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EAN : 9782714300638
112 pages
José Corti (01/01/1942)
3/5   9 notes
Résumé :
Si on veut savoir ce qu’est la poésie féroce, il faut lire Georges Fourest. Féroce, et comique. A force de bouffonnerie, les poèmes de Fourest sont parmi les seuls qui réussissent ce prodige : faire rire le lecteur. A force d’exagération, il atteint à une forme de poésie épique qui laisse derrière elle bien des poètes supposés lyriques et qui ne sont qu’emphatiques, bien des sérieux qui ne sont qu’ennuyeux. « Amis de la littérature, bons désoeuvrés qui sans émoi Flâ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ben oui, le titre est cool, ça vous fait envie à vous aussi de lire une histoire, hein, sur un géranium ovipare ? Ben le géranium, je n'en ai point vu la couleur, et quitte à parler de géraniums je préfère l'évocation qu'en fait Aldous Huxley dans ses « Portes de la perception » : « Cette masse de géraniums rouges et blancs, par exemple –elle était entièrement différente de ce mur en stuc à cent mètres de là, le long de la route. Mais l' « istigkeit » de l'une et de l'autre était la même, la qualité éternelle de leur caractère passager était la même ».


D'un côté vous avez donc la blague potache de deux mots mis côte à côte sans vouloir dire grand-chose, de l'autre vous avez un beau scandale primitif à dérouler sous les petons de ceux qui touchent terre. D'un côté, le surfait, de l'autre, le fait. Ça tombe bien que j'aie lu ce passage des « Portes de la perception » ce matin, après être allée faire les courses au marché, ça me fournit un point de comparaison intéressant pour causer de ce recueil dont la fatuité se cache derrière un titre tout-à-l'égout. le « tout », ce fut moi, « l'égout », ce fut la lecture.


Quelques poèmes font heureusement exception à cette généralité. Un peu de génialité, je vous prie. « le rut vaincu » m'inspire beaucoup de sympathie :


« […] « Par Mithra ! »
s'écria-t-il, « ô rut générateur du monde,
« bâtard du vouloir vivre, à nous deux, rut immonde ! »
Il dit, s'arma d'un bon rasoir et se châtra. »


Les « Triolets en l'honneur de quelques romanciers vivants et trépassés » puent le moisi –trop longtemps qu'on ne les a pas sortis du placard ses poètes- mais quelques hommages peuvent s'apprécier d'eux-mêmes et sans mondanité. Gaiement méchants, c'est celui que je préfère :


« Vautel fait pipi sur l'autel
du dieu Stendhal, scandale immense !
A-t-il bu de l'eau de Vittel ?
Vautel fait pipi sur l'autel ! »


Et Georges Fourest, il n'a qu'à aller se faire fourrer. Forest, gentiment fais-toi fourrer les fesses Fourest…
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Lorsque son premier recueil de poésie fut publié en 1909, le contenu était déjà anachronique. Que penser alors du « Géranium ovipare » datant de 1935 où la gaieté a laissé place à une forme de nostalgie mais la dérision étant toujours de rigueur. Aimant l'utilisation de mots rares typique de certains écrivains de la fin du XIXème siècle tels que Alfred Jarry, Mallarmé ou Léon Bloy, il est malheureusement resté figé dans cette époque.

Pour le choix du titre, à la manière des surréalistes, Fourest se sert de deux mots n'ayant aucun rapport entre eux afin de provoquer des images absurdes chez le lecteur.

Il n'évite pas certaines redites comparé à sa première oeuvre, comme « Dernières volontés » qui fait irrémédiablement penser à « Épître falote et testamentaire pour régler l'ordre et la marche de mes funérailles ».
Mais il retrouve toute sa verve dans ce magnifique poème fleuve imprégné de nostalgie et de mélancolie intitulé « Épître à Pierre Dufay (rétrospective et littéraire)» où il énumère tous ses souvenirs de jeunesse quand il était encore un « avocat loin de la Cour d'Appel », le reflet de tout une époque en somme.
C'est sûrement l'un des meilleurs poèmes du livre. En voici un extrait :

« Est-ce bien vrai qu'ils sont finis,
Ces jours heureux, ces jours bénis ?
Dusses-tu me traiter de tourte,
Si beau que soit le paradis,
Duffay, Duffay, je te le dis,
La vie en ce monde est trop courte ! »

Le ton se fait volontairement sarcastique allant parfois jusqu'à la grossièreté, quelques fois tendre ou pathétique, se moquant bien des conventions sociales et de la morale bourgeoise de son époque.

« Le nouvel origène ou le rut vaincu me fait beaucoup penser à certains poèmes érotiques d'Apollinaire comme ceux qui se trouvent dans « Les onze milles verges ».

La qualité est tout de même inférieur à son premier ouvrage, « La négresse blonde », le poème le plus faible étant la deuxième et troisième partie des « Triolets en l'honneur de quelques romanciers vivants ou trépassés ». Ce poème est franchement insupportable.


Il reste en définitive que ce livre est un joyaux mineur bien trop méconnu de la poésie française. Malgré tout, Georges Fourest n'a rien d'un fat. Il l'est bien moins que les nombreux portraits au daguerréotype poussiéreux peuplant un certain nombre de greniers tombés dans l'oubli.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Bohème qu’un protêt renfrogne,
va-nu-pieds, rimeur, propre à rien,
gueux rongé de poux et de rogne,
les Trouloyaux sont des gens bien !
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Et cependant ne t’en fais pas,
hélas ! si depuis le trépas
les vers de toi font leur repas,
si les larves se sont repues
de la bidoche corrompue,
triste charogne et si tu pues
épouvantablement eh bien !
que t’importe ? tu n’en sais rien !
Et puis sache qu’un jour viendra
tôt ou tard où tu renaîtras
(c’est ce qu’on appelle mon cher,
résurrection de la chair) […].
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seigles, froments vous triomphâtes
des bleuets aux tons de lapis
et nourris de superphosphates
vous dressez vos jaunes épis,

parmi ces blés qu’un souffle bouge
les coquelicots, enragés
bolcheviks, arborent le rouge
étendard de nos insurgés
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Et depuis quarante ans si ce n’est davantage
cet homme vivait chaste à son sixième étage
et, n’étant pas auprès des femmes très hardi
se masturbait pudiquement chaque mardi
après avoir éteint sa lampe : il est mort vierge
sans avoir soupçonné l’amour de sa concierge.
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Au moins un lustre
s’est coulé
depuis qu’un lustre
s’est écroulé.
[…]
-« Son cœur était comm’ci, comme’ça,
« il faisait ci, il faisait ça,
« son cœur par-ci, son cœur par-là
« et caeteri, et caetera
« et patati et patata
« de Profundis et tra la la ! »
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Video de Georges Fourest (1) Voir plusAjouter une vidéo

Georges Fourest : La négresse blonde
Depuis le Musée Condée de l'Institut de France de Chantilly, Olivier BARROT présente un livre tout particulièrement adapté à l'opération Livres en fête de ce week-end "La négresse blonde" de Georges FOUREST. Il cite des passages de ce livre, parle des thèmes du livre et de son auteur.
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