Lorsque son premier recueil de poésie fut publié en 1909, le contenu était déjà anachronique. Que penser alors du « Géranium ovipare » datant de 1935 où la gaieté a laissé place à une forme de nostalgie mais la dérision étant toujours de rigueur. Aimant l'utilisation de mots rares typique de certains écrivains de la fin du XIXème siècle tels que
Alfred Jarry, Mallarmé ou
Léon Bloy, il est malheureusement resté figé dans cette époque.
Pour le choix du titre, à la manière des surréalistes, Fourest se sert de deux mots n'ayant aucun rapport entre eux afin de provoquer des images absurdes chez le lecteur.
Il n'évite pas certaines redites comparé à sa première oeuvre, comme « Dernières volontés » qui fait irrémédiablement penser à « Épître falote et testamentaire pour régler l'ordre et la marche de mes funérailles ».
Mais il retrouve toute sa verve dans ce magnifique poème fleuve imprégné de nostalgie et de mélancolie intitulé « Épître à Pierre Dufay (rétrospective et littéraire)» où il énumère tous ses souvenirs de jeunesse quand il était encore un « avocat loin de la Cour d'Appel », le reflet de tout une époque en somme.
C'est sûrement l'un des meilleurs
poèmes du livre. En voici un extrait :
« Est-ce bien vrai qu'ils sont finis,
Ces jours heureux, ces jours bénis ?
Dusses-tu me traiter de tourte,
Si beau que soit le paradis,
Duffay, Duffay, je te le dis,
La vie en ce monde est trop courte ! »
Le ton se fait volontairement sarcastique allant parfois jusqu'à la grossièreté, quelques fois tendre ou pathétique, se moquant bien des conventions sociales et de la morale bourgeoise de son époque.
« Le nouvel origène ou le rut vaincu me fait beaucoup penser à certains
poèmes érotiques d'
Apollinaire comme ceux qui se trouvent dans « Les onze milles verges ».
La qualité est tout de même inférieur à son premier ouvrage, «
La négresse blonde », le poème le plus faible étant la deuxième et troisième partie des « Triolets en l'honneur de quelques romanciers vivants ou trépassés ». Ce poème est franchement insupportable.
Il reste en définitive que ce livre est un joyaux mineur bien trop méconnu de la poésie française. Malgré tout,
Georges Fourest n'a rien d'un fat. Il l'est bien moins que les nombreux portraits au daguerréotype poussiéreux peuplant un certain nombre de greniers tombés dans l'oubli.