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EAN : 9782742760183
283 pages
Actes Sud (03/03/2006)
  Existe en édition audio
4.21/5   6618 notes
Résumé :
Lorsque commence le récit, Luciano Mascalzone, un traîne-savate vivant de petites rapines, revient après quinze années de prison à Montepuccio, un village des Pouilles aux façades sales où les heures passent dans une fournaise qui abolit les couleurs. Autour, ce ne sont que collines et mer enchevêtrées. « Il m'a fallu du temps mais je reviens. Je suis là. Vous ne le savez pas encore puisque vous dormez. Je longe la façade de vos maisons. Je passe sous vos fenêtres. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (651) Voir plus Ajouter une critique
4,21

sur 6618 notes
J'écris cette critique à 3 h du matin donc pardonnez d'avance le style probablement un peu spécial. Je ne suis pas insomniaque mais lorsque je laisse derrière moi une journée exceptionnelle j'aime la voir empiéter sur celle d'après. Aujourd'hui je me suis levé, j'ai pris un thé, j'ai pris un bain, j'ai pris le métro ou plutôt le métro m'a pris, j'ai enfilé mes boules quies et j'ai ouvert « le soleil des Scorta ».

J'étais entouré comme d'hab de passagers à l'air austère, qui se regardaient sans se regarder, volant les images des autres par le biais de leur réflexion dans la vitre d'en face. Soudain, derrière l'odeur de transpiration métallique j'ai perçu autre chose. L'odeur d'abord très subtile, s'est accentuée arrêts après arrêts. Un parfum d'olive. Alors les néons blancs clignotants qui éclairaient les pages se sont réchauffés. J'étais resté trop longtemps dans le métro, j'avais raté mon stop et il m'avait emmené en Italie, bien avant l'invention du métro. Je suis descendu de la rame, j'ai déposé mon sac sur la terre brulante et craquelée et j'ai regardé au loin. Une silhouette difforme et ondulante se profilait à l'horizon.

Un homme et un âne se promenaient sur des phrases magnifiques.

Ce livre est presque impossible à lire. Je m'explique. Les phrases sont tellement bien façonnées, tellement percutantes que le texte en lui-même disparaît presque complètement au profit d'images jaunes orangées trempées dans la mer. Il se voit et il se goûte. Il ne se lit pas.

Toujours pas sommeil… j'ai tous les symptômes d'une insolation.
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Mon premier Gaudé et certainement pas le dernier ! Mais quel roman ! Sublime. Merveilleux. Puissant. Brûlant.
Le soleil des pouilles, je l'ai senti dés les premières pages. Brûlant, lumineux, dangereux. le village de Montepuccio, je l'ai vu avec ses oliviers à perte de vue, ses cailloux, sa sécheresse, le jaune éclatant sur la place, les vieilles bâtisses collées ensemble comme cette population unie dans la violence ou l'humanité.
Les Scorta, un nom pour une famille, pour des générations, un nom pour grandir, s'implanter, se nourrir, se tenir, défier le destin, narguer le temps, les regards venimeux.

Ça, c'est un roman ! Parfaitement maîtrisé, une plume subliminale où le soleil frappe de toute sa grandeur, où les personnages prennent forme devant vous pour confier leur histoire, c'est un roman-terre, un roman-solaire, c'est l'Italie du sud dans ses coutumes, ses règlements de compte, ses affaires, sa misère, sa grandeur.
Un grand roman que je ne suis pas prête d'oublier !
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Me revoilà dans les pas de Laurent Gaudé, sur la piste pesante du Soleil des Scorta.
Nous retrouvons là le ton pesant, lourd de sens, si intense, qui était déjà présent dans La Mort du roi Tsongor. L'auteur décrit la destinée particulière des Scorta, clan bâtard du fin fond de l'Italie du XXe siècle. Si le pitch n'est pas des plus bandants, le style estampillé Gaudé nous fait remonter la barre plus haut que je ne l'espérais au vu des premières pages, je l'avoue. J'avoue aussi que cette dernière phrase sonne un peu sale, mais j'ai finalement l'impression de rester dans l'ambiance chaude, sensuelle et tendue que dépeint l'auteur. Par l'entremise de cette contrée, de cette Montepuccio et de ces familles que l'auteur semble si bien connaître, il nous délivre de fortes réflexions sur la mort, le sens de la famille et l'importance de la transmission entre les générations : d'une certaine façon, comme dans La Mort du roi Tsongor, c'est sur le poids de l'héritage familial que Laurent Gaudé nous fait intensément réfléchir. Si intensément qu'à l'image de la mort pour la plupart des Scorta, la fin du Soleil des Scorta survient comme une délivrance exutoire, où le malaise côtoie une forte envie de transmettre, nous aussi, ce que nous avons pu apprendre de la vie jusque là.

Un roman qui m'a touché donc, et il me semble bien que c'est, par la même occasion, le premier Goncourt que je lis (il faut bien un début à tout) ! Mérité, il faut le reconnaître.

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Depuis quelques temps j'avais perdu l'envie de lire les auteurs français. J'avais l'impression de tourner en rond, les thèmes ne m'inspiraient pas , bref un manque d'envie.
Après avoir lu " Profanes " de Jeanne Benameur, j'ai redécouvert la joie de lire français.
Le hasard m'a fait rencontrer la plume de Laurent Gaudé et son immense roman " le soleil des Scorta ".
Ce récit est l'histoire d'une famille italienne dans la région des pouilles au sud de l'Italie.
Laurent Gaudé nous fait rencontrer grâce à la vieille Carmela quatre générations d'hommes et de femmes, leurs joies leurs peines, leurs secrets.
Venez découvrir ce petit bijou de tendresse, de sensibilité, cette ode à la famille et à ses valeurs.
Venez découvrir le petit village de Montepuccio, ce soleil écrasant, ces parfums de tomates séchées et d'olives....
un grand moment de lecture et une belle réconciliation avec la littérature française.
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Au p'tit bonheur chantait J'Veux du Soleil . Celui des Scorta me laissera le souvenir indélébile d'un pur moment de lecture ! Pourtant , le pari était loin d'etre gagné : style de l'auteur totalement inconnu , bandeau «  prix Goncourt 2004 «  fierement arboré sur la couverture ce qui aurait plutot tendance à me freiner qu'autre chose , habituellement . Au final , le constat est sans appel , j'ai tutoyé le bonheur , je me suis vautré dans la félicité et l'extase en espérant méchamment que tous les romans de l'auteur soient du meme acabit !

Bienvenue en Italie du sud , à Montepuccio plus précisement . Petit village brulé par un soleil de plomb considéré comme le plus grand tueur en série de la région ! Luciano Mascalzone est de retour apres de nombreuses années d'exil , bien décidé à prendre , de force s'il le faut , ce qu'il estime lui revenir de droit ! Ambiance à la Sergio Léone avec cet homme solitaire , déterminé , prêt à en découdre avec quiconque se dresserait sur son chemin ! Une vie traversée d'orages , une mort éclair sur un dernier coup du sort , un ultime pied de nez du destin aliénant à jamais les Scorta en devenir à cette région oubliée des Dieux .

Alors à tous ceux s'imaginant un récit prenant des airs du Parrain , oubliez ! La Famille d'Ettore Scola s'en rapprocherait beaucoup plus...Et de famille , il n'est question que de cela ici ! Trois générations de Scorta confessées par la matriarche , Carmela , au curé de son village , avant de pousser son dernier soupir . Un magistral récit sur l'héritage , la filiation , l'appartenance viscérale à une terre aride n'offrant que misere et tourment et ce , malgré tous les efforts pour s'en émanciper .
Un récit haut en couleurs dans ce petit village des Pouilles ou le curé , figure emblématique , participe activement , de façon fortuite ou pas , à la destinée de cette famille marquée par le sceau du malheur . Paradoxalement , les protagonistes sont bourrés de défauts – voleur , meurtrier , aliéné – mais dégagent une telle solidarité , un tel amour familial qu'ils ne peuvent que susciter la sympathie et l'attachement du lecteur ! Ici , point d'action mais la méticuleuse description de tranches de vie intergénérationnelles d'une beauté saisissante ! Gaudé maitrise le verbe , pourtant simple , et va droit au coeur ! Il ne s'embarrasse pas d'effets stylistiques parasitants en évoquant , avec un réalisme saisissant , ce pays gorgé d'astre solaire sous lequel se démenent ces forçats de la vie . Il nous transporte en Italie , nous integre à cette famille liée par les liens du sang mais surtout par les liens de l'ame ! Pauvres , malheureux , mais toujours transcendés par ce sentiment prégnant d'appartenir à une famile , celle des Scorta ! La puissance de ce lien indestructible est une source de fierté et d'envie à laquelle ils s'abreuvent inlassablement . Rien ne compte plus que la volonté de transmettre cela aux générations à venir , garantes toutes désignées de la pérennité patronymique !
Les déboires s'enchainent , les déconvenues foisonnent mais ne sont jamais rien au regard de l'amour qu'ils se portent .
Je m'attendais à tout sauf à etre séché ( encore que sous un tel soleil...) de la sorte ! Une «  saga « familiale aboutie et touchante pronant des valeurs en passe de devenir collector en un siecle glorifiant la réussite jusqu'au boutiste et l'individualisme forcené...
Gaudé jeu , set et match ! A noter que l'application d'une petite creme solaire , indice 100 - 110 , est fortement conseillée à la lecture de ce roman au risque de froler les brulures au 12e degré en le refermant :)

Le Soleil des Scorta , plus qu'un coup de coeur , un coup de poing !
Il ne reste plus qu'à espérer que son Ouragan soit aussi dévastateur...
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Citations et extraits (489) Voir plus Ajouter une citation
"Nous n'avons été ni meilleurs ni pires que les autres, Elia. Nous avons essayé. C'est tout. De toutes nos forces, nous avons essayé. Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce que l'on possède. Ou l'agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. Il n'y a rien à faire d'autre que d'essayer. Mais il ne faut rien attendre de la fin de la course. Tu sais ce qu'il y a, à la fin de la course ? La vieillesse. Rien d'autre. Alors écoute, Elia, écoute ton vieil oncle Faelucc' qui ne sait rien de rien et n'a pas fait d'études. Il faut profiter de sueur. C'est ce que je dis, moi. Car ce sont les plus beaux moments de la vie. Quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné et que tu n'as plus le temps de voir ta femme et tes enfants, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie. Crois-moi. Rien ne valait pour ta mère, tes oncles et moi les années où nous n'avions rien, pas un sou en poche, et où nous nous sommes battus pour le bureau de tabac. C'était des années dures. Mais pour chacun d'entre nous, ce furent les plus beaux instants de notre vie. Tout à construire et un appétit de lion. Il faut profiter de la sueur, Elia. Souviens-toi de cela. Après, tout finit si vite, crois-moi."
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Du tabac parti en fumée. Voilà à quoi ressemble ma vie. Des volutes qui disparaissent dans le vent. Tout cela n’est rien. C’est une vie étrange sur laquelle les hommes ont tiré par petites saccades nerveuses ou par grandes bouffées calmes, les soirs d’été.
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Petit à petit, année après année, le local avait pris forme et vie. Comme si ce lieu froid, fait de vieilles pierres, se nourrissait de la sueur des hommes pour éclore. Plus ils travaillaient et plus le tabac était beau. Les hommes sentent cela. Qu'il s'agisse d'un commerce, d'un champ ou d'une barque, il existe un lien obscur entre l'homme et son outil, fait de respect et de haine. On en prend soin. On l'entoure de mille attentions et on l'insulte dans ses nuits. Il vous use. Il vous casse en deux. Il vous vole vos dimanches et votre vie de famille, mais pour rien au monde on ne s'en séparerait.
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J'ai joui. Dans les bras de cette femme. J'ai joui. Et il vaut mieux que tout s'arrête là car la vie, désormais, sera fade et triste comme un fond de bouteille.
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-Je reste ici dit-il.
-Je le savais, répondit l’oncle dans un murmure
-Comment ? demanda Elia intrigué
-Il fait trop beau en ce moment, répondit Domenico. Et comme Elia ne comprenait pas, il lui fit signe de rentrer, lui servit à boire, et il lui expliqua. Il fait trop beau. Depuis un mois, le soleil tape. Il était impossible que tu partes. Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop, cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil, Elia. Sa chaleur, nous l’avons en nous. D’aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons. Et nous ne cessons de le manger, de le croquer à pleines dents. Il est là, dans les fruits que nous mangeons. Les pêches. Les olives. Les oranges. C’est son parfum. Avec l’huile que nous buvons, il coule dans nos gorges, il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil. Je savais que tu ne partirais pas. S’il avait plus ces derniers jours, peut-être, oui. Mais là, c’était impossible.
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Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
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