Je n'ai pas lu Cendrey jusqu'à présent mais si j'ai tout suivi, il n'y a pas lieu de s'étonner de la noirceur misanthrope du propos. Avec Cendrey, ça taille sévère et rien ne semble trouver grâce aux yeux du narrateur. Il y a quelques scènes très bien senties, parfaitement grotesque, comme celle de l'avion mais surtout une attaque en règle du mythe du voyage nécessairement épanouissant, enrichissant ou même exotique. le narrateur, lui, ne voit que les similitudes entre l'Europe et le Japon et plutôt celles qui ont tendance à rabaisser l'Humanité. Pas déplaisant mais ce livre ne me laissera pas pour autant un souvenir impérissable.
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Du lexique utopique le mot voyage est sans doute celui dont le pouvoir d'attirance et d'illusion résiste le mieux à toutes les déconvenues. Les voyages de nos semblables et leur inventaire de lieux communs, leurs jonchées de photos idiotes, ne nous retiennent pas de multiplier les nôtres, ne nous dissuadent jamais - peut-être par esprit de vengeance - d'en infliger le récit, d'apporter les navrantes preuves matérielles de notre passage en des lieux pittoresques dont l'éloignement, plus il est grand, accroît le prestige de notre incursion dans le vaste monde de la superfluité.
Les voyages de nos semblables et leur inventaire de lieux communs, leur jonchée de photos idiotes, ne nous retiennent pas de multiplier les nôtres, ne nous dissuadent jamais - peut-être par esprit de vengeance- d'en infliger le récit, d'apporter les navrantes preuves matérielles de notre passage en des lieux pittoresques dont l'éloignement, plus il est grand, accroît le prestige de notre incursion dans le vaste monde de la superfluité.
Samedi 4 août 2018, dans le cadre du banquet d'été ?Dans la confusion des temps? qui s'est déroulé à Lagrasse du 4 au 10 août 2018, Marie Ndiaye lisait plusieurs textes, accompagnée de Jean-Yves Cendrey.
Le premier texte est extrait de Berlin mon garçon, une pièce
que l?écrivaine vient d?achever et qui sera montée au printemps 2019
au Théâtre national de Strasbourg par Stanislas Nordey. le second
est le début d?un projet en cours : un monologue, celui d?une femme
qui a passé sa jeunesse à Oran et dont l?existence actuelle à Royan
est rongée, travaillée par les réminiscences de ces années en Algérie
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