Une fuite, dans l'espace des Bieszady, montagnes proches de la frontière Ukrainienne, et dans le temps, celui de l'enfance et de l'adolescence. Quatre copains d'école auquel s'est joint un cinquième participant, essaient de fuir, leurs vies, pas très réussies, leurs souvenirs, qui remontent sans cesse à la surface. Ils partent donc dans un périple étrange, grotesque et tragique à la fois.
Les personnages sont dessinés de façon magistrale, les souvenirs sonnent plus vrai que vrai. Dans un petit événement, un petit incident, un petit geste, l'essence des quatre amis est là. On comprend bien pourquoi ils sont tellement attachés les uns aux autres, il est impossible de rompre ces liens. Les lieux et les paysages sont aussi d'une présence incroyable, des endroits qui ne ressemblent à rien, et en même temps qui sont de partout.
Ce qui pêche, c'est l'intrigue. Stasiuk n'est décidément pas à l'aise quand il s'agit de narrer une histoire, avec un début, une progression, une fin. Parce que dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Une fois le mot fin écrit, les gens continuent leurs vies. Et finalement c'est l'accumulation de petites choses, de répétitions aussi, qui constitue la trame des existence. Tel ou tel évènement, aussi important en apparence soit il, n'est qu'une poussière dans le déroulement de la vie d'une personne. Stasiuk est maître des instants qui ressemblent à l'éternité, de quelque chose de statique, et surtout pas du mouvement qui déforme en quelque sorte la vision. Cela dit c'est moins gênant que dans
Neuf, on peut se concentrer sur les personnages et le décor. Mais je préfère définitivement les livres dans lequel cet auteur s'abstient d'essayer de faire un roman classique, avec une intrigue, parce que ce n'est pas ce qu'il réussit le mieux. C'est en quelque sorte contre nature.