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EAN : 9782253051411
252 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.92/5   72 notes
Résumé :
La Chronolyse, c'est inquiétant. C'est même dangereux.
Surtout pour un homme de 1966 qui plonge, sans l'avoir voulu, dans le Temps incertain, alors même que l'exploration chronolytique n'est pas inventée. Et quand commencent à surgir des fissures de l'avenir ou des possibles, les séides inquiétants de Harry Krupp Hitler 1er, empereur de l'Indéterminé, quand on ne peut plus attendre d'aide que d'un avenir menacé et d'indications que des phords de Garichankar, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
La chronolyse, c'est la façon qu'ont trouvé les savants du futur pour voyager dans le temps. Mais pas avec une machine, non. Avec une drogue, que l'on prend, et qui fait voyager votre esprit dans le temps "incertain". Car ici, le temps n'a rien de linéaire ni de sûr. Il est sans arrêt susceptible de se modifier, de subir d'infinies variations, et voyager dans ce "temps incertain" n'est vraiment pas sans danger. Certains n'en sont même jamais revenus, morts (sans raison apparente) ou coincés dans une boucle temporelle infinie située à l'ultime instant entre la vie et la mort.

De plus, pour pouvoir agir dans ce temps incertain, les psychronautes doivent "unir" leur esprit à une personne du passé, mais là aussi, cela peut être très dangereux, car le psychronaute oubliera tout de sa vraie vie et même sa personnalité se "fondra" dans celle de son "hôte".

Au début du roman, nous sommes en 2066 et nous suivons le Docteur Holzach, qui se prépare à entrer en "chronolyse". Il a subi un entraînement intensif pendant plusieurs semaines et a déjà absorbé le Mebsital, cette drogue qui permet de propulser son esprit dans le temps incertain.

Mais lors du compte à rebours, nous comprenons que quelque chose ne va pas. Hélas, c'est trop tard pour arrêter le processus. Et nous nous retrouvons soudain dans la peau de Daniel Diersant, homme de 1966, simple employé d'un grand laboratoire (qui est en train de mettre au point un médicament qui deviendra, beaucoup plus tard, le Mebsital), qui est en route pour se rendre à un rendez-vous donné par son patron. C'est la nuit, il est sur l'autoroute, sur le chemin de son entreprise. Mais à partir de là, il va commencer à vivre un véritable cauchemar, car plus rien ne va être cohérent ni logique. Il va être pris dans une sorte de boucle temporelle, dans laquelle les mêmes scènes se rejouent indéfiniment, avec à chaque fois, juste quelques détails qui changent, et cela dix fois, vingt fois, cent fois... D'ailleurs, je dois dire que cet aspect du roman a suscité mon admiration, car l'auteur fait vraiment fort, en parvenant à réécrire un nombre incalculable de fois la même scène, mais en employant chaque fois des mots différents pour décrire la même chose, usant d'une multitude de métaphores et d'images d'une main de maître.

L'auteur ne ménage ni son lecteur ni son personnage principal, le projetant en une seconde dans un autre lieu, un autre temps, et en mélangeant tout, jusqu'à ce qu'on ne sache plus on l'on en est. le pauvre Daniel ne sait plus si on est en hiver ou en été, car cela aussi change d'un instant à l'autre, il ne sait plus qui sont ses alliés et ceux qui apparemment lui en veulent (pourquoi ? il l'ignore également).

Il se retrouve même à intervalles plus ou moins réguliers dans la peau d'un certain Renato, un marin qui n'a plus qu'une main, sans que l'on sache pourquoi leurs deux personnalités se confondent, et dont on ne comprendra qu'à la fin ce qu'il fait dans cette histoire (enfin... si mes déductions sont bonnes).

Il a toujours dans sa poche une lettre, dont le contenu change continuellement, et nous comprenons bientôt que ce sont des messages envoyés du futur par l'assistante du Docteur Holzach, qui fait désormais partie de lui.


Car une guerre est en train de se jouer entre une organisation fortement nazifiante, HKH, qui appartient au temps incertain, mais qui veut conquérir la réalité. Et dans la réalité de 2066, HKH est en train de gagner cette guerre. Et apparemment, les deux camps veulent que Daniel Diersant soit à leur côté, je n'ai pas vraiment compris pourquoi. Comme je n'ai pas très bien compris comment des gens qui n'existent que dans le temps incertain pouvaient agir sur la réalité.

Daniel Diersant, quant à lui, va peu à peu comprendre qu'il ne rêve pas, mais qu'il n'est pas non plus dans la réalité, et qu'il est dans cet univers étouffant et incompréhensible parce qu'il a eu un accident, qu'en réalité, il est entre la vie et la mort, et qu'il y a eu comme une faille, une anomalie, que le traumatisme qu'a subi son cerveau lors de l'accident l'a propulsé en état de chronolyse, alors que cela n'aurait jamais dû se produire sans Mebsital.

Voilà tout ce que j'ai compris de ce roman extrêmement déroutant. En effet, cela m'arrive très rarement, mais là, je dois avouer que je ne sais pas exactement ce que j'en ai pensé. Je ne sais même pas si j'ai aimé ou pas. Ce que je sais, c'est que je n'ai pas eu envie de l'abandonner, même aux moments où j'étais totalement perdue, et qu'au contraire, j'avais toujours envie d'en lire plus, pour voir si le personnage principal allait parvenir à sortir de ce cauchemar.

En tout cas, même si je suis à peu près sûre de ne pas avoir tout compris, je pense quand même avoir fini par capter l'essentiel. Mais il est évident que je ne le recommanderais pas à tout le monde, car c'est vraiment très particulier, tant sur la forme que sur le fond. C'est une lecture exigeante, dans le sens où c'est très dense et où il faut vraiment s'accrocher pour arriver à suivre, car même en y mettant toute sa concentration, ce n'est pas gagné.

Les gens, les lieux, les choses... tout change, se modifie, se transforme, rien n'est ce qu'il paraît être, et pendant une bonne partie du livre, on se demande si le narrateur rêve, s'il est fou ou si c'est le monde qui l'entoure qui est fou.

De plus, il y a une ambiance vraiment pesante, liée autant à l'état d'esprit du personnage, qui a l'impression d'étouffer dans cette boucle temporelle sans fin, mêlé à des événements auxquels il ne comprend rien, dans lesquels il n'a rien à faire et qui lui semblent totalement absurdes, qu'à l'atmosphère irrespirable et moite qui l'entoure. le personnage répète de nombreuses fois qu'il a soif, qu'il a besoin de boire, mais comme cela arrive dans les rêves, il ne peut jamais boire. Il se passe tout le temps quelque chose qui l'en empêche.

Et moi qui ne suis pas fan des aventures où l'absurde règne en maître, comme dans Alice au pays des merveilles, ce genre de récit a tout pour me mettre mal à l'aise. Néanmoins, bien qu'effectivement très mal à l'aise, j'avais envie de continuer pour savoir, pour obtenir des réponses, pour voir si j'avais bien compris ce que j'avais cru comprendre...

Et si au bout du compte nous obtenons plus ou moins ces réponses, et que le personnage principal parvient à trouver une échappatoire à cet univers aberrant, si proche du rêve et pourtant réel, à sa manière, reflet de notre monde mais où toutes les lois spatiales et temporelles sont transgressées, cela ne sera pas celle à laquelle on s'attendait.

Personnellement, je l'ai trouvé presque aussi angoissante, cette "porte de sortie", que le temps incertain d'où il arrivait, mais les personnages, eux, semblaient en être satisfaits, donc cela m'a fait réaliser que mes doutes étaient sans fondement et que c'était une bonne fin, en tout cas aussi bonne que possible, au vu des circonstances.



Conclusion : Une lecture exigeante, dans un style très dense et qui donne une impression de totale confusion, pendant un bon moment, avant qu'une trame se dégage peu à peu de toutes ces apparentes incohérences et de tous ces changements à première vue sans queue ni tête.
C'est une lecture difficile, à laquelle je n'ai pas tout compris, et dont je n'ai pas saisi toutes les implications, je pense, qui me laisse une impression d'angoisse, mais dont je ne garde pas un mauvais souvenir, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Très particulier, mais écrit avec un talent certain.
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Ce roman donne le tournis, à en devenir aussi fou que le principal protagoniste. Car la même scène se joue et se rejoue indéfiniment. On ne sait plus où est la vérité, ni qui est qui, entre le Docteur Holzach, le psychronaute, Daniel Diersant, un employé victime d'un accident près de cent ans plus tôt, et Renato Rizzi, un marin dont on se demande bien ce qu'il vient faire dans cette galère. Ils sont un, en quelque sorte, coincés dans une période de temps invariable et menacés par une sombre organisation, HKH, aux aspirations hitlériennes. Il est probable que l'auteur a l'intention de nous perdre, pour mieux nous repêcher. Et ça marche ! À chaque fois que la scène se rejoue, des détails différents, des angles de vue contradictoires, des décors disparates, tiennent le lecteur en halène ou viennent semer le doute. Vont-ils se sortir de ce piège éternel ? de ce lieu hanté par un gardien qui essaye d'éliminer Daniel Diersant ? de ce temps qui boucle à l'infini sur lui-même ? de l'effet du mebsital, cette drogue au pouvoir chronolytique ? de cet ultime instant entre la vie et la mort ?
Le lecteur finira par trouver des réponses, étonnement cohérentes, et par découvrir la Perte en Ruaba, une sorte de paradis qui réserve bien des surprises.
La science-fiction française possède de nombreux atouts. Michel Jeury et ce roman original en est un, c'est certain.
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La Chronolyse, c'est inquiétant. C'est même dangereux.
Surtout pour un homme de 1966 qui plonge, sans l'avoir voulu, dans le Temps incertain, alors même que l'exploration chronolytique n'est pas inventée.

Euh ... le personnage est confus, le lecteur est confus.
Je sais pas trop quoi dire de plus. les scènes se répètent avec des variations minime. le personnage principale ne peut pas influencer grandement ce qui lui arrive.



J'ai subi cette lecture à 80%.
Les paragraphes du premier chapitre sont écrit de manière saccader, avec des changements de rythme et en mélangeant les histoires des différents personnages. Ce chapitre est troublant et presque incompréhensible sans une relecture. tous les autres chapitres seront différents du premier cependant on reste dans une confusion dans la presque totalité de l'histoire.

Le dénouement perd de son intérêt par le fait que nous ne comprenons pas trop le ou les objectifs du ou des personnages. J'ai pas compris où l'histoire devait me mener. Il a une mission mais on sait pas vraiment s'il a réussi.

Un casse tête monumentale cette histoire.

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Grâce à la chronolyse, drogue permettant le "voyage" dans le temps, le docteur Robert Holzach va se retrouver dans le corps de Daniel Diersant au coeur d'un XXème siècle pour le moins décalé.
Mais dans l'esprit et la vie de Diersant, la réalité se brouille, s'embrouille, n'en finit plus de se répéter...
Un roman hallucinant, véritablement vertigineux dans lequel Jeury perd son lecteur en même temps que son héros dans des couches de réalités qui sont autant de redites avec toutefois de légères variantes, déboussolant tout son monde dans des boucles temporelles dont on ne sort plus et dont on ne sait plus à quelle réalité elles appartiennent.
Ami lecteur, je vous souhaite bon courage pour revenir après lecture à notre linéaire réalité.
On sent ici incontestablement la patte de Dick dont Jeury est un admirateur, sans toutefois le copier et en étant au combien original.
A compléter avec les "suites" que sont "Les Singes du temps" et "Soleil chaud, poisson des profondeurs".
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2060. La chronolyse est devenue la donnée fondamentale de l'existence. C'est une façon d'explorer le temps, de le dissoudre, de se projeter dans le passé, propulsé par une drogue dans l'esprit de quelqu'un d'autre. L'invention a donné naissance au " temps incertain ", un univers condensé, proche du rêve, un reflet de notre univers où toutes les lois spatiales et temporelles sont transgressées. Harry Krupp Hitler Ier, empereur de la première féodalité industrielle européenne, y lance ses troupes vers la terre heureuse et écologique de 2060. Comment lui résister, sinon en envoyant dans le temps incertain des " psychronautes ", voyageurs volontaires, qui vont essayer de corriger cette monstrueuse aberration ? le docteur Robert Holzach va ainsi endosser l'identité de Daniel Diersant, au xxe siècle. Il vivra avec terreur l'enchaînement chaotique d'événements qui se répètent interminablement. Face à une réalité qui se dédouble et se contredit, Diersant risque de perdre la raison. Et notre avenir...Se rattachant ouvertement au courant anglo-saxon incarné par Philip K. Dick ainsi qu'au " nouveau roman " français, Michel Jeury parvient à unir deux réflexions : l'une sur l'écrasement des individus par les structures sociales modernes, l'autre sur la réalité de la réalité, ses déformations et sa relativité. Il offre ainsi le récit de mondes hallucinés et du " temps incertain ", qui voient s'affronter un " presque aujourd'hui " et un " futur hypothétique ". Premier volet de la trilogie chronolytique, le Temps incertain est suivi par Les Singes du temps et Soleil chaud poisson des profondeurs, réédité en 2008.

Lien : https://books.google.com/boo..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
J'ai le sentiment profond qu'à un certain degré il y a presque autant d'univers qu'il y a de gens, que chaque individu vit en quelque sorte dans un univers de sa propre création : c'est un produit de son être, une œuvre personnelle dont peut-être il pourrait être fier.

Philip K. Dirk

1377 – [p. 7]
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- ... Ellen ?
- Rob.
- Comment vas-tu ?
- Je m’ennuie un peu. Tu t’offres un tour de piste et moi je reste à la maison...
- Ton rôle est très important, tu le sais.
- Oui. Et toi, comment ça va ?
- Chrono rapide, comme d’habitude. Toujours en avance aux rendez-vous...
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Vidéo de Michel Jeury
Michel Jeury en conférence aux Utopiales 2010 2/2
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