Il y a maintenant plus de six ans, le Point a consacré l'un de ses numéros spéciaux à l' « Education idéale ». Ce numéro est construit intelligemment en faisant appel à des intervenants, aussi éminents les uns que les autres, (Claude Lelièvre, Dominique Ottavi, Olivier Houdé, Ken Robinson, …) et, par entrecoupement, des textes commentés de Platon à Célestin Freinet.
On y lit une quantité d'informations qui pour certaines sont globalement connues (la construction historique de l'école, le rapport de Condorcet, la place de l'enfant dans le système éducatif, les innovations pédagogiques, l'implication des parents, …) et pour d'autres particulièrement intéressantes (comme les textes de William James sur la « Pédagogie de l'attention » et d'Edouard Claparède, « Conception fonctionnelle de l'éducation » ou encore l'apport des neurosciences dans l'éducation - je pense précisément aux travaux de Jean-Philippe Lachaux qui aurait très largement mérité une place dans ce numéro)
Selon John Dewey, l' « école devrait contribuer, par le type de dispositions intellectuelles et affectives qu'elle forme, à améliorer les conditions sociales. » Mais force est de constater que nonobstant un taux presque maximal de scolarisation, nous sommes bien loin de ce résultat. Et la réforme de l'obligation scolaire à partir de trois ans, voulu par le ministre actuel de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, n'y changera pas grand-chose. En effet, bien d'autres réformes avant elle (depuis le début des années 80) n'ont pas permis le changement tant attendu par les classes populaires et moyennes. Les inégalités scolaires et éducatives se creusent et le classement PISA ne nous présente toujours pas des résultats encourageants en la matière.
Pour finir, je dirai que cette somme de connaissances historiques et scientifiques nous aide bien évidemment à réfléchir sur l'école et à aller vers une « éducation idéale », mais cela ne doit pas nous faire oublier que l'école ne changera que si nous changeons la société. Cette société construite et gouvernée par et pour une petite catégorie sociale de privilégiés. C'est à se demander si les analyses de Bourdieu des années 70, malgré les nombreuses critiques à son encontre, ne restent-elles pas d'actualité ?
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Un numéro spécial du Point sur les textes relatifs à l'Education.
Pédagogique, il se présente chronologiquement par grandes périodes :
- Antiquité et Moyen-Age : les pédagogues grecs
- de la Renaissance au XIXe siècle : l'école du pouvoir
- le temps des pédagogues : le siècle des innovations
...
Pour chaque période, le texte du philosophe ou du pédagogue et son décryptage par un professionnel : sur deux pages.
Simple, accessible
Du très beau travail.
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Mais, à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, le regard porté sur les enfants et l'enfance change, du moins parmi les élites cultivées. Perçu jusque-là comme une sorte d'adulte en réduction, l'enfant est désormais considéré comme un être ayant des droits et des besoins propres...
« S’adapter aux enjeux mondiaux, responsabiliser les enseignants, oser redéfinir ses idéaux … voilà les caractéristiques des bons systèmes éducatifs" (Andreas Schleicher)
"L'éducation voit viser à développer les fonctions intellectuelles et morales plus qu'à bourrer le crâne d'une masse de connaisse qui (...) restent le plus souvent des connaissances mortes, séjournant dans la mémoire comme des corps étrangers, sans rapport avec le vie." (Edouard Claparède)
"L'école devrait contribuer, par le type de dispositions intellectuelles et affectives qu’elle forme, à améliorer les conditions sociales. » (John Dewey)
« L’école suscite le conformisme au détriment de la créativité » (Ken Robinson)