèvres au sujet du théâtre et de l'acteur.
A la lecture, j'ai ressenti l'amertume de l'homme esseulé, dépressif, vaniteux -ce qu'il reconnaît d'ailleurs lui-même pour le côté vaniteux- peut-être sous l'emprise de quelques effluves non naturelles. Très souvent on a l'impression que ces notes sont comme celles du gars qui se réveille en pleine nuit et note en quelques mots le rêve formidable qu'il vient de faire. Mais, au petit matin ces quelques mots ne veulent plus rien dire. (simple opinion)
Commenter  J’apprécie         100
L'acteur travaille sur sa sensation comme sur une matière.
C'est l'utilisation des facultés intuitives de l'acteur.
C'est l'approfondissement, la prise de conscience, le contrôle, l'affinement de la sensation première, c'est la sensation au deuxième degré, la sensation au travail.
Commencement de l'introspection, de l'intuition.
Dans une lettre du personnage à l'acteur :
« Dans les sentiers obscurs des métamorphoses, je dépiste toutes tes recherches ; c'est en vain que tu t'efforcerais de savoir les liens ou la parenté, la ressemblance qu'il y a entre Don Juan ou Don Quichotte ou Hamlet » Et se termine par : « Qui crois-tu donc que je suis pour oser dire qui tu es. »
[ Chapitre : Divagation du comédien – Le personnage de théâtre, page 111]
Est-ce l'éphémère du théâtre qui me fait pressentir quelque chose de plus grand derrière?
Sont-ce ses bassesses, ses pauvretés qui me font chercher des compensations?
Est-ce le désir de durer, de survivre, qui me fait y voir quelque chose de spirituel, une renaissance?
C'est la vocation dramatique commune à tous les hommes, instinct qui les poussent à "dramatiser", se dramatiser eux-mêmes, et dramatiser ce qui les entoure dont ils n'arrivent jamais à atteindre le sens, à "partager" - gêne de communication et de participation et goût aussi de s'expliquer à soi-même et aux autres, et de se comprendre et tout simplement de comprendre pourquoi on aime, on souffre,pourquoi on vit et on meurt dans l'éternel et le sempiternel inexplicable de notre vie
p. 37 (chapitre sur la vocation)
Le public trompe le comédien, n'est-il pas vrai, et le comédien trompe le public. C'est un jeu de sincérité, un marché. C'est ce jeu qu'il importe de considérer, dans son honnêteté, ses procédés.
Jouvet dans Topaze (1932)